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Symbolisme du 13




Étymologie :

  • TREIZE, adj. et subst. masc. inv.

Étymol. et Hist. 1. 1160-74 adj. numéral cardinal treze « douze plus un » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10034) ; ca 1165 treize (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23285) ; av. 1672 treize à la douzaine (G. Patin, Lettres, t. II, p. 530 ds Littré) ; 1690 être treize à table (Fur.) ; 2. 1718 adj. numéral ordinal « treizième » (Ac.) ; 1863 Vendredi, treize (Baudel., Fl. du Mal, p. 125) ; 3. 1832 subst. masc. inv. « le treizième jour du mois » (Raymond) ; 1835 « le nombre treize » (Ac.) ; 1872 « maison ou entité classée sous le numéro treize » (Littré) ; 1978 « coureur ou cheval portant comme numéro d'enregistrement le nombre treize » (Lar. Lang. fr.). Du lat. tredecim « treize », de tres « trois », et decem « dix ».


Lire également la définition du mot treize afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Treize est sans aucun doute le plus significatif des nombres d'un point de vue superstitieux : dans les pays chrétiens, il est le chiffre porte-malheur par excellence, en raison du repas de la Cène, où se trouvaient Jésus et ses douze apôtres (donc treize personnes), qui précéda la trahison de Judas, sa mort et surtout celle du Christ (moins de vingt-quatre heures après) ; la Passion coïncida en outre avec le treizième jour de la lune. Certains, de plus en plus nombreux, lui attribuent toutefois une réputation très bénéfique, notamment au jeu : le vendredi 13, dit-on, la loterie voit son chiffre d'affaires augmenter considérablement.

Ce dualisme existait dès l'Antiquité : d'une part, en Égypte, le pharaon possédait treize ka, le ka représentant « l'élément spirituel, les facultés mentales de l'homme ». Chez les Gréco-latins, le treizième d'un groupe apparaissait « comme le plus puissant et le plus sublime. tel est le cas de Zeus dans le cortège des douze dieux, au milieu desquels il siège ou s'avance, comme un treizième, selon Platon et Ovide, distinct des autres par sa supériorité. Ulysse, le treizième de son groupe, échappe à l'appétit dévorant du Cyclope ». A Rome, on plantait le clou magique et expiatoire dans un mur du temple de Jupiter le treizième jour de septembre. D'autre part, le nombre treize représentait la mort ou la destruction et passait pour funeste : Philippe II de Macédoine (IVe siècle avant notre ère), après avoir rajouté, lors d'une procession, sa statue à celle des douze dieux majeurs, fut assassiné peu après. Treize était en outre pour Homère et Cicéron un « nombre odieux ».

La mythologie nordique évoque également le caractère maléfique du treize : douze convives avaient été invités à un banquet qui se tenait au Walhalla quand « soudain, Loki, dieu de la guerre et du mal, fit irruption dans la salle, élevant à treize le nombre des convives. On voulut alors le chasser, ce qui déclencha une violente dispute dans laquelle Balder, le dieu le plus aimé de tous, trouva la mort [...]. Certains spécialistes de mythologie ont vu dans la légende nordique une préfiguration du banquet chrétien. Ils ont ainsi établi des parallèles entre le traître Judas et Loki, l'esprit malin, et entre Balder, le dieu adoré qui laissa sa vie dans le combat, et le Christ, qui allait être crucifié Quoi qu'il en soit, il est certain que, depuis le début de l'ère chrétienne, avoir treize convives à table équivaut à tenter le diable ».

Si le repas de la Cène a été déterminant dans l'aspect négatif du chiffre treize, signalons que la cabale dénombrait treize esprits du mal et que le treizième chapitre de l'Apocalypse concerne l'Antéchrist de la Bête On a même prétendu que les réunions de sorcières comptaient treize personnes, même si les rapports des procès de sorcellerie ne mentionnent pas toujours ce fait.

Certains pensent que la sinistre réputation du treize vient de ce qu'il ne peut être divisé. En outre, treize suit le chiffre douze, nombre symbolisant accomplissement et cycle achevé (et qui est divisible par 2, 3, 4 ou 6) : treize, source de déséquilibre, « marque une évolution fatale vers la mort, vers l'achèvement d'une puissance ». Le treizième arcane du tarot est celui de la mort : toutefois, il « ne signifie pas une fin, mais un recommencement après l'achèvement d'un cycle : 13 = 12 + 1 », et annonce une renaissance. Citons Gérard de Nerval : « La treizième revient [...]. C'est encore la première. Et c'est toujours la seule, où c'est le seul moment. Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière » (Artémis). Nerval, qui, dit-on, croyait son existence gouvernée par le chiffre treize, écrivit Artémis au treizième anniversaire de sa crise de folie et selon l'arcane XIII du tarot.

Il n'en demeure pas moins que treize peut se prévaloir d'une tradition millénaire de chiffre fatidique : on sait donc qu'il porte malheur de se trouver treize à table : l'un des convives, parfois le plus jeune, le dernier arrivé (à s'asseoir aux États-Unis) ou, en Angleterre, le premier à se lever, aura de graves infortunes ou, plus souvent, mourra dans l'année. Il n'est pas de meilleur augure de se trouver à treize dans une même pièce : le malheur frappera celui qui est le plus près de la porte (Oxfordshire). En 1798, une publication anglaise, le Gentleman's Magazine, « voulut confirmer la véracité de la légende en citant des « statistiques » mathématiques du jour révélant que, en moyenne, lorsque treize personnes se trouvaient réunies dans une pièce, l'une d'elles allait mourir dans l'année ». En Angleterre toujours, au Savoy (célèbre hôtel londonien, quand treize convives s'installaient, on conduisait à la table le Savoy Black Cat (chat noir statufié) en guise de quatorzième convive, pour conjurer le mauvais sort. Édouard VII, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1901-1910) appréhendait de se trouver à treize autour d'une table.

Cette superstition, se retrouve tout au long de l'histoire. On raconte que Napoléon, qui, comme Joséphine, répugnait à prendre place à une table de treize couverts, « écouta avec une attention soutenue le récit qu'[on] lui fit de lamort d'Esménard se disposait à rentrer en France. La veille de son banquet donné en son honneur par quelques Français [...]. Tout à coup, il remarqua qu'on était treize à table et devint très soucieux. D'abord, on se railla de lui, puis on chercha à le raisonner ; rien ne put le distraire ni chasser ses tristes pressentiments. Il partit le lendemain, et la voiture où il se trouvait ayant été renversée dans les environs de Fondi, il tomba et périt dans un précipice ». Frédéric le Grand, roi de Prusse, « avait horreur du 13 », répugnance qu'il partageait avec son chambellan, le marquis d'Argens, écrivain français, qui « tremblait devant [c]e nombre ».

Charles Nodier nota le fait suivant : « Le 6 Floréal 1803, j'ai îné [...] avec douze personnes qui étaient toutes dans la force de l'âge, et qi sont mortes cinq dans la première année, cinq dans la deuxième, la onzième et la douzième moins de dix ans après ». Victor Hugo lui-même n'était pas insensible à la croyance : il n'hésita pas un soir à retarder un dîner le temps d'aller chercher un quatrozième convive, un des rédacteurs du Rappel. Théophile Gautier ne souffrait pas non plus de s'attabler en compagnie de douze personnes et « faisait invariablement chercher le fils du restaurateur ». Un auteur (moitié du XIXe siècle) n'en remarquait pas moins : « Le nombre treize à table n'est malheureux que lorsqu'il n'y a à manger que pour douze ».

Dans les Vosges, on dit « Jamais treize têtes de bétail enfermées ensemble dans la même étable n'ont enrichi leur maître ».

La réputation maléfique de ce nombre se retrouve dans de nombreux domaines. Le 13 de chaque mois passe pour être funeste et il faut surtout éviter un 13 pour se marier ou partir en voyage.

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