top of page

Blog

Photo du rédacteurAnne

Le Lactaire indigo





Étymologie :


Étymol. et Hist. 1. 1610 fig. « qui produit du lait » (Flor. Raemond, Naissance de l'hérésie, 544 ds Delb. Notes : « Cette mere Eglise..., c'est la colonne lactaire ou tous bons enfants chretiens viennent pour succer le dous lait de sa sainte doctrine ») ; 1704 colonne lactaire « colonne à Rome, au pied de laquelle on exposait les enfants abandonnés » (Trév.) ; 2. 1800 « qui a du lait » (Boiste) ; 3. 1816 « champignon » (A. P. de Candolle, Essai sur les propriétés médicales des plantes, 332-3 ds Quem. DDL t. 12). Empr. au lat. lactarius « qui a rapport au lait ».


Étymol. et Hist. 1544 indico (J. Fonteneau, La Cosmographie, p. 379 ds Arv., p. 272 : En ces terres [de la côte occidentale de l'Inde] y a forces gynjambre et sandart, laquabre, indico et mirabolanes); 1578 indigo (doc. ds G. Fagniez, L'économie sociale de la France sous Henri IV, p. 378 d'apr. M. Höfler ds Cah. Lexicol. t. VI, 1965, p. 93 : les teinturiers de drap usent pour le present plus que la moitié de l'anil de Barbarie et de l'indigo de Port-Ingade). Prob. empr., en raison de la localisation géogr. des 1resattest. et malgré l'écart chronol., au port. indigo (cité comme mot port. en 1695 dans le traité lat. de Rumphius, v. Dalg.) : Fonteneau, dans le même passage que celui cité supra 1544, souligne en effet la puissance et le rôle commercial des Portugais aux Indes (v. Arv., loc. cit.). L'ital. indaco, très anciennement attesté (vénit. indego en 1246; ital. indaco en 1334 d'apr. Batt.; v. aussi Dalg.) est à l'orig. des deux formes éphémères indaco (1556) et indacum (1575) citées ds Arv., pp. 272-273. Ces mots sont issus du lat. indicum « indigo » (Pline), neutre substantivé de l'adj. indicus « indien ».


Mise à jour 2007 : Transfert linguistique : emprunt au portugais índigo subst. masc. « substance colorante » (attesté depuis le 14e siècle [Houaiss]). La date d'attestation en portugais dissipe les doutes émis dans le TLF quant à l'origine portugaise du lexème. Le colorant était connu dès l'Antiquité, mais la plante n'était pas identifiée (cf. André, Botanique ; Furetière1, ci‑dessus I. A.). Le nom servant à désigner la substance est entré en français par la voie commerciale, les Portugais étant, au 16e siècle, les principaux importateurs de ce produit venu des Indes. Ils connaissaient déjà l'anil*, matière tinctoriale très similaire, voire identique, extraite d'une plante de la même famille que l'indigotier, mais poussant en “Barbarie”, c'est‑à‑dire en Afrique du Nord (d'où l'origine arabe du mot portugais).


Lire également la définition des noms lactaire et indigo afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Lactarius indigo - Bouchon de lait indigo - Indigo laiteux -

*

*




Mycologie :


Raymond McNeil, auteur de Le grand livre des champignons du Québec et de l'est du Canada : Édition revue et augmentée. (Éditions Michel Quintin, 2020) propose la description suivante :


*



*




Usages traditionnels :


Yves Lamoureux et Matthieu Sicard, dans leur ouvrage intitulé Connaître, cueillir et cuisiner les champignons sauvages du Québec. (Les Éditions Fides, 2005) nous encouragent à la dégustation de lactaires indigo :


Comestibilité : Bon comestible. Malgré sa couleur très peu invitante, le Lactaire indigo mérite les honneurs de la table. sa chair est ferme et d'un goût sucré. Elle est peut-être un peu trop dense ; c'est pourquoi il est préférable de le préparer en tranches très fines. La couleur bleue disparaît à la cuisson et le champignon devient grisâtre. Il est donc préférable de présenter ce Lactaire à vos invités avant de le servir. L'effet n'en sera que plus complet.

[...]

Recette : Lactaires indigo marinés.

La texture particulière du Lactaire indigo est mise en valeur par cette recette toute simple. On peut parfois récolter ce Lactaire en abondance, mais il se prête mal au séchage. Cette marinade permet donc de profiter au maximum des plus belles cueillettes. On pet remplacer le lactaire indigo par le Lactaire des thuyas.


Ingrédients :

  • 225g de jeunes lactaires indigo frais ;

  • 1/3 de tasse d'huile de tournesol ;

  • 3 cuillerées à soupe d'huile d'olive ;

  • 3 cuillerées à soupe de vinaigre de malt ;

  • 3 cuillerées à thé de jus de citron ;

  • 1 feuille de laurier ;

  • 3 oignons verts émincés ;

  • 1/4 de cuillerées à thé de sucre ;

  • 3/4 de cuillerées à thé de sel.


Préparation :

  • Couper les plus gros lactaires en deux.

  • Mettre l'ensemble des ingrédients dans une petite casserole.

  • Porter à ébullition.

  • Couvrir et laisser mijoter pendant 8 à 10 minutes.

  • Mettre dans un pot préalablement stérilisé.

  • Servir en amuse-gueule

Il faut prendre soin de sortir le pot du réfrigérateur au moins deus heures avant le repas. Ce mélange se conserve plus d'un mis au réfrigérateur.

*

*




Symbolisme :


Dans leur présentation du Lactaire indigo Yves Lamoureux et Matthieu Sicard (Connaître, cueillir et cuisiner les champignons sauvages du Québec, Les Éditions Fides, 2005) nous offrent des pistes implicites quant à leur symbolique :


Identification : Quelle surprise que de rencontrer un champignon tout bleu... et d'une telle beauté ! Ce magnifique Lactaire se démarque de tous ses semblables par sa chair qui laisse écouler un lait bleu à la cassure. Ce caractère à lui seul suffit pour l'identifier à coup sûr. Avec l'âge, le champignon se décolore quelque peu et montre des reflets argentés.

La photographie [non disponible] montre un spécimen mature croissant parmi les aiguilles de pin, habitat typique de cette espèce. Une teinte blanchâtre a envahi les lames, car celles-ci ont commencé à produire des spores, lesquelles s'envoleront dans la nature afin que l'espèce puisse s'installer sur de nouveaux sites.

Si l'on prend soin de vérifier la couleur du lait, il est impossible de confondre ce Lactaire avec d'autres espèces. Le Lactaire paradoxal (Lactarius paradoxus), lequel pousse parfois en compagnie du Lactaire indigo, présente aussi un chapeau bleuté. A la coupe, sa chair laisse toutefois écouler un lait couleur vin rouge. Il est également comestible.

Cueillette : Rare. C'est avec un œil sceptique que le néophyte regarde ce Lactaire lorsqu'on le lui présente pour la première fois. De quel canular suis-je victime ? Où est le pot de bleu de méthylène ? de demande-t-il alors. Et pourtant, ce Lactaire aux allures d'extra-terrestre croît bel et bien dans nos forêts. on le trouve sous le pin blanc, en août et au début de septembre, isolé ou en petits groupes.

Il est plus commun vers le sud, sur la côte est américaine et au Mexique, où il retrouve plus facilement le climat favorable à sa fructification, soit un temps chaud et humide.

Si vous rencontrez le Lactaire indigo en forêt, la teinte argentée et bleutée du chapeau vous portera peut-être à croire qu'il s'agit d'un champignon en dégénérescence. Mais après l'avoir cueilli, vous serez épaté par le bleu intense qui colore ses lames. Lorsque vous serez remis de vos émotions, brisez la chair pour en égoutter le lait. Les peintres du Grand Siècle n'auraient pu rêver mieux pour leurs toiles !

*

*




Littérature :


Ariane Léger, autrice de Après la leçon suivi de Leçons de maîtres. Université de Montréal, Mémoire de maîtrise ès arts en études françaises, 2000) raconte la rencontre du personnage avec le Lactaire indigo, rêvé depuis l'enfance :


[...] Plus tard dans l'après-midi, elle obtint de faire une promenade en solitaire. Elle ne fut pas sortie longtemps. Julie aperçut, à l'ombre d'une racine extra-terrestre, un champignon violet, massif, court, montrant ses lames comme les 10 fanons d'une baleine, le chapeau d'un bleu violacé, très sombre dans sa partie incurvée, se dégradant jusqu'à former une fine bordure blanche. Un lactaire indigo. Elle aurait dû être transportée de joie. Plus jeune, elle avait rêvé devant la planche du lactaire indigo dans le guide des champignons, mais le bois où elle faisait la cueillette semblait n'en avoir jamais abrité un seul. Or ce jour-là, elle constata tout au plus la perfection du spécimen et se dit machinalement qu'elle devrait peut-être le cueillir pour le montrer. Un oiseau qu'elle ne parvint pas à identifier fit entendre une séquence de trois notes, répétée à intervalles plus ou moins rapprochés. Ce chant lui sembla un cri morne. Sa gorge soudain se serra, la masse pesa plus lourd dans sa poitrine : elle observa la végétation autour d'elle, vit le ciel à travers les jours du hêtre. Ses souvenirs de promenades en forêt, le calme et la vie qui y étaient associés avaient fait place à la détresse : chaque craquement lui en rappelait un plus familier mais trop lointain, chaque oiseau lui donnait l'impression qu'elle aurait pu aimer son chant. Elle eut bientôt le sentiment que cette communion avec la forêt n'avait peut-être jamais eu réellement lieu. [...]

*

*





33 vues

Posts récents

Voir tout
bottom of page