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Photo du rédacteurAnne

Le Jardinier satiné

Dernière mise à jour : 22 mars




Étymologie :


Étymol. et Hist. A. Subst. 1. ca 1180 « personne dont le métier est de cultiver les jardins » (Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 182); 2. 1694 « courtilière » (Mén.); 3. 1817 « bruant ortolan » (Nouv. dict. d'hist. nat. d'apr. FEW t. 16, p. 20 a); 4. 1935 jardinière d'enfants (Arts et litt., p. 80-7). B. Adj. 1568 « relatif aux jardins » (R. Garnier, Porcie, 1042 ds Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 48). Dér. de jardin*; suff. -ier*. A 4 dér. de jardin d'enfants, cf. aussi l'all. Kindergärtnerin, de même sens que le français.


Étymol. et Hist. A. Satiné adj. 1. 1603 « qui a le toucher, l'aspect du satin » (J.-J. Champollion-Figeac, Doc. hist. inéd., t. 4, p. 106 ds Fonds Barbier: camelots satinés); 2. a) 1690 joaill. (Fur.: la couleur des pierres taillées au cadran est satinée [≠ veloutée]); b) 1690 image satinée, ruban satiné, tulippe satinée (ibid.); c) 1718 peau satinée (Ac.); d) 1748 bois satiné (L. Courajod, Livre-journal de Lazare Duvaux, t. 2, p. 1); e) 1812 papier satiné (Jouy, Hermite, t. 2, p. 166). B. Subst. 1. 1706 « aspect doux et lisse » (Rich.: le Satiné d'une tulipe); 2. 1890 « sorte de bois tropical » (Havard t. 4: le satiné rouge [...] le satiné jaune); 1891 (Baillon: satiné rubané). C. Verbe 1. a) 1690 « donner le lustre du satin à » (Fur.: satiner les rubans); b) 1785 impr. (Coll. Anisson sur l'hist. de l'impr. et de la libr., ms. 22188, 339: satiner le papier imprimé); 2. 1701 intrans. « avoir l'aspect du satin » (Fur.: tulippe qui satine); 3. 1835 fig. « donner l'aspect du satin à » (Balzac, Séraphita, p. 314: ses mousses fauves que le soleil satinait). Dér. de satin*; suff. *; dés. -er.


On peut lire également les définitions de jardinier et satiné afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques du Jardinier satiné (Ptilonorhynchus violaceus) :


Pour séduire, les oiseaux ont des atouts imparables : leur couleur. A ce jeu-là, les mâles paradisiers arborent des parures extraordinairement belles pour éblouir ces dames. Cependant, si l'on n'est pas coloré, on invente... C'est le lot des mâles jardiniers satinés (Ptilonorhynchus violaceus) qui n'ont pas le loisir d'étaler leurs plumes irisées aux yeux des femelles. Pour leur plaire, ils se lancent dans des créations architecturales variées et opportunistes. Variées car impliquant toutes sortes de constructions et de décorations multiples. Opportunistes car ils exploitent au mieux les forêts d'eucalyptus et les mangroves, riches en fleurs, et les parcs ou jardins urbains, riches en bouchons en plastique ! Après avoir vécu l'hiver en troupe de cinquante individus, le jardinier est essentiellement solitaire pendant la période printanière. Les mâles sont alors très territoriaux, protégeant leur espace et paradant régulièrement. Mais le plus beau reste à venir... Le mâle jardinier satiné commence la construction d'un édifice. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit d'un berceau nuptial ! Monsieur veut mettre toutes les chances de son côté avant de parader pour plaire à sa belle. Il ne ménage ni ses efforts ni son talent. Pendant plusieurs semaines, il améliore chaque jour sa construction. Il commence par concevoir une plate-forme de brindilles à un endroit dégagé qu'il a soigneusement sélectionné. Il plante ensuite deux rangées de brindilles entrelacées pour former un tunnel étroit long de 90 centimètres et ouvert aux deux extrémités, formant parfois une arche à l'entrée. Les branchages de 30-35 centimètres de haut se courbent pour former une voûte. Une fois le gros œuvre terminé, le petit mâle décore l'entrée et aménage une modeste cour nuptiale. Il y dispose des cailloux, des plumes, des baies, des fleurs de toutes les couleurs, des feuilles, des os, des coquilles et tout ce qui peut lui tomber sous le bec, des insectes desséchés aux bijoux en passant par des os !

Cette décoration ne se dévoile souvent à la femelle que sous un angle de vue restreint. Sans doute souhaite-t-il ménager l'effet de surprise ! Après les fondations et la décoration du sol, il passe à celle des murs. Il utilise alors parfois un outil. Un outil... de peintre ! Il saisit une écorce dans le bec et enduit de haut en bas les parois d'un mélange de jus de baies, de poussière de charbon de bois (issue de feux de brousse) et de salive. Il pousse le détail esthétique plus loin en allant parfois jusqu'à sélectionner des baies bleues, cette couleur, proche de celle de son plumage de mâle, semblant attirer davantage la femelle. Certains mâles vont même jusqu'à repeindre les parois tous les jours. Après autant d'efforts artistiques de construction, la femelle ne peut qu'être séduite, me direz-vous ? Eh bien non... La tâche de monsieur jardinier n'est pas terminée. Il doit attirer la femelle dans son "piège à filles" pour lui en montrer toutes les subtilités. Il se lance donc dans une parade spectaculaire au cours de laquelle il sautille autour de la femelle, ouvre les ailes, secoue la queue, met son cou en extension et émet des sons rythmés. Lorsque enfin une femelle le remarque, le gentleman peut offrir à sa belle un cadeau puis l'invite dans son berceau. Malgré tous ces efforts, elle met parfois des semaines avant de se décider. Madame jardinier n'est pas femelle facile...

Une fois conquise, elle s'accouple avec le mâle au milieu de l'allée puis quitte le berceau coloré pour construire, en une à deux semaines, un nid pour ses futurs œufs. La femelle défend seule les œufs puis les petits contre les prédateurs. Ces mêmes petits qui apprendront de leurs aînés comment construire ces merveilles. Pendant ce temps, le mâle jardinier entretient son berceau et poursuit ses parades pour attirer d'autres femelles dans les semaines voire les années à venir. Car un même mâle peut rénover son berceau pendant plusieurs années, quinze ans parfois ! Si la mort d'un ma^le dominant survient, les mâles des alentours peuvent se livrer à une virulente compétition pour le récupérer. Être propriétaire d'un berceau est très en vue chez les mâles jardiniers !

Quand il ne séduit pas sa belle le jardinier satiné se nourrit de fruits, de fleurs, de graines, de nectar, d'insectes ou d'invertébrés. Il fourrage beaucoup au sol et peut être destructeur quand il s'attaque aux vergers. Il en fait malheureusement les frais puisqu'il a été presque entièrement exterminé autour de Melbourne. Heureusement, le jardinier satiné a plus d'un tour dans son sac. Car outre la diversité de ses choix culinaires, il a également un goût prononcé pour l'imitation ! Cet oiseau bénéficie d'une impressionnante variété de cris comprenant des sifflements, des bourdonnements, des chuintements, lui offrant un large panel pour sa créativité. Il se permet tout et imite d'autres oiseaux, les cris de prédateurs, les miaulement des chats, les aboiements des chiens et même de nombreux bruits provenant de l'activité humaine !


"C'est l'abbé qui fait l'église ;

C'est le roi qui fait la tour ;

Qui fait l'hiver ? C'est la bise.

Qui fait le nid ? C'est l'amour."

Victor Hugo.

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Symbolisme :


Dans le Hors-série de Causette (été 2018) intitulé « Histoires d'A... mours », Claudine Colozzi nous propose un petit "Kama-sutra des animaux" sous forme d'abécédaire :


N comme Narcissique (pervers)

Sous des abords séducteurs, certains animaux se montrent prêts à tout pour arriver à leurs fins. Y compris à manipuler leurs futures conquêtes. Les oiseaux jardiniers passent un temps infini à bâtir un nid très élaboré. Impressionnées, les femelles entrent dans leur cabane et découvrent un mâle impatient, brutal et beaucoup moins enjôleur.

 

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Littérature :


Dans Un Baiser d'ailes bleues, 150 rencontres avec des animaux extraordinaires (Éditions Arthaud, 2009) Nicole Viloteau croque sur le vif des portraits animaliers insolites :


L'antichambre de l'oiseau galant


Autre oiseau insolite du bush australien le bower bird ou « oiseau jardinier » utilise un stratagème différent pour attirer les femelles « chez lui ». Un jour, du côté de la rivière Nomanby, dans la réserve de Lakefield, je découvre un étrange nid dans les broussailles. Une sorte de corridor très court, dans lequel étaient rassemblés des cailloux brillants, des bouts de chiffon ou de plastique bleu vif. Intriguée, j'en parlais aux rangers. Ils éclatèrent de rire. « Oh ! Yes ? Nikôl ! » C'est juste un pseudo-nid de bower bird ! Une sorte d'antichambre nuptiale décorée d'objets bleus « aguicheurs » récupérés par le mâle pour séduire les femelles : celles-ci raffoleraient de tout ce qui est bleu ou clinquant, même des peignes, des pinces à linge et des stylo-billes... Le mâle « oiseau-jardinier » au plumage noir satiné et aux yeux langoureux d'un séduisant bleu de cobalt, attire, dans ce boudoir discret, ses « fiancées » vêtues d'une classique robe beige pour tester leurs aptitudes conjugales !


Finalement, il conduira l'élue dans son vrai nid,

dissimulé dans les parages.

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