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  • Photo du rédacteurAnne

La Canne des Jumeaux




Étymologie :


  • COSTUS, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1150 coste (Voyage de Charlemagne à Jérusalem et à Constantinople, éd. P. Aebischer, 211) ; 1537 costus (J. Lespleigney, Promptuaire des médecines simples en rithme joieuse, éd. P. Dorveaux, p. 46). Empr. au lat. class. costum, b. lat. costus et celui-ci au gr. κ ο ́ σ τ ο ς.


Lire également la définition du nom costus afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Costus afer - Gingembre spirale -




Botanique :


Dans un article intitulé "Effets pharmacologiques d’un extrait aqueux de Costus afer (Zingiberaceae) sur l’activité cardiaque et la pression artérielle couplée à la respiration de mammifères" (In : International Journal of Biological and Chemical Sciences. 8. 1644, 2015) et proposé par Célestin N’douffou Ehoussou, Semi Anthelme Nene Bi, Tianga Yaya Soro et Flavien Traore, on peut découvrir la description succincte de la plante :


Par Curtis, W., Botanical Magazine (1800-1948) Bot. Mag. vol. 83 (1857), via plantillustrations

Espèce des formations secondaires, Costus afer (Zingiberaceae ou Costaceae) est une plante herbacée de grande taille répandue dans toute l’Afrique intertropicale (Adjanahoun et Aké Assi, 1979 ; Akendengue et Louis, 1994 ; N’guessan, 1995). Elle possède une tige cylindrique gorgée d’eau. Ses feuilles, ovales, elliptiques mesurent 15 – 20 cm de longueur sur 4 – 7 cm de largeur. Ses fruits sont des capsules (Akendengue et Louis, 1994 ; N’guessan, 1995). Elle se nomme aussi Costus oblitterans, K. Schum ; Costus anomocalyx, K. Schum ; Costus bingervillensi (Adjanohoun et Aké Assi, 1979 ; N’guessan, 1995).

 

















Vertus médicinales :


Dans "Noms et usages des plantes utiles chez les Nsong (RD Congo, Bandundu, bantu B85F)" (Göteborg Africana Informal Series - N° 6 , 71p., 2008) de Joseph Koni Muluwa et Koen Bostoen on apprend :


Costus afer Ker Gawl. (ZINGIBERACEAE)

Cette plante en forme de canne à sucre pousse en forêt. Sa tige d’un goût acide est comestible. C’est un médicament contre la toux. Sa décoction est un médicament contre la variole.

 

L'ouvrage Plantes médicinales de traditions. Province de l'Equateur – R.D. Congo (Kinshasa 2012, 419 p.) de Konda ku Mbuta, Kabakura Mwima, Mbembe Bitengeli, Itufa Y’okolo, Mahuku Kavuna, Mafuta Mandanga, Mpoyi, Kalambayi, Ndemankeni Izamajole, Kadima Kazembe, Kelela Booto, Ngiuvu Vasaki, Bongombola Mwabonsika, Dumu Lody & Paul Latham recense les usages de trois Costus différents :


Usages médicaux :

Costus afer :

1. Hémorroïde : Voie orale : l’exprimé de la tige : ½ verre par jour jusqu’à la guérison.

2. Iridocillite : En instillation oculaire : l’exprimé de la tige.

3. Toux : Comme cigarette médicinale : la tige sèche.

4. Coqueluche : Voie orale : le décocté de la plante entière : 1 verre 3 fois par jour.


Costus dubius :

1. Hémorragie post-partum : Voie anale : le macéré de la tige : 2 poires 2 fois par semaine.

2. Plaie : En pansement : l’exprimé de la tige : la feuille est utilisée pour couvrir la plaie.

3. Conjonctivite : En instillation oculaire : le macéré des feuilles fraîches dans l’exprimé des tiges de Costus phyllocephalus : 1 goutte 3 fois par jour.

4. Trouble mental et Epilepsie : Voie orale : le décocté de la racine.

5. Dermatose : En bain corporel : le décocté de la plante dans du vin de palme.

6. Sciatique : En massage sur les fesses : le marc et le décocté des feuilles et celles de Spathodea campanulata et de Morinda morindoides.

7. Pleurésie et Pneumothorax : En friction et cataplasme : le triturat des feuilles fraîches et celles de Cephaelus aff. suaveolens ramollies.


Costus lucanusianus :

1. Maladies des esprits (Zebola) : En bain de vapeur : le décocté des branches feuillées et celles d’Ocimum gratissimum, Aframomum laurentii, Thomandersia hensii, Zanthoxylum gilletii, Nephrolepis biserrata et Laportea ovalifolia.

2. Diabète : En bain de vapeur et massage : le marc et le décocté des feuilles et celles de Carapa procera, Aframomum laurentii, Thomandersia hensii, Platycerium angolense et Centella asiatica.

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Selon Soro Sibirina, Ouattara Djakalia, Egnankou Wadja Mathieu et al. , auteurs de "Usages traditionnels de quelques espèces végétales de la forêt marécageuse classée de Port Gauthier, en zone côtière au Sud-ouest de la Côte d'Ivoire." (In : European Scientific Journal, 2014, vol. 10, no 3) :


Costus afer : la tige fraîche mâchée en cure-dent soigne la toux ; la pâte des racines écrasées dans de l’argile et du jus de citron est mangée pour soigner la stérilité féminine.

 

Dans un article intitulé "Effets pharmacologiques d’un extrait aqueux de Costus afer (Zingiberaceae) sur l’activité cardiaque et la pression artérielle couplée à la respiration de mammifères" (In : International Journal of Biological and Chemical Sciences. 8. 1644, 2015) et proposé par Célestin N’douffou Ehoussou, Semi Anthelme Nene Bi, Tianga Yaya Soro et Flavien Traore on découvre les application suivantes du Costus afer :


Elle est beaucoup utilisée dans le traitement de nombreuses maladies en thérapie traditionnelle. La décoction de la tige ou de la plante entière ou les feuilles bouillies est utilisée pour traiter le rhumatisme (Adjanohoun et Aké Assi, 1979; Akendengue et Louis, 1994). Le jus de feuille ou la décoction de rhizomes s’ingère pour traiter le paludisme (Okafor et Ham, 1999). L’extrait des capitules, la tige soit en décoction, soit écrasée, soit mâchée ou encore le fruit pilé parfois mélangé à du jus de canne à sucre se prend pour traiter les problèmes respiratoires, la toux et les maux de gorge. Les capitules pétries avec le kaolin ou l’infusion d’inflorescence ou de rhizome se prennent pour traiter les troubles cardiaques et les maux d’estomac (N’guessan, 1995). Les tiges réduites en pâte et prises avec de l’eau sont fortement diurétiques. Le jus de tige s’utilise en cas d’incontinence urinaire, de maladies vénériennes, de jaunisse, de petites crises d’épilepsies, pour différentes affections dermatologiques et pour prévenir les fausses couches (Akendengue et Louis, 1994). Les tiges réduites en poudre servent en lavement pour utiliser comme vermifuge et contre les hémorroïdes (Okafor et Ham, 1999). L’infusion des parties aériennes séchées s’ingère pour le traitement d’hypertension (Akendengue et Louis, 1994). La plante a des usages superstitieux. Il semblerait qu’elle confère la protection et est utilisée dans les rituels religieux et de bénédiction en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Gabon. Elle est utilisée pour guérir les blessures, l’ulcère, le paludisme, la syphilis et la constipation au Sénégal, au Gabon, en Sierra Leone et au Nigeria. Les racines sont utilisées comme un stimulant et aphrodisiaque (Akendengue et Louis, 1994).

Eu égard à l’usage thérapeutique traditionnel de Costus afer, nous avons entrepris d’étudier les effets pharmacologiques d’un extrait de tige de Costus afer sur l’activité cardiaque et la pression artérielle couplée à la respiration chez les mammifères.

[...]

Conclusion : L’étude des effets pharmacologiques de l’extrait aqueux total de Costus afer sur l’activité cardiaque et la pression artérielle couplée à la respiration a révélé que cet extrait contient au moins trois principes actifs. Ce sont des composés cholinomimétiques de type muscarinique, adrénomimétiques de type beta et cardiodépresseurs non cholinomimétiques. La présence de ces différents principes actifs dans l’extrait aqueux de Costus afer justifierait son utilisation dans la pharmacopée traditionnelle pour le traitement de nombreuses pathologies.

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Symbolisme :


Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique du Costus afer :


Costus Afer Ker : Si l'on trouve parfois dans la zone forestière cette zingibéracée à grosse tête fleurie au sommet d'une tige hélicoïdalement feuillée, on ne sait si elle est entretenue à titre ornemental ou bien médicinal ou magique.

Mais chez les Ndiki du Cameroun, au Sud du cours du Noun en pays Banem, si on ne clôture pas les abords d'habitation et les champs, parfois ces derniers sont entourés d'un alignement de Costus Afer n'offrant aucune résistance ou gêne d'ordre physicomécanique à son franchissement. Ces clôtures sont faites contre la sorcellerie nocturne. En effet, certaines personnes peuvent se dédoubler la nuit, étant dans leur sommeil ; leur double s'échappe et, prenant la forme d'animaux dévastateurs des cultures (phacochères, porc-épic, etc.), occasionnent des dégâts. Aussi, les femmes entourent leurs champs d'une plante cependant très répandue dans le pays, le muand (plur. : méand), notre Costus. Contre pareil obstacle, les bêtes animées par des doubles de l'homme se cognent dessus et ne peuvent franchir la clôture. Elles s'enfuient ailleurs pour se nourrir, c'est-à-dire vers les champs de ceux qui n'ont pas pris cette précaution (Mme René Dugast, l'Agriculture chez les Ndiki de population Banem, Bull. Soc. Etudes Camerounaises, n°8, déc. 1944, pp. 9-102.

Le rôle magique de cette plante et les superstitions qui y sont accrochées paraissent un fait général à travers l'Afrique Tropicale humide.

Au Ghana, on dispose des plants dans les champs de culture, au bord du sentier, à l'entrée d'une maison, etc., pour assurer une protection d'ordre occulte ; on la plante aussi dans les bosquets sacrés (Irvine, Plants Gold-Coast).

Chez les Ashanti du Ghana, l'odeur de la plante est considérée comme répulsive aux Sorciers et aux influences des Esprits (Rattray, Ashanti, p. 164, ap. Dalziel).

Une espèce voisine, Costus lucanusianus J. Br. et K. Schum., est utilisée dans les villages forestiers de la Côte d'Ivoire pour assurer la protection de l'habitation ou du village contre une contagion de maladie ou pour se préserver des mauvais esprits (J. Kerharo et A. Bouquet, PIantes Toxiques, p. 242).

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François Malan Djah, auteur d'un article intitulé "Religion traditionnelle et gestion durable des ressources floristiques en Côte d'Ivoire : le cas des ehotilé, riverains du parc national des îles ehotilé." (In : VertigO-la revue électronique en sciences de l'environnement, 2009, vol. 9, no 2) nous révèle un usage magico-religieux du costus afer en Cote d'Ivoire :


Le Komian et la plante : l’arbre et l’écorce : Suivant Duchesne (1996), un Komian est un prêtre ou une prêtresse initié selon les rites d’un ordre et qui incarne les Boson auxquels il rend un culte durant les séances publiques de divination. Pour ce que nous constatons, le Komian se situe certes « dans la sphère de protection de la vie » mais, il a également une fonction non négligeable de « rétablissement de la santé ». Au sens de l’OMS, un guérisseur traditionnel est une personne reconnue par sa communauté pour sa compétence à procurer des soins médicaux aux moyens de substances végétales, animales ou minérales ou d’autres méthodes basées tant sur des aspects sociaux, culturels et religieux que sur des connaissances, attitudes et croyances qui prévalent dans la communauté, concernant le bien-être physique, mental ou social et la causalité de la maladie. Le Komian entre bien dans cette définition.

Chez les Ehotilé, comme chez tous les Akan, la fonction de Komian est indissociable de celle de guérisseur. Cette dernière activité est d’ailleurs observée comme la « couverture » dont se servent des chrétiens « convertis » sollicitant toujours les services des Komian. Dans notre zone d’étude, trois guérisseurs sur cinq, reconnus comme tels par leur communauté, sont des Komian ayant acquis, par héritage ou grâce aux Boson (au cours de leur initiation) une large connaissance des plantes qui guérissent.

Au-delà des emplois dans la médecine traditionnelle courante, les plantes occupent une place primordiale dans les cultes de la religion traditionnelle et les croyances. Elles trouvent leur pleine importance dans les rites de purification. Ainsi, dans la société Ehotilé, comme dans toute l’aire culturelle Akan, la tige feuillée de l’anyan (Costus afer Ker Gawl.) est utilisée dans les rites funèbres pour « tirer » et faire partir, du village, l’âme du défunt (Perrot, 2002). Cette plante intervient également dans les rites de protection contre les fléaux à venir, car elle empêche, selon les croyances, le malheur de passer (Duchesne, 1996). Dans ces mêmes rites, la tige feuillée du sufian (Sparganophorus sparganophora L.) sont utilisées pour répandre l’eau lustrale ou le sang du sacrifice.

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