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Le Carthame




Étymologie :

  • CARTHAME, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1512 (J. Thénaud, Le Voyage d'Outremer, éd. Ch. Schefer, Paris, 1884, p. 46). Empr. au lat. médiév. cartamo (ixe s., CGL t. 5, 354, 4 glosé lypbcorn en ags.; cf. MED, s.v. lib-corn) ou directement à l'ar. qurṭum « carthame, carthamus tinctorius ». Cf. a. prov. cartami (1397, Pansier t. 3).


Lire également la définition du nom carthame afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Carthamus tinctorius ; Safran bâtard ; Safran des teinturiers ;

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Botanique :


Pascale Dollfus, autrice de "Cheval Rouge, Nez Jaune, Champ Bleu et Esprit Blanc ; Voir, Nommer et Utiliser les couleurs au Ladakh, région tibétaine de l’Himalaya occidental. " (In : Histoire et géographie de la couleur, Cahiers du Léopard d'Or n°13, 2012) présente le Carthame tinctorial :


Sur le plateau tibétain, on lui préféra le carthame des teinturiers (Carthamus tinctoria) ou « safran bâtard », une fleur au feuillage vert, denté et piquant comme celui d’un chardon dont les capitules vivement colorés de contiennent de la carthamine qui, selon la concentration, permet d’obtenir de belles nuances de jaune, de rose ou de rouge. Une espèce était cultivée localement, mais l’essentiel provenait du nord de l’Inde, parfois frauduleusement mélangé au safran dont les inflorescences du carthame épousent la couleur pour être vendu un meilleur prix.

[...] Dans le monde tibétain, l’art de teindre est un art héréditaire qui se transmet oralement et par démonstration directe à l’abri des regards étrangers. Et pour les périodes anciennes, on ne connaît pas de manuels expliquant ce savoir-faire délibérément tenu secret et objet de nombreuses précautions. Au Bhoutan par exemple, teindre est interdit aux femmes enceintes, de peur que l’enfant qu’elles portent « vole la couleur » et, une fois devenu grand, révèle le processus long et complexe mis en œuvre.

 

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Usages traditionnels :


Victor Loret dans La flore pharaonique d'après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes. (E. Leroux, 1892) démontre que les Égyptiens maîtrisaient la teinture à base de Carthame depuis longtemps :


La momie d'Aménophis I, pharaon de la XVIIIe dynastie, portait sur la poitrine une guirlande formée de feuilles de Saule entre chacune desquelles était disposée une fleur de Carthame. Une autre momie, découverte par Schiapparelli à Drah-abou'l-neggah, était décorée d'une guirlande semblable. Une guirlande du Musée de Leide porte également des fleurs de Carthamus tinctorius.

D'autre part, on a reconnu par des analyses chimiques que toutes les étoffes rouges trouvées dans les tombes égyptiennes étaient teintes au Carthame.

Il est donc bien établi que les anciens Égyptiens connaissaient le Carthamus tinctorius. Or, il existe dans les textes hiéroglyphiques une plante, nommée Nasi ou Nasti (Br. et D., Rec., IV, 90), dont une partie de la fleur servait à teindre en rouge. Cette plante ne me paraît pouvoir être que le Carthame. La culture de cette matière tinctoriale serait très ancienne en Égypte, car le même nom, orthographié Nas, se retrouve dans une inscription de la pyramide du roi Téti (col. 336), qui vivait à la VIe dynastie. Les textes ne font pas mention de l'huile de Carthame, dont Pline nous apprend que les Égyptiens faisaient un très grand usage.

[...]

Parfois, les textes mêmes nous aident singulièrement. Des plantes y sont clairement décrites. D'autres fois, les usages pour lesquels on utilise les végétaux nous permettent de ne pas nous égarer.

Telle plante sert à teindre en rouge. A priori, ce peut être le Carthame. Un texte nous indique qu'on en faisait des couronnes ; or, certaines guirlandes de momies renferment des fleurs de Carthame. C'est là un argument presque décisif.

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D. Lemordant propose une "Contribution à l'ethnobotanique éthiopienne." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 18, n°1-3, Janvier-février-mars 1971. pp. 1-35) dans laquelle on peut lire :


suf : Le mot suf désigne à l'origine le Carthame Carthamus tinctorius L., Composées, et par extension il a été appliqué au Tournesol, Helianthus anniius L., plante de la même famille introduite postérieurement.

La dispersion du Carthame dans cette partie du monde est encore le fait des Arabes. Des millénaires avant J.-C, l'Egypte antique utilisait déjà le colorant jaune connu sous le nom de « Safran bâtard » que contiennent les fleurs et qui a servi en particulier à teindre les bandelettes des momies.

Les graines fournissent 25 à 30 % d'huile et sont également: consommées grillées.

 

Selon Bernard Dupaigne, auteur d'un article intitulé "Teintures naturelles et teinturiers au Cambodge". (In : Revue d’ethnoécologie, 2017, no 11) :


Sek You Oun parle du carthame, un produit tinctorial rouge constitué par les pétales desséchées du Carthamus tinctorius, Compositae. Les fleurs sont mises à bouillir, avant que le liquide ne soit tamisé. « Ces fleurs renferment deux matières colorantes, l’une jaune, l’autre rouge. On élimine la couleur jaune en lavant les fleurs à l’eau acidulée. Les fleurs ainsi lavées sont traitées par une solution de carbonate de soude. Ce carthame peut être utilisé pour la soie et rarement pour le coton ».

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Symbolisme :


Selon Philippe-François-Nazaire Fabre, dit Fabre d’Églantine, auteur du Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française (1790, p. 29) :


Dans le calendrier républicain français, le 8e jour du mois de Thermidor est dénommé jour du carthame.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


CARTHAME ou SAFRAN BATARD, cette plante est employée en teinture, son symbole est : Utilité ; Charme du monde.

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