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La Rhubarbe




Étymologie :

Étymol. et Hist. xiiie s. reubarbe (Simples médecines, éd. P. Dorveaux, 221) ; 1306 rubarbe (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 189). Empr. au b. lat. rheubarbarum, att. au viie s. chez Isidore de Séville, d'apr. qui rheu est un mot barbare signifiant « racine ». On trouve aussi en lat. médiév ; rhabarbarum (Latham) et chez Rabelais rhabarbe qu'il explique ainsi : ,,du fleuve barbare nommé Rha (c'est-à-dire la Volga) comme atteste Ammianus`` (1546, Tiers Livre, L, éd. M. A. Screech, p. 334, 76). On disait aussi rhapontic*, rheupontic. Le rapport des 2 formes rha et rheu reste obscur. Les lang. européennes ont des formes se rattachant aux 2 types: ital. rabarbaro, reobarbaro, all. Rhabarber.


Lire également la définition du nom rhubarbe afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Rheum raponticum ; Rhapontic ; Rhubarbe sauvage ;

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Botanique :


Auguste Chevalier, dans un article intitulé "Les Rhubarbes cultivées en Europe et leurs origines." In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 22ᵉ année, bulletin n°254-256, Octobre-novembre-décembre 1942, pp. 474-485, présente un bref historique de la culture de la rhubarbe en Europe :


Les Rhubarbes (Rheum) ont joui dans l'Antiquité et jusqu'au XVIIIe siècle d'une réputation considérable. C'était un remède à tous les maux : la racine était importée de la Sibérie et du centre de la Chine dès l'époque grecque. Marco Polo vit la plante en Chine au XIIIe siècle « croissant es montaignes ». Les caravanes l'apportaient du centre de l'Asie jusqu'en Russie et à la Méditerranée orientale et elle se vendait à un prix exorbitant. Au milieu du XVIIe siècle deux espèces, au moins, étaient déjà cultivées dans les jardins botaniques d'Europe et dès le XVIIIe siècle la culture de l'une d'elles se répandit en Angleterre. Raynal rapporte qu'en 1774, la Society of Arts distribua des médailles à deux cultivateurs anglais qui avaient cultivé de la Rhubarbe d'une qualité supérieure et Condorcet dans l'Eloge de Duhamel de Monceau indiquait que cet expérimentateur « établit dans ses terres la culture de la Rhubarbe, production inconnue en France dans sa jeunesse ».

La Rhubarbe fut d'abord cultivée chez nous exclusivement pour l'usage médical. Toutefois l'édition française du Dictionnaire de jardinage de Miller de 1765 signale que l'on cultive aussi la Rhubarbe pour les pétioles de ses feuilles dont on fait des tartes au printemps. Bientôt on mit ces pétioles confits dans les pâtisseries; on en fit aussi des confitures et des confiseries et des horticulteurs anglais firent en outre blanchir les jeunes pousses dans le but de les consommer comme le Crambe ou Chou marin. Nous croyons que c'est tout récemment, par suite de la disette de légumes, que l'on a utilisé aussi les limbes des feuilles de Rhubarbes pour les manger en guise d'Epinards. D'après des communications faites l'an dernier à l'Académie de Médecine, certaines personnes consommant les feuilles de ces plantes parfois très acides auraient ressenti des indispositions intestinales assez graves. Nous en avons consommé nous-même assez souvent et nous avons constaté que ce légume, bien cuit, était agréable et pouvait fort bien remplacer l'Oseille; il peut être mangé cuit sans danger, à condition de n'utiliser pour cet usage que les Rhubarbes potagères à feuilles glabres ou presque glabres et moyennement acides.

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Drs Mathieu Pasquier et Fabrice Dami, Pr Bertrand Yersinnous mettent en garde contre les effets nocifs de certains fruits et légumes dans un article intitulé "Fruits et légumes : peuvent-ils être dangereux ?" (paru dans la Revue Médicale Suisse, 2013 ; 9 : 1483-7) :


Oxalate : Le côté cristallin de la rhubarbe, de la carambole, de l’oseille ou des épinards…


L’acide oxalique est présent en grande concentration, notamment dans les aliments suivants: la rhubarbe, la carambole (figure 1), l’oseille, les épinards, les betteraves, le thé, les cacahuètes ou encore le cacao.

L’absorption de sels d’oxalate solubles peut provoquer des dépôts tissulaires, notamment aux niveaux des parois vasculaires, du myocarde et du rein. Une néphropathie aiguë est possible, consécutive aux effets obstructifs des cristaux d’oxalate au niveau des tubules rénaux, d’autres mécanismes – notamment apoptotiques – étant par ailleurs mis en cause. La dose moyenne létale d’acide oxalique chez l’homme est estimée à 2-30 grammes.

Les symptômes initiaux apparaissent quelques heures après l’ingestion sous la forme de nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, voire hématémèse, et sont secondaires à l’effet corrosif de l’acide oxalique au niveau du tractus digestif. Une hypocalcémie symptomatique par combinaison avec le calcium ionisé peut être présente, pouvant induire une tétanie, voire des convulsions. Dans les cas les plus graves, le tableau est celui d’une acidose métabolique avec défaillance multi-organique.

Des cas mortels d’intoxication à l’oxalate ont été décrits, essentiellement au début du siècle passé, lors de consommation de feuilles de rhubarbe (lesquelles contiennent plus d’oxalate que les tiges), mais aussi d’oseille. Plus récemment, un cas d’insuffisance rénale aiguë suite à la consommation de rhubarbe a été décrit. Le potentiel neurotoxique et potentiellement mortel de la carambole chez les patients urémiques est quant à lui reconnu depuis les années 1980, l’oxalate contenu dans la carambole étant l’un des candidats potentiels à incriminer dans la toxicité de ces fruits chez les patients dialysés. En 2001, un cas de néphropathie aiguë à l’oxalate sur consommation de jus de carambole a été décrit pour la première fois.

Le traitement d’une intoxication à l’oxalate est essentiellement symptomatique. Une hydratation est préconisée afin de favoriser l’excrétion des cristaux d’oxalate au niveau rénal. Les éventuels troubles électrolytiques (hypocalcémie) sont à corriger et la prise en charge de l’insuffisance rénale peut justifier le recours à une dialyse.

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Rhubarbe (Rheum rhabarbarum et Rheum rhaponticum) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Terre

Pouvoirs : Protection ; Fidélité.


Utilisation magique : Pour vous garder contre les douleurs d'estomac, portez autour du cou un morceau de racine de Rhubarbe.

Une tarte à la Rhubarbe servie à un compagnon ou à une compagne aidera à conserver sa fidélité (États-Unis).

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Porter une racine de rhubarbe autour du cou préserve des douleurs d'estomac. Autrefois, on disait de cette plante qu'elle chassait la colère "qui est de même couleur". Elle agirait également contre le venin des serpents, d'où l'habitude de la belette qui a été mordue d'en manger indistinctement.

Aux États-Unis, elle assure la fidélité du conjoint : il suffit de lui servir une tarte à la rhubarbe.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le caractère de la rhubarbe possède une structure coriace. Elle est de nature contradictoire. Capable de s'infléchir avec flexibilité, elle persiste pourtant dans sa propre opinion, dans ses principes et e convictions. Si elle donne quelques fois l'impression de vous suivre elle reste néanmoins ancrée inébranlablement dans sa propre terre ! C'est une forte personnalité. Elle consent à prêter l'oreille, à sonder, à écouter çà et là sans vraiment s'engager et sortir d'elle-même. Elle a ses idées... Sagace, intelligente, jamais vénale. Au fond, elle sait très bien ce qu'elle veut. Elle semble fléchir, se laisser aller au gré du vent, mais rien ne change vraiment dans on point de vue ni dans sa façon de voir les choses. Elle cogite, concocte, vérifie, fait des recherches ; lorsqu'il s'agit de comprendre de se rendre compte de quelque chose, elle y est.

Une grosse envie de Rhubarbe indique en premier lieu que

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Mythologie :


Hélène Dubois-Aubin, autrice de L'Esprit des fleurs (Éditions Cheminements, 2002) rapporte un mythe étiologique qui explique la naissance de la rhubarbe :


Gâyômart et le couple primordial


Les Indiens, ainsi que les Iraniens, considéraient le sacrifice comme l'acte essentiel par lequel se construisaient les forces interactives de l'univers. Le geste sanglant dépassait la simple offrande rituelle, il était l'acte créateur par excellence, sans lequel rien ne pouvait exister.

Un texte tiré du Boudalishn, livre sacré des Iraniens, nous parle de la naissance du premier couple de l'humanité : Ahurâmazdâ, seigneru de sagesse et père des dieux, créa tout d'abord un être androgyne qu'il nomma Gâyômart (ou Gayo Maretan qui signifie "vie mortelle"), puis il façonna Gôch, le taureau, pour lui tenir compagnie. Les deux créatures vécurent ensemble pendant six mille ans sans soucis. Mais Ahrima, l'esprit du mal, conçut une vive jalousie envers les deux êtres qui s'entendaient si bien. Il n'eut aucune difficulté à se saisir de Gâyômart et du taureau, les tuant d'un même geste. L'androgyne et la bête terrassés s'écroulèrent ensemble sur le sol, abreuvant la terre de leur semence.

Du corps du taureau naquirent cinquante-cinq espèces de plantes alimentaires et douze sortes d'herbes médicinales : ainsi de ses cornes sortirent les pois, de ses narines les tiges d'ail ; son sang produisit le raisin, ses poumons les fleurs de la rue, tandis que dans son coeur se formaient les rameaux du thym... Après quarante années de gestation, la semence de Gâyômart germa à son tour, pour donner naissance à un pied de rhubarbe dont les quinze tiges, teintées du sang de l'androgyne, étaient marbrées de rouge. A l'extrémité d'une de ces jeunes pousses se trouvaient le premier homme et la première femme, qui s'unirent et engendrèrent la race humaine.

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Contes et légendes :


Sur le site Diététique chinoise et tuina on trouve la légende suivante :


En médecine chinoise, il existe des histoires pour expliquer la découverte d’herbes bien connues, ou pour raconter l’histoire qui se cache derrière le nom de certaines d’entre elles. Voici celle de la rhubarbe.

Il y avait un herboriste qui était appelé Mr. Cinq Jaune parce qu’il était connu pour avoir maîtrisé l’utilisation de cinq herbes de couleur jaune. Cet herboriste utilisait  exclusivement les cinq herbes pour traiter les maladies. Tous les ans, Mr Cinq Jaune allait ramasser des herbes dans le pays et restait souvent dans la maison de M. Ma. Les deux étaient amis depuis des décennies. Au cours d’un printemps, il constata que la maison de Mr Ma était détruite. Un voisin lui dit qu’elle avait brûlé dans un incendie. Sa femme et ses enfants sont morts dans l’incendie et Mr. Ma vivait désormais seul dans une grotte sur la montagne. M. Cinq Jaune escalada la montagne et trouva son ami, il lui demanda s’il voulait travailler avec lui. Mr. Ma fut d’accord et depuis ce jour, les deux amis ramassèrent les herbes et vécurent ensemble.

Mr. Cinq Jaune était un herboriste, mais Mr. Ma ne l’était pas. Cependant, il voulait le devenir pour traiter des patients, mais M. Cinq Jaune essaya de le dissuader : « Vous n’êtes pas assez prudent pour devenir un herboriste », dit Mr. Cinq Jaune à son ami, mais Mr. Ma n’était pas convaincu.

Alors que Mr. Cinq Jaune était parti, Mr. Ma commença à traiter des patients seul, et il obtint de bons résultats. Un jour, cependant, une femme vint le voir pour un problème de diarrhée, elle avait l’air très faible et pâle. Mr. Ma se rappela que son ami utilisait souvent une racine jaune pour traiter la diarrhée, alors il fit une décoction d’une grande racine jaune pour la patiente. Après avoir bu la décoction, le problème de la patiente fut bien pire et presque mourut de diarrhée sévère. Mr. Ma ne comprenait pas ce qui avait mal tourné. Quand son ami revint, il lui expliqua ce qui venait d’arriver. Mr. Cinq Jaune comprit immédiatement que Mr. Ma avait utilisé la mauvaise herbe, parce qu’il y avait deux racines jaunes, une pour la diarrhée et une pour la constipation. La racine jaune était appropriée pour la diarrhée, alors que la plus grande racine jaune était bonne pour la constipation.

D’où le nom de la rhubarbe chinoise : Da (grande) Huang (jaune).

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