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  • Photo du rédacteurAnne

La Plante huître




Autres noms : Mertensia maritima ; Feuille d'huître ; Huître végétale ; Huître potagère ; Mertensie maritime ; Pulmonaire de Virginie ; Sanguine de mer ; Sanguinie de mer ;

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Botanique :


Bernard Stoehr, dans son ouvrage intitulé Plantes et paysages de l'Isfjorden au Svalbard (Norvège). (Éditions SHNEC, 2011) évoque rapidement la Mertensie :

La végétation de bord de mer reste très pauvre en nombre d’espèces. Le littoral héberge principalement la mertensie (Mertensia maritima (L.) S.F.Gray) dont la graine est résistante à l’eau de mer et se dissémine par l’océan. Cette espèce se rencontre fréquemment sur tout le littoral de l’arctique.

 

Jean-Marie Pelt et Franck Steffan grâce à leur ouvrage Légumes d'ailleurs et d'autrefois (Éditions Fayard, 2015) nous en apprennent davantage sur la Mertensie :


La mertensie maritime vit sur les côtes d'Europe du Nord. Ses fleurs rouges virant au bleu à l'épanouissement, sont typiques de la famille des Borraginacées à laquelle elle appartient. En revanche, se feuilles d'un vert bleuté sont dépourvues des aspérités, rugueuses au toucher, si caractéristiques de cette famille, comme on le voit chez la Bourrache. Ses rhizomes constituent un élément de la nourriture des Esquimaux, car la plante résiste à des températures de - 25°C. Les feuilles sont consommées pour leur goût marin évoquant l'iode mais surtout les huîtres

- d'où son nom d'huître végétale -, ce qui la destine à accompagner les salades de crustacés.

 

Selon Xavier Mathias, auteur de La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), décrit succinctement cette petite plante :


Inhabituelle : Endémique sur le littoral breton ou même à Saint-Pierre-et-Miquelon, la Mertensia maritima est une vivace parfaitement rustique dont le feuillage disparaît l'hiver. Plutôt habituée à l'ombre des rochers, elle apprécie un substrat léger, drainant, une humidité assez persistante, sans jamais avoir à souffrir d'excès d'eau en revanche.

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Usages traditionnels :


D'après les travaux de Ernest Delamare, Ferdinand Renauld, and Jules Cardot., auteurs d'une Flora miquelonensis : florule de l'île Miquelon (Amérique du Nord) : énumération systématique avec notes descriptives des phanérogames, cryptogames vasculaires, mousses, sphaignes, hépatiques et lichens. (Association typographique, 1888) :


Mertensia maritima Don.— Vulgo : Sanguinie de mer.— Bancs de galets.

Usage populaire dans le rhumatisme, en applications extérieures. CC. Juillet. Du Canada à New-York.

 

Dans son mémoire de master 2 intitulé Traduction d'odeurs végétales pour le design d'objets sensoriels.(Université de Toulouse, 2020), Pauline Delpech s'intéresse à la représentation possible de l'odeur de la Mertensie :


Les odeurs sont utilisées depuis que l’Homme est Homme, pour leurs propriétés thérapeutiques, mystiques et hédonistes. Le rapport que l’être humain entretient avec le parfum a évolué de bien des façons depuis les débuts de l’humanité. Mais qu’ils soient sacralisés ou décriés, les parfums ont toujours été présents et utilisés à diverses fins. Notons par ailleurs que l’origine du mot parfum provient des fumées odorantes qui se dégageaient de feux de plantes aromatiques. L’appropriation des odeurs et les premières créations de parfums se sont faites grâce aux végétaux et avec eux. L’utilisation du végétal dans la création parfumée est donc aussi ancienne que la création de parfum elle-même. Il est par ailleurs remarquable que, les odeurs d’un côté, et les végétaux de l’autres, se voient attribuer des propriétés similaires, qu’il s’agisse de leurs liens au thérapeutique ou de leurs rapport au magique, parfois même au mystique. Ceci en dit long sur le rapport que l’Homme entretient avec le règne végétal. [...] . Il est vrai que chaque végétal a sa propre identité, ses propres caractéristiques que nous pouvons appréhender et utiliser. Notamment une identité olfactive. L’odeur est une des pièces maitresse dans le fonctionnement des végétaux, elle sert à leur survie, à leur reproduction [...]

Odeur de la mertensie
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A travers une analyse multi-sensorielle du végétal et de son odeur, proposons d’autres formes perceptibles et palpables de représentation des odeurs. Sentir et ressentir une odeur végétale.

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Symbolisme :


Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions supplémentaires sur le symbolisme de la Mertensie, associées à ses usages traditionnels :


La mertensie : et pourquoi pas, après tout ? Encore peu fréquente il y a quelques années seulement, la mertensie ou « plante huître » a fait son apparition dans bien des potagers, jusqu'à même être maintenant couramment servie sur de grandes tables, comme un mets précieux. Une belle réussite pour un végétal, un exploit qu'ils sont bien peu à avoir accompli. Il est vrai qu'elle a de quoi surprendre cette petite vivace au feuillage bleu, assez rare au potager. La goûter ne serait-ce qu'une fois explique que l'on s'en souvienne longtemps. Non seulement sa saveur étonnamment iodée rappelle l'huître de façon tout à fait surprenante, mais en plus, ses feuilles charnues, épaisses, se rapprochent de la texture du coquillage ! Comment un végétal poussant dans un potager, à plusieurs centaines de kilomètres du littoral et de ses embruns salés qui plus est, peut-il à ce point évoquer un fruit de mer ? C'est là un mystère comme seuls nos potagers peuvent nous offrir.

A priori dubitatif, un ami ostréiculteur a bien été obligé d'en convenir après l'avoir goûtée : la mertensie rappelle les huîtres à s'y méprendre. Petite provocation inutile de ma part, j'en conviens, je lui faisais remarquer qu'à la différence de ses produits, si par hasard on mange une feuille de mertensie pas fraîche, on ne risque pas de passer les pires vingt-quatre heures de son existence à jurer que plus jamais on ne sera repris à manger d'huîtres ! Le jour de Noël en plus... vous parlez d'une fête ! Réconcilier universellement les gourmets avec ce coquillage, qu'en outre on dévore tout cru, mon intention n'était pas des moindres !

Spécialiste des eaux glacées et des réponses du même acabit, mon ami s'est juste contenté de me répliquer, qu'en plus d'être à ses yeux un mets d'une saveur tout à fait exceptionnelle, les huîtres, les vraies cette fois-ci, ont l'avantage d'être très riches en zinc, un élément reconnu pour sa propension à favoriser l'émission de testostérone et de cyprine ! Rien que ça. Ma mertensie peut-elle prétendre à de telles vertus ?

Pour être honnête je n'ai pas encore vérifié. Je n'en sais toujours fichtre rien. Mais si, j'ai envie d'y croire après tout, sa saveur est tellement proche !

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