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Photo du rédacteurAnne

La Drave printanière

Dernière mise à jour : 2 mars




Étymologie :


  • DRAVE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1598 (P. A. Matthioli, Commentarii [trad. de l'ital.], Bâle, p. 431 d'apr. J. Camus, Étude de lexicol. bot. ds R. de bot., t. 3, p. 131). Empr., en raison de la nature du texte cité supra, à l'ital. draba (dep. 1540 d'apr. DEI ; cf. 1550, Mattioli ds Batt.) plutôt qu'à l'esp. draba (EWFS2). L'ital. et l'esp. draba sont empr. au lat. drabe, lui-même empr. au gr. δ ρ α ́ ϐ η.


Lire également la définition du nom drave afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Draba verna - Cresson oriental - Drave du printemps - Érophile printanière - Petite bourse à berger

Draba muralis - Drave des murs - Drave des murailles -

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Botanique :


Gaston Bonnier, dans un herbier intitulé Les plantes utiles et nuisibles, disponible sur le site Curiosit.com nous apprend que :


Drave printanière. - Nom latin : Draba verna (du mot grec drabè, âcre ; plante âcre).


C'est une toute petite plante dont on voit apparaître les minimes fleurs blanches sur les murs ou au bord des chemins, à la fin de l'hiver. La Drave printanière est une des plantes qui vivent le moins longtemps.

 
















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Usages traditionnels :


François Couplan, auteur de Le régal végétal : plantes sauvages comestibles, (Éditions Ellebore, 2009, p. 312.) n'est pas prolixe sur la drave printanière :


L'Erophila verna est comestible, quoique de taille extrêmement réduite. Son goût est à peine piquant.




Symbolisme :


Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte plusieurs exemples qui crée une forme de baromètre botanique :


Drave printanière. — La drave printanière replie doucement ses feuilles quand la tempête va venir.

 

M. Charles Royer, dans une conférence "Sur Le Sommeil Des Fleurs." (in : Bulletin de la Société Botanique de France, 1860, vol. 7, no 8, pp. 924-928) étudie de plus près cette horloge de Flore :


La pluie est une condition atmosphérique très défavorable à l'épanouissement : le poids de l'eau devrait cependant plutôt rabattre que relever les corolles. Les fleurs sommeillent par la pluie, alors même que le moment de veiller serait arrivé pour elles ; elles se ferment si elles avaient déjà commencé à s'épanouir. Cependant j'ai vu des Draba verna, des Stellaria media, etc., s'épanouir par une petite pluie ; mais cela n'arrive que si la plante est à l'apogée de sa floraison ; il faut de plus que le ciel ne soit pas très couvert, en un mot que la pluie doive cesser bientôt pour faire place aux rayons du soleil. On dirait que la plante prévoit qu'elle peut sans grand danger épanouir sa corolle. Ainsi une fleur de Draba verna s'ouvre pendant six ou sept jours :le troisième jour j'en ai vu s'ouvrir par une petite pluie, qui restaient fermées le cinquième jour par le même temps. Plus les fleurs s'éloignent donc de l'apogée de la floraison, plus elles ont de disposition à l'occlusion.

Un grand vent, un temps sombre, un abaissement de température sont encore des conditions mauvaises pout· l'épanouissement, ou, si l'on aime mieux, favorables au sommeil.

Une autre cause puissante de sommeil sont les troubles apportés à la végétation. Un Draba verna élevé en pot se fermait si je désorientais le pot.

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Gilles Clément dans l'article intitulé "Jardins en mouvement, friches urbaines et mécanismes de la vie." (in : Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1997, vol. 39, no 2, pp. 157-175) nous rappelle que de notre regard sur le monde et la nature dépend notre appréhension du réel :


Pourrait-on approcher la nature avec surprise et complicité ? Lorsque Jacques MONTÉGUT nous invitait à observer Draba verna L. sur les pelouses de Mantes — une plante qu'on aborde en rampant tant sa taille est menue — ce n'était pas le minuscule et imprévisible feuillage qu'il révélait à nos yeux, mais la juste place d'un être si chétif en un si vaste monde. Il disait pourquoi. Il avançait la thèse que rien n'apparaissait impunément en un lieu déterminé sans une bonne raison de s'y trouver ; il nous fascinait par la seule fascination qu'il éprouvait lui-même à l'égard des pionnières, les incroyables conquérantes, les grandes vindicatives. C'est comme s'il portait une bannière et la brandissait haut, parlant au nom des plantes, qu'il nous faisait découvrir. Il nous montrait le voisinage, et l'air et l'eau, et toute cette lumière jusqu'à l'horizon où voyagent un nombre incalculable de poussières en même temps que les graines et les oiseaux. Il tenait le monde plié dans ses mains, découvrant les pétales vernis des ficaires, la barbe des polygales, la tige rêche des prêles... Il se pouvait que nous retenions le nom des nouvelles venues, mais là n'était pas l'important. L'important résidait dans l'épaisseur du vivant, espace indéfini où se rencontrent les éléments et les êtres, territoire privilégié des échanges et des inventions. Tout à coup nous étions conviés au jeu immense de la vie. C'était un magicien.

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Comme son nom l'indique et comme le confirme le site Sauvages du Poitou, la drave printaniière symbolise l'arrivée du printemps :


Draba verna est aux vieux murs, aux pelouses rases et aux trottoirs ce que les hirondelles sont au ciel : l'annonciatrice du retour du printemps. Ses grappes de fleurs éphémères s'observent entre la fin de l'hiver et le mois d'avril. Mais cette prophète des beaux jours reste bien discrète et on risque fort de lui marcher dessus avant que de l'entendre : Draba verna est une des Sauvages les plus précoces de nos villes, mais aussi une des plus petites (une dizaine de centimètres pour les spécimens les plus costauds) !

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