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La Croix des Fées




Autres noms : Cercueil - Clou - Croisette - Croisette de Bretagne - Croix de Bretagne - Croix de Russie - Croix de Saint-André - Croix du Christ - Moulin à vent - Pierre de Coadry - Pierre de croix - Pierre de Quadrix - Pierre rousse - Staurotide mâclée - Tombeau -




Minéralogie :


Selon Auguste Daubrée, auteur de Les régions invisibles du globe et des espaces célestes : eaux souterraines, tremblements de terre, météorites. (Vol. 62. Ancienne Librairie Germer Baillière et Ca., 1888) :


Les schistes argileux ont subi des transformations minéralogiques à proximité des éruptions granitiques. Déjà, il y a un demi-siècle, l'excellent géologue de Boblaye signalait , en Bretagne, la présence de coquilles fossiles au milieu de roches schisteuses, contenant en même temps, comme témoignage de la chaleur qu'elles ont subie, de grands cristaux de minéraux silicates , andalousite ou macle et staurotide. Les groupements en forme de croix avaient fait remarquer depuis longtemps et appeler croisette cette dernière espèce, qui figure dans les armoiries de l'antique famille des Rohan.

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Usages traditionnels :


Sur le site La magie du Bouddha, on peut lire que :


Les staurotides en forme de croix de St André étaient autrefois offertes aux jeunes mariés et les protégeaient de plusieurs maladies.

Les staurotides en forme de crucifix protègent contre les morsures de chiens enragés et de serpents, de la folie et des maladies des yeux. Les staurotides protègeraient aussi contre les naufrages, on retrouve ainsi parfois des staurotides dans des endroits très éloignés comme à la Réunion, elles sont arrivées là il y a bien longtemps apportées par des marins Bretons et y sont toujours considérées comme des talismans d'autant plus puissants qu'elles y sont très rares.

Enterrées au pied des murs de la maison elles préserveraient de la foudre, d'où leur surnom de "pierre à tonnerre".

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Lithothérapie :


Judy Hall autrice de La Bible des Cristaux (volume 1, Guy Trédaniel Éditeur, 2011) présente la Croix des Fées :


Staurolite – Staurotide – Croix des Fées

Couleur : Brun - Jaune brunâtre - Brun rougeâtre.

Aspect : Ressemble à la chiastolite, peut avoir une structure cruciforme ou montrer une croix.

Disponibilité : Dans les magasins spécialisés.

Source : États-Unis - Russie - Moyen-Orient.


CARACTÉRISTIQUES. Appelée aussi staurotide ou Croix des fées, car soi-disant formée par les larmes versées par les fées à l'annonce de la mort du Christ. Selon la tradition, c'est un talisman pour la chance.

Met en valeur les rituels et les accentue, sert aux cérémonies de magie blanche. Censée accéder à la sagesse ancienne du Moyen-Orient. Cette pierre connecte les plans physique, éthérique et spirituel, favorisant la communication entre eux.

Sur le plan psychologique, la staurolite est exceptionnellement utile pour alléger le stress. Atténue la dépression et les dépendances, et repousse la tendance à travailler trop et à faire un usage excessif de l'énergie.

Sur le plan physique, la staurolite est parfaite pour les personnes désirant abandonner le tabagisme, adoucir et soigner ses effets. Permet de comprendre les raisons cachées de la dépendance à la nicotine et fournit une énergie d'ancrage aux personnes désinvoltes qui se sont servies de cette substance pour s'enraciner.


GUÉRISON. Traite les troubles cellulaires et les tumeurs, accroît l'assimilation des hydrates de carbone et diminue la dépression. Traditionnellement utilisée pour la fièvre.


POSITION. À tenir ou à placer selon les besoins.

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Symbolisme :


Dans son article  daté du 12 septembre 2011 sur les staurotides de Bretagne, Erwan Chartier-Le Floch explique pourquoi ces pierres sont réputées magiques, voire sacrées :


Un minéral aux vertus magiques

Dans le secteur de Coray, en revanche, les Bretons ont attribué plusieurs fonctions médicales à ces pierres si étranges. La staurotide a même eu l’honneur d’une gwerz, une complainte écrite à la fin du xviiie siècle par un chanoine de Quimper resté anonyme. Le texte Buliou an otrou Christ a ensuite circulé sous forme de feuilles volantes. Écrite pour attirer les pèlerins à la chapelle de Coadry et vanter les mérites du sanctuaire, la gwerz Buliou an otrou Christ évoque les multiples vertus des staurotides. Selon Thierry Rouaud, de Dastum, elle peut en effet “être rangée parmi les textes à vocation publicitaire, car le but de l’auteur est moins de faire une gwerz pieuse que d’attirer les pèlerins à Coadry par le biais des pouvoirs supposés des pierres de croix. Le chanoine quimpérois se livre tout au long du texte à un exercice difficile consistant à promouvoir un talisman en évitant de tomber dans la sorcellerie sulfureuse.”

Comme les haches polies du Néolithique, les staurotides se classent parmi les maen kurun, les pierres du tonnerre qui protègent de la foudre. Buliou an otrou Christ parle ainsi d’une église nantaise frappée par la foudre. Treize personnes décèdent et le prêtre est projeté à un quart de lieue, mais il s’en sort indemne grâce à la croisette qu’il portait. Les staurotides sauvent également de la noyade. Elles guérissent les problèmes ophtalmologiques ou en provoquent… Un certain René Joannas, évoqué dans Buliou an otrou Christ, perd la vue pour avoir jeté une staurotide dans la rivière au lieu de la donner à son vicaire. Il reste aveugle jusqu’à ce qu’il retourne à Coadry, prenne une pierre et la ramène au religieux. Cette gwerz indique d’ailleurs qu’en cas de problèmes de vision, il faut boire de l’eau dans laquelle ont trempé des staurotides. La staurotide était censée protéger de la rage. Le texte évoque le cas de Janet Le Gall, de Saint-Brieuc, attaquée par un chien enragé qui lui saute dessus. La bête manque le cou mais avale la staurotide que la jeune femme portait en collier. L’animal retombe sur ses pattes, totalement guéri.

Dans leur Galerie bretonne, Bouët et Perrin nous apprennent que la pierre était fixée dans les vêtements pour protéger les enfants des frayeurs, des coliques, des mauvais vents et des sorts. Le poète Auguste Brizeux, qui a séjourné longtemps dans la région de Scaër, a fini par s’amuser des mille vertus supposées des staurotides. “Tombez d’un arbre, écrit-il, cassez-vous un bras, les pierres de Coadry ne sentiront rien.”

Chez les Indiens d’Amérique, les staurotides sont également utilisées comme talisman. Elles permettent de garder les mauvais esprits à distance, de se préserver des accidents, des maladies ou des catastrophes naturelles. Elles rendaient également invisibles leur propriétaire. La célèbre princesse Pocahontas en aurait donné une, en guise de porte-bonheur, à son amant John Smith. Les présidents Roosevelt, Wilson et Nixon en possédaient toujours une dans leur poche… Aux États-Unis comme en Europe, les staurotides demeurent très populaires. Certains chrétiens les considèrent bien entendu comme des créations divines. Mais d’autres mouvements se les sont également appropriées, notamment ceux liés au New Age. Sur un site américain, on peut lire que les pierres de croix proviendraient d’une météorite qui, en tombant, se serait éclatée en une multitude de pierres signées d’une croix pour nous rappeler que la terre et les hommes ont été créés par une entité supérieure…

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Contes et légendes :


Paul Sébillot, auteur d'une Petite légende dorée de la Haute-Bretagne. (Vol. 21. Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne, 1897) rapporte une légende relative à une croix des fées :


La croix des fées


Il y a en Nazareth, près de Plancoët (Côtes-du-Nord) , une croix qui, à ce qu'on assure, a été plantée par les fées ; il y a dessous trois barriques d'argent. Si quelqu'un allait à minuit juste à cet endroit le jour d'une grande fête, il pourrait facilement avoir cet argent ; car à minuit cette croix se lève de terre d'un côté, et est penchée tout d'un bord, et l'on pourrait voir et prendre le trésor ; mais après minuit, elle revient à sa place.


(Recueilli par M. Charles Sébillot.)

 

Erwan Chartier-Le Floch propose sur son blog un article très complet sur les croisettes de Bretagne, notamment à propos des légendes qui lui sont associées, daté du 12 septembre 2011 :


Loin des doctes explications des géologues, la tradition populaire explique bien entendu de manière différente la création des staurotides. Plusieurs légendes circulent sur le sujet. L’une d’elle associe les staurotides à la chapelle de Coadry. Situé sur la route entre Coray et Scaër, ce bel édifice aurait succédé à un temple païen et aurait été bâti par un noble local, le comte de Trévalot. Ce dernier avait pour ennemi un aristocrate cruel et vindicatif, le seigneur de Coatforn. Assiégé par Coatforn, Trévalot prie et promet de bâtir un sanctuaire s’il est vainqueur. Dieu lui donne la victoire. Trévalot choisit Coadry et fait même appel à un géant qui construit le haut clocher en une journée. Les deux croix, très anciennes, placées devant la chapelle et espacées d’une vingtaine de mètres, indiqueraient la tombe du géant. Bien plus tard, l’édifice est détruit par un incendie. Un seigneur local vient se recueillir sur ses ruines. Pour l’en remercier, Dieu fait tomber une pluie de croix, les fameuses staurotides. Une autre version raconte qu’après la destruction de la chapelle, alors que les ruines avaient disparu sous les buissons, les hommes étaient surpris des miracles qui avaient lieu régulièrement à cet endroit. Ils demandent à Dieu de les éclairer et celui-ci fait pleuvoir une pluie de pierres en forme de croix, indiquant qu’il considérait cette terre comme sacrée. Une ultime variante attribue l’incendie de la chapelle au diable : pour éteindre le feu, Dieu aurait fait tomber une pluie de croix…

Une légende centre bretonne évoque par ailleurs un ermite torturé par des barbares et laissé ligoté à un arbre. Il invoque Dieu qui le prend en pitié et lui dit : “Va et marche courageusement et suis le chemin que j’ai tracé de mes pierres. Il te conduira à la paix et au bonheur.” Le vieil ermite se voit délivré de ses liens et découvre une première pierre en forme de croix à ses pieds. Il en découvre une autre plus loin puis une autre qui le conduisent jusqu’à une source jaillissant non loin d’une grotte. L’ermite s’installe, se repose et évangélise le pays de Coray. Il guérissait d’ailleurs les malades grâce aux pierres en forme de croix. Une autre histoire, moins sympathique pour les habitants du lieu, affirme que le Christ, déguisé en mendiant, aurait visité Coadry et les fermes environnantes en quémandant de la nourriture. Mais les habitants auraient refusé de montrer la moindre pitié. Pour les punir de leur manque de générosité, au moment des semailles, le Christ aurait alors transformé les graines en croix de pierre, au grand dam des habitants du lieu…

Quoi qu’il en soit, Coadry est renommé depuis des siècles pour ses pierres. À la fin du XVIIIe siècle, dans son Voyage dans le Finistère, Jacques Cambry indique qu’on y ramasse “une grande quantité de ces pierres, nommées pierres de croix par les naturalistes. Les pauvres les donnent, les vendent aux pèlerins, aux étrangers…” Les participants au pardon de la chapelle devaient en effet tenir dans leur main l’une des pierres pendant la procession. Au point qu’on nomme parfois les staurotides “pierres de Coadry”.

Le christianisme a bien entendu tenté d’utiliser ces pierres aux formes si symboliques pour cette religion. De l’autre côté de l’Atlantique, les Indiens Cherokee pensent, quant à eux, que ces pierres sont les larmes qu’ont versées les lutins Nunnehi lorsqu’ils ont appris la mort du Christ. Eugène Le Peilh ne se souvient pas non plus de légendes particulières sur les staurotides du pays de Baud. “J’ai été l’un des premiers à en ramasser, lorsque j’étais enfant, explique-t-il. En 1934, un prêtre d’Auray est venu à la ferme. Il avait une staurotide en pendentif et a demandé à voir les nôtres. Mais on ne la pas revu après.”

 

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