top of page

Blog

Photo du rédacteurAnne

La Comméline





Autres noms : Commelina communis - Comméline commune - Éphémère d'Asie - Misère bleue -

*

*




Botanique :


Dans La Vie sexuelle des Fleurs (Éditions E/P/A Hachette Livres, 2022), illustré par Loan Nguyen Thanh Lan, Simon Klein explicite les mécanismes de reproduction des fleurs :


Comméline : Vrai ou faux pollen ?


Cette petite plante discrète est native d'Asie, où elle se plaît dans les terrains humides, au bord des cours d'eau, par exemple. Cependant, on peut la retrouver dans les jardins en Europe et aux États-Unis où elle a été rapportée. Dans certains cas elle s'est même adaptée à son nouvel environnement au point de devenir envahissante. C'est chez cette petite plante, devenue mauvaise herbe, que l'on a constaté pour la première fois le phénomène de résistance aux herbicides, à Hawaï, en 1957.

Sous son aspect discret et inoffensif, la comméline cache plutôt bien son jeu ! Elle fait partie de ces fleurs qui proposent à la communauté du pollen et seulement du pollen ; elle ne produit pas de nectar. Cependant, si l'on offre du pollen aux insectes, il faut s'attendre à ce qu'il finisse dans le ventre d'une larve d'hyménoptère plutôt que sur le pistil d'une fleur de son espèce ! Les fleurs qui, comme la comméline, ne proposent que du pollen, l'ont bien compris : la rose, par exemple, a tout misé sur cette production : grâce à ses nombreuses étamines, elle considère que probablement, sur la masse produite, une parie ira sur le pistil d'une autre rose. Seulement voilà, produire autant de pollen pour vite devenir coûteux. Et la comméline est, dans ce domaine, quelque peu regardante ! Elle a donc mis au point un principe plutôt astucieux pour éviter de fournir du pollen plus que de nécessaire. la fleur met à profit l'appétit des pollinisateurs pour la poudre dorée en leur faisant miroiter qu'il y en a, fraîche et appétissante, au milieu des deux pétales bleus indiquant, tels des drapeaux, la présence du prétendu pollen. En outre, jaune sur bleu, ça attire l'œil ! Mais non, les deux points jaunes ne sont pas que des excroissances de la fleur, qui ressemblent à du pollen !


Le stratagème : Une fois repérée, grâce à ses deux pétales bleus arrondis, la fleur est prise d'assaut par un pollinisateur qui espère facilement décrocher le précieux pollen. Mais arrivé sur la fleur, impossible, rien ne vient. Or pendant que le bourdon ou l'abeille cherchent à tut prix à repartir avec du pollen, de véritables grains de pollen vont être collés à leur corps : en effet, les trois fausses étamines présentes sur le devant des pétales ne sont que des leurres ; mais en dessous se trouvent trois autres étamines, fertiles celles-là. Il y a deux étamines portant du pollen sombre, qui vont se refermer de part et d'autre de l'insecte et fixer leur pollen sur ses flancs. La troisième étamine, portant du pollen jaune, va effleurer le ventre de l'insecte et en coller sur son abdomen. Futée, la comméline, parce qu'en plus d'attacher ses cargaisons par surprise sur l'abeille, évitant en cela qu'elles finissent mangées et n'arrivent jamais à destination, elle les a fixées dans la fourrure à des endroits stratégiques. Les abeilles et les bourdons sont des insectes plutôt portés sur l'hygiène. L'objectif est de se débarrasser des éventuels parasites et de récupérer un peu de pollen coincé dans leur fourrure. Cependant, il y a des endroits qui sont hors d'atteinte pour les pattes de ces insectes : le ventre et les flancs. Ainsi, le pollen fixé par la comméline a de grandes chances de rester sur leurs fourrures. En repartant ainsi badigeonné, il peut passer par une autre fleur et, pensant encore une fois y trouver du pollen, l'insecte va se ruer sur les fausses étamines de cette nouvelle fleur. Son corps effleure le pistil, y déposant du pollen de la première fleur et facilitant ainsi la fécondation croisée.

*

*



Vertus médicinales :


D'après les travaux de J. Kerharo et J.-G. Adam, auteurs de "Plantes médicinales et toxiques des Peul et des Toucouleur du Sénégal". (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 11, n°10-11, Octobre-novembre 1964. pp. 384-444) :


Commelina forskalaei Vahl. (Commélinacées). Vern. : werkan (p).

Cette plante est banale dans tout le Sénégal en saison des pluies, surtout dans les sols sablonneux ainsi que dans les régions sahélienne et soudanienne.

Le latex est utilisé couramment en médecine populaire en application sur les plaies légères et sur les pustules provoquées par les petites épines implantées dans le derme.

 

R. Apema, et al., auteurs de "Les plantes médicinales utilisées dans le traitement de l’hypertension artérielle par les tradipraticiens à Bangui". (Fondation Genevoise pour la Formation et la Recherche Médicales (FGFRM), 2011, pp. 1-6.) relève l'usage thérapeutique d'une Comméline :


 Commelina diffusa Burm. f., Commelinaceae.

Recette : récolter une grande quantité de tiges feuillées, bien laver et bouillir dans 2 litres d’eau. Laisser refroidir, puis filtrer le décocté et mélanger le décocté avec la bouillie du riz.


Posologie : le patient hypertendu prendra 3 verres bambous du mélange par jour matin, midi et soir

*

*

Mangambu Mokoso Jean de Dieu, Kamabu Vasombolwa et Bola Mbele Lokundo Félicien, dans "Les plantes médicinales utilisées dans le traitement de l’asthme à Kisangani et ses environs (Province Orientale, R.D. Congo)" (Annales des Sciences, Université Officielle de Bukavu. Vol. 1 (1) : 2008) mentionnent :


Commelina diffusa BURM. F. (HVi, Tso, rud, Pan.), NV. : Sandada (Lulu)

Plante entière.

La décoction d’environ 500 gr de plantes entières fraîches décomposées dans 2 litres d’eau pendant 30 minutes. Le décocté est bu à raison d’un verre à bière trois fois par jour pendant quatre jours.

 



Usages traditionnels :


Selon une "Note sur Commelina communis L .(Commelinales Commelinaceae)." (Publications de la Société Linnéenne de Lyon, 1986, vol. 55, no 8, pp 1-3) de Christian Forestier :


C'est une plante ornementale rustique, annuelle, à racines pérennantes, ou vivace ; on en tire (Japon, URSS, etc.), une brillante teinture bleue pour étoffe, papier, d'où, au Japon, les appellations d'herbe à imprimer (tsukikusà), planche à colorier, support pour imprimer (yiïzen) ; en particulier de la variété hortensis Makino, « fleur à grand chapeau » (obôshibana), dont les divisions pétaloïdes bleues peuvent atteindre 4 cm, d'après Yasahi Weekly, dimensions des grands pétales confirmées dans « Makino's new illustrated flora of Japan, the Hokuryukan Co. Ltd, Tokyo, 1970, 1060 p. » en japonais, d'après G. Métailié (com. pers.), et même six ou sept fois celle de l'espèce pour la taille de la fleur, appelée aussi « fleur en chapeau à grands pétales », dans le Somoku Dzusetsu (Traduction et transcription de G. Métailié, 1983, communications personnelles).

 

Les travaux de Aurélie Mounier, Sylvain Lazare et F. Daniel, restitués dans l'article intitulé "LEDµSF : un nouvel outil pour l’étude de la fluorescence UV des matériaux du patrimoine culturel." (Instrumentation portable. Quels enjeux pour l’archéométrie: 2015, pp. 99-121) mettent en relief l'usage pigmentaire de la Comméline, appelé aobana par les Japonais :


À titre d’illustration, voici un exemple d’attribution des bandes sur une estampe japonaise ukiyo-e (réf. 49868) qui montre toute la difficulté d’interprétation des spectres de fluorescence dans le cas de mélanges (pigments, colorants, liant) sur un support lui-même fluorescent. En effet, le spectre du colorant violet montre un certain nombre de bandes à 502, 566, 610 et 690 nm. Celles de longueurs d’onde inférieures à 550 nm correspondent à la fluorescence du papier. La bande à 610 nm semble s’apparenter à celle du vermillon mais d’autres hypothèses peuvent être avancées :

  • Déplacement de la longueur d’onde maximale d’émission apparente du pigment en raison de la forte intensité de fluorescence du papier. Un traitement comme celui proposé par Pottier et al. [25] permettrait de distinguer la fluorescence des matières colorantes de celle du papier filtré par la couche picturale.

  • Présence de cochenille ou d’un mélange de pigments rouge et bleu. Ce ne peut être l’indigo qui donne une bande caractéristique beaucoup plus haute vers 730-40 nm, absente sur le spectre. Or, un autre colorant bleu (dayflower ou aobana) extrait des pétales de la comméline commune, très fréquent dans les estampes pour sa couleur bleu-violet, a pu être utilisé. Nous ne disposons pas de référence pour ce colorant dans notre base de données. Cependant, les bandes d’absorption caractéristiques de ce pigment à 594 et 645 nm, décrites dans la littérature [14, 27], ont été mesurées par spectrométrie de réflectance. La spectrométrie de réflectance diffuse a rendu possible l’identification du colorant aobana dans cette estampe.

*

*

16 vues

Posts récents

Voir tout

Le Jonc

bottom of page