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  • Photo du rédacteurAnne

L'Okapi




Étymologie :


  • OKAPI, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1901 (É. Gautier, L'Okapi in l'Année scientifique et industrielle, p. 157 ds Rey-Gagnon Anglic.). Mot empr. à une lang. de l'Afrique occidentale et introd. par l'Anglais Sir H.-H. Johnston (1858-1927) en 1900 (NED Suppl.1).


Lire également la définition du nom okapi afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Okapia Johnstoni ; Girafe des forêts.

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Zoologie :


Selon l'article de Loïc Chauveau posté le 22.02.2016 à 09h00 sur le site de Sciences et Avenir l'Okapi est grandement menacé d'extinction. Mais une initiative pourrait renverser la situation :


BIODIVERSITÉ

Dix ans pour sauver l'okapi de l'extinction


Présente dans les seules forêts primaires de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la population d’okapi a diminué de plus de moitié depuis les années 1990. Des organismes naturalistes proposent un plan décennal de préservation.


FOSSILE. C'est un véritable fossile vivant qui est aujourd'hui menacé d'extinction. L'okapi (Okapia Johnstoni) est en effet un lointain cousin de la girafe dont il a divergé au Miocène (entre -23 et -5 millions d'années). Comme la girafe, il possède un corps trapu posé sur de longues pattes pour un poids total de 200 à 300 kilos. Sa tête rappelle celle de son proche parent y compris les petites cornes présentes chez les mâles et une langue de 30 centimètres de long qui lui permet de nettoyer yeux et oreilles. Là s'arrête les ressemblances. L'okapi a un cou beaucoup plus court et des rayures sur la croupe et les pattes arrière. Et ce mammifère ne vit pas dans la savane, mais au plus profond des forêts. Dans la région de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC), 244405 km² de couverts arborés constituent une zone appropriée pour répondre aux besoins de l'espèce. Mais sa présence n'est avérée que sur un peu plus de 14 000 km².

Pour les naturalistes, l’observer est une gageure. Présent dans des forêts reculées souvent inaccessibles entre 450 et 1500m d’altitude, l’animal est très discret bien que vivant de jour. Il a une vie solitaire et son pelage marron le fait se fondre dans la demi-lumière des sous-bois. Ce que l’on sait de son mode de vie provient en grande partie de l’observation des 172 individus actuellement en captivité dans une cinquantaine d’établissements naturalistes et zoos, tous issus de 27 animaux ayant survécu à une capture dans la nature. On sait donc qu’il se nourrit de jeunes feuilles et de pousses d’au moins une centaine de plantes différentes, qu’il est plutôt solitaire et fidèle à des domaines vitaux bien définis de moins de 10 km². Les femelles donnent naissance à un seul petit.


Une victime collatérale des guerres

CROTTES. Ce mode de vie rend très difficile l’évaluation des populations. Il n’existe à ce jour que deux méthodes consistant à compter les crottes de l’animal. Soit on trace des lignes rectilignes dans la jungle à partir desquelles on recherche les excréments, soit on emprunte les chemins de reconnaissance utilisées par les patrouilles de garde-forestiers. Ces techniques sont très aléatoires. Le seul résultat objectif, c’est que les crottes d’okapis ont baissé de 43% entre 1993-1995 et 2005-2007. A partir de ce résultat, l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) évalue les effectifs à 15 000 aujourd’hui, bien en dessous des 35 000 individus estimés en 2008. L’espèce est donc classée "en danger".

Cette chute a une cause principale : les conflits humains. La guerre civile en RDC de 1993 à 2000, puis la guérilla menée par des rebelles rwandais, ont rendu la région ingouvernable pendant plus de 15 ans. L’absence de toute force policière ainsi que la faim subie par des populations coupées de sources d’approvisionnement ont accentué le braconnage sur les espèces de mammifères vivant dans les forêts: cochons sauvages, céphalophes, chimpanzés et donc okapis. Le rapport établi par la Wildlife conservation society (WCS), l’UICN, la Zoological society of London, l’institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et le "Okapi conservation project" (OCP) pointe du doigt la responsabilité des milices violentes qui ont ensanglanté la région. Même la paix revenue, les braconniers et trafiquants continuent d’agir. Ainsi, en juin 2012, le quartier général de la réserve à okapi de la forêt d’Ituri gérée par l’ICCN a été attaqué par une bande qui a tué 7 personnes et massacré les 14 okapis captifs gardés à cet endroit.


Une espèce emblématique

DÉFORESTATION. D’autres menaces pèsent sur l’espèce : la déforestation, l’extraction sauvage de minerais comme les terres rares, l’exploitation du bois. Les ONG naturalistes proposent donc un plan décennal pour éviter qu’une espèce emblématique qui figure sur les billets de banque de la RDC ne disparaisse. Les populations sauvages doivent être strictement protégées et leurs zones d’habitat effectivement surveillées. Si la chasse n’est pas strictement interdite (la viande de brousse est le seul apport en protéines des populations riveraines), elle doit être strictement encadrée. Et la déforestation doit être stoppée. Quant aux okapis en captivité, ils doivent servir aux campagnes de sensibilisation sur le devenir de cette espèce. Toutes actions qui nécessitent que l’Etat congolais soit capable de faire respecter ses lois. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

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Symbolisme :


Selon Jenni Marsh, journaliste de CNN dont l'article du 23 janvier 2019 est traduit par Le Courrier International :


Mi-zèbre, mi-girafe, l’okapi est l’animal symbole de la République démocratique du Congo (RDC), seul pays au monde où il vit à l’état sauvage. [...]

Un petit peu au-dessus de l’équateur, dans une région d’Afrique réputée pour la richesse de sa biodiversité, vit un mammifère quasi mythique que très peu de gens ont vu. L’okapi est souvent décrit comme moitié zèbre, moitié girafe, comme s’il s’agissait d’une créature hybride issue de quelque légende grecque. L’animal est si rare que, jusqu’au début du XXe siècle, le monde occidental ignorait jusqu’à son existence.

Si l’okapi est inconnu au bataillon en Occident, ou presque, son image est par contre omniprésente dans la vie quotidienne en République démocratique du Congo (RDC) – unique pays au monde où on le trouve encore à l’état sauvage –, ornant les paquets de cigarettes, les bouteilles d’eau en plastique, et même le revers des francs congolais. L’okapi est en République Démocratique du Congo ce que le panda géant est à la Chine ou le kangourou à l’Australie. [...]

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L'okapi est l'emblème officiel de la Société Internationale de Cryptozoologie, fondée en 1982, puis dissoute en 1998 avant de continuer sous forme d'un site web jusqu'en 2005. Apparemment elle aurait été fondée à nouveau en 2016 (à moins qu'il n'y ait aucun lien entre les deux) :


"The ISC used a black and white rendering of the okapi, one of the primary animals of discovery within cryptozoology, as a useful and quickly recognizable symbol for the organization. The well-known, beautiful, but rare nature of the 1901-discovered okapi made for a striking logo to symbolize the ISC’s mission.

[...]  The okapi and cryptozoology will always be symbolically united in the public’s eyes.

The new logo of the International Cryptozoology Society harkens back to a favored animal of cryptozoology – the okapi – but this specific individual has a special history. Loren Coleman and Duncan Hopkins, once again, designed a unique logo for the founding of the International Cryptozoology Society.

We decided to use as the foundation for the ICS logo the image we have of the very first living okapi known to Western Civilization. A small, month-old okapi was captured in 1907, and its photograph was published in London. This model seemed the perfect okapi to be the symbol of the new International Cryptozoology Society.


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Jean-Pierre Digard, auteur d'un article intitulé "Un pan méconnu de la civilisation iranienne : son “système domesticatoire”." (Studia Iranica, 2019, vol. 48, p. 121-142) :


Enfin, parmi les éléments instables, pour ne pas dire éphémères, du système domesticatoire iranien, il nous faut évoquer le cas pour le moins curieux de l’okapi tel qu’il est représenté sur un bas-relief de Persépolis (escaliers de l’Apadana) amené au Grand Roi par des Nubiens. En dépit de l’excellence de sa représentation sculptée, cet animal est confondu avec un bovin par certains commentateurs, avec une girafe par d’autres ; il s’agirait en réalité d’une sous-espèce ou d’une variété éthiopienne aujourd’hui disparue de l’espèce Okapia johnstoni (découverte en 1901 au Congo belge et aujourd’hui en danger d’extinction) dont l’habitat naturel était contigu aux marches occidentales de l’empire achéménide (Hampe 2001). On peut s’étonner que le point de vue exclusivement phylogénétique et taxonomique adopté par ce dernier auteur laisse entièrement de côté — et c’est dommage — la question d’une hypothétique domestication de l’okapi entre Afrique de l’Est et Moyen-Orient vers 500 av. n.è. : l’okapi de Persépolis est en effet représenté muni d’un licol et tenu en longe, ce qui témoigne, pour le moins, d’un bon niveau d’apprivoisement (Digard 2003a).

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Littérature :


Sur le site https://www.litcharts.com/lit/the-poisonwood-bible/symbols/the-okapi , on peut lire cette analyse du symbole de l'okapi dans un roman de Barbara Kingsolver, The poisonwood Bible (1998) [la traduction est la mienne, merci de votre indulgence] :


Le premier - et dernier - symbole important dans le roman est l'okapi, l'étrange animal qu'Orleanna aperçoit pendant sa marche à travers les jungles du Congo. Comme tous les symboles importants, celui-ci résiste aux interprétations faciles : tout d'abord, l'okapi- un exotique mammifère africain, que l'on croyait autrefois mythique - est un symbole du Congo lui-même, pays de mystère et d'étrangeté. Mais, au fur et à mesure que l'on poursuit la lecture du roman, et que Kingsolver ne cesse de revenir à l'animal, il apparaît que l'okapi est davantage qu'un symbole qui permettrait de comprendre la vie des personnages. Dès lors, tout au long du livre, nous sommes invités à nous demander s'il n'y aurait pas une "facette positive" aux tragédies qui scandent l'histoire - l'assassinat de Lumumba, la mort de Ruth May, l'emprisonnement d'Anatole, etc. De plus, cela suggère également que la tragédie coexiste toujours avec la joie ; n'importe quel nuage masque un soleil radieux. C'est la conclusion à laquelle Adah Price aboutit pendant son séjour en tant que biologiste et chercheure en médecine. A la fin, l'okapi nous fait comprendre cela d'une manière étonnante : nous comprenons, grâce aux interactions d'Orleanna avec l'animal, qu'il parvient à fuir et finit par échapper au tir d'un chasseur, parvenant ainsi à vivre de nombreuses années supplémentaires. Cela suggère donc que même la plus petite et plus triviale des rencontres peut avoir une signification cachée. Finalement, l'okapi devient le symbole de l'importance de toute vie et de la nature imprévisible du monde.

 

Pour l'auteur anonyme qui se masque derrière l'intitulé de son site, l'okapi est le "symbole de la modestie" comme en atteste sa nouvelle (que je n'ai pas le temps de traduire...).

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