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Photo du rédacteurAnne

Le Nain vert

Dernière mise à jour : 13 mai




Étymologie :


  • HYGRO-, élément formant

Élém. tiré du gr. υ ̔ γ ρ ο ́ ς « humide » et entrant dans la constr. de nombreux mots.


  • -PHORE, élément formant

Élém. tiré du gr. -φ ο ρ ο ς « qui porte, qui transporte » (lui-même tiré de φ ε ́ ρ ε ι ν « porter, transporter »), servant à constr. des subst. masc. du vocab. sc.; le 1er élém., tiré du gr., désigne ce qui est porté, transporté.

A. − [Le 2e élém. signifie « qui porte, qui possède ou présente par nature »]


Autres noms : Gliophorus psittacinus - Hygrocybe psittacina - Champignon perroquet - Hygrophore perroquet -

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Mycologie :


Selon Marie-Madeleine Kraft, autrice d'un article intitulé "Les champignons associés aux plantes supérieures". (In : Bulletin de la Murithienne, 1962, no 79, pp. 1-13) :


Les Hygrophores forment un genre entièrement mycorhizique, bien connu grâce aux travaux de BECKER. [...]

Les espèces praticoles, mycorhiziques de l'herbe, sont d'autant plus nombreuses que la prairie est plus ancienne et plus naturelle. Le terrain qui leur est favorable se reconnaît à l'apparition de mousses, signe d'acidification de surface, pH 5,6-6. On trouve alors Hygrophorus conicus, niveus, puniceus, qui disparaissent immédiatement si la prairie reçoit un engrais relevant l'alcalinité. Si le mycorhizisme est difficile à prouver avec les plantes herbacées, on relève pourtant un parallélisme constant entre l'abondance de la végétation herbacée, la luxuriance de l'herbe et l'abondance de la végétation fongique. La vitalité des hygrophores reste continuellement en dépendance de celle de l'herbe.

Hygrophorus psittacinus, espèce prairiale en Europe, pousse en Amérique du Nord sous la fougère impériale.

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Photo prise le 26 octobre 2022 dans le cimetière de Villeneuve d'Uriage (38).

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Dans le magazine GR sentiers n°208, intitulé "Rwanda, Rando des mille collines" d'automne 2015, on trouve un article, "Dans les pas de la nature. L’automne des champignons", signé Jean Rommes qui fait la part belle à ce petit champignon vert :


Un nain de prairie : Lorsque l’hygrophore perroquet émerge tardivement dans les prairies en automne, supportant même les premières gelées de novembre, ce lilliputien de 2 à 6 centimètres de haut passe d’autant plus inaperçu qu’il arbore un chapeau et un pied vert olive. Cette partie aérienne, que les mycologues appellent carpophore, étonne aussi par son aspect cireux ou visqueux. La chair gorgée d’eau est une caractéristique partagée avec d’autres espèces et à la base de leur regroupement sous le nom de « porteurs d’eau » (hygrophores).


Le petit champignon de toutes les couleurs : Avec le temps, le chapeau en forme de cloche s’étale progressivement tout en gardant un mamelon central et, sous l’effet du refroidissement, s’assèche et perd son aspect détrempé. Mais le changement le plus spectaculaire concerne sa couleur puisque le nain vert tourne au jaune, à l’orangé et au rouge, voire même au bleu ou au gris violacé.


Les orchidées des champignons : La présence de l’hygrophore perroquet et de ses cousins permet de localiser les prairies maigres, peu ou pas amendées. Cette fonction d’indicateurs de milieux rares et de grande valeur biologique leur a valu d’être considérés par certains botanistes comme les « orchidées » des champignons. Pour éviter que leur existence soit mise en péril par la croissance de la végétation environnante, celle-ci doit être maintenue rase par le bétail, les lapins ou le fauchage, avec pour autre conséquence un recouvrement important du sol par des mousses.

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Hygrophore perroquet pris dans le cimetière de Villeneuve d'Uriage, le 26 octobre 2022.

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Yann Sellier, Daniel Sugny et Gilles Corriol auteurs d'un "Protocole standardisé d’étude des champignons des pelouses et prairies maigres, les « CHEGD » (clavaires, hygrocybes, entolomes, géoglosses, dermolomes)". (In Bulletin de la Société mycologique de France, 2015, vol. 131, pp. 97-148) font de l'Hygrophore perroquet un champignon remarquable :


L’acronyme CHEGD (au sens de Griffith, 2006) s’applique à un ensemble de taxons poussant dans les habitats de prairies et pelouses. Il s’explique comme suit :

C : espèces des genres Clavaria, Clavulinopsis et Ramariopsis,

H : espèces des genres Hygrocybe, Cuphophyllus,

E : espèces prairiales du genre Entoloma,

G : espèces de la famille des Geoglossaceae s.l. (Geoglossum, Glutinoglossum, Microglossum, Thuemenidium et Trichoglossum),

D : espèces des genres Dermoloma, Porpoloma et Camarophyllopsis.

Ces espèces sont typiques des anciennes prairies naturelles non perturbées mécaniquement et non amendées par des intrants azotés ou phosphorés. Ces champignons ont pâti de l’agriculture moderne et, dans l’ouest de l’Europe, ont perdu 90 % des prairies propices à leur développement durant ces sept ou huit dernières décennies (Griffith et coll., 2013).

En France, 202 000 ha de prairies ont disparu entre 2000 et 2007 (Agreste, 2008), une évolution qui était déjà très marquée avant cette période et qui est toujours en cours sur l’ensemble du territoire national. Outre une conversion de ces prairies en cultures, nombre d’entre elles ont subi un enrichissement azoté ayant eu pour effet la disparition des cortèges de champignons particulièrement sensibles aux pollutions. Chez certains auteurs, les espèces dont les populations fluctuent en présence de substances chimiques sont qualifiées de « biointégrateurs ». Pour notre part, nous avons choisi de conserver le terme bioindicateur pour qualifier les CHEGD.

[...]

Objectifs du protocole : Les espèces bioindicatrices dont il est question ici sont très sensibles à certaines perturbations, comme les apports en nutriments, le retournement des sols, etc. Leur observation permet d’estimer sur quelles durées les biotopes ont pu bénéficier d’un bon état de conservation et d’une « bonne gestion » en lien avec les exigences de ces espèces. [...]


L’hygrophore perroquet (Hygrocybe psittacina ; cf. annexe ci-contre) a été choisi comme « porte-étendard » du présent protocole. Cette espèce est largement répandue en France et peut donc être trouvée dans toutes les pelouses naturelles du pays. De plus, ses couleurs et sa morphologie en font un champignon qui ne peut être confondu avec aucune autre espèce de la pelouse. Enfin, de manière générale, lorsque l’espèce est présente, elle se trouve largement distribuée dans la pelouse, avec de nombreuses fructifications, ce qui facilite sa détection. Cette espèce, aisément reconnaissable par le gestionnaire, agit donc comme un signal incitant à examiner plus en détail le cortège fongique de la prairie où elle est trouvée.


En dehors des périodes propices à l’observation de la fonge, certaines mousses telles que Rhytidiadelphus squarrosus et Pseudoscleropodium purum seraient, selon Griffith et coll. (2013), très fréquemment présentes dans les « prairies à hygrocybes », ce que souligne aussi Arnolds (1981, 1982). Leur présence permettrait donc de repérer de telles prairies ou pourrait venir s’ajouter à un ensemble d’observations concordantes les concernant (historique de gestion, cortège floristique, etc.), permettant ainsi d’envisager leur étude.

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Lyra Ceoltoir, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) propose la description suivante de l'Hygrophore perroquet :


Voilà un champignon à l'aspect surprenant, arborant l'une des couleurs les plus rares dans le monde des fungi, un vert on ne peut plus inhabituel. On le croirait presque sorti directement d'une illustration de conte de fées, tant cette teinte ne nous semble pas naturelle. D'autant qu'il aime les nuances et joue sur un camaïeu de teintes très étendues, du jaune jonquille au pourpre en passant par toutes les nuances de vert en fonction des conditions météorologiques et de son âge. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait été ainsi nommé en référence à l'un des oiseaux les plus colorés !


Vie de champignon : Son nom d'espèce, psittacinus, vient du latin psittacus, désignait le perroquet. Quant à son nom de genre, malgré son changement, il évoque son étonnante viscosité : Hygrocybe signifie littéralement « tête humide » (du grec hygros, « humide » et kube, « tête ») et Gliosphorus dérive du grec gloios, « substance visqueuse » et phoros « porteur ». Ce petit champignon recouvert d'une substance poisseuse semble en effet perpétuellement mouillé, même par temps très sec.

Malgré sa couleur vive, l'hygrophore perroquet est discret, avec son petit chapeau de 2 à 5 centimètres de diamètre, mamelonné, aux lames très échancrées et larges, et perché au sommet d'un pied oscillant entre le vert et le bleu-vert sur sa partie haute (plutôt jaunâtre à la base), de 5 à 8 centimètres de haut seulement, sur 3 à 8 millimètres de diamètre. Sa chair, jaune jonquille, ne dégage aucune odeur. L'hygrophore est légèrement toxique, mais sa taille de poche, sa couleur étrange et surtout sa texture gluante très désagréable en bouche n'incitent de toute façon pas à le consommer.

Il pousse dans les prés, les bruyères et les friches, où il se dissimule habilement dans l'herbe, de préférence dans les zones assez humides et ombragées (il aime notamment la proximité des pins), de la fin de l'automne au début de l'hiver, résistant même aux premières gelées. Hélas, sensible aux variations de son environnement, il se fait de plus en plus rare.

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Symbolisme :


Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le chaudron : Sa couleur particulière le lie aux correspondances emblématiques du vert, notamment à la fertilité, à la fécondité, à la prospérité, à l'abondance et à la richesse. Son aspect l'associe de plus étroitement aux mondes féeriques, au petit peuple, aux esprits des lieux et aux espaces entre les mondes. On le dit chéri des fées, au point d'être semé par les esprits féeriques lors de leurs danses dans les prés après la tombée de la nuit. Inhabituel et étonnant, il permet enfin de travailler sur l'unicité, l'originalité, l'avant-gardisme et la différence entre les êtres.

S'il possède la livrée du perroquet, il permet, dans une certaine mesure, de se connecter aux attributs de cet oiseau. Son caractère changeant, influencé par son environnement, en fait ainsi un support de communication (car si l'hygrophore change de couleur, le perroquet reproduit le langage des autres espèces) et d'adaptation. Enfin, sa petite taille et sa discrétion rappellent que l'extraordinaire n'a pas besoin d'être tapageur pour être remarquable. Il est donc un formidable vecteur de transformation et d'élévation.


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis l'étrangeté. Le bizarre. Le curieux. L'inhabituel. Je dérange parfois, j'intrigue souvent, je surprends toujours. Je ne laisse personne indifférent. Car je suis différent, unique, hors normes. Je suis en dehors de la zone de confort, hors des sentiers battus, j'ose des choses que peu ont eu l'audace de tenter. Certains s'en inquiètent et me rejettent pour mon côté trop original ; d'autres au contraire, me révèrent et me suivent dans mes chemins de traverse. Et toi, quel sentier suivras-tu ? ! »


Sortilège : L'Oiseau Rare : Sortilège d'Audace

Si vous avez la chance de tomber sur un petit groupe d'hygrophores perroquets, demandez-leur la permission d'en cueillir quelques-uns (pas plus de cinq) et récoltez-les dans le plus grand respect si la réponse est positive. Essayez également de mettre la main sur une plume de perroquet ou de perruche. Demandez par exemple à un ami qui possède l'un de ces oiseaux de vous en garder une mue, ou adressez-vous à un parc zoologique ou à une animalerie. Installez-vous, avec vos deux trésors, dans un endroit calme et lumineux où vous ne serez pas dérangé, de préférence à l'extérieur.

Prenez le temps de réfléchir à votre propre audace : y a-t-il des choses que vous aimeriez réellement faire, mais que vous n'osez pas accomplir de peur de vous faire remarquer, de ne pas être assez original ou de ne pas pouvoir vous y adapter ? Il ne s'agit pas ici de traiter un syndrome de l'imposteur, mais plutôt de parler des barrières que l'on se met par peur, honte ou volonté de se conformer à l'image que l'on s'impose. Cela peut être quelque chose comme vous inscrire à un club d'escrime alors que vous pratiquez la natation, osez vous colorer les cheveux en bleu, choisir ce prénom si original pour votre enfant, mais que vos proches détestent, abattre le mur de la cuisine pour chambouler votre intérieur... Quelque chose qui demande à la fois une prise de risques et un changement.

Une fois ce désir bridé identifié, demandez-vous quelle est la vraie raison de votre inaction. Pourquoi n'osez-vous pas, honnêtement ? Est-ce vraiment parce que vous aimez trop la natation ? Que vous craignez que des cheveux bleus n'aillent pas avec votre veste vert pomme ? Que vous vous dites que votre enfant aura du mal, en maternelle, à écrire « Willhelmina » ? Que le mur est peut-être porteur ? Ou est-ce autre chose ? N'est-ce pas plutôt à cause du regard des autres ? Et est-ce une raison valable ?

Pour obtenir la réponse à cette question et recevoir des signes vous disant si vous devez vous lancer ou pas, appelez-en aux pouvoirs conjoints du champignon et de l'oiseau perroquet, par exemple à l'aide d'une petite incantation :

« Hygrophore perroquet, à la verte livrée,

Bel oiseau babillard, malin et coloré,

J'hésite et je tâtonne, je ne sais où aller.

Aidez-moi, dites-moi si je devrais oser. »


Déposez le champignon et la plume dans un endroit qui vous appelle et laissez la nature en disposer. Notez précieusement vos rêves, vos intuitions et les éventuels signes qui pourraient vous parvenir dans les jours à venir : ils auront votre réponse.

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