top of page

Blog

L'Ange royal

Photo du rédacteur: AnneAnne



Henriette Walter, autrice de « Insuffisances lexicales dans l'expression de la nature », (In : La linguistique, vol. 48, no. 2, 2012, pp. 71-79) nous alerte :


Enfin, toujours en français, il ne faudrait pas confondre, le poisson-ange et l’ange de mer : le poisson-ange, qui vit sur les récifs coralliens, est souvent considéré comme le plus beau des poissons de mer alors que l’ange de mer est un requin aux allures de raie, celui-là même qui a donné son nom à la Baie des Anges, dans la ville de Nice (Alpes maritimes).


Autres noms : Holacanthus ciliaris -

Pomacanthus -




Zoologie :


Dans A quoi pensent les poissons ?. (Éditions La Plage, 2018), Jonathan Balcombe, Lamya Essemlali et Catherine Schiellein expliquent une stratégie de survie des poissons-anges :


Au grand jeu de la survie, certains poissons sont devenus eux-mêmes des illusionnistes dans le but de brouiller la perception visuelle d'autres poissons. l'une des stratégies employées consiste à détourner l'attaque d'un prédateur des parties vitales de son propre organisme. Les prédateurs visent généralement la tête de leur proie, se donnant ainsi les meilleurs chances de la tuer sur le coup. Et pour la plupart, ils ciblent les yeux, comme tendraient à la prouver les taches en forme d'œil, ou ocelles, dont l'évolution a doté de nombreuses espèces de poissons.

Parmi les poissons qui ont recours à cette supercherie, on peut cibler les cichlidés, les pissons-papillons, les poissons-anges, les poissons-globes et les poissons-castors. Ils utilisent divers moyens pour parfaire l'illusion. Comme nous, les poissons sont plus susceptibles de remarquer les couleurs vives. Ces « faux yeux », sont donc généralement très voyants, tandis que les vrais yeux, à l'autre extrémité du corps, se font relativement discrets. La livrée du poisson-ange empereur juvénile ne comporte pas d'ocelle, mais elle arbore une sorte de cible où alternent des cercles concentriques blancs et bleu fluo alors que ses yeux s'effacent dans un dédale de rayures sinueuses. un prédateur pressé ne prendra pas le temps d'analyser cette vision déconcertante, ce qui peut faire pencher la balance en faveur de la proie.

 

Hélène Artaud, dans "Les pêcheurs se servent aussi de leur ouïe." (La Terre, le vivant, les humains, 2022) évoque une particularité de certains poissons-anges :


Entendre la mer : La pratique de la pêche ne consiste pas seulement à isoler ou reproduire les éléments sonores susceptibles d’éloigner ou d’attirer une espèce. Pêcher se confond dans bien des cas avec l’art d’entendre. Dans l’archipel des Palau, les sons des poissons sont si prégnants pour les pêcheurs qu’ils servent même à les qualifier. Dans de nombreux cas en effet, c’est par une onomatopée, soit par la transcription dans le langage du son qu’ils émettent, que les poissons sont nommés. Certains poissons-anges (Pomacanthus) sont ainsi qualifiés par l’onomatopée «  ngemn-gumk  », laquelle, lorsqu’elle est dite rapidement, reproduit le grognement que ces poissons émettent lorsqu’ils sont alarmés. Pour les pêcheurs de Tikopia, des îles Salomon, l’écoute des sons produits par les espèces marines constitue une étape structurante de leur apprentissage. Le pêcheur dépositaire de ce savoir est en mesure d’interpréter par l’oreille ce qu’il ne discerne pas par le regard, d’identifier les espèces, d’en évaluer le nombre et la distance pour pouvoir ensuite choisir le filet dont la maille sera la mieux adaptée à la taille de la proie.

[...]

La relation à l’espèce marine est donc complexe et exigeante. La réussite de la pêche nécessite en effet une entente au sens large, que les pêcheurs des îles Tonga qualifient d’ofa en subsumant sous ce qualificatif «  le partage, le soin et l’attention  » à l’égard d’un vivant, avec lequel se nouent des relations intimes et dont on connaît et ressent les humeurs. Tout comme les pêcheurs tikopians, ceux de l’archipel de Palau savent, par les bruits produits émis par une espèce, en définir la position et le nombre exact, mais également les humeurs, qu’ils consignent dans certains récits ou noms vernaculaires. Le poisson-ange impérial (Pomacanthus imperator) est ainsi réputé pour faire un

[malheureusement la suite du texte n'est pas donnée sur les archives ouvertes]

*

*




Symbolisme :


J. Géry, auteur d'un article intitulé "Sur quelques figurations de poissons et sur quelques mythes s'y rapportant". (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 22, n°10-12, Octobre-novembre-décembre 1975. pp. 365-368) évoque le lien entre un type particulier de Poisson-Ange et le Coran :


Signalons pour terminer qu'un tel type d'exploitation mystique d'une coïncidence de forme ou de dessin, a cours de nos jours encore. Deux exemples assez cocasses le montrent. La nageoire caudale d'un Poisson- Ange de la mer Rouge, Pomacanthus semi-circulatus, est ornée de dessins blancs sur fond foncé, assez variables suivant l'âge ou l'individu. Il se trouve que ces dessins offrent une certaine ressemblance avec des caractères arabes, au point qu'avec beaucoup de foi et de bonne volonté, on a pu déchiffrer sur un spécimen « Chani Allah » d'un côté et « La illaha illallah » de l'autre, ce qui signifie « Un avertissement donné par Allah » et « II n'y a qu'un seul Dieu, Allah ». D'où le nom de Poisson-Coran donné parfois à cette espèce.

*

*




Symbolisme astrologique :


Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :


Les Poissons correspondent au signe du Scorpion. Le Scorpion est un signe d’Eau fixe marquant le milieu de l’Automne. Le natif du Scorpion cherche classiquement la transformation personnelle, le dépassement des limites. Il a la volonté de se frayer un chemin, comme une rivière, à s’infiltrer dans chaque occasion pour avancer. 

Tout comme la Balance, le Scorpion s’intéresse au couple. Mais la relation éthérée de la Balance change avec le signe suivant. L’équilibre est rompu, et la plongée en eau profonde est vécue comme un acte d’amour supérieur au dialogue équilibré. Si le passage entre la Balance (les Oiseaux) et le Scorpion (les Poissons) est un acte d’engagement qui scelle le destin des interlocuteurs, il appartient à ce signe d’entrer dans le vif du sujet, de le déflorer pour savoir de quoi il retourne et ce qu’il peut donner. Toute la magie du Scorpion est le passage du couple vers la famille. 

Dans le monde animal, les Poissons sont les meilleurs candidats pour transcrire fidèlement le symbolisme du signe du Scorpion :


Les Poissons, des passeurs : Au cours de l’Évolution, le Poisson a été le premier animal à développer une tête, puis une mâchoire. On appelle cela la “céphalisation”. Enfin, lui sont apparus des membres (les nageoires). Cette auto-transformation laborieuse mais profonde a donné à ce nouvel animal la capacité de satisfaire sa recherche de nouvelles nourritures et de nouvelles dimensions. Le Poisson a initié et développé la capacité de nager librement et volontairement dans son milieu aquatique. Il fut véritablement le “passeur”, entre le ver nageur et les premiers amphibiens, pour permettre à l’animal de s’extraire de l’Eau et de changer de milieu naturel. Cette spectaculaire métamorphose ouvrit la voie aux tétrapodes terrestres dont nous faisons partie.

On retrouve là les caractéristiques du 8ème signe du Zodiaque; Les pulsions instinctives poussant à s’infiltrer pour dépasser les blocages, la lutte permanente pour s’affirmer, souvent dans l’ombre des eaux fécondantes…


L’Ange-Royal ou l’Exhibition : Il y a chez le Poisson une volonté subtile, méfiante, constituée de pulsions instinctives visant à la transformation et au dépassement des situations difficiles. Prompt à douter de tout, il ne peut s’empêcher de se mettre à l’épreuve afin de chercher la vérité par ses propres moyens. Il s’affirme par la recherche d’une certaine connaissance, et n’hésite pas à frôler le danger pour dépasser les blocages. Tous les moyens sont bons pour avancer, et le Poisson expérimente sans tabou toutes les possibilités, et s’infiltre dans toutes les failles.

Pour lui, le sentiment d’exister provient de la révolte et de la provocation, non par méchanceté, mais pour savoir à qui il a affaire. Louvoyant ainsi entre attitude corrosive et sournoise inquisition, il reste secret et pudique sur ses sentiments profonds, et ne montre jamais clairement son attachement pourtant dévoué à une personne ou à une cause, préférant garder toujours une part de mystère.

Mais attiré par ce qui brille, par la gloire et par la puissance, ce Poisson-là manifeste un goût pour ce qu’il y a de mieux et de plus démonstratif. Avec une âme d’enfant-roi, il a un grand besoin d’attention et de lumière. Cette soif de légitimité l’attire vers des personnes incarnant le commandement, la dignité, ou le prestige… La distinction dans le regard de l’autre est l’une des motivations de ses actions. Certainement un peu égocentrique et théâtral, il reste néanmoins lucide, et réaliste dans ses ambitions. Quoi qu’il en soit, ce besoin de reconnaissance est certainement son point sensible.


Les particularités de l’Ange-Royal : Le Poisson-Ange Royal s’affirme dans une recherche motivée par la lumière, qu’il s’agisse d’une forme d’ostentation magistrale ou d’une noblesse de cœur. Sa psychologie est assez contradictoire puisqu’il cherche dans l’ombre à exhiber ce qu’il y a en lui de plus remarquable. Il louvoie parmi les dangers, s’expose au regard des autres avec un goût pour le défi et le spectaculaire, oscillant entre sang-froid et sang-chaud, discret quand il le faut, mais laissant échapper tout à coup des paroles tranchantes ou brillantes, toujours implacables à l’encontre de toute personne qui oserait le menacer.

La violence physique ne fait généralement pas partie du jeu de l’Ange Royal, à moins qu’on ne la provoque. Son pouvoir réside tout entier dans l’emprise psychologique qu’elle met en scène pour capter le regard.

Très soucieux de sa dignité, le Poisson-Ange sait donc se faire respecter et craindre. Son attitude provocante est froidement calculée. Elle étonne par le fait de lever le voile sur ce qui est généralement caché. Cette sorte de « nudité de majesté » lui procure le sentiment d’exister d’une façon plus intense. Le Poisson-Ange est certainement une riche nature, un amant plantureux qui n’a pas peur de montrer sa liaison au grand jour, à tel point qu’il peut choquer la sensibilité de certaines personnes plus pudiques que lui. Il ne recule devant aucun scandale s’il estime que la beauté du geste mérite d’être vue.


Les pouvoirs de l’Ange-Royal : Le Poisson-Ange développe une personnalité entière et marquante, qui joue de ruse et de théâtralité avec une pugnacité étonnante pour parvenir à ses fins. Secret et torturé en surface, il ne laisse pas présager son goût pour le grandiose et le panache, et s’expose ostensiblement à tous les regards tout en s’en protégeant très efficacement.

Le natif du Poisson-Ange aura tout intérêt à s’orienter vers une activité qui exalte son désir d’investigations et d’expérimentations, où il pourra donner un sens à sa vie en captant la lumière et le regard des autres. Magnifier des rôles sulfureux ? Chercher l’amour le plus pur ? Se lancer dans une quête caritative ? Quel que soit le domaine qu’il choisira, il cherchera la sublimation de ses instincts.


Ex : Sœur Emmanuelle, Julia Roberts [Soleil Scorpion / Lune Lion]

*

*




Littérature :


Selon Estelle Mouton-Rovira, autrice de « Imaginer la réception. Figures de lecteurs et déplacements herméneutiques chez Éric Chevillard et Olivia Rosenthal », (Littérature, vol. 190, no. 2, 2018, pp. 59-73) :


Enfin, la question d’une interprétation soucieuse de reconnaître et d’identifier la part de réel qui subsiste dans l’œuvre littéraire est réprouvée plusieurs fois, qu’il s’agisse d’une lecture d’agrément ou d’une lecture professionnelle.


À l’aquarium tropical. Le poisson-clown, le poisson-ange, le gourami géant, le gymnote, le tétra-citron, les nombreux visiteurs aimeraient surtout qu’on leur dise si ça se mange – telle est la principale question qu’ils se posent à voix très haute devant chaque aquarium (les mêmes devant un livre n’ont encore qu’une question : ça raconte quoi ?) –, et plutôt que les précisions ichtyologiques affichées en regard, ils seraient heureux d’apprendre quelques savoureuses recettes exotiques pour accommoder toutes ces sardines.

Éric Chevillard, L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster, Paris, Minuit, 1999, p. 143.


L’isotopie de la nourriture contrebalance ici les noms – inventaire attesté mais très imagé, qui témoigne d’un plaisir de la liste et du mot rare – et attaque l’intérêt des lecteurs pour l’usage plutôt que pour la forme, pour le cœur du récit plutôt que pour la langue qui le porte.

*

*

26 vues

Posts récents

Voir tout

Le Poisson

Les Anges

bottom of page