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L'Aneth




Étymologie :

Étymol. ET HIST. − xiiie-xive s. (Antidotaire Nicolas, éd. Dorveaux, p. 8 : [Pren] girofle, espic, noiz muscade [...] aloes, cardamome, anis, anet, ana dragme .iiii.). Empr. au lat. anethum, bot. dep. Virgile, Ecl., 2, 46 ds TLL s.v., 42, 2 ; bien attesté ds Pline et Celse où il est fait allusion aux vertus thérapeutiques de la graine : ainsi Celse, 2, 26; 29 ; 31, ibid., 42, 5-7. Voir André Bot. p. 32. A évincé la forme pop. anoi xive s., T.-L.


Lire également la définition du nom aneth pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Anethum graveolens ; Anith ; Escarlatine ; Fanô ; Fenouil bâtard ; Fenouil puant ; Scarlatte.




Botanique :


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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


D'après Marcellus Empiricus, médecin de Bordeaux (IVe siècle), on remédiait puissamment aux maladies inguinales en faisant une ceinture en attachant un rejeton d'aneth avec du jonc ou tout autre lien il fallait y faire aussi sept nœuds en nommant à chacun une femme veuve ou quelque bête fauve, et les attacher à la jambe ou au bras du côté atteint.

 

Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :


[...] Finalement, al-Qazwīnī, en prenant des informations du Livre des propriétés de Balinas (Appolonius), énumère une longue série d’événements extraordinaires, dont nous retenons ici certains. [...] Le troisième cas concerne l’aneth (šabatt, Anethum graveolens L.), à propos de laquelle on dit que si on en mâche certaines branches, et qu’ensuite on lèche avec la langue une lame de fer chaud, celle-ci ne nous brûlera pas ; aussi, mélangées avec du vinaigre, le tout recouvrant le tranchant d’un couteau, celui-ci ne coupera plus rien. Enfin, de l’aneth placée sous l’oreiller de quelqu’un qui dort, élimine les craintes de cauchemars (Al-Qazwīnī, Kitāb ʿaǧāʾib al-maḫlūqāt, F. Wüstenfeld (éd.), 1967, p. 287.).

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Symbolisme :


D'après Marcel Coquillat auteur d'un article intitulé "Les Herbes de la Saint-Jean" (paru dans le Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 15ᵉ année, n°7, septembre 1946. pp. 47-48), l'aneth fait partie des herbes traditionnellement attachée à la Saint-Jean :


7. Aneth fenouil (Aneth Foeniculum L.). — ■ C'est la plante magique par excellence, à condition qu'elle soit cueillie le matin du 24 juin. Les rameaux de cette plante, passés dans la fumée des feux de la Saint-Jean (encore une coutume qui se répète), sont souverains contre les sorciers. Il suffit d'en glisser de menus brins dans les trous des serrures, dans les interstices des planches des étables pour que les esprits malfaisants ne puissent s'introduire dans la place. Le Fenouil est-il riche en graines, le seigle sera abondant. Toute la Gascogne connaît bien ces particularités.

 

Dans « Langage orgiastique et glossolalie », Kernos [En ligne], du 5 janvier 1992, mis en ligne le 19 avril 2011, Manuel García Teijeiro donne des exemples de langage crypté dans les traditions des Mystères :

Il y en a aussi dans les formes d'expression des sectes gnostiques, dans les Decknamen de l'alchimie et de la botanique magique, par exemple dans la liste que nous a préservée un papyrus magique de Leiden, où on donne la signification de trente-sept de ces noms trompeurs : « larmes de babouin », c'est du jus d'aneth ; [...].

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Aneth (Anethum graveolens) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mercure

Élément : Feu

Pouvoirs : Protection ; Prospérité matérielle ; Désir sexuel.

Variété de fenouil cultivée dans les pays nordiques et d'Europe centrale, l'Aneth est souvent confondu avec son cousin germain, le carvi. On les emploie d'ailleurs souvent l'un pour l'autre comme condiment et plante aromatique. Les graines servent à parfumer les pains, les fromages. Macéré dans divers vinaigres, l'Aneth (feuilles, graines, parfois racines) est toujours présent dans les concombres et cornichons dits « à la russe ».


Utilisation rituelle : Les chercheurs qui ont étudié les anciens rites chamaniques du nord de l'Europe et de Sibérie pensent que l'Aneth y avait sa place. C'est fort probable car, au XIX e siècle, les paysans lettons entonnaient à la fête des fleurs de la Saint-Jean (solstice d'été) un ancien chant païen nommé Ligo-touloupe qui faisait le désespoir des popes. Un verset de ce cantique était consacré à l'Aneth-fenouil.


Utilisation magique : La présence de cette plante dans tant de recettes culinaires polonaises ou russes viendrait, pense-t-on, de sa très ancienne réputation comme aphrodisiaque. Le moine débauché Raspoutine s'en servait. Les dames de la haute aristocratie russe qu'il avait réussi à subjuguer mettaient des graines d'Aneth dans leur bain pour se faire aimer de lui. Elles ne faisaient que renouveler une pratique archaïque : les femmes kirghiz se parfumaient à l'Aneth pour accueillir leurs hommes, au retour d'une expédition guerrière.

Dans certaines provinces de Russie Blanche, on comptait les graines récoltées sur un pied ; un rituel compliqué, dans lequel entraient des calculs astrologiques, permettait ensuite de savoir si ces graines étaient bénéfiques ou non pour les vœux d'argent.

Dans toute l'Europe de l'Est, l'Aneth est une plante protectrice. On en suspend des pieds aux portes des maisons, racines en haut, ombelles pendantes, pour qu'en séchant leurs graines se répandent sur le seuil.

Les femmes en faisaient des bouquets qu'elles déposaient devant les icônes. Pour retrouver un objet égaré, elles allaient en offrir à leur saint, à l'église, puis elles restaient allongées à plat ventre devant la statue, les bras en croix. Une touffe d'Aneth dans le berceau protège le bébé. Lorsqu'un enfant a le hoquet, vite on lui en fait respirer.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


"Trèfle, verveine, herbe de Saint-Jean, aneth, arrêtent les sorcières dans leurs desseins." Ce dicton rappelle une croyance fort ancienne puisque l'aneth était déjà chez les Grecs une plane médico-magique. Pythagore et Hippocrate conseillaient de tenir de l'aneth dans la main gauche pour empêcher l'épilepsie et les sortilèges. Au IVe siècle, un médecin bordelais, Marcellus Empiricus, prescrivait contre les maladies inguinales d'attacher, à la jambe ou au bras du côté atteint, une ceinture sur laquelle était liée de l'aneth, portant sept nœuds. Ses graines triomphent également de la folie, d'où l'expression "allez chercher de l'aneth" dont le sens est équivalent à "vous avez une araignée au plafond".

Une recette ancienne propose à celui qui récolte l'aneth de formuler la prière suivante : "Bonne plante, sainte aneth, et toi, Apollon vénérable, je vous prie et vous supplie : que cette plante me vienne en aide, que je puisse guérir par les remèdes qu'on en tire celui à qui je les enverrai".

L'aneth est également réputée protéger les jeunes couples et leur assurer une vie conjugale heureuse. Dans certaines régions des Flandres, les nouvelles mariées se rendant à l'autel en accrochaient systématiquement à leur corsage ou en plaçaient dans leurs chaussures.

La tradition russe en a fait un aphrodisiaque puissant, d'où paraît-il l'utilisation fréquente de l'aneth dans les recettes de cuisine. Les femmes qui voulaient séduire Raspoutine mettaient des graines de la plante dans leur bain.

Dans toute l'Europe de l'Est où l'on fait confiance à ses vertus protectrices, la plante, racines en l'air pour que les graines s'échappent, orne souvent les portes des maisons. Lorsque les femmes perdaient un objet, elles faisaient des offrandes de bouquets d'aneth aux icônes et aux saints dans les églises, "puis elles restaient allongées à plat ventre devant la statue, les bras en croix".

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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :


Vous êtes débordé par un rythme de vie effréné. Vous habitez la cité et vous trouvez peu de temps pour vous détendre et pour respirer profondément. Votre entourage vous empêche de vous exprimer librement en vous coupant la parole sitôt que vous voulez exprimer quelque chose. Vous êtes obsédé par le vieillissement, la mort. Vous vous fermez, vous vous sclérosez au lieu de vous ouvrir. Vous vous asphyxiez en devenant morose (mort au rose, la couleur de la détente). La dépression vous guette. Vous vous enlisez dans des problèmes et manquez d'objectivité pour les résoudre. Vous réclamez de la clarté au niveau du mental surtout pour assimiler des situations complexes et inhabituelles. Le monde va trop vite et vous avez des difficultés pour suivre. Vous partez en voyage et vous n'avez encore jamais voyagé aussi loin. Vous faites de l'aérophagie ou de la dépression ou encore la maladie du souffle vous guette.

Tout cela demande de l'air et de l'oxygénation comme une chambre mal aérée. L'Aneth vit dans le conflit air-lumière et connaît bien ce problème. Cette ombellifère déteint des feuilles si fines qu'elle néglige presque son système pulmonaire représenté par des feuilles pennées comparables à un peigne fin. Ses fleurs sont des ombelles centrifuges de couleur jaune. Sa racine est fusiforme. Tout cet ensemble se dissout dans l'air comme une plume légère. L'Aneth contient ni plus ni moins que des organes créés par l'air et pour l'air ambiant.

L'impact de l'élixir d'Aneth est d'aérer et de donner vie à cet hôte important, mais cependant invisible, qui se trouve dans chaque corps physique et qui s'appelle l'âme. Avec cette plante aérienne, cette dernière retrouve son domaine préféré situé entre e feu de l'esprit et l'association terre-eau qui constitue le corps physique. Elle apprécie d'autant plus ces essences constituées de limonène et de carvone (60%) plus pénétrantes encore que celle du fenouil commun. Ces essences donnent vie à ses quatre éthers favorisant le métabolisme en général mais encore accélèrent la cicatrisation des plaies occasionnées par diverses émotions.

Mieux, les processus contenus dans cet élixir lui permettent de dominer l'eau, son principal ennemi. Car l'âme est si fragile qu'elle craint même un verre d'eau qui peut entraîner sa noyade. Les Grecs connaissaient les avantages de cette plante : à l'approche d'un orage (yin), ils faisaient brûler des feuilles d'Aneth et de Millepertuis pour l'éloigner. Même chose pour conserver les légumes (yin) dans les bocaux ; on ajoutait des forces réchauffantes contre les mets aqueux et froids sous forme de graines d'Aneth.

Dans plusieurs pays, l'Aneth symbolise le rajeunissement de l'esprit. Selon Pline, les serpents en goûtant ce fameux fruit, acquéraient le pouvoir merveilleux de se rajeunir périodiquement. Toujours selon Pline, il éclaircit la vue. L'Aneth est aussi la plante préférée de Prométhée (celui qui voit, en grec) car c'est grâce à cette plante qu'il ramène le feu et la lumière du soleil sur la planète Terre. Cette ombellifère s'appelle marathon en grec. Donc elle est une véritable flamme qui éclaire notre Olympe, notre propre théâtre où chaque jour, nous réalisons des prouesses. Son évolution actuelle ne permet plus de voir distinctement les dieux et les demi-dieux. Néanmoins, elle évite la paralysie cérébrale en combattant la dégénérescence des tissus cérébraux. Elle illumine le cervelet mieux connu sous le nom de glande pinéale et participe à l'évolution du deuxième étage du cerveau qui est le diencéphale. Bien entendu, cette nourriture solaire rend plus objectif l'intellect.

L'impact de cet élixir est véritable au niveau du chakra frontal qui énergétise l'hypothalamus. Les conséquences directes sont de mieux réguler la chaleur du corps et particulièrement celle du tractus digestif qui fonctionne mieux dans une telle ambiance. Cet hypothalamus tout neuf (le centre de gestion du corps) provoque de plus un meilleur sommeil, un meilleur traitement des lipides, des protides et des glucides...


Mots-clés : an neth net-oie l'âme (anhata en sanscrit). Feu comme fenouil ou comme le feu qui allume les consciences, éloigne les ténèbres et les mauvais esprits qui se complaisent dans ces ténèbres. Cela vient de son odeur, car dans certaines campagnes, on appelle encore l'Aneth le fenouil puant ou le fenouil bâtard.

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Jacques Voisenet, « L’animal et la pensée médicale dans les textes du Haut Moyen Age », Rursus [En ligne], 1 | 2006, clarifie pour nous la pensée médiévale en termes de symbolisme :


Puisque la viande c’est de la chair, et la chair le plaisir, il faut pour les clercs adopter un régime végétarien, et pour les laïcs modérer et surveiller leur consommation de viande. Le remède contre la luxure est de supprimer les viandes qui échauffent et de prendre une potion végétale. « Pour que l’homme éteigne en lui le goût du plaisir et l’amour de la chair, il lui faut recueillir en été de l’aneth, deux fois autant de la menthe d’eau, de la pulmonaire, (…) de la racine d’iris d’Illyrie, (…) de l’ail d’Ascalon (…) ; qu’il mette le tout dans du vinaigre et qu’il en fasse un condiment. (…) Le sec et le froid de l’aneth éteignent la chaleur du plaisir, le suc froid de la menthe d’eau résiste à son suc dépravé, le suc froid et peu agréable de la pulmonaire enlève le charme de la dépravation, le froid vertueux de l’iris d’Illyrie domine le goût du plaisir et le froid vénéneux de l’ail fait diminuer le poison pervers du plaisir ». [Hildegarde, Les causes et les remèdes, 194, Contre la luxure.]. La théorie physique des quatre éléments, fondée sur les qualités opposées du chaud et du froid, de l’humide et du sec, est ainsi mise au service d’une morale sexuelle rigoureuse.

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