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L'Acanthe




Étymologie :

  • ACANTHE, subst. fém.

Étymol. ET HIST. − 1450 « Acanthus mollis L. (feuille et fleur utilisées comme textiles) » terme de bot., trad. (O. de Saint-Gelays, 1erlivre de l'Énéide, 10 vo [1540], Delb. ds Quém. t. 1 1959 s.v. : Et la voille, tyssu de jaune achante) ; 1516 « id. (la plante) » id. (G. Michel, Eglogues de Virgile, fo7 vo (1540) id., ibid. : l'acante florie) ; 3e quart du xvie s. feuille d'acanthe « sculpture imitant la feuille de l'acanthus mollis L. », terme d'archit. (R. Belleau, II, 58 ds DG : Leurs testes [de cariatides], enrichies de feuilles d'acanthe) ; 1721 terme d'anat. (Trév. : Acanthe. s.f. Acantha. C'est, selon quelques Anatomistes, l'avance de derriere les vertebres, appelée autrement épine du dos, Spina dorsi. Harris). − Besch. 1845. Empr. au lat. acanthus « acanthus mollis L. » dep. Virgile : description de la plante, empl. comme thérapeutique et comme textile ds TLL s.v. (cf. avec 1re attest., Enéide, 1, 649 ds TLL s.v., 248, 18 : circumtextum croceo velamen acantho); fréq. chez Pline l'Ancien, ds TLL ibid.; terme de sculp. dep. Vitruve, De architectura, 10, 2, 7 ds TLL ibid., 248, 6 : minora sigilla floresque et acanthos eleganter scalptos. (André, Lex bot., s.v.).

Lire également la définition du nom acanthe afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Acanthus ; Branc-Ursine ;

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Symbolisme :


Selon Charles Joseph Chambet, auteur de Emblèmes des fleurs, ou Parterre de Flore... (Audin, 1833) :


ACANTHE. Emblème : NEUDS INDISSOLUBLES.

VIRGILE nous apprend que la robe d'Hélène était relevée par des feuilles d’Acanthe en broderie. Callimaque conçut dit on, l'idée du chapiteau corinthien d'après l'offrande d'une nourrice sur le tombeau d'une jeune fille. Cette offrande consistait en bijoux déposés dans une corbeille entourée de feuilles d'Acanthe.

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Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :


Printemps - Avril.

ACANTHE - LES ARTS. L’acanthe se plait dans les pays chauds, le long des grands fleuves.


Le Nil du vert acanthe admire le feuillage.


Cependant il croit facilement dans nos climats, et Pline assure que c'est une herbe de jardin qui sert merveilleusement bien à vigneter et historier en verdure (1). Les anciens, si pleins de goût, ornaient leurs meubles, leurs vases et leurs vêtements précieux de ses feuilles si agréablement découpées. Virgile dit que la robe d'Hélène était brodée d'une guirlande d’acanthe en relief. Ce poëte divin veut-il louer un ouvrage de grand prix, c'est encore d’acanthe qu'il le décore.

Du même Alcimédon je garde un même ouvrage :

L'anse de chaque vase offre à l'ail enchanté

De la plus souple acanthe un feuillage imité (2).


Ce charmant modèle des arts est devenu leur emblème, et il pourrait l'être aussi du génie, qui fait qu'on y excelle. Si quelque obstacle s'oppose à l'accroissement de l'acanthe, on le voit redoubler ses forces et végéter avec une nouvelle vigueur. Ainsi, le génie s'élève et s'accroît par les obstacles mêmes qu'il ne saurait vaincre.

On raconte que l'architecte Callimaque, passant auprès du tombeau d'une jeune fille, morte peu de jours avant un heureux mariage, ému d'une tendre pitié, s'approcha pour y jeter des fleurs. Une offrande avait précédé la sienne. La nourrice de cette jeune fille, rassemblant les fleurs et le voile qui devaient servir à la parer le jour de ses noces, les plaça dans un petit panier, et mit le panier auprès du tombeau, sur une plante d’acanthe, puis elle le recouvrit d'une large tuile. Au printemps suivant, les feuilles d’acanthe entourèrent le panier ; mais, arrêtées par les bords de la tuile, elles se recourbèrent, et s'arrondirent vers leurs extrémités. Callimaque, surpris de cette décoration champêtre, qui semblait l'ouvrage des Grâces en pleurs, en fit le chapiteau de la colonne corinthienne ; charmant ornement que nous admirons et que nous imitons encore.


Notes : 1) Traduction de Dupinet. 2) Langeac, traduction des Bucoliques de Virgile.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Acanthe - Symbole des arts.

Depuis que l’architecte grec, Callimaque, a choisi la feuille de cette plante pour orner le chapiteau de la colonne corinthienne, l’architecture moderne a conservé ce charmant ornement.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


ACANTHE - ARTS.

Sans les ouvriers, nulle ville ne serait bâtie, ni habitée, ni fréquentée. Ils conservent les œuvres du siècle, mais ils peuvent prier au milieu de leurs travaux, y appliquer leur âme et rechercher la loi du Très-Haut.

(Ecclésiaste XXXVIII, 36-39).

On a consacré l'acanthe molle au symbole des arts, à cause du fréquent usage que l'on fait de ses feuilles dans l'architecture et la sculpture. C'est une plante vivace , très -belle, qui croit spontanément dans les lieux humides et ombragés de nos contrées méridionales. La racine est épaisse, vivace, brunâtre et produit une tige simple, droite, garnie, depuis le milieu jusqu'au sommet, de fleurs grandes, d'un blanc jaunâtre, formant un bel épi terminal ; les feuilles sont très grandes, molles au toucher, d'un vert foncé, étalées autour de la partie inférieure de la tige. On la multiplie de graines, ou par l'éclat de ses racines. Elle vient bien dans les terres, mais principalement dans celles qui sont franches et profondes.


DE L'ACANTHE.

Le genre acanthe comprend huit à neuf espèces, dont plusieurs appartiennent à l'Afrique et à l'Inde, et sont de grands arbustes à feuilles opposées. Les deux espèces que l'on connait en Europe et qui étaient connues des anciens sont des herbes vivaces des provinces méridionales de l'Europe et de la France. Elles sont toutes les deux remarquables par leurs grandes feuilles radicales, profondément sinuées, et leurs tiges fleuries de plus d'un demi mètre de long. L'une des deux a des piquants à tous les angles saillants des feuilles, c'est l'acanthe épineuse ; l'autre, l'acanthe molle, a des feuilles plus larges et se trouve dépourvue d'épines ; c'est la plus intéressante comme la plus célèbre.

L'acanthe molle a joui, dès la plus haute antiquité, d'une grande réputation ; ses formes nobles et gracieuses l'ont fait admettre comme un des plus beaux ornements dans l'architecture. Une jeune fille de Corinthe, dit Vitruve, étant morte chez sa nourrice, et cette femme voulant consacrer aux manes de cette jeune personne plusieurs objets qu'elle avait aimé pendant sa vie, les déposa sur son tombeau. Afin qu'ils se conservassent plus longtemps, elle couvrit d'une tuile la corbeille qui les renfermait et qui était posée, par hasard, sur une jeune plante d'acanthe. Les larges feuilles, gênées dans leur développement, entourèrent la corbeille, mais, arrêtées par les rebords de la tuile elles se recourbèrent et produisirent un effet des plus gracieux. L'architecte Callimaque (1), conduit par hasard en ce lieu, les admira. Il ne put détacher ses regards de ce tableau charmant et son cœur fut attendri. L'émotion de l'âme n'est jamais stérile dans l'homme de génie ; on l'a observé, les grandes pensées viennent du cœur, et c'est du cœur de Callimaque que nous est venue la grande pensée de l'ordre corynthien , le plus beau, le plus riche, le plus gracieux de tous les ordres. Depuis cette découverte le chapiteau de la colonne corynthienne a été préféré avec raison aux feuilles de palmier, d'olivier, de nymphæa, etc., employées dans plusieurs monuments de l'ancienne architecture. Faut-il maintenant en croire le jésuite Vilcopende, qui revendique l'invention du chapiteau corynthien en faveur des architectes du temple de Salomon ?

Les Grecs et les Romains ne bornèrent point à la seule architecture l'emploi des feuilles de l'acanthe , ils en ornaient encore leurs vases comme on le voit dans les Eglogues de Virgile. (2) Les Grecs découpaient aussi en feuilles d'acanthe les bandes de pourpre qui formaient la bordure des vêtements les plus précieux : nous en trouvons la preuve dans ce vers de l'Enéide où Virgile décrit la robe d'Hélène. (3) Ailleurs dans les Eglogues l'acanthe est indiquée comme une des plan tes les plus propres par ses formes gracieuses à embellir la nature champêtre. (4)

On attribue aux deux espèces d'acanthe dont nous venons de parler des vertus médicinales assez remarquables ; leur suc mucilagineux les fait souvent employer et particulièrement la molle dans les cata plasmes, fomentations et lavements ; on en fait aussi usage contre une maladie qui attaque les cheveux et connue sous le nom de plique polonaise. Mais indépendamment des places distinguées que les propriétés de ces plantes doivent leur faire occuper dans les écoles des plan tes médicinales, elles peuvent encore figurer avec avantage dans les jardins paysagistes. On peut les placer soit sur la lisière des bosquets parmi les arbustes, soit à des positions isolées, dans des pièces de gazon, partout elles feront un bel effet ; mais elles n'en produisent nulle part un plus frappant qu'au milieu des ruines et des décombres ; c'est là qu'elles sont à leur place et qu'on aime à les considérer ; leur forme pittoresque et leur couleur sombre ajoutent une nouvelle expression au caractère sérieux de la scène, et répandent sur l'ensemble du tableau un intérêt et un charme mélancolique qui retiennent le spectateur, l'attachent et lui font éprouver un sentiment confus de plaisir et de tristesse.


RÉFLEXIONS.

La science et les beaux arts ne manquent jamais de protecteurs dans les états d'un prince qui sait régner.

(OXENSTIERN)


Aujourd'hui dans les arts comme dans les lettres la plupart de ceux qui se croient inventeurs ne sont que des ignorants.

(Le duc de LÉVIS)


Notes : 1) Callimaque était de Corinthe et vivait vers l'an 540, avant Jésus-Christ.

2) Et nobis idem Alcimedo duo pocula fecit

Et molli circum est ansas amplexus acantho. VIRG. , Eglog. III , v • 44, 45.

Le même Alcimédon m'a fait aussi deux coupes dont les anses sont embrassées de souple acanthe.

3) Ferre jubet : pallam signis auroque rigentem,

Et circumtextum croceo velamen acantho,

Ornatus Argivæ Helen , etc. Virg. , Éneid. , liv. 1 , v. 652-655

Le même Alcimédon m'a fait aussi deux coupes dont les anses sont embrassées de souple acanthe. Il ordonne d'apporter..... un manteau roidi par l'or et la broderie, un voile environné d'acanthe safranée, parure d'Héiène, lorsque , etc.

4) At tibi prima, puer, nullo munuscula cultus

Errantes hederas passim cum baccare tellus,

Mixtaque redenti colocasia fundet acantho. Virg., Eglog. IV, 18-20.

Pour toi, divin enfant, la terre sans culture prodigue déjà de petits présents : le lierre rampant avec le bac car et la calocasse entrelacée de gracieuse acanthe.

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


ACANTHE - CULTE DES BEAUX-ARTS .

Plante à fleurs labiées ; l'espèce connue, vulgairement nommée Branche-ursine, est remarquable par ses belles feuilles découpées, dont l'extrémité se recourbe naturellement. La feuille d'acanthe a servi de modèle pour l'ornement du chapiteau corinthien : par analogie, elle symbolise le culte des beaux-arts.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Acanthe - Beaux-Arts.

Une jeune fille de Corinthe étant morte au moment où elle allait se marier, sa nourrice recueillit dans une corbeille plusieurs petits objets auxquels elle avait été attachée pendant sa vie. Pour les mettre à l'abri des injures du temps et les conserver, cette femme couvrit la corbeille d'une tuile et la posa ainsi sur le tombeau.

Dans ce lieu se trouvait, par hasard, la racine d'une plante d’acanthe. Au printemps, elle poussa des feuilles et des tiges qui entourèrent la corbeille. La rencontre des coins de la tuile força les extrémités de la plante à se recourber en manière de volute.

Le sculpteur Callimaque, passant près de ce tombeau, vit ce panier et remarqua la forme gracieuse avec laquelle ces feuilles naissantes le couronnaient. Cette forme nouvelle lui plut ; il l'imita dans les colonnes qu'il fit par la suite à Corinthe, et il établit, d'après ce modèle, les proportions et les règles de l'ordre corinthien.

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Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle :


L'ACANTHE. L'acanthe épineuse en architecture ; l'acanthe molle ; Callimaque et le chapiteau corinthien.

Acanthe vient du grec akantha, épine. L'acanthe est une plante herbacée remarquable par la beauté de son port et par l'élégance de ses feuilles. Deux espèces d'acanthes croissent naturellement dans le midi de l'Europe : l'acanthe épineuse et l'acanthe molle. L'acanthe épineuse est plus finement découpée que l'acanthe molle. Elle offre à l'extrémité de ses segments des piquants roides et aigus ; les architectes du moyen âge l'ont souvent imitée, comme on peut le voir dans plusieurs édifices gothiques, et entre autres à Notre-Dame de Paris. L'acanthe molle a donné naissance au chapiteau corinthien. Vitruve dit à ce sujet qu'une jeune fille de Corinthe étant morte au moment de se marier, sa nourrice recueillit plusieurs des objets qui lui avaient appartenu, les plaça dans une corbeille qu'elle déposa sur la tombe et qu'elle recouvrit avec une tuile.

Une racine d'acanthe se trouvait par hasard dans ce lieu ; au printemps elle poussa des feuilles qui entourèrent la corbeille, mais qui rencontrant la tuile furent forcées de se recourber. Le sculpteur Callimaque, passant près du tombeau, fut frappé de l'aspect gracieux qu'il présentait, et y trouva le modèle du chapiteau corinthien . Dans le langage des fleurs, l'acanthe est l'emblème du culte des beaux-arts.

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