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Centaurées du solstice

Dernière mise à jour : il y a 2 jours




Autres noms : Centaurea collina - Caboussudo - Centaurée des collines -

Centaurea moschata ? - Ambrette jaune - Barbeau jaune - Centaurée musquée - Centaurée odorante -

Centaurea solstitialis - Auriole - Auriolo - Centaurée d'été (Allemagne) - Centaurée du solstice - Centaurée jaune - Centaurée solsticiale - Chardon de Saint-Barnabé (Angleterre) - Chardon doré - Chausse-trape solsticiale -


Selon le Glossaire botanique languedocien, français, latin de l'arrondissement de Saint-Pons (Hérault) : précédé d'une étude du dialecte languedocien. (Imprimerie centrale du midi, Ricateau, Hamelin, 1873) de Melchior Barthès :


CABOUSSUDO. (Racine, cabosso, grosse tête). Qui a une grosse tête. Il est possible que cette dénomination serve , dans d'autres localités , à désigner plusieurs Centaurées, car les espèces à gros capitules ne manquent pas ; mais celle que nous avons reçue d'Azillanet sous le nom de Caboussudo est bien la Centaurée des collines, à fleurs jaunes, Centaurea collina L. Plante de la tribu des Cynarocéphales . A détruire dans les vignes.

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Botanique :


L'Abbé Coste, dans sa Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes (1900-1906) propose une description très précise de la Centaurée des collines :


  • Plante vivace de 2-5 dm, dressée, simple ou rameuse 

  • feuilles inférieures pétiolées, ordinairement lyrées, pennati ou bipennatipartites, les supérieures sessiles pennatipartites, à segments presque linéaires 

  • capitules solitaires 

  • involucre gros, globuleux, glabre ou un peu aranéeux, à folioles bordées d'un appendice décurrent cilié, les moyennes et les extérieures terminées par une pointe vulnérante étalée, plus courte ou un peu plus longue que la foliole 

  • akènes longs de 6 mm environ, à aigrette rousse de même longueur et à ombilic poilu 

  • fleurs jaunes, les extérieures rayonnantes.


Écologie : Champs incultes, pierreux du Midi, des Alpes-Maritimes aux Pyrénées-Orientales ; Drôme et Ardèche ; Corse.

Répartition : Portugal, Espagne, Ligurie.

Floraison : Juin-août.

 

Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description de la Centaurée du Solstice :


Nom scientifique : D’après André (2010 : 55), le premier élément de ce binôme scientifique est un emprunt au gr. κένταυρος , et donc « (herbe du) Centaure » et s’accompagne de l’adjectif lat. SOLSTITIĀLIS, -IS, -E signifiant « qui fleurit pendant le solstice d’été » (OLD : 1786).


 Description botanique : La centaurée est une plante annuelle recouverte de poils épais, caractérisée par des fleurs solitaires dont l’involucre résulte de forme conique à folioles qui se termine par une très longue épine jaune ; les fleurs sont jaunes et toutes semblables les unes aux autres, fleurissent de juillet à septembre (Pignatti, 1982, III : 208)

 

Selon Anne Barrière, autrice de Les dysphagies d’origine neurologique chez le cheval adulte : étude bibliographique. (Thèse d'exercice, Médecine vétérinaire, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 2017, 92 pages.) :


Toxicité : L’encéphalomalacie équine par intoxication à la centaurée

Elle est causée par une intoxication chronique et massive à la Centaurée du solstice (Centaurea solstitialis) – plante que l’on retrouve en Amérique du Nord et Europe de l’Ouest - ou à la Centaurée de Russie (Centaure repens) – plante originaire d’Eurasie et envahissant maintenant l’Amérique du Nord – pour autant le principe toxique n’a pas été encore identifié malgré de nombreuses hypothèses. Non reportée chez d’autres espèces, et plus souvent observée chez les jeunes chevaux adultes, elle est due à une nécrose de liquéfaction progressive des aires du cerveau responsables du contrôle moteur, notamment la substance grise et le pallidum dorsal, causant un déficit soudain de la préhension et de la mastication. On note des difficultés à réaliser les mouvements ainsi qu’à pousser le bol alimentaire vers le pharynx du fait d’une rigidité et d’une hypertonicité des muscles préhenseurs et masticateurs, laissant la bouche légèrement ouverte, lèvres relevées, avec des mouvements linguaux anormaux.

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Vertus médicinales :


Remy Willemet, dans sa Phytographie encyclopedique, ou flore de l'ancienne Lorraine et des départemens circonvoisins. (Vol. 3. Guivard, 1805) donne la Centaurée solsticiale comme :


Apéritive - Sudorifique - Résolutive - Corroborante - Tonique - Cordiale.

 

Les études d’ethnobotanique italienne témoignent de l’utilisation de cette espèce en médecine populaire comme diurétique et pour le traitement des calculs rénaux et des inflammations de la vessie (Guarrera, 2006 : 77).

 

Romain Haudecoeur dans sa thèse intitulée Pharmacochimie des aurones pour la modulation d'enzymes. (Université de Grenoble ; Université de Genève (Suisse). Faculté des sciences, 2011) évoque brièvement la Centaurée du Solstice :


Dans l’entreprise d’exploitation du vivant par l’Homme, les plantes ont toujours joué un rôle à part. Cueillies ou cultivées, elles ont constitué une richesse inépuisable pour le développement de l’alimentation, des matériaux, de l’ornement ou encore de la santé. Dans ce dernier domaine, un très large panel de plantes a été employé très tôt en médecine traditionnelle. Le premier indice de l’utilisation de plantes médicinales date en effet de 60 000 ans avant Jésus-Christ : une tombe Néanderthalienne découverte sur un site archéologique en Irak contenait de nombreux pollens issus de plantes médicinales toujours utilisées de nos jours, comme Centaurea solstitialis (la Centaurée du solstice), Ephedra altissima, ou différentes espèces d’Althea [1].


Note : 1] A. Gurib-Fakim. Medicinal plants : Traditions of yesterday and drugs of tomorrow. Mol. Aspects Med. 2006, 27, pp. 1-93.

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Symbolisme :


Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


CENTAURÉE ODORANTE – FÉLICITÉ. -


Heureux l'homme qui craint le Seigneur et qui met ses délices à accomplir sa loi ! Sa postérité sera grande sur la terre, la race des justes sera bénie. La gloire et les richesses seront dans sa maison et la justice subsistera dans tous les siècles. –

Psaumes. 11. 1,3.

La centaurée odorante est une plante annuelle, originaire du Levant. On lui a donné le nom d'odorante à cause de l'odeur agréable approchant de celle de l'ambre que répandent ses fleurs. Sa tige s'élève à plus de 30 centimètres. Les feuilles sont larges ; ses fleurs grosses semblables à celles du bleuet paraissent de juillet en octobre. Cette plante est aussi connue sous le nom de barbeau jaune, ambrette jaune, fleur du Grand-Seigneur.


DE LA FÉLICITÉ.

L'homme heureux en ce monde n'est pas celui qui n'a besoin de rien, mais celui qui peut vivre sans ce qu'il n'a pas et que la privation de ce qui lui manque n'affecte point. Si donc vous voulez vivre heureux sentez le prix des biens que vous possédez et sachez en jouir. Mettez des bornes à vos désirs et à vos besoins, contentez-vous du nécessaire, car la modération vaut mieux que tous les trésors de la fortune et la possession des richesses ne donne pas le repos qu'on trouve à n'en point désirer. Quelqu'un disait un jour à Ménédas, philosophe grec : C'est un grand bonheur d'avoir ce qu'on désire. — C'en est un bien plus grand, répondit-il, d'être content de ce que l'on a. On jouit alors d'une grande tranquillité inconnue à ceux qui sont agités d'une foule de désirs. Ceux-ci en proie à une ambition aveugle ou à une cupidité effrénée désirent sans cesse et ne sont jamais satisfaits ; jouets éternels d'une trompeuse espérance, ils empoisonnent le bonheur de leurs jours par de vains désirs qui les dégoûtent de leur état, les empêchent d'en remplir les devoirs et d'en sentir les avantages.

Il n'est rien de plus étonnant que de voir les hommes courir sans cesse après le bonheur sans pouvoir jamais l'atteindre. Au lieu de le chercher dans la modération de leurs désirs et dans la jouissance de ce qu'ils ont, ils croient toujours l'apercevoir dans des emplois, des richesses ou des plaisirs qu'ils n'ont pas, et lorsqu'ils les ont obtenus, honteux de ne l’y point trouver et non guéris de leur folie, ils continuent toute leur vie à l'aller chercher dans d'autres objets et meurent avec la douleur de ne se voir pas plus près du terme que le jour où ils avaient commencé de s'y diriger. Le vaisseau battu d'une tempête affreuse roulant au gré des flots en fureur et au milieu des éclairs n'est pas plus agité qu'un esprit inquiet qui se livre à tous ses désirs, mais celui au contraire qui sait les modérer et les tenir sous son empire, ressemble à un navire qui, poussé par une brise favorable, vole légèrement sur les ondes et arrive heureusement au port.

Un des plus grands obstacles au bonheur de la plupart des hommes, c'est le désir trop vif des biens de la terre. Plus on a, plus on veut avoir. On est moins content de ce qu'on possède que jaloux de ce qu'ont les autres et désireux d'en avoir encore davantage. « Mais, dit Salomon, l'homme qui se hâte de s'enrichir et qui porte envie aux autres, ne sait pas qu'il se trouvera surpris tout d'un coup par la pauvreté. » On perd souvent tout en voulant trop avoir. Et que d'exemples frappants, à l'appui de cette vérité, nous pourrions citer ici ! ...

Il est plus facile de réprimer un premier désir que de satisfaire tous ceux qui viennent ensuite, comme le disait le prince de Conti. Il se refusait aux goûts les plus innocents, à la curiosité même des peintures où ses infirmités auraient pu trouver un délassement. Il répondit aux instances que lui faisait à ce sujet la princesse son épouse : qu'en se livrant à un goût on s'accoutume à se livrer à tous, et qu'il faut savoir ou ne pas du tout désirer ou se passer souvent de ce qu'on désire. Ce retranchement, ou plutôt cette modération de désirs, est en effet le seul moyen de nous rendre heureux. Nous ne prétendons pas néanmoins qu'elle puisse nous procurer une félicité pleine et inaltérable. Ce bien n'est réservé que dans l'autre vie et la religion seule est chargée de nous conduire dans la route du bonheur qu'elle-même prépare au-delà du temps. Cette vie-ci est une vie de tentations et de combats, de peines et de traverses, d'afflictions et de chagrins. La constitution de notre corps, la faiblesse de notre nature, l'activité des éléments, la variété des saisons, les différentes sortes d'esprits, de caractères et d'humeurs des personnes avec lesquelles nous sommes obligés de vivre, le choc des passions et des intérêts, toutes ces choses nous empêchent toujours d'être ici-bas parfaitement heureux. Dieu l'a ainsi voulu afin que nous ne nous attachions pas tant à la terre et que nous portions nos vœux vers celui qui peut seul les remplir. Mais il est vrai aussi que, si quelque chose est capable de diminuer le nombre et la violence des maux que nous avons à souffrir dans notre exil, c'est cette modération de désirs que nous recommandons, c'est elle qui seule peut nous rendre heureux autant qu'on peut l'être sur la terre , sans que le bonheur présent ruine les espérances de l'avenir . Elle est comme les heureuses prémices et le garant de la félicité qui nous est assurée dans le ciel ; rien n'est plus conforme à l'esprit de religion que de mettre des bornes à ses désirs, de n'avoir aucune attache au monde ni à tous ces biens dont l'apparence passe et s'évanouit comme l'ombre.

Pères et mères qui voulez rendre un jour vos enfants heureux, au lieu de leur répéter sans cesse les usages et les maximes du monde, les droits de leur naissance et les avantages des richesses, formez-les surtout à la vertu ; ils seront toujours assez polis s'il sont humains, assez nobles s'ils sont vertueux et assez riches s'ils ont appris à modérer leurs désirs.

MAXIMES.

La félicité est dans le goût et non pas dans les choses et c'est pour avoir ce qu'on aime qu'on est heureux et non pas pour avoir ce que les autres trouvent aimable.

(LA ROCHEFOUCAULT.)

Cherchons ce que c'est que vivre bien, c'est-à-dire tendre à la béatitude en vivant bien, et nous trouverons que ce n'est autre chose qu'aimer la vertu, aimer la sagesse, aimer la vérité.

(SAINT•AUGUSTIN, Mœurs de l'Eglise catholique.)

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Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) se penche sur les croyances liées aux différents noms arbëreshe de la Centaurée du Solstice :


Analyse lexico-sémantique des désignations :

  • Les deux premières formes lexicales [kriˈatez̥] et [kriˈatez] se présentent comme des noms dérivés à double suffixation : une base lexicale /kri-/ « tête » (arb. krye) + suffixe 1 /-at-/ + suffixe 2 /-z/. Le suffixe -at(ë) est très productif en albanais pour la formation de noms abstraits ou concrets (Ressuli, 1986 : 144). Nous pouvons donc supposer dans ce cas que l’arb. kryatë peutsignifier « extrémité supérieure de la plante, bouton » en raison du fait que les fleurs poussent normalement à l’extrémité des tiges d’une plante, donc, « sur la tête » de la plante. Enfin, le deuxième suffixe -z (Ressuli, 1986 : 166) sert à exprimer le diminutif du nom dérivé arb. kryatë, ce qui donne comme signification « petite tête de plante » décrivant les capitules isolés dont la centaurée se caractérise, en tant que plante à petites têtes (fleurs). On peut aussi considérer, par ailleurs, ces deux phytonymes comme des noms composés à structure Nom + Adj. + Suffixe, où les trois composants supposés sont arb. krye « tête » (N) + t’artë « dorée » (Adj.) + -z « petite » (suff. diminutif) ; ces trois éléments se sont probablement agglutinés de la façon suivante : /kri- + -at- + -ez/. Le nom arb. krye [krˈie] a subi l’apocope de sa dernière syllabe /-e/ ; l’article prépositif /t’/ qui accompagne certains adjectifs tombe, régulièrement lorsque l’adjectif intervient dans les processus de formation d’autres noms ou adjectifs, comme le montrent les exemples arb. grykëmadhë [ɡrikmˈað] (grykë « bouche » et e madhë « grande ») « gourmand », gluhëglatë [ɡluxɡlˈat] ou gjuhëgjatë [ɟuxɟˈat] (gluhë/gjuhë « langue » et e glatë/gjatë « longue ») « bavard », etc. ; tandis que l’adjectif arb. artë [ˈaːrt] « doré » (< arb. ar « or ») a été réduit à sa voyelle tonique et à la consonne finale qui sert à éviter le hiatus qui se crée avec l’ajout du dernier suffixe -ez. Donc, on ajoute le suffixe diminutif -ez ayant la même fonction que l’on a décrite dans la première hypothèse étymologique ci-dessus. Il en résulterait ainsi un phytonyme désignant une plante « aux petites têtes dorées » telle que semble être réellement la centaurée. Cette hypothèse trouve une confirmation partielle dans l’existence d’une même forme lexicale kryeartë « tête dorée » qui désigne l’espèce Centaurea cyanus L. dans les dialectes albanais des Balkans (FEB : 60), bien que cette dernière espèce ait les fleurs bleues. Nous sommes plus enclins à croire que la deuxième hypothèse soit la plus acceptable en raison du fait que le trait le plus évident de cette plante est représenté par la couleur jaune des fleurs qui résultent ainsi être visibles même de très loin.


  • [ocitˈiːzɛ] est un emprunt au cal. ócchiu tisu qui désigne une « espèce de chardon » (NDDC : 487), mais qui signifie littéralement « œil tendu, rigide, écarquillé » probablement en raison des longues épines jaunes autour de l’involucre qui ressemblent à de longs cils.


  • [bazamˈan] est un emprunt au nap. vasamano « baisemain » (NVDN : 823) : cette désignation renvoie probablement au caractère dangereux pour les mains des épines de la centaurée lorsqu’on les touche (Alinei, 2009 : 207).

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