Étymologie :
ORYCTÉROPE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1796 (C. Geoffroy Saint-Hilaire ds B. de la Société philomathique, germinal-floréal-prairial an IV [réimpr. de Paris] t. 1, p. 102). Empr. au lat. sc. orycteropus (1796, Geoffroy Saint-Hilaire, loc. cit.), comp. sur le gr. ο ρ υ κ τ η ́ ρ « enfouisseur », var. de ο ̓ ρ υ ́ κ τ η ς (v. orycte) et de π ο υ ́ ς « pied ».
Lire également la définition du nom oryctérope pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Cochon de terre -
Zoologie :
Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre original What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :
"Voici un animal secret qui ne vit que la nuit, pourvu d'un long museau et d'une langue épaisse et gluante, affublé d'un nom impossible (en anglais, il est très connu car son nom est celui qui ouvre la plupart des dictionnaires : aardvark). Très friand de concombre (ses crottes peuvent en témoigner), il fait le bonheur des botanistes.
Description : L'oryctérope creuse des trous de dix centimètres environ pour y déposer ses crottes. Celles-ci sont nombreuses, ovales, et assez petites (1 à 2 centimètres de diamètre). On y trouve des restes de termites et des graines. Fraîches, les crottes ont une légère odeur d'ammoniac. une fois l'opération terminée, l'animal les recouvre de terre.
Un marché qui marche : L'oryctérope se nourrit surtout de termites. Avec ses griffes puissantes, il détruit une termitière en un temps record, fouille avec son museau, et grâce à sa salive gluante, déloge les insectes. Les reste de termites enterrés dégagent une forte odeur d'ammoniac.
L'oryctérope est le seul animal à consommer une variété de concombre sauvage dans lequel il trouve l'eau dont il a besoin. Les graines non digérées sont un excellent fertilisant et en recouvrant ses excréments d'une légère couche de terre, l'oryctérope permet aux graines de germer. Elles deviendront à leur tour des concombres rafraîchissants et la boucle sera bouclée. e fruit, souvent surnommé "le concombre de l'oryctérope", est le seul des cucurbitacées à pousser sous terre. Sans merde, il serait dans la merde, et l'oryctérope aussi.
Je te sens... Les oryctéropes sont de grands solitaires mais ils peuvent envoyer des messages à leurs congénères grâce à leurs glandes à musc ; quand ils défèquent, les glandes se trouvent comprimées contre le sol, et le musc s'en libère."
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Symbolisme :
Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007, traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :
Message du royaume des oryctéropes du Cap :
Nous vous demandons de ne pas juger ni condamner ceux qui ont pollué notre planète. Lorsque vous le faites, vous contribuez à augmenter la pollution éthérique. Au lieu de cela, nous vous demandons de bénit les pollueurs avec amour, espoir et la vision d'un monde propre, pur et en paix. C'est la meilleure façon de nous aider et d'aider Gaïa et notre magnifique Terre.
L'oryctérope du Cap vient de Sirius, et son nom aardvark en anglais signifie "cochon de terre" en néerlandais. c'est un animal nocturne répandu dans toute l'Afrique, et à sa manière tranquille, il remplit sa mission en transportant des connaissances anciennes de l'Atlantide dans ses champs d'énergie. C'est l'une des rares créatures qui conservent pour nous un souvenir de la troisième expérience de l'Atlantide.
A cette époque, le continent de l'Atlantide s'étendait dans l'océan Atlantique et jouxtait l'Afrique. Deux événements se sont produits. tut d'abord, des animaux de grande taille ont évolué. Des chats, des chevaux, des mammouths et des oiseaux gigantesques sont apparus, puis ont envahi la planète. Ensuite, malgré une abondance de plaisirs qui avaient été préparés pour les pionniers de cette troisième expérience, des dissensions et des désaccords sont apparus au sein de la communauté. les Enfants de la Loi du Un voulaient mener des vies pures en connexion avec Dieu, alors que les Fils de Baliol voulaient satisfaire toutes leurs passions et leurs bas instincts. L'énergie sismique ainsi créée a laissé entrer une influence extérieure négative.
Cela a permis à une entité venant d'un autre univers de se connecter et de supplanter ces animaux gigantesques. Sous cette influence négative, ils sont devenus méchants et dangereux. Les gens avaient de la difficulté à survivre, et encore plus à vivre dans ces conditions, et ils ont tenté de nombreuses méthodes pacifiques pour traiter les animaux. Cependant, rien n'a fonctionné.
Pour finir, la célèbre conférence des Cinq Nations, avec son résultat catastrophique, a été organisée pour discuter de la situation. Des délégués ont été téléportés de partout dans le monde jusqu'à l'île de l'Atlantide. Ils étaient désespérés, car la vie à la surface était devenue presque impossible. Avec de nombreuses craintes, mais se sentant impuissants face à cette situation désastreuse, ils ont pris la décision monumentale qui affecte la terre depuis ce jour. Ils ont accepté de déclencher des bombes nucléaires sous terre dans l'espoir de tuer ces animaux.
Cela a provoqué des tremblements de terre massifs qui ont entraîné la disparition de tous les animaux et de tous les habitants de la Terre pour les deux mille ans qui suivirent. La pollution causée par les explosions nucléaires continue de contaminer la Terre, et il y a beaucoup d'entités incarnées et d'autres en esprits qui s'efforcent de l'éliminer.
Donc, l'oryctérope du Cap conserve les souvenirs des conséquences des explosions nucléaires. Dans le même temps, son rôle de service consiste à nettoyer et à dégager la pollution de la détonation atomique originale qui a endommagé la Terre. L'exploitation minière et les forages de la Terre, y compris la fracturation hydraulique, provoquent inévitablement des tremblements de terre, bien qu'ils puissent se produire de nombreuses années plus tard.
A bien des égards, l'oryctérope du Cap est une énigme. Il a des oreilles comme celles d'un lapin, une queue comme celle d'un kangourou et un museau comme un cochon.
Vivant sous terre, dans de vastes terriers qui sont assez frais, il a un pelage très mince, un cou court et des jambes courtes. Cela lui permet de se déplacer sous terre, de s'abriter dans des terriers confortables et aussi de répandre son énergie.
L'archange Sandalphon est en lien avec ces créatures et les aide à s'ancrer dans la terre creuse pour assurer leur subsistance spirituelle et trouver de l'aide.
Étant donné que c'est un animal nocturne, avec une mauvaise vue, il a un odorat et une ouïe très développés. Autrement dit, son troisième œil, le chakra physique situé au centre du front, a fait évoluer ces sens.
Nous sommes ce que nous mangeons, et les oryctéropes du Cap vivent en se nourrissant presque exclusivement de fourmis de la cinquième dimension et de termites de la quatrième dimension venant de Sirius. Alors que les oryctéropes du Cap sont de la troisième dimension, les corps énergétiques des fourmis les aident à supporter toute la contamination qu’ils absorbent, transmutent et nettoient.
Leur travail est beaucoup plus déterminant qu'on ne le croit, car il est important d'éliminer la pollution créée par ces explosions nucléaires datant de l'Atlantide avant que le nouvel âge d'or puisse vraiment se concrétiser. Les oryctéropes du Cap sont aidés dans leur tâche de nettoyer l'ancienne pollution par les esaks, ces petits élémentaux qui sont venus d'un autre univers avant 2012. L'archange Purlimiek, l'ange de la nature, et l'archange Butyalil, responsable de la place de la Terre dans l'univers, ont envoyé un message clair qui a vibré dans tout l'univers pour demander que des bénévoles aident à éliminer la pollution de la planète. Ces minuscules créatures ailées, une fraction de la taille d'une fée, ont répondu. Pour pouvoir faire l'expérience de la vie sur Terre et repartir chez elles avec tout ce qu'elles y auraient appris, elles ont accepté de venir ici pour consommer l'énergie éthérique négative. Elles se rassemblent dans les endroits où l'usage de drogues pollue l'atmosphère, ou les endroits où sont déposés des déchets toxiques, ou les endroits où sont accumulées les vibrations inférieures, et elles s'efforcent courageusement de digérer les fréquences inférieures et de les transmuter à travers leurs corps légers. Ce sont de merveilleux petits travailleurs et, depuis 2012, ils aident les oryctéropes du Cap à accomplir leurs extraordinaires opérations de service.
Opérations de service : Chaque fois que vous envoyez des bénédictions et de l'amour aux oryctéropes du Cap, vous les aidez à accomplir la mission de leur âme. En même temps, vous ajoutez votre lumière à l'élimination de la pollution provenant de la troisième expérience de l'Atlantide.
Prière à l'archange Fhelyai :
Source bien-aimée et archange Fhelyai, ange des animaux,
J'envoie la lumière pure et l'amour de mon cœur au royaume des oryctéropes du Cap
Et je demande que vous utilisiez cette énergie pour aider
Ces animaux à accomplir la mission de leur âme.
Je prie aussi pour que cette lumière blanche du glorieux cœur de la Source s'enfonce profondément dans la Terre pour dissoudre toutes les énergies inférieures engendrées par l'indiscrétion humaine et remettre notre belle planète à sa place légitime comme un paradis de la cinquième dimension.
Ainsi soit-il. C'est fait.
Visualisation pour entrer en contact avec l'archange Fhelyai
Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.
Ancrez-vous en visualisant des racines dorées qui sortent de vos pieds et s'enfoncent profondément dans la Terre, et appelez la protection du rayon doré du Christ.
Vous vous trouvez dans un grand terrier frais où vous vous sentez en sécurité et à l'aise.
Vous êtes dans un monde magique entouré de centaines de petites taches de lumière. Ce sont de minuscules élémentaux ailés, les esaks.
Par leur lumière, vous pouvez voir clairement qu'un oryctérope du Cap amical approche. Il est très content de vous rencontrer et de savoir que les humain sont enfin prêts à les aider à accomplir leur mission.
Vous pouvez voir la tristesse profonde dans ses yeux quand il pense à la pollution nucléaire laissée lorsque la troisième expérience de l'Atlantide a provoqué l'extinction de toutes formes de vie sur Terre.
Vous hochez la tête lorsque cous comprenez ce que cette créature transporte dans son champ d'énergie depuis si longtemps.
Dites-lui que vous êtes prêt a jouter votre énergie pour l'aider.
Ensuite, visualisez une intense boule lumineuse de pure lumière blanche qui traverse votre aura et vos pieds pour aller jusqu'au cœur de la Terre.
Chaque boule se remplit d'une contamination noire et est emportée par les anges jusque dans la Lune, pour un nettoyage et une régénération complets.
Continuez à laisser autant de ces boules d'énergie pure de la Source vous traverser que vous le jugez bon pour vous aujourd'hui.
Ensuite, dites au revoir à l'oryctérope du Cap et soyez conscient que vous vous êtes aidés mutuellement.
Lorsque vous revenez là où vous avez commencé, sachez que vous avez effectué une grande partie d'une difficile mission de service.
Accueillez une boule de pure lumière blanche et lumineuse dans votre propre cœur. Puis, ouvrez les yeux.
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Dans un article intitulé "Ornithorynque, oryctérope et théranthropes Les vrais monstres et les autres" paru dans Animal et Religion (2016) Pierre de Maret rapporte que :
L’oryctérope, un autre improbable mélange : Ce mammifère étrange et méconnu qui vit en Afrique subsaharienne paraît à première vue un mélange improbable entre un cochon, un âne, une taupe et un kangourou. Du cochon, il a la corpulence, un groin, un dos voûté, un corps trapu recouvert d’une peau gris-rosâtre, plissée et parsemée de longs poils. De l’âne, il a les grandes oreilles mobiles, dressées sur le haut du crâne. De la taupe, il a les pattes puissantes, munies de griffes qui lui permettent de creuser très rapidement de profonds terriers. Du kangourou, il a une longue queue épaisse qui lui sert d’assise quand il se redresse sur ses pattes arrière pour fouiller les termitières, humer l’air ou se défendre.
Insectivore, il se nourrit essentiellement de termites et de fourmis, mais aussi d’une variété de concombres sauvages. Après avoir déterré ses proies de ses griffes puissantes, il les attrape avec sa langue longue, fine et gluante avant de les mâcher entre ses dents en forme de tubes, d’où le nom de l’ordre des mammifères, les tubulidentés, dont l’oryctérope est la seule espèce. Si sa vue est très mauvaise, son ouïe est excellente, mais c’est surtout son odorat qui est extraordinairement développé grâce à une cavité située à l’avant du crâne, et munie de neuf bulbes olfactifs. Nocturne, très farouche, et donc difficile à observer, il passe la journée dans un terrier profond. Aveuglé par la lumière du jour, il se déplace la nuit en zigzaguant à la recherche de nourriture. Généralement solitaire, la femelle donne naissance à un jeune à la fois, au bout de sept mois de gestation.
Comme les monotrèmes, dont fait partie l’ornithorynque, l’oryctérope est un témoin de stades anciens de l’évolution des mammifères. Les zoologues ont longtemps cru qu’il était apparenté au pangolin, un autre mammifère étrange.
[...]
À la différence du pangolin, l’oryctérope n’a pas les écailles du poisson et il ne se perche pas dans les arbres comme l’oiseau. Comme le pangolin, il est cependant difficile à classer. Il est sous et sur la terre. Nocturne, il est d’autant plus inquiétant qu’il a une apparence étrange, évoquant par certains côtés, tout comme le pangolin, les êtres humains. Il peut aussi se tenir redressé en agitant ses pattes avant comme des bras. Sa peau gris-rosâtre est presque glabre, et surtout il donne naissance à un jeune à la fois.
Si l’analyse de leur adn a montré que l’oryctérope et le pangolin occupent finalement des positions phylogénétiques assez éloignées , il n’est pas étonnant qu’ils puissent être considérés comme apparentés dans les systèmes taxinomiques des populations africaines. Ainsi, à l’est du Congo, les Komo les tiennent pour cousins car ils se promènent tous les deux en grattant le sol à la recherche de termites et de fourmis . Pour les mêmes raisons, au Mali, les Bambara les considèrent également comme appartenant à la même famille .
Griffus et fouisseurs, ces animaux sont chez les Bambara particulièrement emblématiques des rapports multiples qui lient le soleil, la terre, et les agriculteurs qui eux aussi grattent et fouillent le sol. Le pangolin et l’oryctérope occupent ainsi une place importante dans les rituels initiatiques bambara. L’oryctérope, en particulier, jouit d’un prestige considérable , et les néophytes doivent pénétrer dans son terrier pour acquérir son endurance, sa persévérance et sa patience. La métaphore amène ainsi les Bambara à considérer certains animaux comme des êtres humains et certains humains comme des animaux. Leur logique métaphorique va plus loin, car lorsqu’arqués au-dessus du sol ils fouillent celui-ci à la recherche de nourriture, leurs silhouettes similaires les rapprochent. Mais ce rapprochement va encore plus loin car si la position courbée est celle qu’affectent l’oryctérope et le pangolin, c’est aussi celle de l’homme pendant le coït et celle de l’agriculteur qui houe son champ. En même temps, la houe, qui est aussi considérée comme un objet qui relève de la sorcellerie, rappelle le museau de l’oryctérope, un sorcier dans le monde animal où il préside à de nombreuses transformations. La courbure de l’échine évoque aussi, pour les Bambara, la voûte céleste, le « dos » du ciel sur lequel le soleil monte et descend quotidiennement. Principe mâle par excellence, l’astre, sans lequel rien ne pousse ni ne vit, pénètre la terre qu’il féconde, grâce au travail du cultivateur. Dans le système symbolique bambara, le travail de la terre par le cultivateur, la copulation, la virilité, la fertilité, l’oryctérope et le soleil sont ainsi inséparables.
Si on retourne en Afrique centrale, chez les Nyanga, l’oryctérope est également, selon le mythe d’origine, mis en rapport avec le soleil qu’il emprisonne dans sa tanière. Habitant du monde souterrain, il est ici aussi lié à l’agriculture car il procède à des récoltes. De la même façon, au Rwanda voisin, le terme pour désigner l’oryctérope a comme sens métaphorique celui d’« agriculteur renommé pour sa résistance à la fatigue » . Chez les Zandé, l’animal est à l’origine de plusieurs légendes et sa capture est soumise à des rituels particuliers .
Plus au sud, chez les Tabwa des bords du lac Tanganyika, l’oryctérope occupe une place symbolique prééminente. Selon le mythe d’origine, dans les premiers temps, la Terre était froide, obscure, silencieuse et humide. Parmi les premières créatures se trouvait un oryctérope anthropomorphe, appelé Mutumbi « le fouisseur ». Au fond d’un tunnel, il rencontre le dieu suprême qui lui donne un homme et une femme pour lui tenir compagnie ainsi qu’un panier contenant le soleil. De retour à la surface, ils libèrent le soleil et plus tard la lune et les étoiles. Selon Allen Roberts, si l’oryctérope est le protagoniste de ce mythe de création, c’est que c’est une bête grotesque à tout point de vue. Les Tabwa le décrivent comme ayant des pattes « fines comme celles d’une chèvre », des oreilles « longues comme celles d’un lapin ». Son dos voûté et parsemé de longs poils rougeâtres fait penser à un potamochère et il est pourvu d’un long museau en forme de pénis. Ce dernier est d’autant plus déconcertant qu’il ressemble, selon les Tabwa, à un pénis humain. C’est tellement amusant que l’on doit empêcher les femmes de le voir. Si d’aventure un oryctérope est tué, on coupera donc son museau en petits morceaux pour éviter qu’elles ne le voient. Par cette inversion (« phallus » sur la tête), l’opposition entre la tête et les parties génitales, et donc entre l’intellect et la sexualité, devient manifeste. Les Tabwa disent aussi que, comme un être humain, l’oryctérope n’a qu’un jeune à la fois. Comme un être humain aussi, il dort sur son dos, blotti au fond de son terrier .
En outre, l’animal est très difficile à observer. On peut voir ses traces sur le sol le matin, mais bien rares sont les adultes qui ont pu l’apercevoir. Comme les sorciers, il est présent mais invisible. Enfin, il enterre soigneusement ses crottes, ce qui achève de le faire considérer comme un sorcier, personnage nocturne aux pouvoirs surnaturels. Les oryctéropes n’en sont pas moins des animaux. Ils ne sont des humains qu’entre guillemets pour reprendre, en la transposant, l’expression de Sperber.
On le voit, aux yeux des Tabwa, l’oryctérope est selon Roberts particulièrement « bon à penser » puisqu’il évoque une série d’oppositions essentielles, comme la tête et les parties génitales, le masculin et le féminin, l’intellect et la sexualité, le fermé et l’ouvert, la lumière et l’obscurité, le visible et l’invisible, le bienveillant et le malfaisant, la culture et la nature, l’humain et l’animal . Par ces juxtapositions, on comprend le rôle essentiel de ce monstre dans le récit mythique des origines. Il permet de mettre en place les classifications, catégories, oppositions, métaphores et métonymies nécessaires aux Tabwa pour comprendre et organiser leur univers .
Chez les Luba, proches des Tabwa, abattre un oryctérope est considéré comme un acte de même gravité que de tuer un homme. Il est, en effet, une réincarnation. Selon certains, ce serait un héros-oryctérope qui serait à l’origine d’une de leurs plus puissantes sociétés secrètes. Non loin de là, chez les Tshokwé, l’oryctérope est le maître du passé, de tout ce qui est oublié et perdu dans le temps. Fouiller la terre comme il le fait, c’est remuer le passé car c’est là que demeurent les morts . Comme les morts, l’oryctérope habite des trous, et si on essaye de le tuer, il tente de se faire passer pour une personne, pour un parent, en se redressant et en vous parlant . Au centre du Nigéria enfin, chez les Rukuba, le chef est considéré comme un oryctérope dans une série de contextes, car comme chez les Tabwa, il a un rôle de médiateur essentiel .
[...]
Le traitement métaphorique des animaux peut donc résulter tant de l’humanité de certains aspects de leur comportement ou de leur apparence que de leur côté inclassable. L’oryctérope, pour en revenir à lui, est surdéterminé de ce point de vue. Poursuivons donc l’examen de ses avatars symboliques à travers le continent africain, et tournons-nous vers l’Égypte.
L’oryctérope : l’animal séthien ? Depuis Champollion et les débuts de l’égyptologie, un animal intrigue, celui associé au dieu Seth, l’énigmatique dieu égyptien du désordre et de la violence. Celui-ci se présente en effet sous les traits d’un animal pourvu d’un long museau et de grandes oreilles dressées au sommet du crâne. À la différence d’autres animaux plus aisément identifiables, ou en tous les cas identifiables sans ambiguïté, tels que le faucon (Horus), la vache (Hathor) ou le crocodile (Sobek), l’animal dans lequel s’incarne le dieu Seth a suscité de nombreuses hypothèses et discussions. En un siècle et demi, plus d’une vingtaine d’identifications furent ainsi proposées successivement : l’âne, l’oryx, le lévrier, le fennec, la gerbille, le chameau, l’okapi, la souris à long museau, l’oryctérope, la girafe, le glouton, une sorte de porc ou de sanglier, le lièvre, le chacal, le tapir, le Canis lupester mais maquillé, un oiseau, un chien, un auroch, etc. .
Aucune de ces hypothèses n’avait jusqu’à présent emporté la conviction, tant et si bien qu’un consensus s’est établi parmi les spécialistes pour considérer que c’était à l’origine un animal fabuleux et monstrueux, comme l’écrivait déjà Champollion . Il serait cependant étrange que de tous les animaux associés aux divinités du panthéon égyptien, l’animal séthien soit le seul qui soit imaginaire. En outre, si l’on connaît un tant soit peu l’oryctérope, comment ne pas être frappé par ses nombreuses ressemblances avec l’animal de Seth ? Morphologiquement, tant la forme de la tête avec ses grandes oreilles dressées au sommet du crâne et son museau allongé et recourbé que la forme du corps de ce quadrupède au dos voûté, aux pattes griffues et à la queue longue et épaisse, rapprochent plus l’animal séthien de l’oryctérope que de n’importe lequel des autres animaux proposés précédemment. Cette identification a d’ailleurs été avancée à de multiples reprises par les zoologues depuis plus d’un siècle et demi : Hartman et Bilharz, Brehm, Heuglin (1864), Isambert et Chauvet (1878), Lortet et Gaillard (1908), Schweinfurth (1913), Frechkop (1946), et Kingdon (1971), mais sans convaincre les égyptologues .
En outre, au-delà des apparences, les mœurs de l’oryctérope paraissent aussi faire symboliquement du sens si on y voit l’incarnation de Seth. Comme tous les autres dieux zoomorphes, Seth devrait révéler une part importante de sa nature au travers de l’animal dans lequel il choisit de s’incarner. Dans cette perspective qu’un dieu, qui parcourt chaque nuit le monde souterrain dans la barque solaire, prenne les traits d’un animal nocturne qui vit au fond de terriers profonds semble tout à fait cohérent. Si on ajoute que Seth est le meurtrier d’Osiris et qu’une longue lutte l’oppose à Horus, le faucon solaire, alors que comme on l’a vu, dans le reste de l’Afrique, l’oryctérope est souvent associé à la nuit et à la mort, on ne peut qu’intuitivement les rapprocher.
Cela est d’autant plus séduisant qu’au rôle symbolique important que peut jouer l’oryctérope en Afrique, correspond le rôle symbolique important de Seth, une des principales divinités du panthéon égyptien puisqu’il fait partie de l’Ennéade, ce groupe des neuf divinités rassemblant toutes les forces présentes dans l’univers. En plus, comme le constatait Angela McDonald, qu’il soit imaginaire ou non, l’animal séthien était chargé de sens pour les Égyptiens . Son hiéroglyphe est, sous trois formes, un des déterminatifs animaliers les plus fréquents. Il apparaît dans des mots qui renvoient, comme le dieu, au désordre, à l’agression, au bruit, à la maladie et à la tempête.
J’ai eu l’occasion d’argumenter – dans un article paru il y a une dizaine d’années – en faveur de l’identification de l’oryctérope comme étant à l’origine de l’animal séthien . Cela semble susciter un début d’adhésion mais aussi des objections, pour la plupart, déjà anciennes . Faisons le point à ce stade. Seth étant un dieu maléfique, ses représentations sont rares, on a même pu en effacer intentionnellement à certaines périodes. Malgré la pauvreté de l’iconographie, du point de vue morphologique, les caractéristiques de l’oryctérope sont celles qui concordent le mieux. On comprend donc mal comment l’argumentation de Boussac pour rejeter cette identification a pu convaincre :
Voir dans l’Oryctérope le quadrupède séthien, c’est vraiment prodigieux. Alerte, vif, élancé, fier d’allure, le symbole de l’esprit du mal est très beau, tandis que l’Oryctérope, au contraire, bas sur pattes, trapu et dépourvu d’élégance, muni d’une queue courte et toujours somnolent, peut, bien moins encore que l’Okapi, en dépit de ses oreilles formidables, être assimilé à l’emblème typhonien .
Plus prosaïquement, on peut relever cependant deux ou trois discordances éventuelles entre certaines représentations de Seth et l’oryctérope. D’une part, l’extrémité des oreilles qui sont souvent représentées comme rectilignes. Le bout des oreilles de l’animal peut cependant, sous certains angles, donner cette impression. D’autre part, la queue de l’animal séthien, souvent représentée dressée verticalement, ne correspond pas à une attitude documentée chez la bête. Mais comme cela a été suggéré, cela s’explique probablement par le fait que pour les Égyptiens, une queue dressée était le signe d’un animal agressif, ce qu’est certainement Seth à leurs yeux .
Certaines représentations de l’animal séthien le montrent muni de ce qui ressemble plus à un long bec courbé et pointu qu’à un museau terminé par un groin. Cela peut être autant dû à une mauvaise connaissance de la morphologie de l’oryctérope qu’à son ambigüité qui fait qu’à des époques tardives, on a donné à Seth les traits d’un âne ou d’un sanglier. Enfin, de rares représentations de ce qui serait Seth montrent des animaux clairement chimériques , mais même les animaux imaginaires sont, comme nous l’avons vu, constitués de parties d’animaux réels.
De façon plus surprenante, l’identification de Seth en tant qu’oryctérope a été surtout rejetée après la publication par un zoologue d’un article intitulé paradoxalement « L’oryctérope dans l’Égypte ancienne » . Son auteur avance comme seuls arguments que l’oryctérope avait quitté la basse vallée du Nil comme le reste de la grande faune africaine avant l’époque historique. Il ajoute que cet animal peut être confondu avec des sangliers ou des porcs, pour conclure de façon laconique « que le dieu Seth n’a probablement aucune relation avec le Fourmilier africain » . En même temps, cet auteur pense pouvoir identifier trois oryctéropes peints sur des jarres prédynastiques. Dépourvues d’oreilles, ces petites silhouettes ne sont guère convaincantes, à la différence de deux autres, plus plausibles, peintes sur une jarre et où l’animal est représenté sur un bateau face à un personnage . Enfin, une plaquette d’ivoire d’Abydos, également prédynastique, achève de convaincre malgré quelques discussions, que l’oryctérope était bien présent et connu à l’époque prédynastique .
Il faut toutefois constater qu’aucun reste de l’animal n’a été trouvé en Égypte jusqu’à présent. Il est cependant attesté au Soudan au nord de Khartoum entre le VIe et le Ve millénaire BC . Il est aussi connu dans l’art rupestre saharien, notamment à Garet Shezzu, un massif isolé près de l’Égypte. Là, une représentation très claire d’oryctéropes voisine avec un personnage couché sur le dos, peut-être mort .
Actuellement, l’habitat de l’oryctérope ne dépasse pas la zone sahélienne au sud du Sahara, mais il devait être présent en Égypte en même temps que la grande faune africaine avant qu’elle ne disparaisse de la région suite au changement climatique. De toute façon, il peut avoir été rencontré par les anciens Égyptiens aux confins de la Haute Égypte. Quoi qu’il en soit, si l’oryctérope est bien à l’origine de l’animal séthien, pour tout ou pour partie, en suscitant par son aspect naturellement hybride la conception d’un animal fantastique, cela permet d’expliquer une série de caractéristiques de Seth qui trouvent écho dans le comportement de l’animal et dans l’imaginaire de nombreux systèmes symboliques africains.
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L’animal séthien : un oryctérope à l’origine : Que ce soit du point de vue morphologique, éthologique, iconographique ou symbolique, les correspondances entre l’animal de Seth et l’oryctérope sont tellement nombreuses qu’elles ne peuvent être le fruit du hasard.
L’animal séthien n’est donc pas fabuleux à l’origine. Certes, il a toutes les caractéristiques d’un animal fantastique, mais c’est un monstre véritable, bien réel. Ses multiples singularités ont captivé l’attention des Africains, en Égypte comme ailleurs sur le continent, depuis des temps immémoriaux.
Inclassable, l’oryctérope symbolise bien le désordre, la perturbation de l’ordre établi, et en même temps des oppositions fondamentales entre le jour et la nuit, la vie et la mort, le ciel et la terre. Conjuguant animalité et humanité, on ne peut non plus exclure qu’il ait joué un rôle crucial dans l’émergence de la tradition en Égypte pharaonique de représenter la plupart des divinités sous forme de théranthropes, car plus que d’autres animaux, il favorise ce type de construction imaginaire.
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Mythologie :
D'après Pierre de Maret, auteur de l'article « L’oryctérope, un animal « bon à penser » pour les Africains est-il à l’origine du dieu égyptien Seth ? », (BIFAO, Le Caire, vol. 105, 2005) :
Avec le chacal, l'oryctérope est l'un des animaux qui représentent le dieu Seth dans la mythologie égyptienne.
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