Étymologie :
CHEVÊCHE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Fin xiiie s. ou début xive s. chevoiche (Bible Maz. 311, fol. 160 bds Gdf. Compl.), attest. isolée ; 1530 chevesse (Seyssel, trad. de Diodore, III, 3 ds Hug.) ; 1556 cheveche (Marot, liv. II de La Metamorphose, ibid.). Semble à rattacher au rad. de cavannus (chat-huant*) avec peut-être suff. -ecca (v. A. Horning ds Z. rom. Philol., t. 19, 1895, p. 183).
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Éthologie :
Pour découvrir la chevêche, lire le dépliant proposé par la LPO mission rapaces.
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Symbolisme :
Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon, dans son Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du cabinet du roi, Tome Seizième (1770-1783) nous relate une anecdote concernant la chevêche :
"Étant couché dans une des vieilles tours du château de Montbard, une chevêche vint se poser un peu avant le jour, à trois heures du matin, sur la tablette de la fenêtre de ma chambre, et m’éveilla par son cri hēmĕ, ēdmĕ ; comme je prêtois l’oreille à cette voix, qui me parut d’abord d’autant plus singulière qu’elle étoit tout près de moi, j’entendis un de mes gens, qui étoit couché dans la chambre au-dessus de la mienne, ouvrir sa fenêtre, et trompé par la ressemblance du son bien articulé ēdmĕ, répondre à l’oiseau ; qui es-tu là-bas, je ne m’appelle pas Edme, je m’appelle Pierre. Ce domestique croyoit, en effet, que c’étoit un homme qui en appeloit un autre, tant la voix de la chevêche ressemble à la voix humaine et articule distinctement ce mot.
[...]
M. Frisch dit que comme cette petite chouette cherche la solitude, qu’elle habite communément les églises, les voûtes, les cimetières où l’on construit des tombeaux, quelques-uns l’ont nommée oiseau d’église ou de cadavre, kircken-oder, leich en-huhu, et que comme on a remarqué aussi qu’elle voltigeoit quelquefois autour des maisons où il y avoit des mourants… Le peuple superstitieux l’a appelée oiseau de mort ou de cadavre, s’imaginant qu’elle présageoit la mort des malades. M. Frisch n’a pas fait attention que c’est à l’effraie, et non pas à la chevêche qu’appartiennent toutes ces imputations, car cette petite chouette est très-rare en comparaison de l’effraie ; elle ne se tient pas comme celle-ci dans les clochers, dans les toits des églises ; elle n’a pas le soufflement lugubre, ni le cri âcre et effrayant de l’autre, et ce qu’il y a de certain, c’est que si cette petite chouette ou chevêche est regardée en Allemagne comme l’oiseau de la mort, en France c’est à l’effraie qu’on donne ce nom sinistre. Au reste, la chevêche ou petite chouette dont M. Frisch a donné la figure, et qui se trouve en Allemagne, paroît être une variété dans l’espèce de notre chevêche ; elle est beaucoup plus noire par le plumage, et a aussi l’iris des yeux noir, au lieu que notre chevêche est beaucoup moins brune, et a l’iris des yeux jaune."
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
CHEVESCHE. Espèce de chouette que quelques démonographes ont donnée aux sorcières, parce que :
comme les chouettes, elles sortent principalement la nuit ;
parce qu'elles aiment à sucer le sang , surtout celui des petits enfants. Voy. LAMIES.
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Jean-Claude Génot, auteur de "L’interdisciplinarité à l’épreuve de la pratique: l’exemple d’un espace protégé comme une réserve naturelle ou un parc national". (Natures Sciences Sociétés, 2003, vol. 11, no 4, pp. 413-418) établit un lien entre la chevêche et le verger :
Le lien entre la qualité d’un produit alimentaire, celle du paysage et la sauvegarde d’un oiseau symbole du verger, la chouette chevêche, peut être fait au travers d’une étiquette spéciale « un chouette jus de pomme ».
Selon le site http://www.noctua.org/contes.html :
"La chouette chevêche était tenue en haute estime dans l’antique Athènes car elle était la messagère d’Athéna, déesse de la sagesse aussi appelée Pallas (Minerve chez les Romains). Une colonie de chouettes chevêches vivait sur l’Acropole, elles étaient les gardiennes du temple.
En 490 av. J-C., les Grecs aperçurent la silhouette d’une petite chouette se découpant sur la lune et y virent le présage de leur victoire sur les Perses à la bataille de Marathon. Plus tard, en 301, le général Agathoclès de Syracuse libéra un grand nombre de chouettes chevêches pour galvaniser ses troupes avant de battre les D’après Plutarque, les Athéniens étaient tellement associés à la chouette chevêche que lorsque des guerriers grecs étaient capturés, leurs ennemis les marquaient au front d’une chouette.
Avec ses mimiques expressives, ses yeux dorés d’étrange « alien » égaré à la campagne et son vol silencieux, la chouette chevêche a inspiré nombre de contes et légendes au cours des âges.
Dans la Bible (Lévitique 11, 13-17, la chouette chevêche figure sur la liste des oiseaux impurs, parce qu’elle était réputée manger des cadavres ce qu’elle ne fait d’ailleurs absolument jamais : Voici, parmi les oiseaux, ceux que vous aurez en abomination, et dont on ne mangera pas l' aigle,(...) le chat-huant, le plongeon et la chouette.
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Pierre Sauzeau, dans un article intitulé "Les guerriers hiboux dans l’imaginaire grec archaïque." (MOM Éditions, 2006, vol. 35, no 1, pp. 77-87) rapproche la chevêche d'Athéna :
L’étude de la fonction de quelques-uns de ces rapaces dans l’imaginaire grec va nous permettre d’y retrouver la structure théologique de la fonction guerrière, dominée par l’opposition entre Athéna et Arès.
— La chevêche glaux « se distingue aisément des autres types de rapaces nocturnes ». « Sa tête plate et son front bas, dont les sourcils se froncent sur les yeux jaune pâle, contribuent à lui donner une expression sévère ». En raison de sa taille modeste, elle s’attaque à des proies menues, et ne se signale guère par sa puissance. Pensive en apparence, avec un air grave et réfléchi, elle fut pour les Grecs le symbole d’Athènes, peut-être parce que ces oiseaux nichaient dans les falaises de l’Acropole, ou en raison de son lien avec la déesse poliade (les deux raisons n’étant pas exclusives). La glaux est l’attribut d’Athéna, elle-même, selon l’épithète homérique, « aux yeux de chouette » – c’est ainsi qu’il faut interpréter le composé, sur le modèle de [mot grec]. À Argos, Athéna est ... « aux regards perçants ». Si l’apparition ou le cri de la glaux peuvent être de mauvais augure, ils peuvent aussi annoncer le retour du beau temps : une fonction positive bien attestée. En tant qu’attribut d’Athéna Nikè, elle peut aussi annoncer la victoire militaire, comme à Thémistocle, voire la victoire sur la mort 28. La chouette d’Athéna est parfois représentée en armes ; mais, au-delà de la symbolique guerrière et civique (elle figure sur les monnaies d’Athènes, dites « chouettes »), elle est erganè, dans la mesure où elle fait sa « pelote », enrobant de poils ou de laine ses trouvailles.
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Symbolisme astrologique :
Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :
Les Oiseaux correspondent au signe de la Balance. La Balance est le signe d’Air cardinal marquant le début de l’automne. Le natif de la Balance recherche classiquement la paix, la tranquillité. Influençable, il peut passer pour incertain parce qu’il ne veut décevoir personne, et est enclin à l’hésitation.
Après le signe de la Vierge, qui a engrangé des résultats matériels, la Balance sent la nécessité de mesurer et de répartir équitablement les productions. Elle agit comme un facteur d’équilibre et de justice.
Dans le monde animal, les Oiseaux sont les meilleurs candidats pour transcrire fidèlement le symbolisme du signe de la Balance :
Les Oiseaux, des âmes sœurs / Les Oiseaux sont les seuls Dinosaures survivants. Mais quelle évolution depuis les montres préhistoriques! Comme s’ils semblaient renier la brutalité de leurs ancêtres, les Oiseaux ont progressivement abandonné les dents. Et pour gagner de la hauteur, ils ont fait de la plume l’instrument du vol. La maitrise des Airs leur a permis de conquérir le monde, et de survivre aux catastrophes. Autre fait notable, les Oiseaux sont majoritairement fidèles en amour, avec un taux de monogamie de 90%, rare dans la nature.
La Chevêche ou l’Harmonie musclée : La Chevêche est un Animal Astral Oiseau. Il y a chez la Chevêche la volonté de s’affirmer par des actes empreints tout à la fois de rigueur et d’harmonie. Cherchant son point d’équilibre, elle balance successivement entre la spontanéité et la méditation, l’élan et le retrait, mettant ainsi en place une véritable « mécanique du Juste Milieu ». Portée aux compromis, concessions, et négociations, elle fait en sorte d’abandonner ses positions les plus conflictuelles afin de pouvoir s’élever, s’épanouir dans une vie paisible, légère et policée. Comment faire durer ce plaisir fragile? Voilà une question qui occupe beaucoup son esprit, et qui peut la faire paraître hésitante et faible, préférant agir comme facteur d’entente, de dialogue, d’équité, au détriment de sa propre affirmation individuelle.
Mais paradoxalement la Chevêche a aussi un besoin vital de dire: « Je suis ». Sa soif d’individualisme et d’héroïsme personnel la porte naturellement vers des conquêtes musclées, et des positions d’avant-garde. Sa sensibilité impulsive et entière rencontre souvent l’hostilité de son environnement, et provoque des réactions épidermiques. Dans ces instants-là, elle est sujette à des angoisses secrètes et à une vulnérabilité insoupçonnable. Mais n’écoutant que son instinct, elle ne se laisse pas désarçonner longtemps, et il se peut même qu’elle prenne plaisir dans une certaine forme de souffrance. Quoi qu’il en soit, le goût du risque est certainement le point sensible de sa personnalité.
Les particularités de la Chevêche : La Chevêche puise dans sa soif d’action l’énergie d’obtenir l’équilibre relationnel. Elle utilise le combat pour s’assurer une égalité vis à vis l’autre. Il ne s’agit pas forcément de combat réel, mais peut être symbolique, sur un terrain de compétition professionnel, artistique ou amoureux. Ainsi une volonté de paix et d’amour émane d’un besoin de conquête et de lutte. C’est tout le paradoxe de cette personnalité qui glorifie la violence, comme garante de la paix et de la justice. Comme Athéna, dont la Chevêche est l’animal emblématique, le natif de ce signe n’hésite pas à combattre toute personne qui représenterait une menace pour les êtres qui lui sont chers.
Cet ange épris de conquête parvient à glorifier la violence en la rendant belle, juste, pacificatrice ! Il n’a pas son pareil pour justifier son action prédatrice, tout en l’accompagnant d’un sourire, d’une élégance, voir même d’une politesse qui forcent le respect de la victime elle-même. L’approbation de la personne à laquelle la Chevêche va « s’en prendre » est importante à ses yeux, et d’une certaine manière, elle n’excelle que dans une forme de violence consentie, ou du moins, identifiée et comprise par la partie adverse. L’ultimatum est l’un des moyens privilégié de la Chevêche pour parvenir à ses fins. Le son de sa voix remplace donc l’action véritable, et une parole suffit à dissuader tout acte répréhensible. Elle use ainsi de ses capacités diplomatiques pour attirer le respect, et acquérir le droit de s’exprimer avec une franchise totale et sans concession.
Les pouvoirs de la Chevêche : La Chevêche a un sens très développé de la Justice : impartiale et respectueuse d’un côté, vindicative et sévère de l’autre, elle développe une attention implacable, lucide et ardente, qui ne rate pas sa cible.
Le natif de la Chevêche aura tout intérêt à choisir une activité qui exalte son désir d’équilibre et son sens de la réciprocité, où il pourra assouvir cette soif de conquête personnelle par la négociation ou l’harmonie. Repéré par la société pour ses solides qualités et son sens de la Justice, il pourra devenir huissier, juge de commerce, policier, acheteur, ou toute activité où il s’agit de négocier, mesurer, répartir l’acquisition (ou la réquisition) de valeurs. Quel que soit le domaine qu’il choisira, il y recherchera la défense de valeurs humaines équitables.
Ex : Cervantès, Lamartine, Verdi, Pavarotti. [Soleil Balance / Lune Bélier]
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Contes et légendes :
Pierre Dubois et René Hausman, auteurs de L'Elféméride - Le grand légendaire des saisons - Automne-Hiver (Éditions Hoëbeke, 2013) mettent à l'honneur la chevêche dans le chapitre consacré au mois d'octobre :
La mère Chevêche
C'était une cruelle sorcière d'autant plus cruelle qu'elle ne s'attaquait qu'aux enfants. Elle en voulait à leur sang. Vêtue de robes et châles couleur muraille pour passer inaperçue, dès que tombait le soir, la vampire sortait de son repaire et, grâce à ses serres de rapace s'accrochant aux murs, entrait sans bruit dans les chambrettes. Guidée dans le noir par ses prunelles qui voyaient comme en plein jour, elle s'approchait du berceau et, à l'aide de son bec tranchant en guise de bouche, vidait l'innocent de son sang.
Un jour pourtant, la harpie se fit prendre : un père soucieux pour la vie de son nouveau-né ayant versé tout autour de la chambre un cercle de glu, elle y resta collée, incapable de s'enfuir. Le voisinage alerté, on la saisit et, entravée, elle fut portée toutes griffes dehors sur un bûcher. mais au moment où les flammes l'embrassaient, le diable, reconnaissant en elle une de ces favorites, l'emporta in extremis hors du brasier pour lui offrir l'aspect qui est encore le sien de nos jours.
C'est maintenant sous la forme d'une chouette chevêche que désormais elle continue sa chasse. Avec patience, elle attend qu'Octobre raccourcisse les jours. Le soir à peine tombé, elle s'envole silencieusement de son nid perché dans une grande et s'élance en quête d'une fenêtre ouverte.
Heureusement, on peut la différencier de notre inoffensive chouette aux yeux d'or, car ses prunelles brillent pareilles aux flammes qui ont failli la brûler.
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