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Le Mercure

Dernière mise à jour : 18 mars




Étymologie :


  • MERCURE, subst. masc.

Étymol. et Hist. xve s. (Petit Traité d'Alchim., éd. Méon, 891). Empr. au lat. Mercurius «Mercure, protecteur des marchands et messagers des dieux de l'Olympe», le métal ayant peut-être été ainsi nommé parce qu'on comparait sa mobilité à celle du messager des dieux. Le mot est att. en angl. dès 1386 (NED, s.v. mercury).


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.




Symbolisme :

Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Chevalier et Gheerbrant, on apprend que :


"Le mercure est un symbole alchimique universel, et généralement celui du principe passif, humide, yin. Le retour au mercure est alchimiquement la solution, la régression à l'état indifférencié. De même que la femme est soumise à l'homme [sic], le mercure est le serviteur du soufre. Le mercure, le chouei-yin, argent liquide, des Chinois, correspond au dragon, au liqueurs corporelles, le sang et le semen, aux reins, à l'élément Eau. L'alchimie occidentale l'oppose au soufre, mais l'alchimie chinoise à leur composé : le cinabre. L'alternance mercure-cinabre, obtenue par calcinations successives, est celle du yin et du yang, de la mort et de la régénérescence. Selon certaines traditions occidentales, le mercure est la semence féminine et le soufre la semence masculine : leur union souterraine produit les métaux.

L'Inde au contraire, en fait un semen, un concentré souterrain d'énergie solaire : c'est la semence de Shiva, auquel on consacre des linga mercuriels. Le mercure a le pouvoir de purifier et de fixer l'or. C'est une nourriture d'immortalité ; mais aussi un symbole de la délivrance. Le mercure alchimique est le symbole du soma, dont le Tantrisme s'applique à contrôler la sécrétion et la circulation. Peut-être est-il aussi le moyen de cette délivrance par la fortification du corps ? La science du mercure est en tous cas l'expression d'une science de la régénération intérieure, que nous connaissons sous le nom de yoga. La première est censée obtenir l'or pur, comme le second l'immortalité.

Suivant l'analyse astrologique, Mercure vient immédiatement après les deux luminaires, le Soleil, astre de vie, et la Lune, astre de la génération, c'est-à-dire de la manifestation de la vie dans notre monde transitoire. Si le Soleil est le Père Céleste et la Lune la Mère Universelle, Mercure se présente comme leur enfant, le Médiateur. Ses deux domiciles, c'est-à-dire les signes du Zodiaque dont la nature s'harmonise avec celle de cette planète sont : la Vierge qui suit le signe solaire du Lion, et les Gémeaux qui précèdent le signe lunaire du Cancer.

Le plus proche voisin du Soleil, Mercure est la plus rapide planète, aux incessantes cabrioles. Mercure, le dieu de la mythologie, pourvu d'ailes aux pieds et diligent, faisait office de messager de l'Olympe. Autant dire que Mercure est essentiellement un principe de liaison, d'échanges, de mouvement et d'adaptation.

Et si l'on ajoute que son attribut est le Caducée, on saisit aussi en ce symbole une nature dualiste, en laquelle se confrontent les principes contraires et complémentaires : ténèbres-lumière, bas-haut, gauche-droite, féminin-masculin.... Cette circulation interne constitue la condition initiale du développement de l'intelligence : séparer des choses pour ne plus se confondre avec elles et prendre des distances avec soi-même. Ce jeu contribue à détourner de l'instinct, à réprimer la vie sensible, pour affirmer le monde de la raison. C'est sur ce terrain que d'édifie la socialisation de l'être humain, avec l'assimilation des usages et conventions soumis aux règles de la logique ; commerce de l'esprit par les idées, revêtues de mot, et commerce de la matière par le système des échanges réglementés. En chacun de nous, le processus mercurien est cet auxiliaire du Moi, chargé de nous détourner des séductions de l'enténébrante subjectivité et de nous aiguiller au carrefour du plus riche réseau de contacts avec le monde environnant. Face à la double pression des pulsions intérieures et des sollicitations extérieures, il est le meilleur agent d'adaptation à la vie."

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D'après Le Livre des superstitions, Mythes, légendes et croyances (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995 et 2019) proposé par Éloïse Mazzoni, le mercure est :


Consacré à la planète Mercure, d'où il tient son nom, le mercure, appelé autrefois vif-argent (de vif, "vivant" et argent) est « un symbole alchimique universel » : « Le retour au mercure est alchimiquement la solution, la régression à l'état indifférencié ». Selon une tradition occidentale, « le mercure est la semence féminine et le soufre la semence masculine : leur union souterraine produit les métaux ».

En Inde, le mercure, assimilé à la semence de Shiva et « concentré souterrain d'énergie solaire », purifie et fixe l'or ; il est aussi une nourriture d'immortalité (le soma, breuvage d'immortalité a pour symbole le mercure alchimique). Le mercure exprime encore la délivrance : « La science du mercure est en tous cas l'expression d'une science de la régénération intérieure, que nous connaissons sous le nom de yoga. »

Un petit tube de verre empli de mercure et scellé à la cire (ou à défaut un thermomètre) porte chance à ceux dont le métier est la vente.

Porté à la main gauche, un anneau dont le chaton contient une goutte de mercure protège des créatures (nymphes, sirènes, dames blanches, fées) qui résident dans les étangs. Dans certaines régions (Montagne noire notamment), on attachait du vif-argent ou cou des vaches pour les protéger des sorcières.

Du mercure solidifié entre dans la composition de l'anneau d'invisibilité.

On dit aussi que les talismans réalisés à partir de ce métal remédient aux fièvres et préviennent les pertes de mémoire. Qui a placé du mercure sous son oreiller « trouvera à son réveil la solution à tous les problèmes qui le préoccupaient ».

Parmi les amulettes réunies par Lionel Bonnemère (un des fondateurs, en 1885, de la Société des traditions populaires) figurent deux tubes en verre contenant du mercure ; l'un est recouvert de cire à cacheter rouge d'où part une ficelle qui sert à suspendre l'amulette. Ces objets lui avaient été transmis par le baron Georges de Grand-maison, député de Maie-et-Loire, accompagnés d'une lettre que ce dernier avait reçue en même temps que les tubes de mercure :

  • Je vous présente deux petits tubes pour en cas de convulsion et pour les dents. Madame la baronne, je prie d'en donner un au petite baby de deux mois et demi à trois ans au moment que le germe des dents se fait. Ayez donc confiance car c'est par secret que cette dame les fait. C'est moi-même qui a été les chercher. J'ai fait 7 lieues de chemin pour être sûr que c'est la dame même qui les a faits car il y en a qui veulent les imiter. Je vous prie, Madame la Baronne, d'en prendre un sûr. Vous prenez le plus gros et le plus petit pour le petit baby. Prendre une ganse et le passer dans la boucle du tube et le mettre ans le cou à même sr la peau que ça vienne sur l'estomac.

(Lettre signée Femme Grimau)


Selon une croyance du Bessin, « un peu de mercure ou vif-argent jeté dans une mare ou dans un puisard fait filtrer l'eau dans le sein de la terre. En Poitou, l'argent vif fait tarir les sources ». En Italie, pour ne pas concevoir, les femmes, pendant l'union, mettaient sur leur poitrine un « récipient rempli de mercure ».

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