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L'Ibis





Étymologie :


  • IBIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1121-34 ibex (Ph. de Thaon, Bestiaire, 2631 ds T.-L.) ; 1537 ibis (Saliat, Man. d'instruire les enf., fol. 13 rods DG). Empr. au lat. ibis, gr. ι ́ ϐ ι ς « ibis ».


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses : qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


IBIS. - Oiseau d'Égypte qui ressemble à la cigogne. Quand il met sa tête et son cou sous ses ailes, dit Élien, sa figure ressemble à celle du cœur humain. On dit que cet oiseau a introduit l'usage des lavements, honneur qui est réclamé aussi par les cigognes. Les Égyptiens lui rendaient les honneurs divins, et il y avait peine de mort pour ceux qui tuaient un Ibis, même par mégarde.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


Le monde divin des Égyptiens possédait son dieu-médecin, appelé Duhet ou Toth. L'Ibis lui était consacré, quiconque en tuait un volontairement était puni de mort. La légende suivant laquelle cet oiseau s'administrait lui-même, à l'aide de son bec, des lavements d'eau de mer, lui a valu de faire passer son protecteur pour l'inventeur de ce procédé médical. L'Ibis est toujours représenté comme un des attributs de la médecine et de la pharmacie.

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Symbolique :

Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; Édition revue et corrigée, Robert Laffont : 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on apprend que :


L'ibis est "l'incarnation du dieu Thot, dieu de la parole créatrice, patron des astronomes, des comptables, des magiciens, des guérisseurs et des enchanteurs. De son assimilation au dieu grec Hermès, sont nés les traités syncrétiste et ésotérique attribués à Hermès Trismégiste : nom donné à Thot, trois fois très grand. L'ibis au bec pointu symboliserait toute opération de l'intellect pratique. Mais, pour pratique qu'elle soit, sa sagesse n’exclurait pont le recours aux connaissances ésotériques.

Le Livre de Job (38, 36) attribue à l'ibis, comme au coq, une faculté de prévision, le premier annonçant les crues du Nil, le second le lever du soleil :

Qui a mis dans l'ibis la sagesse

donné au coq l'intelligence ?


On a voulu voir aussi dans l'ibis un oiseau lunaire, à cause de la forme de son bec, qui rappellerait le croissant. Mais cette même forme a inspiré une autre inspiration, beaucoup moins poétique : l'ibis serait un symbole de salubrité, son bec ayant la forme d'un clystère et pouvant être utilisé aux mêmes fins. Pline écrit en effet (VIII, 27) : Grâce à la courbure de son bec, il irrigue cette partie de lui-même par laquelle la santé nous appelle à décharger les mets. Aussi, les poètes grecs et romains, tels que Callimaque et Ovide, se servaient-ils parfois, comme d'une injure, du terme d'ibis."

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Selon l'Encyclopédie des symboles publiée sous la direction de Michel Cazenave (La Pochotèque, 1989) :


"Dans l'ancienne Égypte, où on l'appelait hibi, l'ibis était chargé d'une grande valeur symbolique. On le qualifiait encore de nos jours d'ibis sacré (Threskiornis aethiopica). Cet oiseau, d'une hauteur d'environ 75 centimètres, fouille sans arrêt les sols marécageux de son bec recourbé, et donne ainsi l'impression d'une quête perpétuelle ; la courbure de son bec rappelle celle du croissant de lune, de la même façon que l'eau, dont il a fait son élément, peut évoquer un " caractère lunaire". Les Égyptiens avaient consacré l'ibis au dieu de la Sagesse, Thot, et le considéraient même parfois comme sa manifestation terrestre. C'est pourquoi on embaumait les ibis, et on les conservait dans des jarres de terre cuite : on en a trouvé des millions dans les tombes de Saqqarah. D'après la croyance populaire, une seule plume d'ibis suffisait à repousser les serpents, et un seul œuf à chasser n'importe quel!e bête sauvage. - Les Juifs considéraient au contraire l'ibis de façon négative, comme le montre la lecture du Deutéronome, qui compte tous les échassiers au nombre des "bêtes impures". C'est pourtant par ces mots que le Seigneur dévoile, dans le chapitre 38 du Livre de Job, le mystère de la Création : "Qui à mis dans l'ibis la sagesse, donné au coq l'intelligence ?". Le Physiologus de la chrétienté primitive et le Bestiarum du Moyen Âge font tous deux observer que l'ibis ne sait pas nager, et qu'il se nourrit par conséquent des poissons morts échoués sur les rives. Il nourrit aussi ses petits de poissons et de serpents. De même que l'ibis, les hommes sont enclins à manger de la chair ; ils consomment leurs propres œuvres de mort, et nourrissent leurs enfants de cette perversion" (Unterkircher). "L'ibis est le pire de tous (les animaux) ; car les péchés naissent des pêcheurs" (Physiologus).

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D'après les rédacteurs du site http://1001symboles.net/ : " l'ibis est le symbole de la sagesse.


Chez les égyptiens : En Égypte, l'ibis symbolise le savoir et l'éloquence. En outre, il a joué un rôle bénéfique en épouillant les animaux et en débarrassant le pays des serpents. C'est d'ailleurs certainement l'une des raisons pour lesquelles l'ibis est devenu l'attribut de Thot (dieu des arts et des scribes), qui participe au jugement des morts. Aussi, on a retrouvé de nombreux ibis sacrés momifiés dans les tombes égyptiennes."

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Vénéré par les Égyptiens, comme l'incarnation du dieu Thot (personnification du savoir, de la sagesse et « patron » des astronomes, des magiciens, des guérisseurs et de enchanteurs), l'ibis « symboliserait toute opération de l'intellect pratique ». Tuer cet oiseau sacré entraînait la peine de mort.

Le Livre de Job attribue à l'oiseau le pouvoir d'annoncer les crues du Nil. Selon des croyances égyptiennes modernes, la présence d'un ibis « bénit les travaux champêtres ». L'ibis devait notamment l'adoration qu'on lui vouait au fait qu'il dévorait les serpents : chez les chrétiens, il devint par conséquent l'adversaire du mal et le symbole du Christ.

En raison de la forme de son bec, qui est long et courbé vers le bas et qui a l'aspect d'un clystère (seringue pour les lavements), l'ibis s'est vu accorder l'introduction de l'usage des lavements. On dit d'ailleurs qu'« aucune colique ne résiste à la rencontre d'un ibis ».

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes ( (Hachette Livre, 2000) :


Il aime à vivre au bord des fleuves au cours d'eau lent, dans les deltas, au bord des lacs et des marais, qui sont ses lieux privilégiés de nidification, le plus souvent en colonies de plusieurs centaines de couples, se mêlant aux corbeaux, aux cormorans et aux hérons. Au mois d'avril, le mâle et la femelle bâtissent ensemble un nid en tiges de roseaux et en branches, avant que la femelle ponde ses 4 ou 5 œufs bleu-vert foncé au mois de mai que le mâle couve avec elle pendant un peu plus de deux semaines. Mais c'est uniquement le mâle qui pêche et, en un superbe vol plané très impressionnant, revient nourrir toute la nichée avec des crustacés, des vers et des mollusques. Haut perché sur ses pattes longues et tendues, l'ibis est pourvu d'un très long bec fin et recourbé très caractéristique.

En Égypte antique, l'ibis était la figure symbolique de Thot, le dieu des scribes, des magiciens, des astronomes, des guérisseurs, des prêtres ritualistes, des enchanteurs, mais aussi des Mystères, et qui était considéré parfois comme le scribe des enfers. Ainsi, Thot était souvent représenté par une statue au corps d'homme, pourvu d'une tête d'ibis au long bec recourbé. Les Grecs ont vu en Thot une représentation égyptienne du dieu Hermès, qui est devenu le Mercure des Romains."

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Mythologie

Le Glossaire théosophique (1ère édition G.R.S. MEAD, Londres, 1892) d'Helena Petrovna Blavatsky propose plusieurs entrées relatives à l'Ibis :


CULTE DE L'IBIS. L'Ibis, en égyptien Hab, était consacré à Thoth, à Hermopolis. On l'appelait le messager d'Osiris, car il est le symbole de la Sagesse, du Discernement et de la Pureté, et qu'il a horreur de l'eau polluée, si peu le soit-elle. Son utilité était grande comme destructeur d'œufs de crocodiles et de serpents, et ses justifications pour recevoir les honneurs divins, en tant que symbole, étaient :

– (a) ses ailes noires qui étaient en rapport avec l'obscurité primordiale – le chaos ;

et (b) leur forme triangulaire – le triangle étant la première figure géométrique, et un symbole du mystère trinitaire. Jusqu'à nos jours, l'Ibis est un oiseau sacré pour certaines tribus coptes qui vivent sur les bords du Nil.


HERMES TRISMEGISTE (gr.). Le "trois fois grand Hermès", l'Égyptien. Le personnage mythique d'après lequel on a désigné la philosophie hermétique. En Egypte, le dieu Thoth ou Thot. Nom générique de nombreux écrivains grecs anciens sur la philosophie et l'alchimie. Hermès Trismégiste est le nom d'Hermès ou Thoth sous son aspect humain, car en tant que dieu il est beaucoup plus que cela. Comme Hermès-Thoth-Aah, il est Thoth, la lune, c'est-à-dire, son symbole est le côté brillant de la lune, qui est supposé contenir l'essence de la sagesse créatrice, "l'élixir d'Hermès". Comme tel, il est associé au cynocéphale, le singe à tête de chien, pour la même raison qu'il était Anubis, un des aspects de Thoth (voir "Hermanubis"). La même idée est sous-jacente à la forme du dieu hindou de la sagesse, le Ganeśa à tête d'éléphant, ou Ganapati, le fils de Pârvatî et de Śiva. (voir "Ganeśa"). Lorsqu'il a la tête d'un ibis, c'est le scribe sacré des dieux ; mais même alors il porte la couronne atef et le disque lunaire. C'est le plus mystérieux des dieux. Comme serpent, Hermès-Thoth est la sagesse divine créatrice. Les Pères de l'Église parlent longuement de Thoth-Hermès. (Voir "Hermétique").


THOTH (égypt.). Le plus mystérieux et le moins compris des dieux, dont le caractère personnel est entièrement distinct de celui de toutes les autres anciennes divinités. Alors que les permutations d'Osiris, d'Isis, d'Horus et d'autres, sont aussi innombrables et que leur individualité en est presque perdue, Thoth demeure inchangé depuis la première Dynastie jusqu'à la dernière. Il est le dieu de la Sagesse et possède l'autorité sur tous les autres dieux. C'est l'archiviste et le juge. Sa tête d'ibis, le porte-plume et la tablette de scribe céleste, qui tient le compte des pensées, des paroles et des actes des hommes et les pèse dans sa balance, le fait ressembler au type du Lipika ésotérique. Son nom est un des premiers à apparaître sur les monuments les plus anciens. Il est le dieu lunaire des premières dynasties, le maître du Cynocéphale – le singe à la tête de chien qui se présentait en Egypte comme le vivant symbole et le souvenir de la Troisième Race-racine. (Doctrine Secrète, IIL, 456). Il est le "Seigneur d'Hermonpolis" – Janus, Hermès et Mercure combinés. Il est couronné de l'atef et du disque lunaire, et porte l' "Œil d'Horus", le troisième œil, dans sa main. Il est l'Hermès grec, le dieu du savoir, et Hermès Trismégiste, le "Trois-Fois-Grand Hermès", le protecteur des sciences physiques, et le protecteur et l'âme même de la connaissance occulte ésotérique. Comme M. J. Bonwick l'exprime admirablement :

– "Thoth... a un effet puissant sur l'imagination... dans sa superbe quoique compliquée fantasmagorie de pensées et de sentiments moraux de ce passé obscurci. Nous avons beau nous demander comment l'homme, dans l'enfance de ce monde d'humanité, dans la rudesse d'une civilisation supposée naissante, pouvait avoir rêvé d'un roi céleste tel que Thoth. Les lignes sont si délicatement dessinées, entremêlées si intimement et avec goût, que nous semblons observer un tableau dessiné par le génie de Milton, et exécuté par l'habileté d'un Raphaël". Véritablement il y a du vrai dans cette expression, "La sagesse des Egyptiens...". "... Quand l'on montre que l'épouse de Khépren, le constructeur de la seconde Pyramide, était prêtresse de Thoth, on voit que les idées que renfermait ce dieu, étaient fixées il y a 6.000 ans. D'après Platon, "Thoth-Hermès fut le découvreur et l'inventeur des nombres, de la géométrie, de l'astronomie et des lettres". Proclus, le disciple posthume de Plotin, parlant de cette divinité mystérieuse, dit : "Il préside à tous les genres d'état, nous menant depuis cette demeure mortelle jusqu'à une essence intelligible, régissant les différentes troupes d'âmes". En d'autres termes, Thoth, en tant que secrétaire et archiviste d'Osiris dans l'Amenti, la Salle de Jugement des Morts, était une divinité psychopompe, tandis que Jamblique lance cette allusion que "la croix avec une anse (le thau ou tau) que Thoth tient dans sa main, n'est rien d'autre que le monogramme de son nom". Hormis le Tau, considéré comme le prototype de Mercure, Thoth porte la verge en forme de serpent, emblème de la Sagesse, la verge qui devint le Caducée. Comme l'a dit M. Bonwick, "Hermès était lui-même le serpent dans un sens mystique. Comme cette créature il se glisse sans bruit, sans effort apparent, tout au long du cours des âges. Il est... un représentant du ciel étoilé. Mais il est l'ennemi du mauvais serpent, car l'ibis dévorait les serpents d'Egypte".

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Littérature :

Ibis


Oui, j’irai dans l’ombre terreuse Ô mort certaine, ainsi soit-il ! Latin mortel, parole affreuse, Ibis, oiseau des bords du Nil.


Guillaume Apollinaire, "Ibis" in Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée, 1911






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L'IBIS


Un ibis avait un bec

Comme le sabre d'un cheik.


Aussi, notre volatile,

Au mépris des crocodiles,


Becquetait, becquetait-il,

Des serpents le long du Nil,


Becqueta, becqueta tant Qu'il mourut en becquetant.


Dans le ventre de l'ibis, On trouva deux tournevis,


Deux tubes de dentifrice, Deux épingles à nourrice,


Deux étoiles de police, Et deux balles de tennis.


Puisqu'il trouvait fabuleux, De becqueter tout par deux,


De Port-Saïd à Tunis, On l'appelait l'ibis bis.


Pierre Coran

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