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La Sauge



Étymologie :

  • SAUGE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Fin xie s. salje (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1) ; mil. xiiie s. sauge (Gloss. Glasgow, 157b ds T.-L.) ; 1814 sauge officinale (Nysten). Du lat. salvia « sauge », dér. de salvus « l'herbe bienfaisante » (v. André Bot.).


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Salvia officinalis ; Ambrosée ; Bon génie ; Chabio ; Herbe à la carrée ; Herbe des cuisinières ; Herbe sacrée ; Musauge ; Orvale ; Salbine ; Sale ; Sarthe ; Sauge à oreilles ; Sauge des bois ; Sauge franche ; Sauge menue ; Sauge pointue ; Sauge sauvage ; Saugette ; Sârtche ; Seuge ; Siège ; Souange ; Souge ; Sôrge ; Soûle ; Thé de France ; Toute-bonne.

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Botanique :


"Au Moyen Âge, la sauge était considérée comme le remède universel. Depuis, on lui reconnaît toujours de nombreuses vertus médicinales. En plus, elle peut servir d'aromate. La sauge ? Une plante à tout faire !

Paysage de science fiction ? Preuve de vie à la surface d'une nouvelle planète ? Que sont donc ces boules laiteuses en équilibre sur des tiges violettes ? Il s'agit de gouttes d'huile végétale. Nous observons en effet une feuille de sauge sclarée recouverte de trichomes, les poils microscopiques mauves. Ils permettent à cette plante de sécréter une huile essentielle aux propriétés analgésiques, anti-inflammatoires, antioxydantes, antimicrobiennes et cytotoxiques. Depuis la nuit des temps, les différentes espèces de sauge sont réputées pour leurs bienfaits dans de nombreux domaines : anti-venin contre les morsures de serpents, remèdes conter les démons, potion pour accroître la fertilité des femmes. Ce n'est pas pour rien que leur nom scientifique, salvia, vient du latin salvare qui signifie "sauver".

Aujourd'hui on la cultive principalement pour utiliser son huile essentielle dans la fabrication de vermouths, de liqueurs ou de parfums. Elle attire aussi les abeilles qui produisent alors un miel au goût corsé. Mais la sauge peut également servir de plante aromatique pour parfumer les plats. En Amérique du Nord, les Indiens utilisent les propriétés psychotropes d'une des espèces dans des rites chamaniques."


Jeu de mémoire : Au cœur de la matière, éd. Ullmann.

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Robert Castellana et Sophie Jama, auteurs de "Floriculture et parfumerie : les origines de l’acclimatation végétale sur la cote d’azur." (Issued by The Phoenix Project, 2012) nous apprennent les vertus de la sauge (Salvia sclarea) en lien avec la parfumerie :


Les usages de la sauge sont presqu'aussi nombreux que ses multiples variétés, dont plusieurs centaines ont été recensées. Condiment, substitut du thé ou du houblon pour la bière, la sauge servait de longue date en parfumerie, dans l'embaumement des morts, dans la pharmacie, ainsi que sous forme de teinture, poudre, cataplasme, infusion vineuse, bains et fumigations.

Originaire d'Europe orientale, méridionale et centrale, la sauge sclarée est une plante très odorante. Sur la Côte d'Azur, elle fit l'objet, au début du XX° siècle, d'une mise en exploitation significative (avec une production annuelle de quelques 58 tonnes), suite au succès de son huile essentielle en parfumerie.

De nos jours, son essence demeure un modèle d'équilibre en matière de parfums. Elle est aussi utilisée dans la fabrication de vermouths et de liqueurs. Sa culture demeure significative en France, en Hongrie et en Bulgarie.

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Phytothérapie traditionnelle :


J. Bouquet dans "L'art de conserver la santé, extrait du "Messager boiteux "." (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 20ᵉ année, n°77, 1932. pp. 54-56) relève quelques extraits du Véritable Messager boiteux de Berne pour l'année 1817 :

DE LA SAUGE


L'Homme aux traits de la mort doit-il être accessible,

Tant qu'il peut appeler la Sauge à son Secours ?

Oui, nos jours sont bornés : aux regrets insensible,

La mort doit, tôt ou tard, en terminer le cours.

Vouloir l'éterniser, c'est vouloir l'impossible :

N'y songez point. A cela près

L'usage de la Sauge a d'excellents effets.

Pour raffermir la main tremblante,

Pour conforter les nerfs, la Sauge est excellente.

Et d'une fièvre aiguë elle arrête l'accès.

La Lavande, la Tanaisie,

La Primevère, le Cresson,

La Sauge, le Castor donnent la guérison

Aux membres attaqués par la paralysie ;

L'usage de la Sauge est si grand, qu'il est bon

D'en avoir en toute Saison.

Aussi, dans la langue latine,

Son nom du mot « Sauver » tire son origine.

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Dans Des hommes et des plantes (Éditions Opéra Mundi, 1970), son autobiographie, Maurice Mésségué évoque le savoir ancestral de son père :


Le docteur Echernier bavardait avec mon père de toutes sorte de choses. Très curieux de nature il lui posait des questions sur les plantes : « Dis-moi, Camille, d'après toi, la sauge est bonne pour quoi ? Nous, en médecine, nous l'utilisons surtout comme anti-sudorale ». Et je voyais mon père hocher la tête ; il n'osait pas dire que ces mots-là lui étaient bien obscurs. Alors, avec sa finesse latine, il répondait :

- C'est bien savant, monsieur le docteur. Moi je m'en sers pour ceux qui se plaignent de l'estomac. Mais de sauge il n'y en a pas qu'une ! J'en connais trois : celle « des ruines » [note : sauge officinale] qui se plaît aussi dans les jardins. Elle se conserve bien et garde ses pouvoirs longtemps. il y en a qui disent qu'il faut la cueillir au matin de la Saint-Jean, qu'elle y est au plein de sa force ! Elle est bonne pour ceux qui ont besoin de se remonter. Pour s'en servir tous les jours elle est un peu forte. Alors il vaut mieux choisir « la toute bonne ». On la trouve dans les chemins, en bordure des champs. Elle et si douce qu'on peut en user longtemps, elle n'irrite jamais. Je n'aime pas la « sauge des prés ». Elle est comme certaines femmes : plus belle que bonne ! Elle perd vite son parfum et avec lui ses vertus.

- D'après toi, Camille, une plante ne vaut plus rien , quand elle n'a plus d'odeur ?

- Eh oui, quand les herbes sentent la poussière, c'est qu'elles y sont déjà retournées...

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Selon Marc Questin, auteur de La médecine druidique (1990, nouvelle édition identique, 1997),


"Chez les Gaulois, la sauge était considérée comme une plante merveilleuse capable de guérir toutes les maladies. Les druides l'utilisaient contre les fièvres, la toux, les rhumatismes, contre la paralysie et l'épilepsie, et pour favoriser à la fois la conception et l'accouchement. Ils la jugeaient si efficace qu'ils lui attribuaient jusqu'au pouvoir de ressusciter les morts et ne manquaient pas, par ailleurs, d'en ajouter à l'hydromel et à la cervoise, afin de se mettre en condition prophétique et pour renforcer leurs incantations.

Les qualités astringentes de la sauge la font utiliser contre les hémorragies, les saignements, les pertes sanguines anormales des femmes, les pertes blanches et la toux. Ses vertus diurétiques, antispasmodiques et reconstituantes la rendent précieuse contre les affections aussi gênantes ou graves que la rétention d'urine, la paresse des reins, les œdèmes, la goutte, les rhumatismes et les migraines. Comme de plus elle guérit les blessures, arrête le sang et accélère la cicatrisation des tissus, Mességué la recommande en bains de bouche (contre les gingivites, les inflammations du palais et de la gorge, les aphtes, les "amygdales" des enfants, les caries et les abcès dentaires) et la conseille en lotions, en compresses et en bains contre les plaies, les abcès, les ulcères, les furoncles, les engelures, les contusions, les foulures et les entorses.

Cette plante merveilleuse est antidiabétique. Sa décoction fait assez rapidement revenir à la normale le taux des sucres dan le sang.

Le "vin de sauge" est recommandé contre les bronchites chroniques, les sueurs nocturnes et les vertiges. Faire macérer, huit à dix jours, 80 à 100 g de feuilles de sauge (fraîches de préférence) dans 1 l de bon vin blanc ; sucrer au miel selon les goûts ; passer en exprimant à travers un linge fin ; prendre un verre à madère avant les deux repas.

Une décoction de sauge dans du vin rouge s'emploie efficacement pour la guérison rapide des ulcères et des plaies rebelles.

Rien de tel qu'un bon bain préparé avec une forte poignée de sauge pour clamer les douleurs rhumatismales.

Fumées dans une pipe ou sous forme de cigarettes, les feuilles sèches sont excellentes pour les asthmatiques et bronchiteux.

La décoction de sauge (15 g de feuilles pour 1 l d'eau ; faire bouillir cinq minutes au moins et laisser infuser autant) est d'une exceptionnelle efficacité en gargarismes répétés (chauds) contre les maux de gorge et les angines.

Il n'est pas non plus inutile de savoir qu'une pincée de feuilles de sauge infusées cinq minutes dans une tasse de lait bouillant fait avorter le rhume à son début, et que des feuilles de sauge consumées sur des braises ou mises à bouillir dans une casserole découverte (comme pour l'eucalyptus) désinfectent les locaux où des malades graves ont longtemps séjourné.

En cas de rhumatismes, goutte, sciatique et douleurs musculaires, l'onguent de sauge est indiqué. De bons massages, matin et soir, en faisant bien pénétrer l'onguent dans la peau, fortifient les nerfs et assouplissent les articulations.

Infusion de feuilles et de fleurs : jetez une demi-poignée de mélange sec dans un litre d'eau. On en prendra une tasse après les repas, comme tonique, digestif et stimulant ; et une tasse au coucher, contre l'insomnie, les sueurs froides et les angoisses. L'effet calmant est immédiat !"

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Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions supplémentaires sur la Sauge :


Il n'est, à mon avis, de potager sans qu'une sauge y ait une place réservée, quelque que soit l'espèce à laquelle elle appartient. Néanmoins, non seulement la toute bonne nous enchante avec son parfum presque entêtant et surtout nettement moins « médical » que celui de sa cousine officinale (1), mais depuis l'Antiquité, on connaît ses fortes propriétés aphrodisiaques.

Dioscoride, qui préconisait de la prendre infusée dans du vin pour augmenter le désir, était dans le vrai. Il est désormais établi que son essence a, entre autres, la vertu d'équilibrer nos systèmes endocriniens et hormonaux, tout en tonifiant l'utérus !


Note : 1) A la différence de celle-ci, la sclarée ne contient pas de thuyone (molécule très convulsivante également présente dans l'absinthe) qui peut s'avérer dangereuse en excès, quand elle est prise sous forme d'huile essentielle par exemple.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


SAUGE. Chez nos pères, on offrait un bouquet de cette plante au jeune garçon qui avait perdu sa fiancée, parce que la sauge passait pour avoir la vertu de guérir les blessures morales et physiques.

 

Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Une fée de l'Aveyron recommanda à une de ses compagnes, qui était captive, de ne pas vendre le secret de la sauge, car si les riches le savaient, ils laisseraient mourir de faim le pauvre monde.

[...] Dans la Gironde, on évite la mal donne, en portant un sachet qui contient trois feuilles de sauge, trois feuilles de romarin et trois feuilles de laurier bénit.

[...] Pour perdre son lait que la fame alhe sauter trois fois, ou durant trois matins, sur la sauge du jardin d'un prêtre.

[...] Un vieux recueil conseille, pour guérir le fic cancer, de prendre trois paquets de sauge, de faire la croix sur le mal et de dire « Cancer maudit, aujourd'hui puisses-tu perdre la tête et demain la racine. »

[...] Pour garir fièvres continues il faut escripre les trois premiers mos de la pater-noster sur une feuille de Sauge nostrée, et icelle mengier par trois matinées.

[...] Au XVIIe siècle, où la sauge avait le même sens emblématique que de nos jours, il était compris même dans la haute société : lorsque Lambert le riche eut été évincé par une dame à laquelle il voulait se marier, toutes les dames de l'île Saint-Louis lui envoyèrent des bouquets de sauge.

[...] En Berry, la chambre où gît le trépassé est jonchée de menthe, de sauge, de beaume et d'autres plantes odoriférantes que l'on désigne sous le nom d'herbes fortes ou herbes du mort.

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Xavier Mathias, auteur de La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), rapporte cette coutume :


Cependant, même si la science lui reconnaît désormais ces mérites [aphrodisiaque], il n'est pas besoin d'avoir d'autres raisons de cultiver la sclarée qe pour l'admirer et profiter de ces fragrances uniques expliquant qu'elle soit à ce point employée en parfumerie.

Parfois, la tradition voulait qu'un amoureux éconduisant une belle lui en offre un bouquet afin qu'ils demeurent amis. Quelles qu'étaient ss raisons, reconnaissons-lui l'élégance du geste et le bon goût qui le poussait à choisir cette toute bonne. Peut-être, malgré son chagrin, la belle aura--elle eu la précaution de faire sécher son bouquet à l'ombre ? Cueillies avant la floraison, les feuilles de cette sauge se conservent très bien entières pour peu qu'elles soient à l'abri de l'humidité et de la lumière, continuant de diffuser avec générosité leur parfum en infusions ou mêlées à un plat mijoté, par exemple. Une façon simple de retrouver un peu d'été au cœur de la saison froide.

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Symbolisme :


Dans Physica, Le Livre des subtilités des créatures divines de Hildegarde de Bingen, (XIIe siècle ; trad. P. Monat 2011) on apprend que :


"La sauge est de nature chaude et sèche ; elle se développe grâce à la chaleur du soleil plutôt que grâce à l'humidité de la terre ; elle est utile contre les humeurs molles, car elle est sèche. Elle est bonne à manger, aussi bien crue que cuite, pour ceux qui souffrent d'humeurs nocives, car elle apaise ces humeurs. Prendre de la sauge et la réduire en poudre ; manger cette poudre avec du pain, et elle fera disparaître l'excédent des humeurs nocives. Et si on doit supporter quelque odeur fétide, mettre de la sauge dans les narines, elle sera bien utile.

Si quelqu'un souffre d'un excès de flegme, ou si quelqu'un a une haleine fétide, faire cuire de la sauge dans du vin filtrer et boire à plusieurs reprises : mauvaises humeurs et flegme diminueront. Si celui qui souffre de ces maux est un peu paralysé, faire cuire de la sauge dans de l'eau ; qu'il en boive : humeurs et flegmes diminueront en lui.

[Ed. Si celui qui souffre de ces maladies est un peu paralysé, faire cuire de la sauge dans de l'eau comme susdit, et lui faire boire ce liquide ; sa chaleur adoucie grâce à l'eau arrête la paralysie. Mais si on la donnait avec du vin, celui-ci ferai entrer les humeurs qui provoquent la paralysie.]

Si on est dégoûté de toute nourriture, prendre de la sauge, un peu de cerfeuil, un petit peu d'ail : piler le tout dans du vinaigre et en faire un condiment qu'on mettra sur les aliments et on retrouvera l'appétit.

Lorsqu'un aliment qui contient des sucs tièdes provoque des douleurs dans la tête, prendre en égale quantité de la sauge, de l'origan et du fenouil ; ajouter du marrube en quantité supérieure à cet ensemble, piler et mêler le suc à du beurre ; si on n'en a pas, ajouter de la graisse d'oie, faire un onguent et en frotter la tête : l'état s'améliorera.

Si de mauvaises vapeurs venant de l'estomac provoquent des douleurs dans les hanches, prendre de la sauge, une part, de la seuwurtz, cinq parts, et de la rue, dix parts ; faire cuire dans une marmite neuve jusqu'à ce que commence l'ébullition. Ôter l'eau et mettre ces herbes encore chaudes, sur la région douloureuse, en plaçant un linge par-dessus.

Si à cause de la froideur de son ventre, on ne peut retenir son urine, faire cuire de la sauge dans de l'eau, filtrer ; boire souvent, chaud, et on sera guéri.

Si des humeurs mauvaises, épaisses et empoisonnées se trouvent en abondance chez quelqu'un et lui font cracher et perdre du sang pendant quelque temps, que celui-ci ne prenne aucune médecine pendant tout ce temps-là, de peur que le sang, effrayé par la médecine, ne provoque en lui quelque lésion et ne se mette à couler davantage. Mais, une fois que le flux de sang s'est arrêté, faire cuire de la sauge dans un vin doux et léger, coupé d'un peu d'eau ; ajouter un peu d'huile d'olive ou de beurre fondu, filtrer, et boire par petites quantités, non pas à jeun, mais après les repas : cela redonne des forces et guérit l'intérieur.]

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Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la sauge :


PETITE SAUGE - ESTIME.

On appelle vulgairement la petite Sauge toute bonne, elle est estimée la plus salutaire des plantes aromatiques.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Sauge petite - Estime.

On fait grand cas de cette plante aromatique en médecine. Son infusion en guise de thé est fort agréable.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


PETITE SAUGE - ESTIME.

Travaillez à acquérir une bonne réputation, c'est un bien plus solide que de riches trésors.

Ecclésiastes : XLI, 15. -

Le nom de sauge vient du latin salvare, sauver. Cette plante doit son nom à la haute réputation de la première espèce devenue le type d'un genre très étendu dans lesquelles sont renfermées des plantes remarquables, les unes par leurs propriétés médicinales et d'autres par l'élégance et l'éclat de leurs fleurs : mais la plupart de ces dernières sont exotiques et un très grand nombre d'autres sont européennes. Une des principales, c'est la sauge officinale qui a donné à ce genre une grande célébrité. Elle a été exaltée pour ses propriétés médicinales avec le plus grand enthousiasme, à un tel point que l'école de Salerne prétend qu'avec la sauge l'homme serait immortel, s'il pouvait l'être. On fait avec la sauge une infusion théiforme assez agréable. On prétend que les Chinois en font un tel cas, qu'ils s'étonnent comment les étrangers viennent chercher du thé dans leur pays tandis qu'ils ont chez eux une plante aussi précieuse. Lorsque les Européens commencèrent à faire le commerce avec eux, ils donnaient quatre caisses de thé en échange d'une de sauge, mais depuis on a eu l'imprudence de leur en porter des graines qu'ils ont semées et cette plante ayant cessé d'être rare chez eux, a cessé d'être estimée.

DE L'ESTIME.

Qu'est-ce que l'estime ? c'est, nous dit-on l'hommage intérieur et public que l'on rend à la vertu, rien n'étant estimable comme elle et l'homme ne pouvant être heureux s'il n'est estimé des autres hommes. On a prélendu que l'amour de l'estime c'est l'amour de soi-même. Ainsi, cela est vrai pourvu que l'on ne confonde pas l'amour de soi avec l'orgueil. Oui, l'amour de l'estime est pour tout homme vertueux l'amour de soi-même et la preuve, c'est que, d'un avis unanime, il n'est pas de bien plus réel pour l'homme que d'exciter l'admiration, l'assentiment et les suffrages de ses concitoyens et de tous les hommes enfin, par la possession ou la pratique des qualités ou vertus qui rendent les hommes véritablement estimables. Or, n'est-ce pas que celui qui s'aime ambitionne cette admiration et cet assentiment et veut à tout prix l'obtenir ?

Mais ce qu'il y a surtout à craindre quand on est doué d'un pareil sentiment c'est de le corrompre, de le rendre vicieux et condamnable en ne se proposant d'autre fin que l'estime des hommes et la gloire mondaine. Ce fantôme brillant fut l'objet des voeux et des poursuites des plus illustres païens parce que leur religion tout humaine n'offrait point de motifs plus dignes d'une âme grande. C'est encore après lui seul que courent et que nous engagent à courir nos nouveaux philosophes, parce qu'ils renferment bassement toutes leurs espérances dans les bornes étroites de la vie présente. Mais le philosophe chrétien, dont les vues sont bien plus grandes et plus élevées, ne se permet d'aimer et de rechercher l'estime des hommes, qu'autant qu'elle lui est utile ou nécessaire pour mieux remplir les devoirs de l'état où la providence l'a placé.

L'honneur, l'estime des hommes étant un bien réel comme les richesses et la santé et même un avantage plus précieux encore, on peut donc les désirer également et les rechercher. L'Esprit-Saint lui-même nous le recommande : « Attachez-vous à posséder une bonne réputation, ce sera pour vous un bien plus durable que mille grands trésors. » C'est avec la vertu le seul qui nous reste après la vie. Mais vous aurez tout le soin que l'Esprit-Saint veut que vous ayez d'acquérir et de conserver une bonne réputation, si vous vous appliquez à édifier tous les hommes par la sagesse de votre conduite et à ne rien faire qui puisse vraiment vous rendre vil et méprisable.

Celui qui par impudence ou bassesse de sentiment, ne fait nul cas de l'estime des autres n'est lui-même guère estimable. Un de ces impudents cyniques, dont la secte fut la honte de l'ancienne philosophie disait un jour : « Je me ris de tous ceux qui se moquent de moi.

- Personne lui répondit-on, ne se divertit donc mieux que vous. »

Pour mériter cette estime publique, qui est comme le plus bel apanage du mérite et de la vertu, l'homme d'honneur fait profession d'être attaché inviolablement à son devoir, d'accomplir toute justice, d'avoir une conduite irréprochable à l'égard de tout le monde. Il a pour maxime de ne point manquer à sa parole, d'être fidèle au secret, de ne tromper personne, et de ne jamais rien faire contre la droiture et la probité. Incapable de faire tort à qui que ce soit, il rougirait de s'enrichir par des gains sordides, et de sacrifier sa conscience à sa fortune. Darius roi de Perse, ayant envoyé de riches présents à Epaminondas, ce grand homme répondit à ceux qui les lui apportaient : « Si Darius veut être ami des Thébains, il n'est pas nécessaire qu'il achète mon amitié ; et s'il a d'autres sentiments, il n'est pas assez riche pour me corrompre. » Le duc de Mayenne écrivit à Matignon comte de Thorigny pour s'engager dans le parti de la ligue. Celui-ci lui répondit : « Je croyais être le seul en France qui s'appelât Thorigny, apparemment qu'il y en a un autre à qui votre lettre s'adresse et que vous espérez engager à sacrifier son honneur aux brillantes offres que vous lui faites. Je ne crois pas que vous l'ayez présumé de moi. »

Tel est donc le véritable honneur : il ne peut se trouver que dans des choses honnêtes et louables. Mais la plupart des hommes ne connaissent pas bien l'honneur et l'aiment sans le connaitre. Combien qui le font consister à être estimés des autres sans distinguer la fausse estime de l'estime vraie, et surtout à recevoir avec impatience ou plutôt avec fureur les outrages qu'on leur fait, résolu d'en tirer vengeance ou de périr ! ...


RÉFLEXION.

Il faut avoir soin de sa réputation, mais plus pour le service de Dieu que pour son propre honneur, et plus pour éviter le scandale que pour en augmenter sa propre gloire.

(ESPRIT DE SAINT FRANÇOIS DE SALES.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


SAUGE - ESTIME.

Plante aromatique, dont l'odeur est agréable et pénétrante. Ses fleurs sont labiées et verticillées, ses feuilles ridées et un peu épaisses. Les Chinois sont très friands de cette plante. Les anciens disaient : « Il a tort de mourir celui qui a de la sauge dans son jardin. »

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Sauge – Santé.

Cette herbe se rencontre dans les champs ; de ses fleurs et de ses feuilles on fait une espèce de thé qui est employé comme stimulant, antispasmodique et fébrifuge. Les ménagères mettent souvent de la sauge dans leurs armoires pour en éloigner les insectes. Chez les Grecs cette plante était très estimée pour ses vertus médicinales. Son nom veut dire plante salutaire qui rend la santé. On disait autrefois : « Pourquoi mourait l'homme qui a de la sauge dans son jardin ? »

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Dans​ La magie des plantes (1979, réédition, 1990), Jacques Brosse nous apprend que :


"Un adage resté longtemps célèbre affirmait au Moyen Âge le caractère proprement miraculeux de cette plante : Cur morietur homo cui salvia crescit in horto ? "Pourquoi meurt-il, l'homme dans le jardin duquel croît la sauge ?" Il avait été formulé par l'un des sages médecins de la fameuse École de Salerne, laquelle exerça une influence durable sur toute l'Europe non seulement par l'enseignement qu'y recevaient des étudiants venus de toute la chrétienté, mais aussi par son Reginem sanitatis, vaste œuvre collective sans cesse remaniée, qui restera pendant cinq siècles la bible des médecins.

La sauge a en effet été de tout temps considérée comme le remède par excellence, et son nom latin salvia vient de salvus, intact, en bonne santé, par l'intermédiaire du bas latin salvare, qui signifie sauver. Non seulement la sauge protège la vie, mais elle contribue à la reproduire. Dans l'antique Égypte, on en faisait boire le jus aux femmes pour les rendre fertiles et cet usage s’était maintenu à Rome où l'on affirmait que la sauge « retenait ce qui avait été conçu et le vivifiait ». Pour les Romains, qui la considéraient comme une herbe sacrée, on ne pouvait récolter la sauge que dûment lavé et purifié, revêtu d'une tunique blanche, les pieds nus et après avoir offert un sacrifice.

Quant aux druides gaulois, ils ne lui accordaient pas moins que le pouvoir de ressusciter les morts, croyance que reflète encore au XIIe siècle l'adage du Flos medicinale de Salerne, de prédire l'avenir et de permettre de communiquer avec l'au-delà. La sauge s’apparentait par là aux plantes utilisées par les chamanes pour transcender l'humaine condition, et ainsi s'explique en particulier la faculté qu'on lui a prêtée de favoriser la conception, puisque c'est de l'au-delà, du royaume des morts, des ancêtres, que proviennent les âmes des enfants à naître. Sur le plan purement médical, la sauge faisait merveille contre les fièvres, la toux, les rhumatismes, la paralysie et l'épilepsie.

Pendant des siècles et sans doute même plusieurs millénaires, la sauge est demeurée l'un des éléments majeurs de la pharmacopée ; elle faisait obligatoirement partie d'innombrables préparations souveraines. A l'époque de la froide objectivité et de l'hypercriticisme scientifiques, l'on a pu se demander si elle était vraiment digne d'une aussi extraordinaire réputation. Or tous les examens qu'on lui a fait subir ont confirmé somme toute les croyances des anciens. On a même été obligé de lui reconnaître un action œstrogène certaine - elle facilite donc effectivement la conception ; son action tonique sur la circulation, le cœur et le système nerveux remet d'aplomb les convalescents, en combattant le manque d'appétit, les digestions difficiles et l'asthénie nerveuse liés à l'épuisement organique consécutif à une longue maladie ; la sauge est également efficace contre les dépressions tant psychiques que physiques. En somme, si elle ne ressuscite pas les morts, la sauge a bien le pouvoir de rendre la vitalité à ceux qui ont perdu jusqu'au goût de vivre, et aussi de faciliter la transmission de la vie elle-même.

A cela, d'ailleurs, ne se bornent pas ses bienfaits. C'est aussi un excellent cicatrisant, en particulier des affections buccales et un stimulant de l'estomac, ce qui explique son emploi dans la cuisine, car non seulement elle relève agréablement la saveur des sauces et des viandes, mais elle en facilite la digestion. Aussi comprend-on que le célèbre abbé Kneipp, prêtre et guérisseur bavarois qui fut au XIXe siècle l'un des apôtres de la « médecine naturelle », ait fait cette recommandation : « Aucun propriétaire de jardin n'oubliera, en le cultivant, d'y planter un pie de sauge » ; ce qui nous ramène à l'adage de Salerne et aussi à notre petit jardin, où nous ferons place à la sauge d'autant plus volontiers qu'elle possède de réelles qualités ornementales ; même en hiver, puisqu'elle ne perd pas ses feuilles.

Cette plante des milieux secs et arides , qui pousse çà et là dans les sols calcaires du midi de la France, supporte assez bien les climats les plus froids, sauf là où de fortes gelées sont à craindre. C'est un sous-arbrisseau de 30 à 50 cm de haut, très touffu, aux feuilles épaisses, rugueuses, pubescentes, d'un vert grisâtre et très odorantes. En juin-juillet, la sauge porte de grande fleurs labiées d'un bleu violacé. Ces fleurs, comme beaucoup de celles de cette famille, possèdent une forme très particulière, adaptée à la fécondation par les insectes.

Il s'agit là de la sauge officinale. La sauge sclarée, qui croit au bord des chemins et sur les coteaux arides dans une grande partie de la France, aussi surtout dans le Midi, est sensiblement plus grande - jusqu'à 1 m, 1,20 m -, bien qu'elle ne soit pas ligneuse. Ses feuilles très grandes sont en forme de cœur et ses fleurs blanches, lavées de bleu, s'entourent de larges bractées membraneuses lilacées. C'est la « toute-bonne » des herboristes, très employée autrefois et qui a à peu près les mêmes vertus que la sauge officinale. On l'emploie aussi en parfumerie, en confiserie et pour aromatiser les vins.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Petite sauge (Salvia officinalis) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Jupiter

Élément : Air

Pouvoirs : Sortilèges ; Maléfices ; Immortalité.


Utilisation rituelle : Au Pays basque, la veille du solstice, une bande d'enfants munis de grosses bottes de Sauge sèche se réunissait sur la grand-place et partait de là pour allumer les feux de la Saint-Jean. Ils passaient successivement dans tous les champs appartenant à la commune en y répétant la cérémonie suivante : On plaçait quelques poignées de Sauge dans les bûchers préparés d'avance, on y mettait le feu et la bande joyeuse regardait monter les flammes en chantant :


San Juan ! San Juan ! « Saint-Jean !. Saint-Jean !

Ez dotnik besterik gogoan. Je n'ai d'espoir qu'en toi.

Artuak eta garijak, gorde ! gorde ! Nos maïs et nos froments, protège-les ! protège-les

Sorginak eta lapurrak, erre ! erre ! Les sorciers et les voleurs, brûle-les ! brûle-les !

Ujujul ! Oh ! Oh ! Oh ! »


Il est clair dans ce rite que les poignées de Sauge, introduites dans les bûchers, tiennent la place symbolique des « sorciers et des voleurs » que saint Jean doit rôtir pour protéger les récoltes de la communauté.

Un bouquet de cette herbe mis extérieurement à la fenêtre d'une fille n'est pas non plus rassurant ; sa signification est : « Méfie-toi, il va t'arriver malheur. »


Utilisation magique : La femme qui veut perdre son lait doit sauter trois fois, durant trois matins qui se suivent, sur la Sauge du jardin d'un prêtre.

On s'attire des tas d'ennuis si l'on cultive soi-même des pieds de Sauge ; il n'est pas mauvais en soi d'en avoir dans son jardin, à condition d'avoir quelqu'un d'étranger à la famille pour s'en occuper.

Il n'est pas bon d'avoir un massif constitué exclusivement de Sauges ; il faut toujours veiller à y mêler d'autres herbes ou fleurs.

Les crapauds sont grands amateurs de Sauge ; or, comme chacun sait, certains crapauds qui viennent batifoler les nuits de pleine lune autour de leurs herbes préférées sont tout autre chose que de simples et inoffensifs batraciens...

Une ancienne tradition anglo-saxonne attribue à cette plante le pouvoir de rendre immortel.

« Quand la Sauge est putréfiée dans le fiens [fumier], il s'y engendre un oyseau qui a la queue serpentine et blanche, desquelles cendres, si l'on en met aux lampes et chaleilz, il semblera que toute la maison soit pleine -de serpens. »

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Selon Ted Andrews, dans Le Monde enchanteur des Fées (1993, 2006),


"Les fées et les elfes de la sauge ont beaucoup d'énergie et le seul fait de se trouver à proximité de cette plante peut induire des états modifiés de conscience. Communier avec eux accroît les dons médiumniques. Ils savent comment ralentir le vieillissement et apportent un sentiment renouvelé d'immortalité et de la sagesse. Ils accentuent l'intérêt pour les questions spirituelles."

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Plante sacrée chez les Romains, elle était utilisée par les druides gaulois pour guérir de nombreuses maladies (états fiévreux, toux, bronchites, rhumatismes) ; ils lui attribuaient également le pouvoir de ressusciter les morts. La sauge, dont le nom vient d'ailleurs du latin salvare (sauver ou guérir), a conservé sa réputation de plante très bénéfique, réputation renforcée encore par le fait qu'elle a été bénie par la Vierge qui, fuyant Hérode, se cacha derrière ses branches. On disait toujours au début de notre siècle que « celui qui n'a pas recours à la sauge, ne se souvient pas de la Vierge ». Ainsi, les hommes ont continué à lui faire confiance, d'où les adages : « Pourquoi meurt-il, l'homme dans le jardin duquel croît la sauge ? » ou « Qui a de la sauge dan son jardin n'a pas besoin de médecin » (Tarn-et-Garonne).

Son pouvoir contre la fièvre inspire encore les recettes populaires : au Moyen Âge, on recommandait, pour faire baisser la température, de manger, trois matinées de suite, des feuilles de sauge sur lesquelles avaient été écrits les trois premiers mots du Pater Noster. Des siècles plus tard, il fallait en manger, à jeun, neuf feuilles le premier jour, huit le deuxième et ainsi de suite pendant neuf jours. Les Français du Nord, quant à eux, soignent les refroidissements et les états fébriles avec le thé à la sauge. Cette plante, pilée avec de la marjolaine et d'autres herbes dans du vin rouge et du poivre, guérit les maux de dents (XVe siècle). Ses feuilles sèchent ou vident les dartres, selon le coté appliqué : « Il faut connaître le bon côté et c'est le secret de la sorcière », dit-on dans la Nièvre.

On ne s'étonnera gère que cette plante dont le désir, si l'on en croit les traités médicaux de jadis, « est de rendre l'homme immortel », et qui consommée en mai allonge la durée de vie, passe pour guérir le cancer. Il suffit, dit un vieux recueil, de faire une croix sur le mal avec trois paquets de neuf feuilles de sauge et de dire : « Cancer maudit, puisses-tu perdre aujourd'hui la tête et demain la racine ! ». Selon un autre recette : « Lorsqu'un bébé abandonné du médecin, est perdu et que personne ne comprend la maladie qui va l'emporter, prépare une décoction de sauge et la lui faire prendre par petites cuillerées toutes les cinq minutes. On assistera à la résurrection de l'enfant ».

Dans l’Égypte ancienne, la sauge était un puissant remède contre la stérilité (c'est grâce à cette plante, dit-on, que des Égyptiennes, épargnées par la peste qui avait décimé leur ville, purent la repeupler d'enfants). A Rome également, la plante, qui était cueillie « en tunique blanche, les pieds nus et bien lavés », passait pour très utile aux femmes qui souhaitaient devenir mères : « Elles doivent demeurer quatre jours sans partager la couche conjugale, boire une bonne ration de jus de sauge, puis "habiter charnellement avec l'homme", et infailliblement, elles concevront ». Au Moyen Âge, où le jus de sauge conserve la propriété de rendre fertile, on la recommande « aux femmes enceintes qui sont sujettes à des feux immodérés, car elle fixe le fruit dans le corps, le fait grandir et le fortifie ». Cependant, une femme qui saute trois fois sur « la sauge du jardin d'un prêtre » perdra son lait.

L'herbe sacrée est parfois associée au mariage : selon une ancienne coutume de l'Allier, le jeune homme qui va demander la main d'une jeune fille en porte à sa boutonnière. Chez les Britanniques, celle qui ramasse à minuit dans un jardin douze feuilles de la plante verra apparaître la silhouette de son futur mari.

La sauge est également un remède souverain pour les blessures morales. C'est pourquoi il faut en offrir aux amoureux éconduits ; elle apporte en outre la sagesse et fortifie la mémoire.

Bénie le jour de l'Assomption, elle protège la maison de la foudre ; placée aux quatre coins d'un champ, elle portera chance à la moisson (Belgique). Selon une croyance anglaise, pour connaître la façon dont se déroule le voyage d'un membre de la famille, il suffit d'accrocher de la sauge dans la cuisine : tant qu'elle ne fane pas, inutile de s'inquiéter mais dans le cas contraire, il faut craindre un incident ou bien pire. en Franche-Comté, le bouquet de sauge conservé chez soi devient un mauvais présage pour les habitants s'il se flétrit.

Chez les Anglo-Saxons, on croit que donner celle qui pousse dans son jardin condamne à mort le chef de famille et que, si elle pousse abondamment, elle signifie qu'une femme autoritaire vit dans la maison : « Voilà pourquoi tant de jardiniers du sexe dit fort restreignent toujours sa pousse à un petit carré de potager ! »

Selon Albert le Grand : « Cette herbe étant pourrie sous du fumier dans une fiole de verre, il s'en forme un certain ver, ou un oiseau, qui a la queue comme un merle ; si de son sang on frotte l'estomac de quelqu'un, il perdra le sentiment pendant plus de quinze jours. Si on fait brûler ces vers, et qu'on en jette la cendre dans le feu, incontinent on entendra comme un horrible coup de tonnerre. Ou bien si on met cette poudre dans une lampe qu'on allume ensuite, il semblera que toute la chambre est pleine de serpents ».

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Dans un article intitulé " PLantes enthéogènes. « Nourriture des dieux » (In : L'Actualité Poitou-Charentes n°64, 5 avril 2004) Denis Richard présente la Sauge vue par les curanderos mexicains :


LA SAUGE DIVINATOIRE : Originaire du Mexique, la sauge divinatoire est probablement connue de ces sociétés depuis des siècles, mais c’est en 1952 que l’anthropologue R.J. Weitlaner rapporta l’utilisation de la plante par les curanderos d’un village de la région d’Oaxacàn. Pour les sociétés traditionnelles, la sauge divinatoire est une incarnation de la Vierge Marie. Dans son contexte d’usage traditionnel, c’est la moins puissante des plantes enthéogènes connues des sociétés mazatèques et elle est largement utilisée comme plante médicinale. Les feuilles fraîches de la sauge peuvent être mastiquées, chiquées ou infusées ; une fois séchées, elles peuvent être fumées grâce à une pipe à eau ou en mélange à du tabac, ou elles peuvent être réhydratées puis mâchées. La sauge divinatoire contient des composants terpéniques spécifiques : les salvinorines. Seule la salvinorine A manifeste une activité psychotrope significative. La salvinorine A, à l’état pur, est la substance hallucinogène naturelle la plus puissante connue à ce jour : elle agit en effet à des doses aussi faibles que 200 µg en inhalation – des doses qui en font un produit d’une puissance comparable à celle du LSD.

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Eric Pier Sperandio, auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations (Éditions Québec-Livres, 2013), présente ainsi la Sauge (Salvia) : "C'est une plante vivace bien connue en Europe mais aussi en Amérique.


Propriétés médicinales : Une des propriétés les plus connues de la sauge est de réduire la sudation, quelques heures après qu'on a bu une infusion de cette plante - ce qui s'avère très utile dans le cas de transpiration nocturne qui accompagne certaines maladies.


Genre : Masculin.


Déités : Zeus.


Propriétés magiques : Purification ; Protection ; Sagesse ; Réalisation des désirs.


Applications :

SORTILÈGE ET SUPERSTITION Favori des Amérindiens, cet encens connaît une popularité grandissante dans le monde moderne comme agent purificateur.


RITUEL POUR QU'UN DÉSIR SOIT EXAUCÉ : Ce rituel doit se faire en neuf nuits consécutives, pendant le cycle croissant de la lune, et se terminer, préférablement, à la pleine lune.


Ce dont vous avez besoin :

  • neuf chandelles vert pâle ;

  • neuf bâtons de sauge (herbes séchées en forme de bâton que l'on peut trouver dans les magasins naturels ou nouvel âge. Si les bâtons vous semblent trop gros, vous pouvez les couper en trois).

Rituel : Pendant les trois premières nuits, allumez vos chandelles et faites brûler de la sauge sans rien demander ; contentez-vous simplement de méditer et de vous détendre pendant une quinzaine de minutes. Éteignez vos chandelles et vos bâtons de sauge. Les trois nuits suivantes, rallumez vos chandelles et refaites brûler votre sauge en formulant, cette fois, votre souhait. Après une quinzaine de minutes, éteignez à nouveau les chandelles et la sauge, remerciez les dieux et les déesses pour votre souhait exaucé, même si vous n'en avez pas encore pris conscience."

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Eliot Cowan, auteur de Soigner avec l'Esprit des Plantes, Une voie de guérison spirituelle (Édition originale 2014 ; traduction française Éditions Guy Trédaniel, 2019) raconte plusieurs histoires de guérison dont il a fait l'expérience à partir du moment où il est entré sur la voie de la Guérison avec l'Esprit des plantes :


"D'autres personnes sont revenues après leur traitement pour me raconter des histoires où il était question de "tomber amoureux de la terre", de "ne plus se sentir seul", ou de "voir des fées dans son arrière-cour". L'une de ces histoires que je préfère concerne Karen, une femme d'une vingtaine d'années qui souffrait de dépression et d'un certain nombre de maux physiques. J'avais décidé de la traiter avec l'esprit du Salvia spathacea, un magnifique buisson qui pousse sur les côtes de Californie du Sud, où j'habitais à l'époque. Dans mon travail avec le rêve sur cette variété de sauge, son esprit m'était apparu comme un petit homme joyeux et musclé, amusant et gentil. Il portait une casquette pointue, une tunique médiévale, des jambières et des chaussures à pointes retournées.

Voici ce que raconta Karen après son traitement :


"Après que je fus partie d'ici, je me suis sentie si fatiguée que je suis rentrée à la maison et je me suis couchée. J'étais à moitié endormie et j'ai fait un rêve, ou plutôt un rêve éveillé, complètement vivant et réaliste. Dans ce rêve, j'ai senti qu'une autre personne entrait dans mon corps. Je n'avais pas peur parce que je sentais que c'était une bonne personne, aimable et chaleureuse, je pouvait la voir très clairement. C'était un homme petit et fort, qui portait de drôles de vêtements démodés et des chaussures à bouts pointus et retroussés. Je sentais qu'il était là pour me donner quelque chose dont j'avais besoin.

Cet après-midi-là, j'ai ressenti un fort désir de me rendre à mon endroit spécial dans la montagne. C'est un endroit où je vais parfois, et où les odeurs me rappellent l'odeur d'une sauge qui pousse au Colorado dans les montagnes Rocheuses. Comme j'ai vécu dans le Colorado jusqu'à la mort de ma mère, je suppose que j'ai besoin de retrouver la sensation de vie que j'avais lorsque ma mère était encore vivante, et c'est pourquoi je vais dans cet endroit. Le problème, c'est que je n'arrive jamais à bien retrouver ce sentiment. J'en ai un petit aperçu, et puis il disparaît. Mais cette fois-ci, après mon traitement, je suis allée à cet endroit, et ça a marché ! J'ai retrouvé ce merveilleux sentiment ! En fait, il ne m'a plus quittée depuis ! "


J'ai demandé à Karen de me faire un plan détaillé de son endroit spécial dans la montagne. Après mon travail, j'y suis allé en voiture et j'ai marché jusqu'à l'emplacement exact. Et, là, j'ai trouvé l'une des plus grandes colonies de Salvia spathacea que j'ai jamais vues. [...]


A la fin de son ouvrage, l'auteur présente divers guérisseurs avec l'esprit des plantes qu'il a eu la chance de rencontrer. Ainsi en est-il de Grand-maman Bertha Grove dont il retranscrit les paroles :


Bertha : [...] Ça c'était la fois où j'ai utilisé les feuilles du tremble pour aider. Parfois aussi j'utilise la sauge. Eliot : Auriez-vous une bonne histoire à raconter avec la sauge ? Bertha : J'en ai des tas, mais je ne m'en souviens pas. On n'est pas supposé se souvenir, je pense, mais simplement faire... Voyons voir, une histoire de sauge... Une fois nous étions en route vers l'Utah, et j'ai dit : "Stop ! " J'ai dit à mon mari : "Là, cueilles-en quatre, seulement quatre." Et il l'a fait. Eliot : C’était de la sauge ?

Bertha : Oui, quatre petites sauges. Nous avons pris cette sauge - nous allions à une autre cérémonie que cette femme faisait pour elle-même. Eliot : Était-elle malade ?

Bertha : Elle était en effet malade, elle était diabétique. Ses jambes étaient enflées au point qu'elle ne pouvait plus marcher. Alors je leur ai dit : "Utilisez cette sauge sur elle." Et, le matin suivant, sa jambe avait retrouvé sa taille normale. Elle s'est levée et est sortie. Il n'y a qu'à frotter avec, la presser sur la personne. Il y a des tas de façons d'aider les gens, des tas et tas de façons. Parfois, on met le remède sur le patient et on le souffle dedans. C'est très bien aussi dans le cas de la menthe.

Eliot : Que voulez-vous dire par "on le souffle dedans" ?

Bertha : Ce que je fais, c'est que je les trempe (la sauge ou la menthe) quatre fois dans l'eau courante, et je demande à la Création, aux Quatre directions et à Terre-Mère. Avant de les mettre dans l'eau, il faut demander de l'aide à Grand-Mère Eau. Il faut demander à tout ce qui existe d'aider cette Grand-Mère Sauge. Cette sauge femelle est elle aussi une Grand-Mère, vraiment très jolie. On la pose simplement sur le patient et on la souffle dedans.

Parfois, quand j'utilise la sauge de cette façon, j'enlève tout ce qu'il y a à l'intérieur - toute la souffrance. Tu serais étonné par tout ce que l'on peut trouver à l'intérieur, ces choses que les gens se font les uns aux autres. Peut-être arriverais-tu à le voir, ou peut-être pas. On appelle ça de la "sorcellerie", et tu peux faire sortir tout ça aussi.

Tu sais, la Création et les Quatre directions, elle sont vraiment puissantes, et elles aident la sauge, et tu l'aides toi aussi avec ton souffle, parce que tu es toi aussi un esprit. Tous les esprits doivent travailler ensemble - l'esprit des plantes, et tout. Parfois, on a besoin d'être aidé, et même cette plante a besoin de l'aide de Terre-Mère, là d'où elle vient. Et ainsi on apprend. On apprend sans cesse. Peut-être as-tu appris plus que moi. [...]

On utilise beaucoup la sauge pour purifier, pour bénir. Elle aide à nettoyer les choses autour de toi, qui bloquent ton esprit. "

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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), la Sauge est une plante dont les caractéristiques sont les suivantes :

Élément : Terre.


De son nom latin Salvia officinalis, la Sauge fait partie de la famille des Lamiacées. Elle symbolise l'immortalité. La Sauge freine les inflammations, agit contre les bactéries et désinfecte, calme la toux, les crampes et les douleurs. Elle est également diurétique. Elle est efficace contre les problèmes de gorge, de nez et d'oreille, les refroidissements, les affections du système respiratoire. Son action bénéfique s'exerce également sur les muqueuses de l'estomac. La Sauge s'utilise pour combattre l'inflammation de la vésicule biliaire et la diarrhée. Fraîche, cette plante est plus efficace que séchée.


Autre propriété : la Sauge régule la transpiration. Sa valeur est inestimable contre les fortes transpirations, y compris celles des pieds et des mains. Elle est également efficace après de longues maladies, en cas de nervosité et après l'arrêt de l'allaitement. La Sauge a une action œstrogène. Elle équilibre le système hormonal, spécialement à la puberté ainsi que durant la péri-ménopause et la ménopause. On la recommande notamment contre les bouffées de chaleur.


Sur le plan psychique : La Sauge augmente la capacité d'agir et stimule la concentration et l'attention. Elle aide à voir l'aspect caché des choses. Elle permet de garder en vue les objectifs que l'on s'est fixés. Elle dissout les tensions dans la gorge et le cerveau et ouvre la porte à la spiritualité, tonifie la conscience.

Grâce à la Sauge, je peux affirmer :

  • Je me sens relié à l'univers.

  • Je suis protégé.

  • Les choses sont bien comme elles sont.

  • Je sais être dans le contentement de l'objectif atteint.

  • Le calme et la tranquillité m'apaisent.

  • Je suis au centre du courant de la vie, en mouvement.

  • Je lâche prise et m'ouvre au monde.

  • Je ressens l'ordre profond et la paix en tout.

La méditation de la Sauge : Le parfum suave de la sauge plane dans l'air environnant. Vous caressez une de ses feuilles. ressentez sa texture, douce comme du velours. En sa présence, votre respiration devient plus calme, plus profonde. Le parfum de la Sauge pénètre dans vos poumons qui s'élargissent pour recevoir son pouvoir. Vous inspirez cet air clair, purifié et vous expirez tout ce qui est dépassé, sans importance, encombrant. Les éthers de la Sauge ouvrent tout votre système respiratoire, amenant le souffle de l'énergie de vie en vous.

Ressentez dans votre corps les blocages, les endroits figés et laissez cette énergie s'en occuper. Détendez-vous. Le parfum de la Sauge réchauffe et renforce vos cellules, les libérant de ce qu'elles portent. Les vieilles histoires qui alourdissent votre vie se transforment, se diluent, disparaissent. Vous êtes en lien avec votre propre rythme respiratoire qui bat en vous, avec douceur. Gardez votre attention sur votre respiration. Elle vous stimule et vous la stimulez. Cet échange procure un sentiment de sécurité.

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Fabrice Fenouillère, dans Des Plantes et des hommes (Éditions Galéa, 2017) consacre un article à la Sauge :


Un phytothérapeute à domicile : « Qui a de la sauge dans son jardin, n’a pas besoin d’un médecin », cet adage résume, à lui seul, les pouvoirs de notre invitée. Mais pour qui le connait, son nom latin déjà annonce la couleur : Salvia, « celle qui guérit ».


Et s’il en existe près de 900 variétés à travers la planète, l’officinale demeure la plus commune au jardin. Alors aujourd'hui, évidement, on a le plus souvent réduit son utilisation à quelques feuilles un peu amères et balsamiques, ajoutées à de bons petits plats ou plongées dans une réconfortante infusion.

Il faut pourtant avoir conscience que la sauge, durant des milliers d’années, s’est trouvée bien plus que cela au contact direct des hommes.

Toutes les cultures traditionnelles l’utilisaient : les Chinois qui l’échangeaient contre leurs feuilles de thé les plus précieuses, les Mayas qui la cultivaient presque autant que le maïs et le blé, les Amérindiens qui la mélangeaient à de la graisse d’ours pour soigner leurs blessures ou encore les Égyptiens qui disaient améliorer, grâce à elle, la fécondité de leurs femmes.

Elle était même sacrée pour les Grecs et les Romains, chez qui seules les femmes vierges avaient le droit de la récolter... Cependant c’est surtout en tant que fortifiant pour l’organisme ou en compresse pour soulager toutes sortes de piqures, y compris celles des serpents, qu’ils s’en servaient.

Plus tard, on dira même la sauge capable de préserver des épidémies les plus mortelles. Voilà pourquoi elle devint la boisson fétiche d’un certain Louis XIV qui en buvait deux tasses chaque matin !

Enfin, plus récemment, on entreprit de rouler ses feuilles en cigarettes données à fumer aux asthmatiques.

Bref, vous l’avez compris, la sauge a toujours eu l’étonnant pouvoir de prolonger la vie...

Et si vous aimez jouer les apprentis-sorciers, sachez qu’on lui accorde un autre pouvoir : celui de faire succomber toute personne aimée en secret. Pour cela : « percez une feuille de sauge de trois trous et passez, à travers eux, l’un de vos cheveux accompagné de celui de l’être courtisé. Placez ensuite, subrepticement toujours, cette feuille cousue sur le seuil de sa porte et là, si les vieux grimoires ne mentent pas, c’est l’amour réciproque garanti. »

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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de la Sauge blanche (Salvia apiana) :


Mot-clef : Libérez la voix


La vie peut vous coller aux semelles. Les membres du clan de la sauge ont été utilisés dans les cultures les plus diverses pour disperser les traces énergétiques invisibles qui adhèrent aux gens et aux lieux. Que vous considériez ces énergies comme vos propres émotions refoulées ou celles laissées par quelqu'un d'autre, la sauge peut vous aider à trouver la paix de l'esprit pour continuer à avancer. c'est une plante sacrée parce qu'elle dégage la route, créant une toile blanche et une voie libre qui vous permettent d'exploiter tout votre potentiel. Elle vous dit qu'il y a un blocage à lever (que vous puissiez le nommer ou pas) pour pouvoir avancer.


Rituel : Fumigation

Les rituels de fumigation utilisent la fumée de la sauge, du cèdre, du foin d'odeur te d'autres plantes, selon les cultures, pour procéder à des bénédictions ou éliminer les énergies négatives. Ils font à votre champ énergétique ce que le bouton « réinitialiser » fait à votre ordinateur.

Selon les croyances de nos ancêtres, faire brûler l'une de ces plantes libérait son esprit et permettait de purifier l'air des émotions négatives et des maladies. La science moderne montre que la fumée de sauge renferme des composés volatils capables de tuer les bactéries en suspension dans l'air... En cela, elle rejoint la sagesse des anciens !

Même si vous avez déjà réalisé de nombreux rituels de fumigations, purifiez régulièrement vos lieux de vie. Vous pouvez choisir la sauge blanche ou la sauge employée en cuisine (Salvia officinalis) que les cultures celtes et moyen-orientales ont toujours utilisée à cet effet.

CE RITUEL EST SIMPLE : prenez quelques feuilles de sauge ou un bâton de fumigation (bouquet de feuilles), allumez-le, puis soufflez la flamme pour laisser les feuilles se consumer et dégager de la fumée. Promenez la sauge autour de votre corps ou dans votre espace de vie pour que la fumée imprègne tout. Si vous purifiez une personne, promenez la fumée sur ses paumes de mains - c'est par là que nous entrons en contact avec les autres.


Réflexion : Lâcher prise

La psychologie moderne nous invite à comprendre nos émotions avant de les libérer. Au contraire, les guérisseurs traditionnels et les chamans libèrent les émotions sans leur passage par la conscience. Quand vous accomplissez un rituel de fumigation, vous bénéficiez de la seconde approche et laissez la fumée emporter tout ce qui ne sert pas votre chemin de vie. A vous de voir.

Êtes-vous prête à vous libérer sans vous analyser ?


Les quatre éléments : Quand je procède à une fumigation, j'utilise un coquillage pour recueillir les cendres et une plume pour disperser la fumée. Cela me permet de représenter les quatre éléments dans mon rituel :

sauge = terre ; plume = air ; flamme = feu ; coquillage = eau.

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Symbolisme celte :


Arnaud Riou dans L’Oracle du peuple végétal (Guy Trédaniel Editeur, 2020) classe les végétaux en huit familles : les Maîtres, les Guérisseurs, les Révélateurs, les Enseignants, les Nourricières, les Artistes, les Bâtisseurs et les Chamans.

La famille des Guérisseurs comprend la Sauge, le Romarin, la Lavande, l’Ail, la Consoude, le Pissenlit, l’Ortie. Ils ont un rôle clé dans l’équilibre de la santé et de la guérison.

Que ton aliment soit ton seul médicament.

Hippocrate.


Les Guérisseurs : Si nous avons chacun une mission de vie, il en est de même pour chaque esprit parmi le peuple végétal, chaque arbre, plante, pousse, fruit, champignon, herbe a sa raison de vivre sur la Terre. Chacun contribue à l'équilibre de l'univers et à notre propre équilibre. Notre santé s'enrichit quand elle st vue comme un tout dans sa dimension systémique. C'est l'intelligence de différents systèmes superposés qui nous maintient en santé. Le système digestif, cardiovasculaire, immunitaire, musculaire, osseux, mais aussi l'équilibre entre le système conscient et inconscient, visible et invisible, interne et externe du corps. L'équilibre entre nous et l'environnement. Le peuple végétal l'a bien compris. Aucune plante ne survivrait sur la Terre si elle n'était nourrie par les autres. Nous sommes tous liés les uns aux autres et sont liées entre elles les différentes dimensions de notre incarnation. Ainsi, une relation toxique peut avoir des répercussions sur notre mode de pensée, sur notre cerveau et sur nos organes. Les Guérisseurs savent cela. Ils nous permettent d'équilibrer nos différents systèmes et de nous concentrer sur une facette ou sur un organe en particulier. La médecine quantique, qui est la médecine de demain, nous enseigne que le seul fait de se connecter à une plante ou à une information nous permet de recevoir cette information, cette qualité ou cette sagesse.

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J'ai le pouvoir de brûler

Ce qui t'encombre,

qui t'alourdit

Et qui voile

ton propre regard.

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Originaire des pourtours de la Méditerranée, la Sauge se plaît sur les sols légers et sablonneux, mais aussi calcaires. A l'aise sur les terres désertiques et difficiles, on la trouve en abondance au Canada et dans les déserts de Californie, mais aussi en Europe. la plante forme en poussant de petites buissons de feuilles veloutées, virant du gris argenté au vert bouteille. Elle diffuse naturellement son parfum apaisant. la plante donne naissance à la floraison à des fleurs bleu violacé, roses, ou blanchâtres. Il existe près de mille variétés de Sauge, toutes n'ont pas les mêmes vertus. Son nom vient du latin salus, « le salut », et salvus, « en bonne santé ». La Sauge est une plante Maître. Son esprit a le pouvoir d'enseigner à d'autres. Elle est liée à la guérison et à la purification. On l'utilise dans toutes les traditions chamaniques en fumigation en la faisant brûler directement ou sur un charbon, ou en décoction. Jupiter fut élevé sur le mont Ida au cœur de buissons de Sauge. Cette Sauge remplira la première corne d'abondance, ce qui en fait une plante des Dieux. Si beaucoup d'encens et de plantes utilisées en fumigation ont la propriété de purifier un lieu ou une personne en apportant une information ou une protection, la Sauge purifie en annulant toutes les informations olfactives et énergétiques qu'elle rencontre. C'est pourquoi si vous utilisez différentes essences pour purifier un lieu (Sauge, Palo santo, Copal), il est préférable de débuter le rituel en sollicitant avant les autres l'esprit de la Sauge. La plante Maître saura l'apprécier. Car une fois cueillie, la Sauge aime être traitée avec respect. Les Druides qui la récoltaient étaient vêtus d'une tunique blanche, symbole de pureté. Ils opéraient les pieds nus et propres. Ils la cueillaient avec leurs mains lavées et évitaient d'utiliser des outils en fer, car la Sauge est très sensible, et les composants ferreux sont toxiques pour elle et altèrent son essence. C'est donc avec le plus grand des respects qu'on aborde cette plante Maître douée de propriétés médicinales variées. Elle est astringente, antiseptique, tonique. Elle améliore la digestion, régule la transpiration et possède des capacités anti-inflammatoires et antidépresseurs. Son huile essentielle est expectorante, antibactérienne, antivirale et cicatrisante. En médecine chinoise, elle régule la fonction du méridien rein / vessie. Cependant, sa composition chimique contient des essences neurotoxiques qui peuvent affecter le système nerveux. En décoction, elle doit être manipulée avec précaution. Pour la fumigation, récoltez-la avant la floraison de façon à conserver toute l'énergie des feuilles. Remerciez-la et prévenez-la de votre intention de collaboration. faites-la sécher la tête en bas, puis brûlez-la directement ou sur un charbon. Dans la tradition amérindienne, il est d'usage de la faire brûler dans un coquille d'ormeau de façon à rendre hommage aux quatre éléments, l'eau (la coquille représente la mer, le feu (l'allumette), l'air (la fumée) et la terre (la plante). Lorsqu'elle se consume, la Sauge sait trouver le chemin pour purifier les lieux et les âmes. Cette plante hors du commun évacue les ondes négatives et les toxines. Elle sait purifier autant les maisons que ses habitants. Traditionnellement, on n'éteint pas la Sauge, elle se consume tant que le lieu reste à purifier. Elle connaît ses limites et son pouvoir. On peut balayer la Sauge dans l'espace à partir d'une plume d'aigle dans sa fumigation, elle peut être associée avec ses frères et sœurs l'Armoise, le Cèdre et le Genévrier. On peut également y rajouter des feuilles de Gui et de Houx pour renforcer le mariage chamanique et le pouvoir de purification.


Mots-clés : La purification - la sagesse - le renouveau - la naissance - le printemps - le commencement - le nettoyage - la guérison - l'envahissement - les limites - les perturbations énergétiques - les menstruations.


Lorsque la Sauge vous apparaît dans le tirage : C'est pour vous aider à purifier ce qui a besoin de l'être. La sauge est une personnalité maîtresse de la famille des Guérisseurs. Elle détient le secret de la purification. Elle apporte une aide dans le nettoyage de votre habitat, de votre corps physique, elle vous aide à pacifier une relation qui commence à devenir toxique, à dissoudre une habitude, à supprimer une inclinaison, notamment les addictions, à l'alcool, au tabac ou à d'autres dépendances. parfois, une situation peut vous sembler bloquée, un choix difficile à faire, une décision lourde à assumer. Il est difficile d'être sûr de votre route lorsque vous conduisez en plein brouillard, la visibilité est réduite. Il en est de même lorsque votre maison est alourdie d'entités ou votre mental brouillé de pensées. Vous avez besoin de clarifier l'environnement intérieur et extérieur pour trouver la bonne route. La Sauge agit sur tous les plans, physique, émotionnel, énergétique, environnemental, relationnel. Elle a assimilé ce pouvoir. Elle sait nettoyer les blessures de vos vies passées comme celles de l'enfance. Elle sait accéder aux mémoires prénatales. Si vous vous concentrez particulièrement sur une dimension, la plante entendra votre intention et s'y associera. La Sauge est un Maître dans la famille des Guérisseurs. Elle apparaît souvent dans des périodes de fin de cycle ou de commencement Elle peut vous accompagner dans des menstruations douloureuses. Elle intervient alors pour encourager une transition ou une métamorphose, ou pour vous aider à faire le deuil. La Sauge purifie les empreintes du passé pour vous aider à vous épanouir dans une vision pacifiée et nettoyée.


Signification renversée : Dans sa position renversée, la Sauge vous signale qu'une part de votre énergie est bloquée ou ne circule pas. Pour les chamans, le monde extérieur est une fractale du monde intérieur. Lorsque vous êtes en proie à des attaques physiques ou énergétiques, lorsque vous êtes victimes ou acteurs de conflits, d'accidents, de petites casses récurrentes, c'est que votre énergie intérieure n'est pas stable. Peut-être êtes-vous intérieurement fatigué, irrité, inquiet, ou en colère. Toutes les scories invisibles des relations toxiques, des lieux toxiques ou même des paroles échangées toxiques peuvent s'accrocher à votre aura. Progressivement, ces scories forment comme des nuages plus importants et peuvent finir par s'enkyster. Peut-être pourriez-vous explorer vos croyances sur vous, le monde, les autres. Peut-être pourriez-vous mieux équilibrer et harmoniser votre existence entre silence et action, parole et méditation. Éradiquez les vieilles croyances qui ont besoin de l'être. Préparez-vous à vivre de grands projets, de belles initiatives. Pour cela, faites table rase des protocoles du passé pour aborder ces nouveaux projets le grand esprit de la Sauge vous accompagne à ce grand renouveau.


Le Message de la Sauge : Je suis la Sauge. Par mon incandescence, je nettoie les molécules microscopiques. Je traverse les membranes de tout corps physique et énergétique pour le réinitialiser. J'ai la connaissance familiale de toute ma lignée de Guérisseurs, j'ai le pouvoir de pénétrer la matrice en toi et autour de toi, de nettoyer ce qui a besoin de l'être. Il n'existe aucun rempart à mon pouvoir de nettoyage. Souviens-toi que rien n'est figé. Tout peut être nettoyé, tes habitudes, tes blessures, les vieux comportements qui freinent tes intentions, ce qu'on a cru de toi ou ce que tu t'es fait croire à toi-même. Il ne tient qu'à toi de nettoyer ce qui t'encombre et ne fait plus partie de ta vie aujourd'hui. Tu es le créateur, la page blanche, le renouveau du printemps. Tu es l'aube et l'insouciance de la création. Tout ce que tu retiens et dont tu n'es pas certain d'avoir besoin te possède, te freine et te pollue. Ton âme est légère et a besoin de retrouver sa vivacité et son inspiration. Laisse-moi venir en toi, je saurai trouver le chemin qui te libère. Je sais me glisser dans les interstices de ton aura pour en nettoyer la structure et te permettre de retrouver dans l'instant la vivacité et la beauté de ta vibration première.


Le Rituel de la Sauge : Je me relie à la sagesse de la Sauge. Si j'en ai avec moi, j'en brûle quelques feuilles dans une coquille. La Sauge se trouve facilement en bouquets tissés dans les magasins de bien-être ou dans les librairies spécialisées. J'allume la Sauge et la respire tout en la promenant dans les pièces de ma maison. A chaque inspiration, je ressens la fumée blanche et lumineuse de la plante qui nourrit mon coeur et m'apporte la paix, la joie, le contentement, la patience et toutes les qualités dont j'ai besoin dans ma vie. A chaque expiration, je ressens comme une fumée noire qui accompagne mes peurs, mes colères et tout ce dont je dois me débarrasser pour rayonner de ma plus belle lumière. Progressivement, je sens mon corps se détendre, lavé de toutes les toxines qui s'échappent par ma respiration. Je me sens pur, je me sens vrai, je me sens nettoyé, propre et sain ! Ici même, en cette journée même, en cette session même.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le caractère de la Sauge peut être qualifié de contraignant, pressant fortement le pas. Elle ne tolère pas que l'on asse traîner les choses en longueur, que l'on diffère l'accomplissement de certaines tâches nécessaires pour soi. "Vas-y, lance-toi ; ne laisse pas les énergies s'accumuler, mais mets-les à profit à chaque instant de la journée, en un mouvement continuel de progression, un courant libre, toujours plus loin", dit la Sauge ; elle ne supporte pas l'immobilité et aspire à aller sans cesse de l'avant, d'un point à l'autre, d'une destination à l'autre. Elle ne cède pas au doute lorsqu'elle arrive à une bifurcation car elle n'en a ni l'envie ni le temps et sait que dans l'existence il ne faut pas tergiverser lorsqu'il s'agit de suivre le chemin de la vie.

"Ne t'arrête pas", dit la Sauge, "mais continue à avancer d'un pas vaillant. Ne stagne pas, ne te laisse pas tirer vers le bas par ton côté rationnel, par tes pensées, qui t'inciteraient à t'immobiliser en proie au doute, à penser et à tourner en rond. Occupe-toi de toi-même, ne te fais aucun souci pour demain car demain est de toute façon entre tes propres mains !" poursuit la Sauge, "donc, pourquoi t'énerver, pourquoi encore hésiter." Elle amène une sorte de promptitude dans tes faits et gestes, dans ta progression, non pas au sens d'être "plus rapide" mais bien au sens d'aller de l'avant dans la direction qui est juste pour toi sans traînailleries, temps d'attente, hésitations ou longues considérations. Elle ne stagne pas dans le Passé et t'exhorte à regarder devant toi d'un regard droit et joyeux.

La Sauge ne veut pas s'attarder au passé ; cela ne l'intéresse que pour aller plus loin.

A suivre

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Mythologie :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


SAUGE (Salvia). — On lui attribue des grandes propriétés magiques : «..., écrit Peucerus (De pracciouis generibus divinationum, Witteberoae, 1580, p. 243), ex salviae foliis, ut ... ex ficuum foliis, consignatis eorum nominibus qui quaerunt et integra quæstione, praesagit occulta et futura hoc modo : Collocantur folia sub apertum coelum, cumque, ob levitatem et mobilitatem, quaedam disiecta ventis defluant aut avolent, quaedam remaneant, sed suis excussa locis aut perturbata, aut conversa in oppositum, haec quae relinquuntur divinationi adhibentur ; quod enim, digestis illis in ordinem et coaptatis, emergit, oraculi vice assumitur. » Dans un traité de médecine populaire, attribué à Aldobrandino de Sienne, publié à Livourne par O. Targioni Tozzetti (1872), on recommande d’appliquer de la sauge au corps de l’enfant nouveau-né, après lui avoir coupé le cordon ombilical : « Sappiate che si tosto come il fanciullo è nato, sì vi conviene inviluppare in rose peste mescolate con salvia ; e conviensi il belicionchio (l’ombilic) tagliare da lungi 4 dita e porvi suso polvere di sangue di dragone e sarcococola (sarcocolle), comino (cf. Cumin) e mirra e un drappo di lino molle in olio d’uliva, e questo è secondo l’insegniamenti di molti filosofi ; ma più sicura cosa è di prendere un filo sottile, e legarli con esso il detto bellicione, e poi appresso porrevi suso drappi molli in olio e lasciarveli in fino a 4 dì e cadrassene. E poi, quand’ elli sara’ caduto, si vi si vuole porre suso salvia mescolata con polvere sottile di costo e di sommaco e di fieno geco e d’origano ; e di ciò potete salare tutto il corpo, salvo il naso e la bocca. » On dit aussi, en Piémont, que si l’on place de la sauge dans une fiole de verre et qu’on la cache sous le fumier, il poussera un animal par le sang duquel on fait perdre connaissance aux chiens. Les petites femmes pensent que dans chaque feuille de sauge, tant soit peu large, se cache un petit crapaud. On peut comparer à ce propos une information presque identique, qui se trouve dans le livre De Virtutibus Herbarum attribué à Albert le Grand : « Duodecima herba a Chaldaeis Colorio vel Coloricon, a Graecis Clamor, a Latinis Salvia communiter est nuncupata. Haec autem herba putrefacta sub fimo in vase vitreo pocreat quemdam vermem vel avem, habentem caudam in modu merulae, de cuius sanguine si tangatur aliquis in pectore, emittet sensum per quindenam et plus. Et si praedictus serpens comburatur et ponatur cinis in igne, statim fiet ysitis (sic) tonitrui horribilis. Et si praedictus pulvis ponatur in lampade et accendatur, videbitur quod tota domus serpentibus repleatur. » D’autres détails, non moins curieux, on peut rencontrer dans le Libellus Alberti Magni, De secretis mulierum : « Si spermatizaret caltus, est-il dit, super salviam et aliquiscomederet de salvia, tunc ex illo spermate generarentur catti in ventre viri, qui catti per vomitum essent expellendi. » Le même auteur ajoute : « Si mulier biberit salviam coctam per tres dies, tunc non concipiet in uno anno (quia salvia est frigida). » Macer Floridus, De Viribus herbarum, dit à propos de la sauge :


Pellit abortivum, lotiumque et menstrua purgat.


Porta, Phytognonomica, au contraire, attribue à la sauge la propriété de ramener la chaleur aux parties inanimées du corps. « Salviae foliorum, dit-il, squalor cinereus, pellensque facies, arenti et marcescenti similis, qualis in torridis collibus enatae, occasio fuit ... nominandi, quasi sole afflatam, aut tabefactam dicas : medetur sphacelo demortuis partibus, quibus calorem nativum, roburque insitum revocat, qua pollet, familiari facultate. »

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Tony Goupil, dans un article intitulé "Croyances phytoreligieuses et phytomythologiques : plantes des dieux et herbes mythologiques" (Revue électronique annuelle de la Société botanique du Centre-Ouest - Evaxiana n°3 - 2016), cherche à déterminer les plantes associées par leur dénomination aux divinités antiques :


[...] Le père des dieux, Jupiter, est celui qui a sans conteste le plus de plantes sous son « patronage ». En effet le génitif singulier de Jupiter, en latin Jovis, se retrouve dans plusieurs noms de plantes : nous pouvons mentionner la Flos Jovis (que les Grecs appellent Phlox selon Pline l’Ancien), la Colus Jovis qui serait l’ancien nom de la sclarée. Cependant son identification n’est pas certaine. Guy de la Brosse, grand botaniste, dans son ouvrage intitulé Description du jardin royal des plantes medecinales, estably par le roy Louis le Juste (1636), dresse en fin d’ouvrage un « Catalogue des plantes qui sont de présent cultivées au jardin du Roy de Paris, depuis deux ans et demy qu’il est dressé ». À la lettre C de cette liste on peut lire qu’il est cultivé des Colus Jovis. Sans mention particulière, cela ne permet pas d’identifier la plante de façon certaine. Néanmoins John Gerard dans son Herball or Generall Historie of Plantes attribue le nom de Colus Jovis à un type de sauge qu’il appelle en son anglais Jupiters Distaffe. Certains ont voulu y voir une allusion à Salvia pratensis, d’autres à Salvia glutinosa, d’autres encore à Salvia sclarea. Lobel, quant à lui, emploie Colus Jovis pour désigner Salvia glutinosa. D’ailleurs cette dernière (Sauge glutineuse) garde les noms anglais de Jupiter’s distaff ou Jupiter’s sage.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque les mœurs dissolues de la sauge des prés :

11 juin

(Fontaine-la-Verte)


La sauge des prés a des feuilles si gaufrées qu'elles en paraissent appétissantes ; et des étages de folies florales... totem apache bleu sombre, hérissé de becs d'aigle...

Rarement on vit libido plus effrénée, sexualité plus impudique. Sous l'arc de cercle du pétale supérieur, les étamines guettent l'abeille attirée par le nectar, et se décrochent sur elle quand elle se pose. A la fleur suivante, le pistil mur courbe ses longs styles sur le dos de la butineuse, et barbouille ses stigmates d'un pollen spermatique.

Un film « X »... Tant de pornographie effarouche les pensionnaires du couvent. On comprend que, jusqu'au XVIIIe siècle, les autorités chrétiennes aient nié avec véhémence la sexualité des plantes.

[...] 27 juin

(Tincave)

Sauge des prés : becs d'oiseaux de Bosch découpés dans l'épaisseur de la nuit.

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Tony Hillerman, auteur de Les Clowns sacrés (1992, traduction française Éditions Payot et Rivages, 1993) rend hommage aux traditions amérindiennes :


Le projet des Industries Agricoles Navajo avait tendance à entraîner des réactions diverses chez Jim Chee en fonction de son humeur. S'il les longeait en étant "d'humeur patriotique navajo", elles le remplissaient d'un mélange de fierté et de regrets. Il était fier de ce que la tribu avait réalisé en se servant de ses droits d'exploitation de l'eau de la San Juan et de cette zone de collines sans valeur recouverte de buissons de sauge. Ses regrets se concentraient sur ce qui autrait pu être réalisé si les Blancs n'avaient pas confisqué à sa tribu toutes les terres riches des vallées.

Au nord de la route 44, l'océan des buissons de sauge s'étalait jusqu'aux Mauvaises Terres d'Angel Peak. Au sud de la chaussée où les I. A. N. géraient leur domaine, l'argent-gris-noir de la sauge avait été remplacé sur des kilomètres et des kilomètres par le vert dont lanuance dépendait de la plantation et de la saison. Des tiges de maïs en rags serrés alternaient avec des milliers d'hectares de champs de pommes de terre, suivis par de vastes cercles de luzerne d'un vert tirant sur le jaune, d'incroyables étendues d'oignons, de pastèques, de cantaloups, de concombres, de betteraves à sucre, en fonction de la récolte que le marché demandait. Et tout cela avait été rendu possible par une des rares victoires, apparemment sans envergure, remportée par les Navajos sur les spoliateurs de terres blancs. [...]

Ces collines avaient gardé les couleurs noir et argenté de la sauge : elles étaient telles que la nature les avaient faites avant que les bulldozers des I. A. N. n'arrachent la flore et n'éliminent les insectes et les mammifères qui s'en nourrissaient, puis les oiseaux qui se nourrissaient de ceux-ci. Il voyait les collines comme le grand esprit, Femme-qui-Change, avait dû les voir, elle qui avait enseigné que la terre est notre mère nourricière et que la terre, et tout ce qu'elle produit, doit être traitée avec respect. Cette attitude qui consistait à réduire la nature à de grands cercles irrigués était-elle en passe de devenir la Voie de la Beauté des Navajos ?

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Dans Réparer les vivants (Éditions Gallimard, 2014) Maylis de Kérangal imagine un personnage de chirurgien féru de plantes psychotropes, qui les collectionne à son domicile :


"On sait depuis longtemps que Révol a perdu l'autre sommeil, le nocturne, l'horizontal, le profond. Dans l'appartement qu'il occupe, rue de Paris, il n'existe plus de chambre à proprement parler, seule une grande pièce où le lit à deux places fait office de table basse ; il y dispose sa collection de vinyles - l'intégrale de Bob Dylan et de Neil Young -, de la paperasse, et de longs bacs qui accueillent ses expériences botaniques autour des plantes psychotropes - c'est professionnel, c'est ce qu'il dit à ceux, rares, qui débarquent ici, étonnés de voir des plants de cannabis s'élever bien visibles, mais aussi du pavot, de la lavande, du coquelicot, et la Salvia divinorum, la "sauge des devins", une herbe hallucinogène dont il a décrit les vertus curatives dans des articles publiés dans des revues de pharmacologie."

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