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  • Photo du rédacteurAnne

Un Martinet s'invite


Ce matin, un martinet est entré dans l'appartement côté ouest par la chambre de Margot et a cherché à sortir côté est mais la fenêtre étant fermée, il s'est violemment cogné contre la vitre, a aussitôt fait demi-tour et s'est posé sur la table du hall, affolé. Son petit cœur battait si vite que je le voyais exploser dans sa poitrine. Je lui ai parlé calmement pour pouvoir l'approcher mais à peine remis de son choc, il a filé droit par où il était entré, serein une fois son message délivré.

Étymologie :


  • MARTINET, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1375 « martin-pêcheur » (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, I, p. 155) ; 2. 1546 « oiseau du genre hirondelle » (R. Estienne, Dict. Latinogallicum, 99a cité par H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p.103). Dér. à l'aide du suff. -et* du nom propre Martin, pour des raisons inconnues. EWFS2, p. 605a suppose un changement de suff. à partir de martelet*, le bec de l'oiseau, fort et puissant pouvant être comparé à un picot. Hyp. difficile à retenir : martinet 1* « oiseau » étant postérieur à martinet 2*, qui n'a pas le sens de « petit marteau » (v. FEW t. 6, p. 388a et Bl.-W.1-5).

Voir aussi la définition détaillée du nom qui propose quelques éléments de symbolisme.


En France, trois espèces présentes sur le territoire disposent de ce nom vernaculaire :

  • Le martinet noir (Apus apus), l'espèce la plus commune, visible dans toute l'Europe.

  • Le martinet pâle (Apus pallidus), se trouvant à l'extrême sud de la France et de l'Europe.

  • Le martinet à ventre blanc (Apus melba), de l'Europe méridionale, est visible dans les régions montagneuses et dans les villes.

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Zoologie :


Dans le livret Les Oiseaux "utiles" au jardin offert par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée (collection Les Cahiers pratiques du Parc, 2016), on apprend que :


Malgré sa ressemblance, le Martinet noir ne fait pas partie de la famille des hirondelles. Il passe la quasi-totalité de sa vie en vol à chasser (20 000 proies par jour), mais aussi à “dormir” et à s’accoupler. Il nichera dans une cavité de bâtiment, seule période où il se pose pour pondre, couver et alimenter les jeunes. Pour redécoller, il se laisse tomber du nid, ses longues ailes ne lui permettant pas un envol direct.

 

Voir aussi : un article intéressant sur les martinets et la science.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


MARTINET. On sait que l'on donne ce nom à une espèce d'hirondelle. Dans sa Normandie merveilleuse, Mlle Amélie Bosquet rapporte, au sujet de cet oiseau, la gracieuse tradition que voici : « Le premier laboureur qui cultiva le chanvre se trouva dans un grand embarras lorsque la graine commença à atteindre sa maturité. Une multitude d'oiseaux faisait bande autour du champ, et le pauvre homme était obligé de se tenir au milieu d'eux, tournant de droite et de gauche pour les empêcher d'avancer, courant après celui-ci, puis après celui-là, comme s'il eût joué à colin-maillard, ou à c'igne-musette ; même les dimanches et les fêtes, il fallait rester en faction, et les plus belles volées de cloches se perdaient dans les airs, sans que le triste laboureur pût répondre à leur appel. Enfin, dans sa détresse, il invoqua avec ardeur le secours de saint Martin. Grande fut sa surprise, lorsqu'un dimanche, avant la messe, il vit tous les oiseaux du voisinage se rassembler dans une grange ouverte, et y demeurer paisiblement tant que dura l'office. Le brave homme put désormais assister à toutes les fêtes paroissiales, car ce miracle se renouvela en faveur de sa dévotion jusqu'au jour où il eut terminé la récolte du chanvre. Pour contenir la troupe espiègle et turbulente, il suffisait d'une simple herse de labourage, placée à l'entrée de la grange. Un seul oiseau, le martinet, s'échappait quelquefois, et sautait entre les dents de la herse ; mais, s'il faisait usage de son privilège, c'était par une petite gloriole très innocente ; il ne causa, en effet, aucun dommage au champ de chanvre, et n'essaya même pas d'en approcher.

On s'est souvenu, depuis cette époque, de oiseau favori de saint Martin, et l'on a coutume, à chaque nouvelle récolte, de laisser sur pied, à son intention, le plus bel épi de chènevis. »

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Symbolisme :


Lise Brind'Amour et Pierre Brind'Amour, auteurs d'un article intitulé “Le Dies Lustricus, Les Oiseaux De L'aurore Et L'amphidromie.” paru dans Latomus, vol. 34, n° 1, 1975, pp. 17–58. (www.jstor.org/stable/41529605. Accessed 18 Apr. 2020) relatent des légendes qui permettent de faite un lien entre le martinet et le miel :


[…] Le martinet passait donc aussi pour fréquenter les ruches en compagnie du guêpier. L'important ici est la lutte de la mère pour sauver le nouveau-né de la mort et la présence dans ce contexte du martinet et du miel. Les trois frères qui sont les ancêtres mythiques de la famille royale de Macédoine se nomment Aéropos "Le Guêpier", Gavanès "Le Martinet" (?) et Perdiccas "La Perdrix" (Hérodote VIII, 137ss) ; Hérodote raconte comment le plus jeune, Perdiccas, obtint la royauté après avoir fait mine de manger un rayon de soleil qui ressemblait à un pain sur une table : c'est Chanteclair l'oiseau de l'aurore et ses deux frères auroraux le guêpier et le martinet. Il y a un Céyx "le Martinet" qui est fils d'Eosphoros "Le Porteur de jour", nom de l'étoile du monde. Il semble donc que le mythe, si répandu dans le monde ancien, de l'enfant dans son coffre, soit le mieux illustré par le martinet ou le guêpier dans la ruche. Nous sommes convaincus qu'il faut poser dans tous ces mythes un enfant solaire, parfois accompagné d'une mère aurorale, flottant sur les eaux dans une ruche car le miel est d'or, il nourrit le jeune soleil et l'hydromel est la rosée matinale. Un oiseau marin, martinet, martin-pêcheur, héron et par suite d'une confusion avec ce dernier, cigogne (le mythe de Zarex)., figure comme protecteur de la ruche flottante qui porte l'aurore.

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Paul Leutrat retrace pour nous l'histoire de La Sorcellerie lyonnaise (Éditions Robert Laffont, coll. Les portes de l'étrange, 1977). C'est l'occasion de rappeler nombre de légendes de cette région :


A Lyon et dans la région avoisinante, le sabbat s'appelle « le fait » et le diable c'est le Martinet. Il y a à cela une explication. Passant à Milan, saint Martin avait rencontré Satan et celui-ci avait alors déclaré : « Partout où tu iras, tu trouveras le diable pour ennemi. » Mais, arrivé à Lyon et séduit par le site, le Prince des Ténèbres oublia sa promesse au bénéfice de la cité et il s'installa ici en tant que compagnon de saint Martin, c'est-à-dire Martinet. D'où la présence d'oiseaux de cette espèce, nombreux, au-dessus de la ville.

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Si l'on en croit L'Alphabet des Oiseaux de Roger-Régor Mougeot :


" Exceptionnel en vol à voile plané, le martinet surprend par sa rapidité. Ses étroites ailes en faucille fendent l’air à 160 km/h. Il est souvent confondu avec l’hirondelle, mais il a les ailes plus étroites et la queue plus courte. Il happe les insectes en vol et s’y accouple également ; il dort en vol, montant très haut et se laissant redescendre en un très long vol plané. Il ne vient à terre que pour nidifier. Ses cris sont stridents ou graves, plus aigus lorsqu’il vole en troupe, se livrant à des acrobaties, à des poursuites effrénées au ras des toits.


Martin : sonorité MRT, Mère terrestre comme nous avons vu, In, à l’intérieur. Mère (MAR) prenant la terre comme axe (TI) et déployant l’énergie (N) depuis cet axe (I). Aime (M) manifester (A) l’air (R) et la terre (T) prise comme axe (I) pour déployer l’énergie (N). Aime (M) manifester (A) les choses (R) terrestres (T) depuis l’intérieur (In).


Martinet : Mère (MAR) prenant la terre comme axe (TI)- déployant l’énergie (N) depuis cet axe sur les trois plans de l’être humain (E) terrestre (T).


Faire son axe depuis le T (TI) n’est pas aller ver IT, en vérité la juste manifestation !

Le martinet est un apodidé : a privatif de pode ; il n’a pas d’idée dans ses pieds ! Pour les Grecs anciens, les pieds sont le siège de l’âme ; rappel est-il fait d’avoir les pieds sur terre ! Le martinet, comme le colibri, est un apodiforme.

Méritez-vous le martinet ? Ce fouet dont les lanières de cuir fendent l’air comme les ailes de cet oiseau, est bien passé de mode !"

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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Martinet a les caractéristiques suivantes :


Points clés : Vitesse et agilité dans la grande quête - l'élixir magique de la salive.

Cycle de puissance : Soir.


Le martinet est un petit oiseau avec des ailes droites ramenées en arrière un peu en forme de croissant ou de boomerang. Son vol est vif et, comme son nom anglais, swift, l'indique, très véloce. Sa queue est courte et à peine visible, ce que l'on peut voir comme une nécessité de ne pas lambiner dans nos entreprises. Si un martinet entre dan votre vie, vous allez encore avoir à vous poser des questions. Saisissez-vous les opportunités quand elles se présentent ? Est-ce que vous - ou des tiers autour de vous - hésitez trop ? Avez-vous tendance à faire les choses trop vite et à perdre le contrôle en cours de route ?

Le martinet peut nous apprendre comment répondre aux personnes et aux situations de la vie avec rapidité et habileté. Il nous montre comment tirer avantage de toutes les opportunités qui se présentent. Le martinet est très actif le soi, mais on peut le voir se nourrir pratiquement à tout moment de la journée. cela traduit son aptitude à évaluer et répondre rapidement toutes les occasions. Le martinet nous enseigne que l'hésitation peut vraiment faire rater des opportunités.

Le martinet construit un nid en forme de coupe, aggloméré avec sa propre salive. Il existe un formidable mysticisme autour de la salive, de son utilisation curative et de ses connexions avec les fluides vitaux primordiaux en vous. Son utilisation en tant que substance cimentante reflète la capacité à mobiliser les énergies et fluides vitaux à différentes fins.

Dans le tantrisme et le taoïsme, il y a, là encore, beaucoup de mysticisme centré autour de la salive. On attribue à celle d'une femme sexuellement excitée un grand pouvoir, dont celui de guérir et de charger des talismans magiques. on peut utiliser la salive comme « témoin » pour soigner une personne qui n'est physiquement pas présente. un « témoin » est toute chose pouvant représenter psychiquement la personne. C'est un lien avec l'individu concerné et son énergie.

Dans certaines pratiques orientales, la salive était considérée comme un nectar qui pouvait servir à différentes fonctions. Physiologiquement, elle refroidit le corps et nourrit le système. La salive d'une femme passe pour particulièrement puissante - suffisamment pour guérir et prolonger a vie quand elle est prélevée alors qu'elle se trouve dans un état d'excitation.

Le baiser est souvent exploré dans les pratiques de l'amour tantrique ou hindouiste. Des baisers différents assument des fonctions différentes. Ceux qui ont le martiner pour totem feraient bien d'explorer cette question puisque cet oiseau se sert de la salive à des fins spécifiques.

Au surplus, utiliser le baiser come une forme de protection psychique est une pratique très ancienne. Donner un baiser (et donc de la salive) confère de l'énergie psychique et, corrélativement, active les centres psychiques. La salive scelle et protège les parties du corps els plus susceptibles d'être sujets à disharmonie. Elle favorise aussi une plus grande distribution de l'énergie amoureuse au cours de l'activité sexuelle. Les énergies du martiner manifestent parfaitement ce concept, quand on le voit sceller son nid avec de la salive.

Le nid en forme de coupe a une signification très claire pour toux ceux qui ont le martinet pour totem. La coupe est un symbole du Saint-Graal, dont la quête nous amène à trouver notre essence spirituelle et à découvrir comment la manifester au cours notre présente vie.

Toutes les coupes sont associées aux énergies féminines. Une coupe contient et garde les élixirs (salive). On peut s'en servir pour les répandre comme la corne d'abondance. Le nid fait office de rappel nous invitant à agir rapidement et puissamment sur nos énergies féminines. Apprenez à puiser vos eaux et à activer la magie qui set trouve à l'intérieur. Le martiner vous aidera à y parvenir.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Selon une légende normande, lorsque le premier chanvre cultivé sortit de terre, tous les oiseaux vinrent manger les graines, en dehors du martinet qui, lui, ne s'attaqua jamais à sa précieuse récolte ; cela contraignit le laboureur à jouer l'épouvantail tous les jours, même les dimanches et fêtes. Ayant imploré saint Marin, il put enfin se rendre à la messe dominicale, les oiseaux ayant l'amabilité de rester dans une grange pendant l'office. Dans une variante de ce récit, c'est le martinet qui, envoyé par le saint, « délivra pour toujours son champ des bandes de pillards ». On reconnaît l l'origine du nom de l'oiseau - saint Martin - et celle de l'usage, longtemps en vigueur dans les campagnes françaises, de laisser, au moment de la récolte, un ou deux pieds de chanvre « pour que le martinet puisse venir s'y reposer ».

Le martinet qui, « s'il se pose à terre ne pourrait pas reprendre son vol, car c'est un oiseau du ciel », selon une croyance belge, semble être en relation outre-Manche avec le diable : il y est appelé devil screech ou skir-devil. La tradition anglaise affirme que les bagarres de martinets annoncent la guerre et le misère mais qu'en tuer attire l'infortune. Le Roman de Renart atteste, lui, que si l'oiseau Saint-Martin vu sur sa droite est de bon augure, il porte malheur s(il se tient sur le côté opposé. Selon le Guide du bonheur, publié à paris en 1908, un martinet qui fait son nid dans une maison y apporte a prospérité.

Cet oiseau passe, comme tous les autres, pour prédire let temps. Selon un dicton du XVIe siècle, « lorsque les martinets et leurs nichées étendent leurs ailes au soleil, c'est signe de pluie ou de tempête ». On affirme également que la pluie menace s'ils volent bas et bruyamment tandis que le beau temps arrive lorsqu'ils « se poursuivent, haut dans le ciel, en rondes rapides et en poussant des cris stridents ».

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française : Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des oiseaux de la troisième dimension :


Nous voulons que vous compreniez qu'un aigle

n'est pas meilleur qu'un moineau. Pas plus qu'un colibri n'est

meilleur qu'un corbeau. Ils vibrent simplement à des fréquences

différentes et ont des leçons uniques à vous enseigner. Nous

avons choisi les leçons que nous voulons vous transmettre et la

manière dont nous allons vous les présenter, un peu comme un

conférencier choisit le sujet qu'il veut enseigner et la façon dont

il veut l'enseigner. Vous êtes unique et spécial, quelle que

soit la fréquence à laquelle vous vibrez.


Tous les oiseaux de la troisième dimension appartiennent à une groupe d'âmes et nous enseignent des leçons à les démontrant dans leurs propres vies. Ils viennent de Sirius ou sont descendus sur Terre en passant par cette planète.


Les oiseaux migrateurs : Le nombre surprenant d'espèces, incluant les hirondelles, les martinets et la plupart des oies, migrent vers une autre partie du monde ou de leur pays pour passer l'hiver ou l'été. les oiseaux nommés ci-dessus nous rappellent la sagesse de la Lémurie. A cette époque, ils ont appris à voler en formation dont ils prennent la tête à tour de rôle pour ensuite laisser leur place et retourner en arrière. Ils travaillent en totale harmonie, sans meneur, et démontrent que nous pouvons être plus efficaces lorsque nous travaillons ensemble plutôt que lorsque nous nous isolons. Ils portent la guérison des Lémuriens sans leurs champs d'énergie, et pendant qu'ils survolent le monde, ils déversent la guérison sur la nature et sur toutes les créatures de la Terre. Ils sont également liés aux lignes ley qu'ils illuminent, ce qui permet de préserver leur pureté et leur lumière.

Ils ne volent jamais seuls, car l'archange Bhokpi (l'ange des oiseaux) et ses anges les accompagnent.


VISUALISATION POUR TIRER DES ENSEIGNEMENTS DES OISEAUX DE TROISIÈME DIMENSION :

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Fermez les yeux et détendez-vous.

  3. Pensez à un oiseau et appelez-le, mais vous pouvez aussi laisser n'importe quel oiseau apparaître dans votre esprit.

  4. Dites mentalement à l'oiseau que vous êtes prêt à écouter ses enseignements et demandez une communication ou une démonstration.

  5. L'oiseau peut chanter pour vous, auquel cas relaxez-vous et laissez le message pénétrer dans votre cœur.

  6. Si l'oiseau vous montre une photo, demandez-vous quel est le message.

  7. L'oiseau peut communiquer avec vous par télépathie, alors restez ouvert pour apprendre.

  8. Remerciez l'oiseau et cherchez-en un de ce type dans votre vie, dans un livre ou à la télévision.

  9. Si vous en voyez un, sachez que cela vient confirmer qu'il vous apporte un message important.

Alternativement, vous pouvez sortir dans votre jardin, un parc ou la campagne et observer quels oiseaux se présentent à vous.

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Contes et légendes :


Jean Mabire, dans un ouvrage intitulé Légendes traditionnelles de Normandie. (Ancre de Marine Editions, 1997) présente la légende suivante :


Le premier laboureur qui cultiva le chanvre se trouva dans un grand embarras lorsque la graine commença à atteindre sa maturité. Une multitude d'oiseaux faisait bande autour du champ, et le pauvre homme était obligé de se tenir au milieu d'eux, tournant de droite et de gauche pour les empêcher d'avancer, courant après celui-ci, puis après celui-là, comme si il eût joué à Colin-Maillard, ou à Cligne-Mussette. Même les dimanches et les fêtes, il fallait rester en faction, et les plus belles volées des cloches se perdaient dans les airs, sans que le triste laboureur pût répondre à leur appel. Enfin, dans sa détresse, il invoqua avec ardeur le secours de saint Martin. Grande fut sa surprise, lorsqu'un dimanche, avant la messe, il vit tous les oiseaux du voisinage se rassembler dans une grange ouverte, et y demeurer paisiblement tant que dura l'office. Le brave homme put désormais assister à toutes les fêtes paroissiales, car ce miracle se renouvela, en faveur de sa dévotion jusqu'au jour où il eut terminé la récolte du chanvre. Pour contenir la troupe espiègle et turbulente, il suffisait d'une simple herse de labourage, placée à l'entrée de la grange. Un seul oiseau, le Martinet, s'échappait quelquefois, et sautait entre les dents de la herse ; mais, s'il faisait usage de son privilège, c'était par une petite gloriole très innocente, ; il ne causa, en effet, aucun dommage au champ de chanvre, et n'essaya même pas d'en approcher.

On s'est toujours souvenu, depuis cette époque, de l'oiseau favori de saint Martin, et l'on a coutume, à chaque nouvelle récolte, de laisser sur pied, à son intention, le plus bel épi de chènevis.

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Littérature :


Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le cœur.

Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S'il touche au sol il se déchire.

Sa repartie est l'hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?

Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n'est plus à l'étroit que lui.

L'été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.

Il n'est pas d'yeux pour le tenir. Il crie, C'est toute sa présence. Un mince fusil va l'abattre. Tel est le cœur.

René Char, "Le Martinet" in La Fontaine narrative, 1947.

 

Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi les martinets :

4 juillet

(Tincave)


Ballet de martinets alpins contre la falaise : hallucinations. Ces fusées noires, programmées par un fou, plongent puis remontent en chandelle, et crissent comme des totons d'enfant.

Je salue l'aigle royal. Son ampleur lui donne l'apparence d'un dieu grec : Zeus siffle son empire sur l'Olympe.


24 juillet

(Nieuport)


Un éclair de vie et de mort : à la hauteur du huitième étage de l'immeuble où nous sommes, un martinet poursuit un coléoptère. L'insecte plonge, puis tente une ressource pour échapper au bec fatal. L'oiseau suit sans peine, et le gobe.

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Dans Un lieu incertain (Éditions Viviane Hamy, 2008), Fred Vargas poursuit le portrait du héros récurrent qu'elle a créé, à savoir le commissaire Adamsberg :


"Adamsberg n'était pas un homme émotif, effleurant les sentiments avec prudence, comme les martinets touchent les fenêtres ouvertes d'une caresse de l'aile, évitant de s'y engouffrer, tant le chemin pour sortir est ensuite difficile. Il avait souvent trouvé des oiseaux morts dans les maisons du village, imprudents et curieux visiteurs incapables de retrouver l'ouverture par laquelle ils étaient entrés. Adamsberg estimait que, en matière d'amour, l'homme n'est pas plus futé qu'un oiseau. Et qu'en toute autre matière, les oiseaux l'étaient beaucoup plus. Comme les papillons qui n'entraient pas au moulin."

 

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