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Le Vin



Étymologie :


  • VIN, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. a) Fin xe s. « boisson alcoolisée provenant de la fermentation de raisin ou de jus de raisin » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 93) ; b) 1409 mettre tant d'eaue au vin de qqn que « réduire les ambitions agressives de quelqu'un à un point tel que » (Pierre Salmon, [Le Fruictier], Demandes faictes par le roi Charles VI, éd. Crapelet, 56) ; 1443 mettre de l'eaue en son vin « modérer ses ambitions agressives » (Michault Taillevent, La Prise de Luxembourg, éd. R. Deschaux, 294) ; 1464-70 mettre de l'eaue en son vin « dominer sa colère, s'apaiser » (Georges Chastellain, Chronique, Fragments du livre IV révélés par l'Add. Ms. 54516 de la British Library, éd. J. Cl. Delclos, 232), cf. R. Ling. rom. t. 55, p. 283 ; 1606 (Nicot, s.v. Eaue : mettre de l'eaue au vin: arrester sa furie et impetuosité) ; 1648 mettre de l'eaue dedans son vin « id. » (Scarron, Virgile travesty, l. 1, éd. Paris, 1668, p. 46) ; c) 1697 Oh! le vin est tiré, Monsieur : il le faut boire (Regnard, Le Joueur, III, IX, éd. Dunkley, p. 165) ; 1869 Quand le vin est tiré, il faut le boire (A. Daudet, Lettres moulin, éd. Ripoll, 1986, p. 306) ; 2. déb. xive s. vin douz (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 18) ; 1372 vins nouveaulx (E. Deschamps, C'est la Chartre des bons enfants de Vertus en Champaigne ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 327) ; fin xive s. vin blanc du plus vert « vin jeune, fort » (Id., Rondeau ds Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 4, p. 106) ; ca 1495-98 vins cuitz (André de La Vigne, Voyage de Naples, éd. A. Slerca, 4477) ; 1511 vins vieulx (P. Gringore, Jeu du prince des sotz et mere sotte ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 275) ; 1600 vins... de la mere-goutte (Ol. de Serres, Théâtre d'Agriculture, l. 3, chap. 9, p. 219) ; 1606 petit vin (Nicot) ; 1660 vin petillant (Oudin Fr.-Esp., s.v. pétillant) ; 1671 vin du païs (Pomey) ; 1674 vin de liqueur (Mme de Sévigné, Lettres, 5 janv., éd. G. Gailly, t. 1, p. 668) ; 1686 vin de Champagne (M. Baron, Le Rendez-vous des Thuilleries, 178 ds R. Ling. rom. t. 36, p. 226) ; 1694 vin coupé (Ac.) ; 1825 vin de paille (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 378) ; 1839 vin jaune (Comm. t. 2) ; 1841 vins bleus (Joigneaux, Prisons Paris, p. 216) ; 1844 vin bouché (Balzac, Paysans, p. 61) ; 1873 vin de pêche (Dumas) ; 3. 1462 « boisson symbole de l'ivresse, de l'ivrognerie » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1021) ; 1546 « état d'ivresse » (Bible Gérard, Eccles., 19, f°39 vo) ; 1611 estre sur le vin « aimer à boire » (Cotgr.) ; 1621 être pris de vin (Montchrestien, Les Lacènes, éd. Petit de Julleville, p. 181) ; 1623 estre sujet au vin (N. Coeffeteau, Histoire romaine, p. 552) ; 1623 estre entre deux vins (Père F. Garasse, La Doctrine curieuse, p. 561) ; 1690 avoir mauvais vin (Fur.) ; 1718 avoir le vin mauvais (Ac.) ; 4. 1659 vin d'honneur, vin de messe (Duez, Dict. italien e françois, 2e part.) ; 1671 vin de l'étrier (Pomey) ; 5. 1389 « préparation médicinale dans laquelle le vin sert d'excipient » (Doctrine de sapience, fol. 40 ds La Curne) ; 1600 vins medecinaux (Ol. de Serres, op. cit., l. 3, chap. 10, p. 225) ; 6. 1317 vin de pommes (ap. Louvrex, Ed. et règlem. pour le pays de Liège, III, 180 ds Gdf. Compl.) ; ca 1440 vin de prunelles (Miracles de Ste Geneviève, éd. C. Sennewaldt, 2360) ; 1562 vin de dattes (Du Pinet, Pline, t. 2, p. 234) ; 1690 vin de palme (Fur.) ; 7. 1395 « vin donné en cadeau ou en pourboire » (L'Estoire de Griseldis, éd. M. Roques, 1293) ; 1549 vin des varlets (Est.) ; 1812 vin du domestique (J. C. Bailleul, Moyens de former un bon domestique, p. 111 ds Quem. DDL t. 25). Du lat. vinum « liqueur tirée d'autres fruits que le raisin », « vin ».


Lire également la définition du nom vin afin d'amorcer la réflexion symbolique et l'article sur la Vigne.

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Bienfaits thérapeutiques :


Selon R. J. Opsomer et J. P. Auquière, auteurs d'un article intitulé "Les aliments aphrodisiaques... tous des placébos ? (in Louvain médical, 2009, vol. 128, n°8) :

[...]

Le vin : un médicament ?

Dans l’antiquité, le vin est considéré comme un antiseptique. Au XIIe siècle déjà, la mystique allemande Hildegarde de Bingen prescrivait du vin pour traiter les maladies du cœur (39). Dès 1819, S. Black, cité par Adam et Jault, constatant dans une étude épidémiologique sur l’angine de poitrine que cette affection était fréquente en Irlande et paradoxalement peu rapportée en France, déclarait que cette différence était liée aux « habitudes et mode de vie des français, la douceur de leur climat et le caractère particulier de leur humeur » (35). Cette affirmation pourrait être considérée comme le premier énoncé du fameux « Paradoxe français ». En novembre 1991, à l’occasion d’un scoop télévisé sur CBS, les américains découvrent le « French Paradox » : la mortalité par affection ischémique cardiaque est plus faible en France qu’aux Etats-Unis (35). La réalité du paradoxe français a été analysée, validée, contredite et finalement nuancée au cours des deux dernières décennies. Elle a eu le mérite d’induire des études épidémiologiques et expérimentales de qualité permettant de comprendre le rôle des procyanidines du vin sur l’endothélium et sur la prolifération cellulaire.

Il a été démontré que le vin (et non l’alcool) avait un pouvoir antioxydant : en fait ce sont les flavonoïdes du vin qui ont un effet inhibiteur sur l’oxydation des LDL. Les vins rouges ont un pouvoir antioxydant plus élevé que les vins blancs. La richesse du vin en polyphénols aux vertus antioxydantes, est à la base du paradoxe français. Ces polyphénols agiraient entre autres, en protégeant les lipoprotéines de type LDL contre l’oxydation. Ce phénomène contribuerait, in fine, à diminuer la formation de la plaque athéromateuse. Ainsi ces antioxydants contribueraient à diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire (35).

La quantité et la qualité des polyphénols du vin est fonction du type de fermentation : un vin issu d’une fermentation longue contiendra une quantité importante de polyphénols (flavonoïdes,acides-phénols). Par ailleurs, les vins rouges contiennent des tanins condensés. Le vin élevé en barrique contient en plus des tanins hydrolysables (35, 40).


35. Adam A, Jault J.L. Le bonheur est dans le vin. Les Editions de l’Homme, Montréal, 2006.

39. Ferris P. Les remèdes de santé d’Hildegarde de Bingen, Collection Marabout Santé, N°2859, Editions Marabout, 2002.

40. Berke B, Vauzour D, Castagnino C, et al. : Vin et santé : découvertes récentes. Journal de Pharmacie de Belgique 2003; 58 : 57-74.

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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


VIN. [...] Gryllus n'attribue la décadence du génie et de la science chez les Grecs, qu'à la privation où ils se trouvent des vignes que l'islamisme a détruites et qui leur procuraient autrefois les vins les plus renommés. Les poëtes grecs et latins laissent suffisamment connaître que le vin réveillait fréquemment leurs fibres endormies ; et Ovide, privé de cette liqueur dans son exil, se plaint de ne plus sentir les mêmes feux dont il était auparavant échauffé. Il faut donc nécessairement conclure de tous ces exemples que le vin est un puissant tonique dont l'emploi est généralement utile ; mais c'est une erreur très grave de croire que, pris avec excès, il ne puisse, comme toute autre substance, causer des perturbations redoutables. L'ivresse d'ailleurs, personne ne l'ignore, cause chez l'homme un entier abrutissement, et ce seul effet devrait rendre aussi précautionneux que honteux, ceux qui croient simplement suivre les conseils de la médecine, en buvant du vin outre mesure.

Le vin recevait de nos pères diverses épithètes dont voici les principales : Le vin d'âne était celui qui faisait dormir ; le vin de coucher, celui que les nouveaux mariés faisaient boire aux gens de la noce ; le vin de congé, celui qu'on offrait à celui qui prenait congé ; le vin de Brétigny, celui qui était très vert ; le vin bâtard, celui où se trouvait beaucoup d'eau ; le vin de cerf, celui qui faisait pleurer ; le vin de Saint-Jean, celui qui était très capiteux ; le vin de Lyon, celui qui rendait querelleur ; le vin de renard, celui qui rendait subtil ; le vin de poireau, du cidre ; le vin de singe, celui qui mettait en joie ; le vin de porc, celui qu'on restituait ; le vin de Nazareth, celui qui ressortait par le nez ; et le vin de teinte, celui qui, étant très fort de couleur, servait à en colorer d'autres.

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Symbolisme :


Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"Outre des interprétations particulières comme celle de saint Bernard, qui n'y voit que la crainte et la force, le vin est très généralement associé au sang, tant par la couleur que par son caractère d'essence de la plante : il est en conséquence le breuvage de vie ou d'immortalité. Particulièrement - mais non exclusivement - dans les traditions d'origine sémitique, il est en outre le symbole de la connaissance et de l'initiation, en raison de l'ivresse qu'il provoque. Dans le Taoïsme, la vertu du vin ne se distingue pas du pouvoir de l'ivresse. Depuis la Grèce ancienne, le vin se substituait au sang de Dionysos et figurait le breuvage d'immortalité. C'était son rôle aussi dans le Taoïsme, où il faisait l'objet d'une préparation rituelle complexe. Dans les sociétés secrètes chinoises, le vin (de riz) se mêle au sang lors du serment et, boisson communielle, permet d'atteindre l'âge de cent quatre-vingt-dix-neuf ans. C'est aussi, bien entendu, la signification du Calice du Sang du Christ dans l'Eucharistie, préfiguré par le sacrifice de Melchisedech. Nous rejoignons également ici la notion de sacrifice associée à l'effusion du sang, sacrifice qui peut être en même temps celui des tendances passionnelles associées à l'ivresse. Le vin est élément de sacrifice chez les Hébreux. Il le fut aussi - mais dans un sens différent, comme essence végétale - chez les Chinois de l'Antiquité. Le vin du sacrifice, écrit saint Martin, c'est l'agent actif et générateur du Grand Œuvre, le soufre du symbolisme alchimique.

Le vin comme symbole de la connaissance et de l'initiation n'est étranger à aucune des traditions citées plus haut, et notamment pas aux mythes dionysiaques. L'Inde nous offre aussi un symbolisme ambivalent : dans le mythe du Barattage de la Mer de lait, les asura seraient ceux qui acceptèrent de le boire, tandis que les deva seraient, selon certaines interprétations, ceux qui n'ont pas consommé le vin (surâ). Le symbolisme le plus commenté est celui du Cantique des Cantiques (2, 4) : Introduisez-moi dans la maison du bon vin. C'est, dit Origène, la joie, l'Esprit-Saint, la Sagesse, la Vérité. C'est, dit saint Jean de La Croix, selon l'entendement, la sagesse de Dieu ; selon la volonté, son amour ; selon la mémoire, ses délices. Chez Clément d'Alexandrie, le vin est au pain ce que la vie contemplative et la gnose sont à la vie active et à la foi. Chez Elie l'Ecdicos, la pure contemplation est le vin parfumé qui met hors d'eux-mêmes ceux qui s'en saoulent, la prière simple étant le pain des débutants.

Ce vin a la même saveur pour les mystiques musulmans : c'est la boisson de l'amour divin (Naboulousi). Dans le Soufisme, le vin est le symbole de la connaissance initiatique réservée à quelques-uns. C'est, dit Ibn Arabî, le symbole de la science des états spirituels.

Dans la tradition biblique, le vin est d'abord signe et symbole de joie (Psaumes 104, 15 ; Ecclésiaste 9, 7) et, par généralisation, de tous les dons que Dieu fait aux hommes (Genèse 27, 28).

Comme le vin est, dans les religions environnantes, la boisson des Dieux (voir Deutéronome 32, 37-38), on comprend :

  • qu'Israël lui ait reconnu une valeur sacrée ; il a sa place dans les sacrifices du culte (Exode 29, 40) où la notion d'aliment divin est encore toute proche ;

  • que cette boisson, si intimement liée aux cultes païens, ait été dans certains cas prohibée. La secte des Réchabites dont parle Jérémie (35) refuse le vin, parmi d'autres signes d'une sédentarisation toujours suspecte de syncrétisme religieux.

Le vin, porteur d'ivresse, est encore le symbole de l'égarement dont Dieu frappe les hommes et les nations infidèles et rebelles, pour mieux les châtier (Jérémie 25, 15 s., 27 s.). Parfois même par brachylogie, le vin symbolise la colère de Dieu (Isaïe 51, 17 ; Apocalypse 9, 15).

Dans le Nouveau Testament, et spécialement dans les écrits johanniques, le mot est évidemment chargé de sens symbolique, sans qu'il soit toujours facile de déterminer ce sens. Ainsi l'eau changée en vin lors des noces de Cana (Jean, 2). faut-il y voir un symbole eucharistique, comme les premiers commentateurs chrétiens l'ont fait ?

Jésus, instituant la Cène, exprime un autre symbolisme : Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance (Marc 14, 24 et parallèles, allusion au sacrifice sanglant d'alliance, décrit en Exode 24, 8). Le rapprochement est-il suffisamment expliqué par l'expression, au demeurant assez rare : le vin est le sang de la grappe (Genèse 49, 11 ; Deutéronome 32, 14) 5. Le sang aurait été remplacé par e vin dans les sacrifices, depuis l'exil.

L'art funéraire qui multiplie sur les tombes les motifs de la vigne, des vendanges ou du vin, montre que cette boisson était regardée comme symbole d'immortalité. Fréquente est l'illustration du thème où l'influence de l'art dionysiaque est assez évidente. Cette contamination païenne doit sans doute être pur beaucoup dans l'innovation d'Hérode qui introduisit dans le Temple une vigne d'or (Josèphe, Antiquités Juives 15, 395 ; Guerre Juive 5, 210).

Le symbolisme bacchique du vin est utilisé en Islam, tantôt à propos des joies profanes, tantôt pour désigner l'ivresse mystique. De même l'éloge du vin apparaît dans le Cantique des Cantiques, les mystères antiques, la légende du Graal, le culte chrétien, etc. En hébreu, les mots vin (yain) et mystère (sôd) ont la même valeur numérique : 70. En Islam, l'interdiction de boire le vin matériel accentue encore la force et la portée du symbole.

Naturellement, les Soufis ont interprété mystiquement le verset 76, 21 du Coran, qui dit : Leur Seigneur leur fera boire une boisson pure ; le verset 83, 25 : On leur donnera à boire un vin parfumé et scellé ; les verset 47, 16 ; 37, 44-66 ; 56, 18 ; 78, 34 ; 76, 5 ; etc. qui parlent de boisson, de vin, de coupes, de sources et d'échansons.

Bâyazid de Bisthâm, le grand mystique persan (mort en 875) dit : Je suis le buveur, le vin et l'échanson. dans le monde de l'Unification, tous sont un.

Pour les initiés, dit Lâhijî, dans son commentaire du Guisân î-Râz, la Roseraie du Mystère, traité de Soufisme de Mahmud Shâbestâri, le vin représente l'amour, le désir ardent et l'ivresse spirituelle. Shâbestâri écrit lui-même que le vin, la troche et la beauté sont les épiphanies de Dieu. Bois à longs traits, dit-il, le vin de l'annihilation. Bois le vin, car la coupe est la face de l'Ami.

Ibn al Faridh (1181 - 1235) a consacré un grand poème, Al-Khamriya, à l'éloge du vin. Il débute ainsi :

Nous avons bu à la mémoire du Bien-Aimé un vin qui nous a enivrés avant la création de la vigne.

Le commentaire de Nabolosi dit à ce propos : Le vin signifie la boisson de l'Amour divin... car cet amour engendre l'ivresse et l'oubli complet de tout ce qui existe au monde. Il ajoute : Ce vin, c'est l'Amour divin éternel qui apparaît dans les manifestations de la création... Et c'est encore, ce vin, la lumière qui brille en tout lieu, et c'est encore le vin de l'Existence véritable et l'appel véridique. Toute chose a bu ce vin...

Jelal-ed-Din Rûmi, le plus grand poète mystique soufi, écrit de même, faisant allusion à la préexistence des âmes : Avant qu'en ce monde il y eût un jardin, une vigne, du raisin - notre âme était enivrée du vin immortel. Ce symbolisme est constant. On trouve aussi constamment le symbolisme de l'échanson (Dieu octroyant sa grâce, ou le Maître de la connaissance mystique, etc.) et celui de la taverne, qui peut désigner le lieu de réunion des amis ou confidents, c'est-à-dire de ceux qui partagent les mêmes secrets spirituels ; ou dans un sens encore plus mystique, un centre d'initiation. Bien entendu, ce symbolisme peut aussi être utilisé pour désigner des plaisirs profanes ; ainsi dans Omar Khayyam, etc.

C'est par le vin, porteur de joie, que Dionysos enivrait ses fidèles : Le vin, sang de la vigne, dans lequel on pensait que le feu s'unissait au principe humide et qui exerçait sur l'âme des effets tour à tour exaltants et terrifiants, se prêtait merveilleusement à symboliser l'élément divin dont les anciens croyaient reconnaître la manifestation dans l'épanouissement de la vie végétative.

Mais l'usage du vin était interdit dans les libations aux dieux infernaux, puisqu'il était la joyeuse boisson des vivants ; interdit aussi à Mnémosyne et aux Muses parce qu'il trouble la mémoire (ces explications n'étant d'ailleurs que des hypothèses).

Le vin apparaît dans les rêves comme un élément psychique de valeur supérieure : c'est un bien culturel, en rapport avec une vie intérieure positive. L'âme éprouve le miracle du vin comme un divin miracle de la vie : la transformation de ce qui est terrestre et végétatif en esprit libre de toutes attaches."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


A l'entrée vin : Le vin, avec l'alcool, a représenté un peu partout la jeunesse et la longévité. « Dans les sociétés secrètes chinoises, le vin (de riz) se mêle au sang lors du serment et, boisson communielle, permet d'atteindre l'âge de neuf cent quatre vint dix neuf ans. » En France, « boire un verre de vin pris après la soupe, dit-on, c'est retirer un écu de la poche du médecin ».

Au Moyen Âge, on croyait que laver la tête d'un nouveau-né avec du vin blanc lui donnait les cheveux crépus ; à la même époque, le reste du vin de la messe guérissait les fièvres. Une épée trempée dans du vin avait le même pouvoir.

En cas de morsure par un chien enragé, prendre à celui-ci quelques poils, les jeter dans un verre de vin et avaler le breuvage. S'il 'agit de soigner une entorse, composez un cataplasme de vin rouge et de miel et récitez pendant neuf jours au troisième coup de midi :


Trois anges sur la mer qui tord et détord ;

Notre Seigneur qui retord ;

Le bon saint Damois

Les mette dans les joints

Et le bon saint Loup

Les mette dans les nouds [nœuds]

C'est ce que je vous souhaite de tout mon cœur !


Sachez également que le vin dans lequel on a mis des rognures d'ongle « enivre terriblement » ; celui dans lequel a macéré l'alliance de sa mère protège le nouveau-né qui le boit.

Une femme qui verse les premières gouttes d'un tonneau de vin à travers les alliances permet à son époux de ne pas subir les affres de la jalousie.

En rêve, le vin apparaît comme « un élément psychique de valeur supérieure : c'est un bien culturel, en rapport avec une vie intérieure positive ». D'ailleurs, rêver de vin ou de vigne est, selon une croyance du XVe siècle, de très bon augure.

Si on jette du vin au visage d'une femme enceinte, l'enfant risque d'en porter l'empreinte, sous la forme surtout de ce qu'on appelle communément une « tache de vin ». En reverser porte chance et annonce en particulier une rentrée d'argent ; pour que le charme agisse, il faut tremper le doigt dans la tache et s'en toucher le front.

Quelques pêcheurs de la Méditerranée croient calmer la mer en lui offrant un verre de vin.

Enfin, selon Andrée Ruffat, « l'usage qu'exige la politesse de l'hôte de verser quelques gouttes de vin dans son verre avant de servir ses invités, n'est autre qu'un souvenir du "rite d'inauguration" et non un souci d'appréciation gustative ».

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Symbolisme alimentaire :

Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le Vin Blanc

Le Vin Blanc représente la pureté du cœur ; le JE, qui est noble et qui doit être façonné, attend d'être découvert. Il faut encore polir. Le damant brut demande à être taillé. On soupçonne déjà "vaguement" les richesses qui se trouvent dans ses propres sources, mais cela se manifeste encore insuffisamment. On en a une vision imparfaite, on ne voit pas clair ; on attend l'épuration, une "clarification" de soi, que son propre JE sorte de tout ce qui l'enveloppe...

L'envie de Vin Blanc a parfois l'art de "mentir" : à soi-même. Il arrive qu'il se fasse croire à lui-même des choses qui sont fausses ; il ment parfois vis-à-vis de sa propre nature. On se trahit parfois soi-même, on trahit sa propre nature. Comme on veut se tenir "caché", on s'accroche à certaines choses qui ne concordent pas vraiment avec sa Vraie nature. On se leurre (et par conséquent on leurre les autres, bien que cela soit souvent inconsciemment). Il est possible qu'on évite même son vrai Noyau profond. On tourne autour. Il faudra dissiper le brouillard qui entoure son propre être afin de montrer de façon sincère qui on EST et afin de manifester son véritable contenu, ce qu'il y a en soi.

La puissance de la mère, de l'élément maternel en l'être humain est souvent très forte, mis on n'ose pas le vivre, ni l'extérioriser. On garde secrets ses sentiments et ses sphères légères et féminines. On ne dévoile rien. Il s'agit du Paradis caché : il n'est accessible à personne, mais non plus à soi-même.

Le Vin Blanc représente le fait qu'on veut tout apaiser et aplanir, sous le prétexte de la "pureté". A la rigueur, le ténébreux, le "péché", les profondeurs obscures (ou ce qu'on ressent ainsi), doivent rester cachés... sous le manteau de la Spiritualité, de la Pureté, d'une noble Élévation. Il y a en cet être humain un désir profond de ne pas devoir être confronté à ce qui est ténébreux, ni en lui-même, ni dans le monde extérieur Il souhaite voir que tout soit bien poli, lisse, nivelé, clair, léger, épuré.

Cependant il ne devra pas pratiquer la politique de l'autruche : il doit oser regarder au fin fond de lui-même pour pouvoir voir la vérité, pour voir qu'il n'y a pas d'impuretés qui doivent être "examinées" et balayées ; s'il ne le fait pas, il se ment à lui-même en faisant comme si de rien n'était et en vivant à la surface de son JE. Il doit oser regarder dans ses profondeurs, regarder ce qui lui semble encore vague, ce qui lui semble "impur". Et peut-être n'y a-t-il absolument rien de ténébreux et d'impur : mais tant qu'il s'enfuit loin de ses profondeurs affectives et de ses sentiments intimes., il ne peut pas voir clair en lui-même. Il ne doit pas fuir ses sentiments.

A suivre

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