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Le Paresseux



Étymologie :


  • PARESSE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 peresce « disposition habituelle à ne pas travailler » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10743) ; ca 1160 parece (Eneas, 2406 ds T.-L.) ; 2. ca 1170 «manque d'énergie pour faire quelque chose» ne m'est perece de + inf. (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6266) ; 1663 paresse à (Molière, Critique de l'Ecole des femmes, 2) ; 3. 1678 « lenteur intellectuelle » (La Rochefoucauld, Maximes, 487 ds Rob.) ; 4. 1856 méd. « fonctionnement anormalement lent » paresse musculaire (Hugo, Contempl., t. 1, p. 189). Du lat. pigritia « paresse ; paresse de l'estomac », dér. de piger « qui répugne à, paresseux, indolent » avec changement du suff. -itia > ( a. prov. pereza) en -icia et passage de per- en par- prob. dû à l'action du r.

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Zoologie :


Lire l'article de l'Encyclopédie Larousse pour aborder la réflexion symbolique.

 

Selon Matt Pagett, auteur de Le petit livre de merde (titre originale What shat that ?, Quick Publishing, 2007 ; édition française Chiflet & Cie, 2008) :


"Quiconque essaie de se pencher sur la vie d'un paresseux risque d'y perdre l'équilibre. L'animal se déplace en effet à une vitesse (ou plutôt une lenteur) de moins de 20 mètres à l'heure ; il dort 16 heures par jour, et passe son temps la tête en bas, accroché aux branches des arbres. Sa façon de déféquer, tout aussi originale, intrigue les scientifiques.


Description : La merde de paresseux est très fibreuse. L'animal a un estomac énorme (le tiers du volume du corps). Son métabolisme étant lent, sa digestion peut durer un mois. Le résultat logique est une crotte assez dure, qui mettra du temps à se décomposer.


Pourquoi ? ? ? ? ? Une fois par semaine, le paresseux quitte ses branches feuillues pour déféquer au pied de l'arbre. Pour quelle raison ?

  • Il se chierait dessus s'il restait sur son arbre ?

  • Ses excréments sont destinés à nourrit l'arbre dans lequel il vit ?

  • Il chie par atavisme car ses ancêtres vivaient sur la terre ferme ?

  • C'est une façon de marquer son territoire ?

Parmi toutes ces hypothèses, plus ou moins sérieuses, aucune n'est vraiment satisfaisante.


La merde nourricière : La relation que le paresseux entretient avec ses nombreux parasites a de quoi intriguer car les insectes semblent vraiment apprécier son hospitalité ; ils choisissent sa merde pour s'y multiplier. Quand le paresseux défèque au pied de son arbre, un papillon parasite s'installe dans ses excréments pour y pondre ses œufs, avant de remonter sur le dos de l'animal. Les œufs donneront des larves qui se développeront dans la merde, avant de devenir à leur tour des papillons, pour partager la vie d'autres paresseux.


Souvenirs, souvenirs... En 1998, on a trouvé une merde fossilisée vieille de 19 000 ans dans une caverne près de Las Vegas. Elle avait été déposée là par un paresseux géant, de la taille d'un éléphant. A l'époque, les paresseux géants vivaient encore à terre. Et les arbres ne savaient pas ce qui les attendait."

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Symbolisme :


Selon Claude Lévi-Strauss dans La Potière jalouse (1985) citée dans Des symboles et leurs doubles (1989) :


"L'animal auquel les mythes sud-américains confient la charge de connoter la rétention anale est le Paresseux. [...]

Le Paresseux - mammifère édenté, membre avec les Fourmiliers et les Tatous du sous-ordre des Xénarthres et représenté par les genres Bradypus et Choloepus - souffre d'une mauvaise régulation thermique qui limite son habitat aux régions chaudes du continent où la température reste à peu près constante. De plus, les Paresseux, surtout ceux du genre Bradypus, ne consomment qu'un petit nombre d'espèces végétales parmi lesquelles les feuilles de Cecropia tiennent une place prépondérante : "Aucuns estiment cette bête vivre seulement des feuilles de certains arbres", notait déjà au XVIè siècle Thevet. Ces deux facteurs cantonnent les Paresseux dans une zone forestière qui va, en gros, de la Bolivie orientale à la Guyane et comprend le bassin amazonien.

[...]

Si les Paresseux n'excrètent qu'à de longs intervalles, la raison en est aussi qu'ils mangent fort peu, parfois un jour sur deux, et qu'ils peuvent même jeûner plusieurs jours de suite. J(ai déjà signaler que Bradypus se nourrit presque exclusivement de feuilles Cecropia : Choloepus s'accommode d'un menu plus varié.

Cette frugalité n'est pas passée inaperçue des anciens voyageurs et ils en ont parfois tiré des conclusions extrêmes : "Une autre chose digne de remarque", dit Thevet à propos du Paresseux, "c'est que cette bête n'a jamais été vue manger d'homme vivant [entendez : pendant la durée de la vie d'un homme], encore que les Sauvages en aient tenu longue espace de temps, pour voir si elle mangerait, ainsi qu'eux-mêmes m'on récité". Au XVIè siècle aussi, Oviedo y Valdes déclare : "J'ai eu un paresseux chez moi. A ce que j'ai pu comprendre, cet animal doit se nourrir d'air [...] On ne l'a jamais vu manger quoi que ce soit, mais il tourne continuellement sa tête ou sa bouche en direction du vent." Toujours à la même époque, Léry s'exprime comme suit :"J'ai entendu non seulement des sauvages, mais aussi des truchements qui avaient demeuré longtemps en ce pays-là, que jamais homme, ni par les champs, ni à la maison ne vit manger cet animal ; tellement qu'aucuns estiment qu'il vit de vent."

[...]

Capables de retenir ses excréments grâce à une large poche rectale où il emmagasine des matières fécales en quantité considérable, le Paresseux mange si peu qu'on a pu croire qu'il se nourrit seulement d'air. Ainsi se confirme encore une fois que des spéculations mythiques, extravagantes de prime abord, reposent sur des connaissances zoologiques et botaniques très positives. Les hommes n'auraient pu les acquérir s'ils n'avaient de tout temps éprouvé une curiosité passionnée pour les êtres et les choses qui les entourent. Mais la pensée mythique va au-delà de ces observations. Elle en tire des inférences non validées par l'expérience, mais qui satisfont l'imagination et la réflexion.

Comme d'autres animaux ou êtres surnaturels dont je parlerai, selon les Carib de la Guyane le Paresseux n'a pas d'anus ; mieux vaudrait dire qu'il n'en a plus. Quand le monde fut définitivement mis en ordre, on soumit les animaux à une épreuve de natation. Le Paresseux échoua car il pétait sans arrêt ; il fallut lui boucher l'anus avec un tampon de boue (les paresseux se traînent sur le sol, mais sont bons nageurs). Doté à l'origine de flatulence comme l'Engoulevent des mythes nord-américains, il diffère de lui en ce sens qu'il a perdu cette capacité. Tant par la rétention anale que par l'absence d'avidité orale (le Paresseux mange peu ou, dit-on, pas du tout) les mythes mettent donc le Paresseux en corrélation et opposition avec l'Engoulevent.

Autre rapport de corrélation et d'opposition entre le Paresseux et l'Engoulevent : tous deux sont associés à une activité technique. On a vu que les mythes jivaro mettent l'Engoulevent à l'origine de la poterie. La place du Paresseux est du côté du tissage. Selon un mythe tacana, du temps que les Paresseux étaient pareils aux humains le cadet de eux frères s'éprit d'une femme-paresseux. Nulle femme ne pouvait se comparer à elle comme tisseuse de hamacs, de musettes et de ceintures. Le frère aîné détestait sa belle-sœur mais ne parvint pas à rompre le mariage. Les femmes-paresseux conclut le mythe, font les meilleures tisserandes et les meilleures épouses. Le mythe waiwai affirme qu'à l'origine seuls les Indiens et le Paresseux Choloepus savaient fabriquer des vêtements de fibres.

Il suffit sans doute de savoir que les deux animaux s'opposent doublement sous le rapport de l'avidité et de la rétention, d caractère oral et du caractère anal, pour admettre à titre de conséquence que si le premier est associé à l'un de deux grands arts de la civilisation, le second le sera nécessairement à l'autre. Mais l'association du Paresseux avec le tissage se justifie de façon plus directe.

Suspendu la tête en bas à une branche - position chez lui habituelle - le Paresseux ressemble à un hamac. Le mythe mundurucu [...] fait du Paresseux l'avatar d'un homme couché dans son hamac e se confondant peu à peu avec lui. Le mythe de Poronominaré dit qu'un hamac transformé en animal fut le premier Paresseux.

On peut aller plus loin encore dans l'interprétation. Un mythe warrau (indexé M 327 dans Du Miel aux cendres) oppose les deux épouses d'un Indien : l'une bonne tisserande mais stérile, l'autre féconde et inapte à tout métier. Stérile, bonne ouvrière, la première est tout entière du côté de la culture ; la seconde, pour des raisons inverses, tout entière du côté de la nature. Or, les Indiens sud-américains prêtent une valeur sociale et morale au contrôle des fonctions d'élimination. On a observé dans certains groupes que les hommes se font vomir au réveil pour évacuer la nourriture restée la nuit dans l'stomac ; presque partout en Amérique du Sud, l'Indien préfère retarder l'évacuation des selles jusqu'à la nuit tombée : "Il sait mieux que l'homme blanc contrôler ses besoins naturels et semble respecter la même maxime qu'un Indien de San Carlos m'a formulée dans un espagnol approximatif en disant : "Quien caga de mañana es guloso", celui qui défèque la matin est un glouton". Céder à la nature, c'est se montrer un mauvais membre de la société.

Par sa stérilité, l'habile ouvrière du mythe warrau transpose dans le registre des fonctions reproductrices la rétention dont il est vertueux que les hommes fassent preuve eu égard aux fonctions d'élimination. Sous ce dernier rapport, le Paresseux, très petit mangeur qui excrète à de longs intervalles et toujours au même endroit, apparaît comme un animal naturellement bien élevé qui peut servir aux Indiens de modèle culturel. Il n'est donc pas surprenant que ceux-ci lui attribuent une compétence particulière en matière de tissage, le plus complexe et le plus raffiné des grands art de la civilisation, et celui que des sociétés d'un niveau technique rudimentaire ont su porter à un haut degré de perfection.

[...] Dans les régions chaudes de l'Amérique du Sud la pensée mythique a fait un sort au Paresseux, frappée qu'elle était pas une physiologie et une éthologie très spéciales ; sans doute aussi par le mode d'accouplement de ces animaux en position ventrale et durant plusieurs heures, donc facilement observable : posture très rare chez les mammifères sauvages, qui incite à attribuer au Paresseux une certaine dose d'humanité."

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Paresseux est défini par les caractéristiques suivantes :


Traits : Le Paresseux symbolise la nécessité de ralentir, de faire des progrès réguliers, et de ne jamais abandonner ses rêves. Le paresseux est lent et maladroit dans les arbres et sur la terre, mais c'est un nageur fantastique. Il a de longues griffes qui l'aident à grimper de branche ne branche, en avançant régulièrement dans les arbres., où il passe la majeure partie de son temps. La fourrure du paresseux héberge quantité d'autres petites bêtes, parmi lesquelles scarabées, phalènes, cafards ainsi que des champignons et des algues qui font que le paresseux prend une couleur verte. Cela veut dire que, même si vous rencontrez des personnes intéressantes sur votre chemin à qui vous offrez votre aide pour leur propre cheminement.


Talents : Sait être seul ; Camouflage ; Clairvoyance ; Généreux ; Protection ; Va à son propre rythme ; Point de vue original ; Visionnaire.


Défis : Asocial ; Amer ; Sale ; Sévère ; Problèmes pour s'harmoniser ; Repli sur soi.


Élément : Air ; Terre ; Eau.


Couleurs primaires : Brun ; Gris vert (lorsque l'algue est présente).


Apparitions : Lorsque le paresseux apparaît, cela veut dire que vous devez aller à votre propre rythme et prendre le temps qu'il vous faut pour parvenir à vos buts. Vous êtes très conscients des autres et de la façon dont ils vous perçoivent. Ils peuvent croire qu'il est facile de profiter de vous du seul fait que votre rythme naturel est plus retenu que le leur. Ils se tromperaient sacrément en vous mettant en difficulté, car vous êtes tout à fait capable de vous protéger contre les agresseurs qui vous mettent en danger. Le paresseux a un métabolisme très lent, c'est pourquoi il mange très peu, et seulement des feuilles, ce qui n'est pas très nourrissant. Il ne va se laver qu'une fois par semaine, et dort entre dix et dix-huit heures par jour. Cela signifie qu'il vous faut faire attention à vos habitudes alimentaires et à votre propreté. Si vous sautez des repas et vous sentez léthargique, veillez à faire trois repas par jour pour raviver votre énergie. Si vous mangez trop, alors tournez-vous vers une cuisine plus légère en plus petites quantités. Si vous ne vous douchez pas trop souvent, sautez dans l'eau pour vous nettoyer, la façon du paresseux quand il va nager.


Aide : Vous avez besoin de vous brancher sur vos dons d'intuition et de les affiner. Vous avez tendance à avoir des visions clairvoyantes, mais parfois vous ne savez pas comment les interpréter. Le paresseux vous donne une vision claire pour que vous puissiez voir comment les événements vont se dérouler, et il vous donne la faculté de comprendre la signification des choses derrière ce qu'on en voit. Si vous l'impression d'être dans un train lancé à toute vitesse, sans pouvoir diriger votre vie, le paresseux peut vous aider à ralentir le rythme pour que votre existence soit plus facile à gérer. Le paresseux adore se suspendre à l'envers, c'est ce qu'il fait pour dormir la nuit et pour accoucher. Le paresseux a trois orteils, peut tourner sa tête à 360 degrés et voir tout autour de lui. Cela veut dire qu'il peut vous aider à) regarder votre vie ou des situations précises avec un point de vue vaste et original. Lorsque vous vouez les choses sous un angle différent, vous pouvez être surpris de ce qui se révèle à vous. Vous pouvez vous sentir déplacé, si vous n'êtes pas vraiment en harmonie avec ce qui se passe, mais votre nature étrange, intrigante, vient rappeler que vous avez une raison d'être très spéciale et particulière. Le paresseux vous protège et vous rappelle de regarder en vous lorsque vous vous sentez déplacé dans le monde qui vous entoure. Le véritable but de votre existence est là, à l'intérieur de vous. Saisissez-vous -en et réjouissez-vous de l'extraordinaire force de l’esprit que vous êtes.


Fréquence : L'énergie du paresseux bouge avec un mouvement très lent, qui donne la sensation d'être amené dans l'espace et d'y flotter, en progressant lentement. C'est un ressenti épineux qui fait le bruit de deux barres de métal que l'on cogne lune contre l'autre au fond d'une grotte. Le son résonne en écho et se propage autour de vous, en vous ancrant à la terre mais en élevant aussi votre esprit.


Imaginez...

L'endroit où les paresseux sont exposés dans le zoo local est plein d'arbres vivaces autant que de troncs d'arbres morts qui jonchent le sol de leurs branches encore attachées, touchées vers le ciel. Vous voyez plusieurs paresseux, certains sur des troncs, d'autres suspendus à l'envers aux arbres. Ils sont chacun de taille et de couleur différentes (l'un est même vert à cause des algues) et vous voyez aussi un bébé dans le groupe. Ils bougent toujours très lentement, mais ils ne cessent d'avancer jusqu'à arriver là où ils le veulent. Le paresseux détache quelques feuilles d'une branche et il les mâche lentement pour son dîner. Vous remarquez alors que ses yeux sont fermés. Il s'est endormi en mangeant.

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