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La Vesse-de-loup



Étymologie :


  • VESSE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1410-20 vesse « vent qui sort du corps sans bruit » (Miracle Ste Geneviève, éd. C. Sennewaldt, 2556) ; 2. 1847 avoir la vesse « avoir peur » (Dict. arg., p. 219). Déverbal de l'anc. verbe vessir (vesser*). Sens 2 p. allus. aux effets carminatifs de l'effroi.


  • VESSE(-)DE(-)LOUP,(VESSE DE LOUP, VESSE-DE-LOUP), subst. fém.

Synon. pop. de lycoperdon. Une poussière de vesse-de-loup à l'automne (La Varende, Homme aux gants, 1943, p. 211). Nous frappions du pied les « vesses de loup », qui en éclatant lâchaient une immonde poussière (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 79).

Prononc. et Orth .: [vεzdəlu]. Att. ds Ac. 1694-1798. Étymol. et Hist. 1530 (Palsgr., p. 289). Comp. de vesse* et de loup*.


Autres noms : Calvaria gigantea - Boulet d'Agnel (Languedoc) - Boviste géant - Lycoperdon géant - Pet-de-loup - Pet-de-lutin - Pet-de-nonne - Pisse-loup - Tête-de-mort - Vesse-de-loup citrouille - Vesse-de-loup géante - Vesse-loup des bouviers -

Lycoperdon echinatum - Pet-de-loup - Pet-de-lutin - Pet-de-nonne - Vesse-de-loup épineuse - Vesse-de-loup hérissée - Vesse-de-loup hérisson -

Lycoperdon perlatum - Béchine (Velay) - Boutriol (Bourbonnais) - Fantôme-de-terre ou Fantôme-de-cadavre (Dakota) - Femet (Savoie) - Lycoperdon perlé - Nombril de bébé - Nombril-de-grenouille - Pain-du-diable - Pétarelle (Forez) - Pet de loup - Pet-de-lutin - Pet-d'nonne - Tabatière du diable - Vêne-de-loup (Normandie) - Vesse-de-loup à pierreries -

Scleroderma citrinum - Pet-de-loup - Pet-de-lutin - Pet-de-nonne - Scléroderme citron - Scléroderme commun - Scléroderme orangé -

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Selon Lucien Baillaud, auteur d'un article intitulé « Langue parlée, langue écrite : la botanique. » (In : Le Journal de botanique, n°32, 2005, pp. 43-72) :


Le nom de la vesse de loup (Lycoperdon : même sens en grec qu’en français) évoque-t-il le nuage de basidiospores qu’elle dégage, ou, comme le dit Rolland (l. c.), le bruit qu’elle produit, ou plutôt le bruit, bien silencieux, qu’elle ne fait pas ? Quelques noms : "béssino dé lou" (Aveyron : Vayssier), "vëchënada dë lu" (Besse, P.d.D.), "béssio dé loupp" (Laguiole), "vasse dë lou" (Clerval, Doubs, où l’on dit que les loups ont été vesser dessus), "loufo dé ca" (= v. de chien) ; Rolland donne des dizaines de variantes.




Mycologie :


D'après Lionel Hignard et Alain Pontoppidan, auteurs de Les Plantes qui puent, qui pètent, qui piquent (Gulf Stream Éditeur, 2008) :


"La vesse-de-loup est un champignon tout rond, recouvert de tous petits picots. L'intérieur est blanc et un peu spongieux. Quand le champignon vieillit, sa peau devient fragile et de couleur marron. L'intérieur se ramollit, puis se transforme en une poudre très fine. Dès que la vesse-de-loup est mûre, sa peau se fend et la poudre qui s'échappe ressemble à une fumée grise un peu lourde, comme un pet silencieux. Le mot vesse, en français, signifie un pet qui ne fait pas de bruit.


Pourquoi fait-elle ça ? La poudre grise qui s'échappe de la vesse-de-loup est formée de millions de spores minuscules. Ce sont les graines du champignon, si légères que le vent les emporte au loin.


Comestible au début : La vesse-de-loup est un champignon comestible quand elle est jeune, bien blanche et dodue, et que sa chair est ferme. On la coupe et on la fait cuire à la poêle avec de l'huile d'olive, du sel et un peu d'ail. Un vrai délice.


Record du monde : La vesse-de-loup est le plus gros champignon connu. Un spécimen de vingt-deux kilos, mesurant deux mètres soixante de circonférence, a été trouvé dans un jardin de Montréal, au Canada."

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D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013), "Les vesses-de-loup sont consommées dans de nombreux pays, mais à petite échelle. Au Mexique, on en trouve sur les marchés.


Poussière de spores : Contrairement à la plupart des champignons, les diverses espèces de vesses-de-loup ne portent ni lames, ni tubes, ni aiguillons. Leurs spores ne se développent pas à l'extérieur mais à l'intérieur même du champignon. Sa chair d'abord blanche se transforme en une poudre brune constituée de milliards de spores. A maturité, la cuticule externe devient sèche comme du carton. Elle se rompt à son sommet, et au moindre choc, le champignon émet à l'extérieur un nuage de spores. cette caractéristique est d'ailleurs à l'origine du nom du champignon puisque vesse-de-loup, comme Lycoperdon, signifie "pet-de-loup" (du latin vissire, péter sans bruit). En anglais, on le surnomme puckfist, pet-de-lutin ! La chair du champignon est comestible tant qu'il est jeune, mais devient immangeable lorsqu'elle jaunit puis brunit. C'est pour cela que les vesses-de-loup étaient parfois considérées comme des champignons malfaisants "dont on ne fait pas conséquent aucun usage à l'intérieur ni à titre d'aliment, ni à titre de remède". en réalité, elles étaient consommées un peu partout, même si on mettait en garde les enfants contre les dangers des spores qu'elles émettent : "La vesse-de-loup, ou lycoperdon, produit une inflammation à l’œil, si la poussière en est protée à cette partie ; ce qui n'est que trop souvent arrivé par un badinage imprudent." Mais c'est bien parce que cette poussière est dangereuse pour les yeux et les poumons que certains Indiens d'Amérique du Nord l'utilisaient dans les combats, pour tenter d'aveugle leurs ennemis !


Talc, cataplasmes et feux d'artifice : Les spores des vesses-de-loup étaient surtout utiles en médecine. Ainsi, d'autres Amérindiens, les Kwakiutl, mélangeaient les spores de vesses-de-loup à des toiles d'araignées pour confectionner des compresses en cas de blessure. Ils en faisaient aussi des cataplasmes pour les plaies, les œdèmes ou les maux d'oreille. D'autres s'en servaient comme talc pour les bébés. En Europe, on utilisait surtout le champignon entier, séché et réduit en poudre, qui était réputé "dessécher les ulcères purulents et arrête les hémorragies". Cet usage est attesté depuis au moins 2 000 ans, d'après les vestiges trouvés sur le site archéologique de Vindolanda, en Angleterre. Dans les campagnes, un collier de vesses-de-loup était souvent mis à sécher près du feu, en guise de pharmacie d'urgence. En Allemagne, les barbiers et les chirurgiens s'en servaient pour éponger les petites coupures. Les vesses-de-loup jouaient ainsi le même rôle que l'amadouvier. D'ailleurs, trempées dans de l'eau enrichie en poudre à canon, puis séchées, elles fournissaient un amadou comparable à celui de ce champignon. Réduites en poudre, elles permettaient de fabriquer de petits feux d'artifice, par exemple " dans les torches creuses des furies destinées à représenter sur le théâtre l'enfer en miniature, et à désennuyer les Parisiens en leur faisant peur".


Nombrils : Les Indiens du Dakota les nommaient "nombril de bébé" parce qu'ils s'en servaient pour cicatriser le nombril à la naissance. Les Indiens du Nord-ouest américain les appelaient pain-du-diable, nombril-de-grenouille, fantôme-de-terre ou cadavre. Ils ne les consommaient pas mais en donnaient à leurs esclaves en temps de famine...

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Lyra Ceoltoir décrit les différentes Vesses-de-loup, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021), comme suit :


Cette assez vaste famille de champignons est aussi étrange que son nom le laisse penser : sous cette appellation se cachent plusieurs espèces de champignons ayant tous la particularité pour le moins étonnante de ne comporter ni lames, ni tubes, ni aiguillons sous leur chapeau pour propager leurs psores, mais de le faire... en explosant dans un nuage de poudre à la fin de leur vie. D'où leur nom vernaculaire, qui évoque... une flatulence !


C'est en effet ce que signifie le mot « vesse » (un terme de vieux français aujourd'hui tombé en désuétude), dérivé du latin vissire, qui désigne le fait de péter, mais sans bruit ! IL faut bien admettre que, toute spectaculaire que soit l'explosion d'une vesse-de-loup, elle a effectivement la particularité d'être totalement silencieuse. Même son nom latin évoque cette idée, puisque « lycoperdon » vient du grec lùkos (« loup ») et pérdomai (« péter »). La faute aux spores de ces champignons qui, contrairement à leurs cousins, ne se développent pas sous leur chapeau, mais à l'intérieur. Jeunes, les vesses-de-loup présentent une chair blanche et dense, qui , au fil du temps, évolue vars une texture poudreuse, grise à brune, composée de plusieurs millions de spores. Arrivé à un âge avancé, le champignon voit sa cuticule devenir de plus en plus sèche, fine et cassante, au point de céder au moindre choix, rejetant les spores qu'elle contient dans un nuage poudreux (et parfois malodorant, évoquant l'odeur des déjections canines, d'où son nom). pouf ! Et voilà la relève assurée !

On s'en doute aisément, manger une vesse-de-loup remplie de spores n'est pas franchement une bonne idée, ni pour les papilles ni pour la santé. En revanche, les sujets jeunes, encore totalement composés de chair blanche, sont parfois comestibles, en fonction des espèces. Cela dit, les spores, qui présentent des propriétés hémostatiques, peuvent également être intéressantes d'un point de vue médical, et furent pour cette raison fréquemment employées en cataplasme sur les blessures ouvertes, les ulcères et les hémorragies depuis l'Antiquité.


Vie de champignon : La vesse-de-loup géante


La vesse-de-loup géante (Calvatia gigantea, du latin calvatus, « chauve », sa forme évoquant en effet un crâne chauve) est, comme son nom l'indique, une championne par la taille. Cette grosse boule blanche qui pousse le plus souvent dans les champs enrichis par les matières fécales des animaux (bovins, ovins, mais aussi volailles) peut en effet facilement atteindre la taille d'un ballon de football et certaines l'ont même allègrement dépassée : quelques spécimens atteignent ainsi 80 centimètres de diamètre pour une masse de plus de 25 kilogrammes. Comestible, cette espèce se cuisine jeune, coupée en tranches que l'on cuira comme des escalopes, mais ne présente qu'un intérêt gustatif modéré malgré une intéressante teneur en fibres; Malheureusement, elle fixe également facilement les métaux lourds, comme de nombreux champignons, et peut constituer une source d'intoxication en cas de surconsommation.





Vie de champignon : La vesse-de-loup perlée


La vesse-de-loup perlée (Lycoperdon perlatum) est bien plus délicate. A la différence de la précédente, elle possède une ébauche de pied, et surtout une tête bien reconnaissable, ronde avec un sommet légèrement pointu, de 3 à 6 centimètres de diamètre, couverte de petites bosses épineuses évoquant les perles qui lui ont donné son nom.

Sa chair est d'abord blanche, avant de virer au gris ou au brun avec l'âge Très commune dans es bois de feuillus comme de conifères, cette espèce pousse en été et en automne, seule ou en compagnie d'un petit groupe de semblables.





Vie de champignon : La vesse-de-loup hérisson


La vesse-de-loup hérisson (Lycoperdon echinatum, du latin echinatus, « épineux »), est un curieux champignon de couleur sombre, d'un roux tirant sur le brun, entièrement recouvert d'aiguillons mous qui lui donnent l'allure d'une bogue de marronnier.

Cette vesse-de-loup, elle, mesure de 4 à 6 centimètres de haut pour 3 à 5 centimètres de diamètre, et affectionne particulièrement la compagnie de feuillus, hêtres en tête, sous lesquels elle pousse de la fin de l'été jusqu'en automne. Bien qu'elle ne soit pas toxique, sa saveur assez désagréable et sa texture étrange n'incitent pas à la consommer.



Vie de champignon : Le Scléroderme commun


Le scléroderme commun (Scleroderma citrinum, du grec skleros, « dur » et derma, « peau », et du latin citrus, « citron ») n'est pas à proprement parler une vesse-de-loup, mais s'en rapproche par sa forme et son mode de propagation des spores, identique.

Contrairement aux vesses-de-loup, les sclérodermes présentent, comme leur nom l'indique, une cuticule épaisse, verruqueuse, qui persiste longtemps après la crevaison (là où celle des vesses-de-loup disparaît rapidement), et dégagent une odeur qui évoque le gaz d'éclairage ou le caoutchouc, brûlé. Le scléroderme commun ressemble à une petite boule ou à une pomme de terre, de 5 à 15 centimètres de diamètre, d'abord jaune (d'où le suffixe de « citrinum » puis virant au brun, recouverte de « verrues » irrégulières et plus sombres. sa chair est d'abord grisâtre, puis noire veinée, avant de se transformer en spores d'un brun foncé. Il n'a pas vraiment de pied, mais reste en contact avec le sol via un réseau de pseudo-radicelles mycéliennes blanchâtres. Très commun, ce champignon pousse un peu partout dans le paysage forestier, de la fin de l'été jusqu'en automne, souvent en compagnie de ses semblables. Si sa toxicité n'est pas des plus violentes, la chair du scléroderme n'est pas non plus inoffensive. On évitera donc de le consommer, même si son aspect, une fois noir, évoque la truffe, dont des fraudeurs mal intentionnés se sont servis pour stimuler le goûteux champignon dans leurs préparations !

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Vertus médicinales :


François Simon Cordier, auteur de Les Champignons : Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) recense des usages anciens de certaines vesses-de-loup :


Avant que la ligature des artères fût devenue d'un usage vulgaire, on employait la poussière de la Vesse-loup gigantesque, Lycoperdon giganteum, Batsch, et celle de la Vesse-loup ciselée, Lycoperdon cælatum, Bull., pour arrêter le sang. On s'en servait comme on se sert aujourd'hui de poudre de colophane, de toile d'araignée ou de linge brûlé. En Angleterre, c'est encore aujourd'hui un remède populaire contre les coupures et les saignements de nez. Le vulgaire, dit Murray, en fait usage, en Allemagne, contre l'état chassieux des paupières des chevaux et des bêtes de trait, et aussi contre leur diarrhée, dit Loesel (Læselius, Flora Prussica, p . 82.). Valmont de Bomare assure que les barbiers d'Allemagne ont toujours dans leurs boutiques de la poudre de Vesse-loup gigantesque, qu'ils mettent sur les coupures des rasoirs pour arrêter le sang.

Les expériences de Lafosse prouvent combien son efficacité est grande, puisque, chez le cheval, après que l'on avait coupé l'artère crurale, on a arrêté la perte du sang à l'aide de la compression faite avec un fragment du champignon, recouvert de sa poussière séminale. Je ne sais, dit Ascherson, si l'on ne devrait pas recourir à l'emploi de ce moyen, dans les cas d'hémorrhagies gangréneuses, lorsque le chirurgien, ne parvenant pas à les arrêter, croit n'avoir plus de ressources que dans l'amputation.

Les spores de la Vesse-loup géante, mêlées avec du lait, sont un remède populaire en Italie contre le cours de ventre des bœufs.

La fumée des Lycoperdons passe pour posséder des propriétés anesthésiques, c'est-à-dire de nature à abolir la sensibilité générale. On l'emploie depuis longtemps, en Angleterre, avec succès, pour stupéfier les abeilles lorsqu'on veut prendre leur miel sans les détruire. On a même fait usage de ces plantes comme substitut du chloroforme. Des opérations, dit Berkeley, auraient été tentées avec succès sous leur influence (Berkeley, Garden. Chron., 1860, p . 289).

Le Dr Richardson a pu endormir des chiens pendant plusieurs heures et produire la suspension momentanée de la sensibilité, en les exposant à la vapeur de la combustion de la poussière de Lycoperdons. C'est par le dégagement de gaz acide carbonique et d'oxyde de carbone que la fumée opère ; ce n'est donc pas à la manière de l'éther ou du chloroforme. Du reste, ce procédé ne fait-il pas courir les mêmes dangers et peut-être même des dangers plus grands que ceux auxquels sont exposées les personnes que l'on soumet à l'action de ces dernières substances ?

J'ai essayé sur moi la fumée de ces champignons : tout le résultat que j'en ai obtenu a été un mal de tête qui, il est vrai, n'a pas été très persistant.

Les habitants de Java, dit Zippelius, se servent de la poussière du Lycoperdon kakava, Lév., pour se guérir de coliques flatulentes.

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Le Lycoperdon géant : On le mange lorsqu'il est jeune, c'est-à-dire tant que la chair reste ferme et blanche ; il fournit même, dans ces conditions, un aliment excellent, recherché en Italie La chair, devenue grise, n'est plus alimentaire ; on peut alors en fabriquer un très bon amadou.

Les Finlandais font prendre de la poussière de cette plante, mêlée avec du lait, aux veaux qui ont la diarrhée. On peut en obtenir, à l'aide de précipités, diverses nuances de couleurs brunes, utilisées en teinture ; on emploie sa fumée comme anesthésique.

 

Selon Carole Chauvin-Payan, autrice d'un article intitulé "Le champignon : désignations dialectales et traditions populaires sur le territoire français. (Quaderni di Semantica, 2004, vol. 25, no 2, p. 329-354) :


La vesse-de-loup qui était considérée comme non comestible par la plupart des habitants du territoire français était fréquemment employée pour soigner certains maux. En Savoie, à Albertville on pensait que la cataracte disparaîtrait complètement si comme le disait Chabert « on la recouvrait d'une vesse-de-loup née sous un sureau et macérée pendant quarante-huit heures dans de l'urine d'enfant » [Chabert, p. 54 in Rolland, 1967 : 173]. Ainsi, en Normandie la vesse-de-loup était employée pour "arrêter", "étancher" le sang (spécialement quand une vache s'écorne, au pt 11 [ALN, C. 417-419, 429]. En Bretagne romane, la farine qui sortait de la vesse-de-loup là vén de loèu se mettait sur des blessures et les brûlures [ALBRAM, C. 236]. En Haute-Savoie, la poussière de vesse-de-loup, appelée [fumɛ] "chose qui donne de la fumée", était projetée sur les cloques de brûlures pour les "lever", les guérir (H23= Vallorcine). En Franche-Comté, on utilisait la vesse-de-loup comme calmant dans les affections chirurgicales, et aussi comme narcotique. En Languedoc, on dit qu'il faut garder dans sa poche une vesse-de-loup qu'on a trouvé un vendredi ; celle-ci préserve des maux de dents. (pt. 34, 14).

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Selon Christelle Francia, Françoise Fons, Patrick Poucheret et Sylvie Rapior, auteurs de l'article intitulé "Activités biologiques des champignons : Utilisations en médecine traditionnelle." (Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, 2007, 147 (4), pp. 77-88.), les qualités thérapeutiques de la vesse-de loup sont les suivantes :


​Usages traditionnels

Espèces utilisées

​Lieux géographiques

​Posologie, formes galéniques

​Références

​Antalgique Anesthésique

​Calvatia utriformis [vesse-de-loup ciselée] et Langermanni gigantea Vesse de loup géante

​Europe

​Propriétés anesthésiques similaires à celles du chloroforme. Utilisé dans les cas de brûlures ou d'intervention chirurgicale.

​Berkeley (1860)

​Anti-hémorroïdaire

Langermanni gigantea Vesse de loup géante

​Indonésie

​Entre dans la composition d'un onguent utilisé en cas d'hémorroïdes.

​Vaidya et Rabba (1993)

​Anti-infectieux et cicatrisant

​Bovista pusilla Vesse de loup naine Phusphush

​Inde Centrale (tribu Baiga)

​Pour faciliter la cicatrisation.

​Rai et al. (1993).

​Anti-oedémateux

​Langermannia gigantea Vesse de loup géante

​Indonésie

​Chair mélangée avec du vinaigre et appliquée sur l'œdème.

​Vaidya et Rabba (1993)

​Astringent

Lycoperdon piriforme Vesse de loup en forme de poire

​Europe

​Utilisée comme pulvérisateur : inhalation des spores astringentes en cas de rhinites.

​Becker (1983)

​Hémostatique

Bovista pusilla, la Vesse de loup naine (Phusphush)

​Inde Centrale (tribu Baiga)

​ Arrête les saignements dus aux coupures.

​Rai et al. (1993)

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Dans Et si on allait aux champignons, Les secrets de cueillette d'une pharmacienne (Éditions Larousse, 2017) Solange Strobel précise que :


La Vesse-de-loup perlée est le plus commun et le plus connu des lycoperdons. Elle est très jolie visuellement lorsqu'elle est encore bien bombée. Elle ressemble alors à une massue ou à une poire inversée. Autrefois, la vesse-de-loup était employée pour stopper les hémorragies, après une intervention chirurgicale, après s'être rasé... On appliquait sa chair quelques instants sur la zone hémorragique.

 

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Usages traditionnels :


F.S. Cordier, auteur de Les Champignons, Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) explique comment consommer les vesses-de-loup :


MANIÈRE D'APPRÊTER LES VESSE-LOUP.

Toutes les grandes espèces de Vesse-loup peuvent se manger, tant que, coupées en travers, elles restent d'un blanc pur si elles offrent des taches jaunes ou commencent à prendre une couleur cendrée, elles sont trop vieilles ; il faut les rejeter. Mais toutes les espèces de ce genre, dit Berkeley, ne sont certainement pas, quoique jeunes et préparées avec soin, délicates à manger, entre autres le Lycoperdon cælatum et le Borista plumbea.

On fait subir aux Vesse-loup la même préparation qu'aux champignons ordinaires.

La Vesse-loup gigantesque est un champignon excellent quand elle est cueillie jeune et préparée convenablement.

Voici comment Mrs Hussey conseille de la préparer :

Voici comment Mrs Hussey conseille de la préparer : Coupez-les en tranches d'un demi-pouce d'épaisseur ; ayez des herbes hachées, du poivre, du sel, etc., tout prêt, comme pour une omelette ordinaire ; trempez les tranches dans un jaune d'œuf, recouvrez-les des herbes et de l'assaisonnement ; faites-les frire dans du beurre frais et servez -les immédiatement. Elles sont plus légères et de plus facile digestion que les omelettes aux œufs, et ressemblent à des beignets de cervelle.

En Italie, on coupe la Vesse-loup gigantesque par fragments ainsi que la Vesse-loup ciselée ; on les passe à l'eau bouillante, puis on les fait frire avec de l'huile, en y ajoutant l'assaisonnement nécessaire.

Du temps de Césalpin, les Vesse-loup étaient déjà d'un usage alimentaire. On les faisait cuire, nous dit cet auteur, dans leur jus, et on y ajoutait de la menthe, ou bien on les faisait frire dans de l'huile, après les avoir coupées par tranches. C'était, ajoute-t-il, un aliment des plus agréables et qui n'offrait aucun danger.


 

Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Quant à la cataracte, elle disparaîtrait toujours de l'œil que l'on recouvrirait d'une vesse de loup ou femet, Lycoperdon sp., née sous un sureau et macérée pendant quarante-huit heures dans de l'urine d'enfant ! Par malheur, on ne trouve presque jamais, paraît-il, de vesse-de-loup sous les sureaux.

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Symbolisme :


Selon Philippe-François-Nazaire Fabre, dit Fabre d’Églantine, auteur du Rapport fait à la convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République française :


Dans le calendrier républicain français, le 3e jour du mois de Fructidor est dénommé jour de la Vesse de loup.


 

Selon Roland Desrosiers (1978) auteur d'un article intitulé "Notes sur l'usage de quelques plantes chez les Indiens Squamish (Colombie-Britannique)" (in Anthropologie et Sociétés, 1978, vol. 2, n°3, pp. 139-156) :


Vesse-de-loup (Lycoperdon spp. et calvatia gigantea, Pers.)

  • [usage] dérivé [(qui referme la femme)] : lorsque brisé près des yeux d'une personne, il cause la cécité ; son nom signifie "poussière sur le nez". Commentaire :

  • Sèches, les fines spores de la vesse de loup irritent les yeux et le nez (Grieve 1976 : 337) d'où probablement le nom qu'on lui donne. Quant à la cécité, nous ne savons pas s'ii s'agit ici d'irritation ou d'effet magique.

  • La vesse de loup et le polypore obscurcissent de manière complémentaire en rendant aveugle ou en cachant le soleil, ce qu'implique la pluie.

  • "Poussière sur le nez" ou vesse de loup, et la lotion solaire du champignon à peinture indienne indiquent un écran entre la peau et le soleil (ou l'œil). Si la peinture rouge de ce dernier champignon fonctionne dans ce sens, on pourrait dire qu'elle signifie la disparition métaphorique de son porteur.


 

Sur le site Art Stella, on découvre les élixirs de champignons :


Les élixirs de champignons sont nouveaux venus dans la gamme. Ils offrent une possibilité intéressante de combinaison avec les élixirs floraux. Les champignons sont des plantes sans chlorophylle [non, ils appartiennent au règne des Fungi, plus proche du règne animal que du règne végétal ! ] ce qui représente une particularité dans le monde végétal. Ils dépendent de substances organiques qu'ils puisent dans leur environnement. Les élixirs agissent sur le corps émotionnel. Ils amènent cette transformation sur le plan physique et permettent d'intégrer l'énergie au niveau cellulaire.


Vesse de loup à pierreries (Lycoperdon perlatum) : L’élixir agit sur la fontanelle : ouverture du 7ème chakra. Il favorise une liaison avec les plans supérieurs et permet de rester calme et centré quoiqu'il arrive. Relativisation des problèmes, permet de rester calme et centré.

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Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Dans le Chaudron : Leur aspect, solide à l'extérieur, poudreux à l'intérieur, fait des vesses-de-loup de symboles de mensonge, d'illusion, de fausseté ou d'hypocrisie. Une véritable poudre aux yeux mycologique en somme ! Le scléroderme, en particulier, est associé à la tromperie et aux faux-semblants, non seulement pour sa poudre, mais aussi pour les nombreuses fraudes dont il se rendit -bien involontairement, certes) coupable en se faisant passer pour une truffe.

Il serait tout de même dommage de les boucler sous prétexte que ces champignons évoquent des caractéristiques négatives. Au contraire, ces notions peuvent tout à fait se révéler très utiles dans les pratiques magiques, puisque les vesses-de-loup entrent volontiers dans la composition de sortilèges oraculaires destinés à démasquer les menteurs, les fraudeurs et les gens mal intentionnés. Elles sont ainsi particulièrement pertinentes dans les pratiques de magie sympathique, de divination, mais également dans les rituels et les charmes destinés à faire surir la vérité, aussi violente et explosive soit-elle.


Le Message de l'Autre-Monde : « Je ne suis pas ce que je semble être. J'ai l'air honnête, de prime abord, mais je suis vide, rempli de vent et de poussière. Je suis la déception. Je suis le sentiment amer que tu ressens lorsque quelqu'un ou quelque chose en qui ou quoi tu croyais te déçoit et te trahit. Pourtant, il y avait des singes avant-coureurs. Ne les as-tu donc pas vus ? Ou as-tu délibérément choisi de fermer les yeux ? Pose-toi les bonnes questions, avant de me rejeter la faute. Pourquoi n'as-tu pas suivi ton intuition ? Par peur ? Par paresse ? Par manque de confiance en toi ? Attention, ne te culpabilise pas pour autant. Essaie plutôt de tirer une leçon de mon enseignement. N'oublie jamais que si un ami te déçoit une fois, honte à lui. Mais s'il te déçoit deux fois, honte à toi... »

Sortilèges : L'Oracle de la Vesse-de-loup

Si vous êtes dans une situation où vous peinez à démêler le vrai du faux concernant l'attitude ou le discours de quelqu'un que vous soupçonnez de vous mentir, partez vous promener à la recherche d'une vesse-de-loup ou d'un scléroderme. Prenez le premier que vous verrez et attribuez-lui le nom de la personne qui éveille vos soupçons. N'hésitez pas à ritualiser ce moment, par exemple en déposant un témoin de la personne (cheveux, rognures d'ongles, salive, sang, etc.) juste à côté du champignon, et en usant d'une incantation pour la nommer, telle que :

« Chair blanche, poudre aux yeux,

Es-tu l'un ou les deux ?

De (nom de la personne) je ne sais que penser,

Aide-moi, dis-le-moi, Eclate, vérité ! »


Frappez immédiatement le champignon de votre pied. S'il explose dans un nuage de spores, vos soupçons se confirment : la personne qui vous donne matière à réflexion n'est en effet pas ce qu'elle prétend être. En revanche, si la chair est encore blanche, elle est innocente. Quoi qu'il en soit, remerciez toujours le champignon pour son sacrifice avec une offrande appropriée.


Le Chemin de poussière : Pour démasquer un menteur : Un samedi ou un jeudi d'automne (jours placés sous l'égide de l'austère Saturne et du rigoureux Jupiter), partez en quête d'une vesse-de-loup âgée, brune, prête à éclater. En vos protégeant le nez et la bouche d'un foulard pour ne pas respirer les particules, crevez délicatement le haut du chapeau du champignon avec a pointe d'un couteau et récoltez la poussière brune dans un petit bocal, en priant l'esprit de la vesse-de-loup de vous aider en disant :


« Vesse-de-loup, balle de fumée, champignon de poussière,

Fais éclater la vérité, aide-moi à y voir plus clair.

Pousse le menteur à se dévoiler, le traître à se révéler.

Si l'on conspire contre moi, démêle le faux du vrai. »


Remerciez le champignon et partez sans vous retourner.

Répandez cette poudre sur le chemin emprunté quotidiennement par la personne que vous soupçonnez de mentir. Attention, elle doit marcher dessus au moins à trois reprises. Ce peut donc être sur le seuil de sa porte, à proximité de sa place de parking, vers son bureau, sur le chemin quelle emprunte chaque jour pour aller travailler... Si elle ment, elle ne tardera pas à enchaîner les erreurs qui dévoileront ses véritables intentions. Soyez assuré que la justice suivra alors son chemin...

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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique de la Vesse-de-loup (Lycoperdon sp.) :


Mots-clés : Désillusion - Déception - Mensonge - Territoire - Apparences trompeuses - Fantasmes - Mécanismes vaches - Soupçons - Hypocrisie - Vérité à révéler.


Promenons-nous dans les bois : Il existe en réalité de nombreuses espèces de Vesses-de-loup, toutes semblables par leur forme particulière, vaguement sphérique, leur couleur blanc-gris et leur trait principal qui les transforme, avec l'âge, en sacs brunâtres remplis de spores sombres, qui éclatent dans un nuage de poussière au moindre choc.

Leur « fumée » en fait, en magie, des symboles d'illusion, de mensonge, de « poudre aux yeux », de fausseté et d'hypocrisie. Ainsi, les Vesses-de-loup rencontrées en promenade peuvent servir d'oracle pour débusquer un menteur : nommez du nom de celui ou celle que vous soupçonnez de malhonnêteté la première Vesse-de-loup que vous croiserez, et frappez-la du pied : si elle explose dans un nuage de poudre, votre suspect est effectivement un menteur. Dans un rituel, employer l'un de ces champignons (en le manipulant avec précaution car inhaler sa poussière directement irrite les poumons) permet de faire surgir la vérité et de démasquer les menteurs et les traîtres.


L'Oracle du champignon : Les choses ne sot pas ce qu'elles semblent être. Peut-être s'agit-il d'une personne qui, sous des apparences charmantes et inoffensives, opère dans l'ombre pour vous nuire, ou encore d'une situation qui n'est pas telle qu'elle vous apparaît au premier abord. Il est temps de mettre en pleine lumière les forces qui s'agencent secrètement dans l'ombre pour mieux les révéler et ne pas se laisser égarer.

Méfiez-vous des promesses, des idées lancées sans être ancrées, des gens apparemment prêt à vous aider, mais qui se joueront de vous à la première occasion. N'acceptez rien tant que les choses ne sont pas claires. Sans tomber dans la paranoïa, faites preuve de la plus grande prudence : vérifiez tout, exigez des garanties, protégez vos idées, vos projets et ne vous entourez que de collaborateurs dignes de confiance.

Dans vos relations, elle peut indiquer un faux ami, une relation illusoire, dans laquelle vous voyez plus que ce qu'il y a en réalité. Ne vous emballez pas, protégez-vous, ne vous laissez pas abuser et surtout ne vous donnez pas sans concession : les profiteurs pourraient abuser de votre générosité Entourez-vous d'amis triés sur le volet : n'oubliez jamais que la quantité ne prime jamais sur la qualité !

Si le tirage s'applique à vous-même, cela indique que vous vous fourvoyez dans une illusion, un mensonge de l'ego, et qu'il vous faut remettre en question le regard que vous portez sur vous-même ou sur la situation : faites le point, soyez lucide et honnête, même si cela vous semble déplaisant ou inconfortable.

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Symbolisme celte :


Selon L'Oracle druidique des plantes : Travailler avec la flore magique de la tradition druidique (Éditions Véga, 2008) de Philip et Stephanie Carr-Gomm, les mots-clefs qui définissent ce champignon sont :


En "position droite : Mystère - Apaisement de la douleur - Connexion interne

En position inversée : Illusion - Faux-semblant - Inflation.


La famille des vesses-de-loup englobe les champignons les plus grands connus. Ils poussent dans toutes les régions tempérées du monde, à l'exception de l'Amérique du Sud. La vesse-de-loup géante (Lycoperdon giganteum) peut atteindre 1 mètre de diamètre et un poids de 18 kg. Tous les membres de cette famille, y compris la vesse-de-loup perlée (Lycoperdon perlatum) représentée ici, ont une chair blanche ferme lorsqu'ils sont jeunes. La plupart sont comestibles. La cuticule externe s'assombrit progressivement. A la maturité la chair sèche et se transforme en une masse poudreuse de spores brunes, libérées par l'éclatement de la cuticule.


La carte montre deux vesses-de-loup perlées comestibles, une troisième étant sur le point de libérer ses spores - prête à être ramassée en vue d'un usage médicinal. A côté pousse une ficaire, près de laquelle se tient une grenouille. Derrière un arbre, on distingue une amanite tue-mouches hallucinogène et vénéneuse.


Sens en position droite. Les champignons sont mystérieux : ils poussent dans l'obscurité et se nourrissent de la matière putréfiée. Tirer cette carte signale qu'une chose particulière, que vous ne comprenez pas tout-à-fait, arrive ou est sur le point d'arriver. Les champignons sont des symboles des Mystères intérieurs : ils forment de vastes réseaux en dessous du sol, poussent dans l'obscurité et transforment alchimiquement la matière morte en vie nouvelle. Comme les Mystères ils ont des gardiens qui barrent la route à ceux qui n'en sont pas dignes, mais approchés avec révérence, ils montrent leur monde. Vous lier d'amitié avec les champignons vous confère l'accès à un plan plus profond des mystères terrestres et, selon certains, au monde des fées. Cet accès est accompagné de la guérison de toute sensation de blessure et d'un sentiment de connexion au réseau de l'ensemble de l'existence.


Sens en position inversée. Le mystère pour le mystère est un jeu dangereux. Tout le monde désire être remarqué et admiré. Certains ont appris à y parvenir en agissant comme s'ils connaissaient des secrets. Le choix de cette carte dit que vous tentez de mener quelqu'un en bateau en prétendant avoir plus que vous ne savez réellement. Cette fausse image peut être motivée par un sentiment d'imperfection ou émerger inconsciemment.

Les champignons peuvent connecter avec le fonctionnement de la Terre et du monde des esprits, mais aussi conduire dans des royaumes d'illusion et d'hallucination. la quête spirituelle est riche en épreuves et en défis. Cette carte présente l'un des plus répandus. Certains enseignements New-Age et occultes mettent un tel accent sur les pouvoirs psychique que l'individu risque de se laisser facilement abuser ou séduire par l'idée de posséder ce genre de facultés. Sur la voie spirituelle, la modestie et le discernement sont absolument nécessaires.

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La Tabatière du diable

Plusieurs bovistes noircissantes (Bovista nigrescens) plus petites, datant de 5000 av. J.C. ont été découvertes sur le site néolithique de Skara Brae dans les îles Orcades. Elles ont servi probablement de nourriture, mais certains archéologues pensent qu'elles étaient appréciées pour leurs propriétés médicinales. Le champignon, astringent et hémostatique, convient pour désinfecter les blessures et faire coaguler le sang. Lorsque sa chair ressemble à de la ouate, il servait probablement d'éponge. Quand les spores sèches étaient parsemées sur une blessure, elles arrêtaient le saignement et favorisaient la cicatrisation.

La vesse-de-loup a été appelée "la tabatière du diable". Ses spores placées dans les narines étaient censées stopper les saignements du nez. Au fil des siècles, priser la vesse-de-loup était devenu davantage un loisir d'adolescents, alors que jadis les propriétés médicinales de ce champignon était hautement appréciées. L'utilisation de ses spores pour cicatriser les blessures est trouvée autant à Bornéo et au Sri Lanka qu'en Écosse et en Grande-Bretagne, où les forgerons gardaient une vesse-de-loup sèche dans leur atelier pour soigner les blessures.

En Écosse, les vesse-de-loup servaient au transport du feu : un spécimen bien séché maintenait un charbon incandescent pendant qu'il était porté d'un âtre à un autre. Les Écossais éloignaient les abeilles des ruches avec des vesses-de-loup fumantes.

Dans les années 1950, plusieurs écrivains - dont Robert Graves - avaient suggéré que les druides étaient les gardiens d'un culte prônant l'ingestion de champignons hallucinogènes, théorie qui a eu la faveur de la contre-culture des années 1960. L'amanite tue-mouches a été le plus souvent associée aux druides, mais sa toxicité et son contenu hallucinogène extrêmement variable en font une candidate peu vraisemblable. le psilocybe fer de lance est moins toxique et son contenu psychotrope plus notable, mais aucune preuve de son utilisation par les druides n'existe.

Le fait que des vesses-de-loup ont été trouvées sur les sites néolithiques, ainsi que la tradition de leurs usages médicinaux et alimentaire, en fait des candidates bien plus probables."

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Littérature :


Dans Les premiers hommes dans la lune (1901) Herbert George Wells invente un monde étonnant sur lequel poussent des champignons étranges :


Nous franchîmes des ravins pierreux, des pentes neigeuses, des fongosités qui, sous nos pas, se déchiraient comme de minces vessies en répandant une sorte de jus visqueux ; puis ce fut un véritable pavement de champignons ressemblant à des vesses-de-loup, suivi d’interminables buissons.

 

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